dimanche 23 août 2009
Le vent des blogs 22. Entrez dans les parenthèses, adoptez qui vous voulez.
Aujourd'hui dernier dimanche de vacances avant "reprise" des hostilités (lever sur commande, route matinale sous la pluie ou dans le brouillard, longues heures consacrées à justifier quelques tout petits zéro sur le carnet de chèques, bref, évitons le pathos puisque par ailleurs je fais des choses "intéressantes", enfin il parait, j'aime à le croire, merci de fermer la parenthèse).
Retour du vent des blogs après interruption pour cause de vacances justement (lever selon humeur, lecture prolongée, pérégrination où bon me semble, parlotes avec potes et potesses, diners tardifs après cuisine préparée avec soin, bref, évitons d'ennuyer, vous connaissez tout ça et ferme cette foutue parenthèse).
Je vous préviens, ça va être foutraque, j'ai ponctionné quelques liens au cours de mes vagabondages blogosphériens et je vais tenter de leur donner un brin d'agencement vaguement cohérent. On y va.
Humeurs de gauche, pour une (vraie) gauche de combat. Il annonce la couleur celui -là au moins. Voici une citation du jour captée sur le site: "Si un jour tu te sens inutile et déprimé, souviens-toi : un jour tu étais le spermatozoïde le plus rapide de tous." (Coluche). Pour le reste, à vous de voir.
On a eu droit à un débat pour ou contre Michel Onfray chez Clopine, les partis pris y étaient fermes et tranchés entre ceux qui traitaient Onfray de faiseur et ceux (j'en suis) qui lui trouvent du talent (d'écrivain pour ce qui me concerne, Esthétique du Pôle Nord par exemple, son voyage avec son papa chez les Inuits menacés de disparition comme on sait , mais rien n'est entrepris pour l'éviter). Un certain eirean (pas de site apparemment ), nous a aimablement transmis les liens pour deux vidéos (Michel Onfray U1 Michel Onfray U2) présentant l'Université Populaire et Onfray décrivant sa façon de travailler ses conférences. Eh bien, il ne mégote pas ! Si les universitaires en faisaient autant pour leurs cours... Au passage, on voit P. Corcuff expliquer comment il a repris l'idée à Lyon ( j'aime bien Corcuff, ce qui est bête c'est qu'il ait suivi Besancenot mais nobody is perfect).
Une petite pause offerte par Harmonia un des contributeurs de la République des Libres. Avec ce dernier lien vous débarquez sur l'énigme du samedi soir (généralement proposée par Soded) et vous pouvez faire assaut de culture (n'est-ce-pas Mon Chien Aussi ?). Tiens MCA (qui n'a pas de blog mais s'installe volontiers chez les autres, surtout (à ma connaissance) chez Sophie K (et quelques autres), eh bien MCA, voici le genre de petit bijou qu'il propose de temps à autre (ça vous donnera une idée de son genre d'humour. Et son copain Vinosse, le Grand Sachem il en pince pour celle-ci. et nous donne à connaître Le Cercle des Résistants à l'Oppression des Agenouillistes CROA. Qu'il en soit ici remercié.
J'ai appris une jolie nouvelle cette semaine et c'est par les carnets de Mamzelle Luna. Il existe un peuple les Zo'é, tout à fait exemplaire, prenez la peine de vous renseigner (il n'existe pas de notion de propriété, tout est à disposition en abondance dans la nature, du coup, le mot merci n'existe pas, le partage est aussi naturel que la respiration). Hélas, à peine avais-je découvert leur existence et conçu un projet de retraite éventuelle (je leur aurais demandé de m'adopter en tant qu'espèce en péril), j'apprenais que Nicolas Hulot leur a rendu visite et je crains le pire pour eux désormais.
Encore une chtite copine sympathiche, Mrs Clooney nous propose une question à deux balles "pourrais-tu te marier avec un sarkozyste (c'est un terme extra pour le scrabble). Je vous ai sélectionné spécialement rien que pour vous la réponse de Didier Goux (oui, celui du billet précédent ). Notez que je prend la précaution des guillemets : "Moi, personnellement, un fiancé sarkozyste, ça me dit trop rien. Alors qu'une grosse cochonne trotskysto-écolo-besanceniste, je crois que j'arriverais à lui passer par-dessus les clivages." Une question me taraude, est ce que Mrs Clooney fait partie du clan DG. Merci de me répondre si vous avez des vues éclairées. En attendant elle aime Andy Bird,
et moi aussi.
Dernière nouvelle du front, toujours chez Sophie K, F-O Laferrère nous signale un petit précédent qui va faire frissonner le milieu de la blogosphère, Google condamné à dévoiler l'identité d'une blogueuse (blagueuse ?). Dites pas de mal de vos ennemis, ils seraient capables de vous retrouver.
Pseudo, pas pseudo, ça aussi c'était en discussion. Le fond de la question (en gros) était est-ce-que le pseudo permet d'être plus sincère ou plus lâche (je résume très très). Qu'en pensez-vous?
Une dernière info avant fermeture. Nous allons entrer Dominique Boudou et moi-même dans l'exercice proposé par Loïs de Murphy et Frédérique M, consistant à poster chez un(e) petit(e)
camarade le premier vendredi du mois (pourquoi le premier vendredi et pourquoi pas, allez voir ça chez les deux larronnes précitées). Les vases communiquants ça s'appelle. Vous voilà au courant et si ça vous amuse eh bien transvasez ou vous voulez (à condition bien-sûr de réciprocité).
Photo Les deux peupliers ZL (Ces deux vénérables bordent la petite route qui mène au lac)
jeudi 20 août 2009
Phonotexte et phonosexe
J'ai entamé la lecture d'un livre glané à Lagrasse après avoir écouté son auteur sur l'insularité de l'écrivain.
Jean Pierre Martin "a cru entendre, dans les romans de voix , les échos d'une amplification ambiante, de cet assourdissement du monde où se mèlent bruit médiatique, rythmes nouveaux et murmure des conversations". Il s'intéresse à "La bande sonore" (José Corti 1998) d'écrivains tels que Beckett, Céline, Duras, Genet, Perec, Pinget, Queneau, Sarraute, Sartre.
Je commence donc et je trouve dans l'intro ce qui suit (20)
L'hypertrophie de la voix narcissique dans un monde de haut-parleurs multiplie les méfaits du fou narcissiste, constatés par Gadda, dans la "prétendue civilisation contemporaine":
"il exhibe voix et chants, pour étourdir les gens au travail par la radio, pour magnifier son Je dans la voix et le vacarme. la voix exerce un attrait puissant [...], et pèse gravement, pour ainsi dire, sur l'ovaire des gens: c'est un moyen de conquête, un instrument du pouvoir. C'est la sensuelle façon d'appâter les benêts en matière d'éloquence politique et parfois dans l'art oratoire sacré ou dans celui du barreau. Par dessus la voix des mâles, des femelles, des castrats, des millions de "philophoniques" du globe ont installé cette niaiserie fructueuse qu'est pour leurs oreilles le chant appollinien ou éronien.[...] Bref, le Je phallus ne peut ignorer la voix (229) *
La logosphère vend de la voix comme du sexe. Elle permet le règne publicitaire et la pornographie. Le phonotexte est un phonosexe. Il érotise la parole, à la façon dont le ton de la voix érotise le discours politique. le phonotexte prétend voler le feu qu'il y a dans la voix. Il sait en tout cas que ce feu n'est pas ailleurs que dans la voix. Notre langue le reconnaît, ce feu : elle parle d'une extinction de voix. **
Si l'envie m'est venue de partager cet extrait c'est qu'en allant sur le site de Didier Goux (que je vais rayer de ma liste, je suis naîve et n'avait pas encore compris d'où me venait la fascination- malaise pour ce monsieur), dans son billet de ce jour intitulé sobrement Petits délires racistes matutinaux il vante les mérites d'une très jeune femme qui, se gargarisant d'appartenir à la réacosphère, débagoule d'incroyables stupidités larmoyantes pour défendre sa belle France peuplée du vrai peuple méritant qui se lève tôt.
Y'a des baffes qui se perdent !
*.Carlo Emilio Gadda, Eros et Priape, Christian Bourgois, 1990, trad G. Clerico..
** un ex-conseiller en communication de Le Pen rapporte ce propos chez l'allumeur de haine : "Quand j'ai une extinction de voix, je ne peux plus penser"
Pour rigoler (jaune) le discours du petit monsieur en illus
Photo http://caes.loria.fr/Mediatheque/images/DVDsmall/dictateur.jpg
lundi 17 août 2009
Les mots, les notes ou les deux à la fois. Deuxième passage
Flemme grandiose!
L'été tout conspire (et transpire) à nous inviter à la velléité. En même temps, me titille le goût de renouveler l'eau de ce blog qui sinon peut se croupir et faire fuir quiconque passe et repasse pour constater l'immobilisme le plus délétère. Mais l'été, les copains s'invitent (à la campagne, c'est fou comme on nous aime plus l'été que l'hiver). Comme en cherchant tout autre chose, on retrouve un texte du temps où ce blog débutant n'était visité que par les corbeaux, on le repèche (bonne aubaine) parce qu'il va reprendre une actualité vivace à la rentrée et on lui donne ainsi quelque chance de trouver lecteur. Le (re)voici donc. Après quoi je vais me reposer de toutes ces activités épuisantes : nager, causer avec les copines, boire des verres de Saint Mont, arroser le jardin, enfin bref !
Donc l'Audiovisuel va subir une cure d'amaigrissement, du moins le public. L'autre, gavé par un surplus de manne publicitaire pourra continuer à se rouler dans les paillettes, à verser des salaires faramineux à ses bonimenteurs et à engraisser ses actionnaires. Notre bonimenteur en chef a l'intention de nous berlusconiser les neurones, du moins de mener à ses ultimes extrêmes ce qui s'est entamé depuis déjà vingt ans, le règne de l'imbécillité , de la vanité et du dérisoire. Pour ma part, mon temps de cerveau disponible, je l'ai soustrait depuis belle lurette à l'audimat. Aux heures où la méthode Cauet sévit, je fricote avec de purs esprits, qui ne m'encombrent pas de leurs lourdes physionomies et me livrent tels des elfes la légèreté de leur petite musique (de mots ou de notes ou des deux). Donc l'Audiovisuel public se lamente. On va l'asphyxier (c'est vraisemblable), le placer sous la férule du pouvoir d'Etat (ça en prend le chemin), le réduire comme peau de chagrin (c'est déjà en route). Que faire ? Gueuler, manifester, se mettre en grève ? Degré zéro d'efficacité. Seule issue: inventer une télévision débarrassée de tout le bling bling adopté ces dernières décennies pour singer la putasserie de sa rivale du privée et, dans une nouvelle ascèse, imposée sinon choisie, retrouver l'énergie et l'inventivité de ses débuts, quand les créateurs ne couraient pas le cachet mirobolant mais cherchaient et trouvaient les formules d'une communication qui s'imaginait en marchant. Il n'y a pas à regretter que le service public n'ait plus les moyens de faire comme les autres. Il pourra enfin se dédouaner de cette dictature du plus grand nombre et fabriquer pour des publics plus confidentiels des bijoux artisanaux en puisant dans le vivier de jeunes créatifs trop heureux de faire leurs armes pour des salaires raisonnables. Qui sait si ce n'est pas le meilleur moyen de siphonner l'audience des vénales. Les types qui seront nommés à la tête de ces vénérables entreprises de télévision et de radio le seront sans doute pour leur capacité à pratiquer le sabotage du génie et la mise au placard des talents. Pourtant, que pourrait un seul individu si la résistance des autres s'organise dans la vigilance et la solidarité ? Il n'y a de servitude que volontaire. Et pour ceux que l'austérité financière défrise, il faut rappeler un principe de réalité que nos aboyeurs ordinaires occultent, nous sommes entrés en récession et ne survivront que ceux qui auront adopté les principes de la frugalité heureuse et sauront faire mieux avec moins. C'est notre nouveau challenge. L'Audiovisuel et la liberté d'expression sont menacés ? Résistons ! Ce que j'en dis, c'est pour rendre sercice.... parce que moi la télé, je lui préfère les mots, les notes ou les deux à la fois. (Publié le vendredi 5 décembre 2008)
Et pour vous offrir de l'image distrayante, un petit lien capté chez Manu, (grosse flemme lui aussi) dans un com de Dahu l'Arthropode dit Rodolphe. qui, lui, renouvelle régulièrement (tous les dimanches) l'eau de son bénitier.
Enfin une mine de videos antisarkos ho ho !
Photo Sarkoguignolade ZL
mardi 11 août 2009
Le Banquet. Moisson d'arguties à déguster.
Un matin, je m'équipais de chaussures adéquates, d'une gourde (que je remplis et oubliais) de mon appareil photo (qui tomba en panne de batterie dès le premier cliché) et j'allai rejoindre un petit groupe qui, sous la houlette de Patrick Valette guide volontaire de randonnées pédestres, se rendait sur la commune de Mayronnes à la découverte du sentier sculpturel.
Une association la bien nommée Hérésies a eu l'idée de passer commande auprès de sculpteurs pour jalonner un sentier qui domine la vallée de Mardouneille. On a le choix entre un circuit court dit des "permanents" et un plus long qui accueille chaque année de nouveaux créateurs. Patrick Valette nous montre au passage les plantes de la garrigue et la distinction entre le genévrier commun et le genévrier cade, arbres de taillis et de futaie. Nous écrasons entre nos doigts des santolines ou des sauges et nous parlons du Banquet et de livres en général. Ou nous nous taisons en grimpant, sous le soleil, ce jour là intermittent, donc plus propice pour une marche d'environ trois heures. Cette année, l'ambiance du Banquet était plombée par l'absence de son initiateur Gérard Bobillier dit Bob pour cause de crabe récidivant. Le directeur (avec Colette Olive) des Editions Verdier qui sont à l'initiative en partenariat avec la librairie Ombres Blanches de Toulouse de ce rendez-vous annuel définit dans un entretien la ligne éditoriale de son équipe de la façon suivante : "des textes où la promesse de la langue ne s'énonce jamais qu'en tension avec celle de la conscience". Il n'y a rien d'étonnant à retrouver dans la programmation du Banquet beaucoup d'anciens de la Gauche Prolétarienne, puisque l'aventure éditoriale a été la façon de se reconvertir de ces militants qui renonçaient au jusqu'auboutisme révolutionnaire dont les résultats sont bien connus en Allemagne (Fraction armée rouge) et en Italie (les Brigades Rouges). Un ancien de la GP justement, c'est Olivier Rolin (lire sur ce sujet Tigre de papier). Il a succédé sur l'estrade à quelques jeunots qui ont pour vocation de dépoussiérer le musée des idées reçues en direct des vieilles bibles révolutionnaires (je vous épargne le listing). Sans compter que nous avions le fiston de Beni Lévy soi même (je me suis enfuie au bout de dix minutes de prechi precha). Jean Pierre Martin, point tout jeune, beau visage, ayant bravement mis en pratique l'enrôlement à l'usine du temps où c'était considéré comme la seule façon de faire avancer la cause du peuple, désormais universitaire à Lyon II ( bourrée de séditieux cette fac) nous a entretenus de l'insularité de l'écrivain. Entendez la nécessaire solitude. "La philosophie du dégagement s'opposerait à la dictature morale de l'engagement". Sartre professait, surtout lorsque Beni Lévy lui eut mis le grappin dessus, l'obligation d'engagement (qui lui avait un peu fait défaut à certaines périodes). BL aurait même demandé à Sartre d'abandonner son Flaubert ! Il n'a heureusement pas obtempéré. Sartre disant de Merleau Ponty "il est exilé dans le gaz pauvre de la solitude" . Le summum de cette démarche d'insularité : Orwell qui cherche un endroit absolument à l'écart pour écrire 1984. Ce sera l'ile de Jura en Ecosse. Le même Orwell dit d'ailleurs "les intellectuels sont plus portés que les gens ordinaires au totalitarisme" et Michaux "qui chante en groupe mettra quand on lui demandera son frère en prison". Olivier Rolin, enfin! Un propos sans ampoules, une adresse directe et sans affêteries. La puissance politique de la littérature c'est qu'elle donne les moyens de la liberté. Ne pas attendre de l'écrivain des vérités mais des sincérités. Choisir quant à lui de s'éloigner des certitudes pour entrer dans le domaine des incertitudes. Rolin cite abondamment. Barthes "le roman est un discours sans arrogance, il ne m'intimide pas" . Dostoievski : Don Quichotte est beau parce qu'il est ridicule. Vie et destin de Vassili Grossman, le roman du XXème siècle. Quand la politique range, le roman dérange, le discours politique ignore la moirure l'irisation. La suite des temps transforme toute oeuvre et tout homme en fragments. Et Rolin de suggérer une "théorie des ruines" qui consisterait à repérer pour chacun ce qu'il a gardé en souvenir des livres (ou des films pensai-je) qui ont jalonné son existence.
samedi 8 août 2009
Le Banquet. Bribes de soliloques en partage.
Assez peu satisfaite de mes glaneries photographiques, c'est fou ce que c'est flou !
Aussi vais-je vous resservir l'arbre du cloitre pris sous un angle un peu différent certes, mais enfin guère une découverte. Quelle beauté cependant, reconnaissez.
Cette année, les murs de Lagrasse étaient couverts de photographies à la gloire des habitants actifs de cette petite commune, réalisées par un certain Idriss Bigougilles. J'ai photographié celle-ci pour la dame qui trône au milieu des oeuvres qu'elle expose et la citation de Paul Klee " L'Art ne reproduit pas le visible, il rend visible"
Un des rituels était la leçon de philosophie (tous les jours de 11h30 à 13h) de la charmante et très érudite Françoise Valon qui chaque année entreprend de nous mieux faire connaître la pensée de Platon, dépouillée des scories aristotéliciennes qui auraient déformé voire dénaturé l'essence des grands textes platoniciens. Cette année, eu égard au titre même du Banquet 2009 (pour rappel : "Au delà du tout politique"), Françoise nous a proposé "Le Sophiste" (De l'être) où l'on apprend que les ombres de la caverne sont celles des marionnettes agitées par les Sophistes dont tout l'art consiste à nous faire prendre pour vrai le vraisemblable qui n'est cependant que du fantasme ou de la fantaisie, ou de la fantasmagorie et en tout cas toute chose qui n'engage pas celui qui la fait miroiter aux yeux des incrédules, car le Sophiste ne se préoccupe que de complaire à son public cible, sans souci et dans l'inconséquence de ses propos (pardon Françoise de ce raccourci lapidaire). Quelle est la raison d'une telle conduite ? Le pouvoir pardine!
Ne l'avais-je pas dit ? Si cette photo n'était pas si sombre et si je n'étais pas si loin de l'estrade vous auriez pu apercevoir les traits de Patrick Boucheron qui après avoir disserté l'après-midi sur "Le tranchant de la défaite: variations sur Machiavel ou comment toute pensée politique ne jaillit que du temps qui succède à l'échec, lit, accompagné de Mélanie Traversier, sous la lampe alors que l'assemblée est plongée dans une pénombre éventuellement assoupissante, des textes croisés de Léonard de Vinci et de Machiavel.
Ce monsieur qui semble se régaler d'apposer quelques mots sur une page c'est Pierre Michon. Je lui ai trouvé très bonne mine cette année. Apparemment, son succès (critiques et ventes) dépasse ses espérances et cet écrivain plutôt "confidentiel", selon le terme usuel, semblait fort épanoui d'être passé dans la catégorie "best seller" . La lecture dans les conditions décrites ci-dessus était très impressionnante. D'abord par les extraits du texte qui font apparaitre les onze membre du Comité de Salut public, responsables des décisions d'assassinat au temps de la terreur comme autant d'artistes (écrivains, poètes, peintres) déchus. Surtout par la voix de Michon proche d'un acteur comme Cluny, profonde, chargée d'une emphase à peine atténuée par un soupçon de désinvolture bravache. Après quoi, après une longue salve d'applaudissements, Michon s'assoit et signe, un très joli et très doux sourire aux lèvres.
Le moment fort, pour moi, était la rencontre d'Olivier Rolin, mais j'y reviendrai plus longuement. Pour l'instant vous pouvez lire à quelques mots près (ceux de circonstance ajoutés dans l'ici et maintenant du lieu) l'essentiel de son propos sur "La métis du roman", Olivier Rolin ayant travaillé pour le Nouvel Obs, son texte y trouve naturellement un espace de rayonnement.
Il y a eu enregistrement de toutes les conférences, on devrait les trouver sur le site du Banquet, mais ce n'est pas encore en ligne semble-t-il.
Je reviendrai sur quelques autres temps forts et quelques notations personnelles.
That's all for today
vendredi 31 juillet 2009
Le Banquet de ZL 009
Demain je pars et pendant une semaine je serai au banquet du livre à Lagrasse : "Ici, maintenant au delà du tout politique".
Le banquet c'est mon petit morceau d'escapade. Le lieu, l'Abbaye est simplement très beau, le programme en général très riche, l'Orbieu, la rivière, fraiche à point et relativement tranquille dès lors qu'on s'éloigne du point névralgique, le village très sud . Je retrouve les amis qui aiment comme moi les lectures (cette année, Michon en personne lira Les Onze) les rencontres (j'attends Olivier Rolin dont j'ai lu avec bonheur Tigre en papier, Port Soudan, Hôtel Crystal, L'invention du monde ou encore La langue. J'aime les livres de bourlingueurs, Cendrars est une référence pour lui comme pour moi), la musique (le Quart d’heure musical de Joëlle Cousin au violon et Laurence Disse au piano). Sans oublier les repas entre amis, les marches et le rendez-vous avec ma copine Françoise Valon, qui nous décortique la pensée de Platon et lui redonne son actualité en lien avec le titre du programme.
Le Banquet c'est un temps exceptionnel d'immersion en littérature et toute forme d'Art associée. En clôture, le Troubadours Art Ensemble. Cette année, le programme cinéma a été supprimé. Dommage, nous ne découvrirons pas comme d'autres années des cinéastes tel Artvazd Pelechian (Nous, Les Saisons, Notre siècle).
Mais, quel est ce brouhaha ? De quoi s'agit-il ? Un mouvement de protestation ? Mené par une excitée. A qui ai-je affaire ? ZL 009 ? Oui et alors ? Je vous écoute. Non à la publicité mensongère ? Qu'est-ce à dire ? Vous prétendez que la personne sur la photo précédente n'est pas Zoë Lucider ? Qu'en savez vous ? Vous êtes la Maïa qui accouche la vérité du monde ? Zoë usurpe ? Non ! Elle est plus, moins, enfin c'est ressemblant mais d'un autre temps, du siècle dernier au moins ? Oui, sans doute et alors ? Ah, vraiment, quelle stupide intrusion ! On ne vous a rien demandé. Comment ? Le public réclame la vérité historique ? Que le diable vous emporte ZL 009 !
A bientôt donc, chers blogueurs.
Photo Lagrasse ZL 008
mercredi 29 juillet 2009
Je m'appelle Lucidée
Je m'appelle Lucidée, j'ai des papilles au coeur qui souffrent de lenteur,
les vents marins y inscrivent une sueur,
qui est de la rosée au gré de vos dédains.
Je trouble vos passages de clignotements aigüs
et souffle à vos airs les contines du diable.
J'enroule dans les cris la juste récompense
des rencontres hasardeuses
sur des grèves où l'on meurt.
J'ai inventé les poings pour y compter les fleurs
mais je grince à vos chiffres.
Je raye tous les diamants de mes éclats de peau
et je ronge les creux pour y bercer mon leurre.
Je m'appelle Lucidée.
Se vrillent vos néons au bord de mon silence,
se perlent vos rayons de la mort harnachée,
dans mes douceurs de soie, dans mon sommeil dernier.
Spéciale dédicace à Cactus, vieux renard.
Photo Sofi