Ce 8 mars, pour la première fois depuis des années, je n'ai pas participé à la rituelle manifestation. Fatigue, pluies intermittentes mais décourageantes, flemme de me rendre à Toulouse (40 km) malgré la réservation blablacar acquittée et donc perdue. A la place j'ai passé l'après-midi en compagnie de Madeleine Riffaud grâce à la BD à laquelle elle a finalement accepté de contribuer en racontant son histoire incroyable de traversée du siècle comme résistante, journaliste et mille autres activités.
Auparavant j'avais lu Les linges de la nuit. Ci dessous un extrait de la présentation de l'éditeur
Résistante durant la Seconde Guerre mondiale, amie de Vercors et d'Eluard, Madeleine Riffaud couvre comme correspondante de guerre, de 1945 à 1973, tous les grands conflits, de l'Algérie au Vietnam. Elle réalise également des documentaires et publie, en 1974, Les linges de la nuit, devenu best-seller. Madeleine Riffaud se consacre depuis à l'écriture et multiplie les interventions dans les collèges, lycées, colloques, à la radio et à la télévision (succès médiatique du téléfilm de J. Amat, Avoir 20 ans dans Paris insurgé, diffusé sur France 2 en août 2004).
Je vous laisse découvrir cette femme exceptionnelle. Elle a un été un peu victime du phénomène qui a consisté après guerre à présenter la résistance par ses héros masculins. Elle a été torturée et n'a rien révélé, condamnée à mort mais en a réchappé par chance, emmenée en déportation mais évadée. bref un exemple de courage inouï. Pour les linges de la nuit elle s'est engagée dans un hôpital comme personnel d'entretien. Ce qu'elle révèle de l'incurie qui y règne est d'une grande actualité. Madeleine y fait preuve d'une immense empathie pour ces corps blessés et ces âmes en peine. Elle avait connu les champs de bataille au Vietnam et en Algérie quand elle couvrait les funestes événements des guerres de décolonisation. Cette femme de 99 ans, devenue aveugle n'a rien perdu de sa pugnacité.
Je lis en même temps Zami, une nouvelle façon d'écrire mon nom d'Audre Lorde, sa « mythobiographie ».
Je ne ferai que citer une de ses phrases qui illustre son combat essentiel
"En chacun de nous, il y a une part d'humanité qui sait que nous ne sommes pas pris en charge par la machine qui orchestre crise après crise et qui réduit tous nos avenirs en poussière. Si nous voulons éviter que l'énormité des forces alignées contre nous n'établisse une fausse hiérarchie de l'oppression, nous devons apprendre à reconnaître que toute attaque contre les Noirs, toute attaque contre les femmes, est une attaque contre nous tous qui reconnaissons que nos intérêts ne sont pas servis par les systèmes que nous soutenons." Sister Outsider. Essays and Speeches.
C'est aussi un jour important avec l'inclusion du droit à l'avortement dans la constitution. le gouvernement se rengorge en oubliant de rendre hommage aux députées qui ont été à l'initiative de ce progrès.
Catherine Ringer revisite la Marseillaise et se détourne de Macron quand il cherhe à l'étreindre
C'était donc un 8 mars sans mes habituelles photos. De plus, je ne sais pourquoi, je ne parviens plus à télécharger des photos. Le système a changé et j'ai beau essayer, fiasco. Je vais tenter de résoudre ce problème, mais pour le moment je vais me rendre à une conférence de Francis Hallé in vivo. Vive les arbres!
A plus...
4 commentaires:
Bon 8 mars, Zoé ! Bravo pour vos deux dernier billets en dessous, sur Judith Godrèche et celui avec "trop de tout" :je ne suis pas forcément assidue, donc je rattrape deux ou trois articles d'un coup ;). Le film Les valseuses m'avait bien indisposée aussi au moment de sa sortie, mais on était tellement engluée dans le point de vue masculin et le brouhaha enthousiaste qu'avait suscité cette sortie que ça nous a brouillé la vue. Il faut du temps pour se dire que non, la situation décrite n'est pas une libération, mais au contraire pure trivialisation. J'ai toujours détesté le cinéma de Bertrand Blier, même les films où il tente de réfuter les accusations de misogynie à son encontre. Trop belle pour toi en est l'exemple parfaitement écœurant. Effectivement, c'est toujours trop : trop de sexe explicite, trop d'amour (ou prétendu tel), trop d'aveuglement, trop de contrôle des femmes par les hommes et par elles-mêmes, incapables que nous sommes de dire que non, ils ne sont pas génies, ils ne produisent pas des chefs-d'oeuvres à tous coups, que tout cela est détestable, et qu'il faut que cela cesse.
Bonjour Zoë
Casanière peut être, mais vous gardez intacte votre curiosité et votre appétence pour vos consœurs de cœur qui par leurs actions engagées , leurs œuvres littéraires font, à bas bruit, avancer leurs causes ,qui sont aussi les nôtres, sans se faire piéger dans le cirque médiatique, ce moloch moderne;
Je ne la connais pas et jusqu'à présent, je n'ai pas encore exploré le rayon des bandes dessinées à la bibliothèque, mais ce genre de billet, ceux d'Aifelle aussi sur Le goût des livres me donnent de plus en plus envie de le faire.
Le temps des manifs est passé pour moi, je me suis replongée dans "Etre une femme" d'Anaïs Nin.
Bonne nouvelle lue dans La Libre aujourd'hui : les Archives de l'Etat belge vont ouvrir en septembre une "Wikibase Résistance" qui devrait faciliter les recherches.
@Hypathie, le film de Tavernier a suscité l'enthousiasme essentiellement des hommes. A l'époque ils étaient quasiment les seuls à avoir la parole. Le film de Wenders soulève beaucoup de polémiques. Montrer un homme qui nettoie des toilettes . Beurk! Un film qui répète les mêmes scènes, quel manque d'imagination. Bref beaucoup de commentaires qui montrent 1, que le soin et l'entretien ne sont pas des métiers honorables 2, que la poésie du quotidien échappe à ceux qui n'apprécie que bruit et fureur.
@patrick verroust, oui en totale complicité.
@Tania, pour les BD, je vous conseille Catherine Meurice, notamment "la légèreté", une merveille graphique assortie d'un propos très fort. Elle a échappé de peu à l'attentat de Charlie et son ouvrage est une tentative de reconquète de sérénité.
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