Hier, j'ai eu le plaisir de découvrir Bêtes de foire, un spectacle délicieux. Un petit chapiteau (jauge de 130 spectateurs). Au centre une piste où les deux artistes engagent le spectacle en nous fixant au travers d'énormes loupes de sorte que leurs bouches ou leurs yeux sont monstrueux.
Cirque décalé, qui se moque de lui-même. Alternance de jonglage farfelu, de numéros de marionnettes - un fildefériste en métal, des danseurs étroitement enlacés-, un numéro de chien dressé absolument hilarant -le chien refuse toute injonction et se traine sur le ventre pour rejoindre son tabouret où il s'endort illico. Lui, Laurent Cabrol dégingandé au visage keatonnien se déplace en biais. Son numéro de jonglage buccal est extraordinaire - visage déformé par les balles de ping pong qu'il envoie ensuite en l'air à l'aide du souffle. Elle, Elsa De Witte, installée derrière une machine à coudre trifouille et manipule des morceaux de tissu et rythme avec le prix de la machine les péripéties de son partenaire. Les numéros se succèdent sur un mode foutraque alors qu'ils sont calés au millimètre. Pour conclure, Elsa apparait affublée d'un curieux justaucorps boursouflé, elle se plie en deux et deux marionnettes surgissent de sa métamorphose qui entament un fox trot endiablé.
Bref, à voir avec ses enfants et ses papys. Une belle tranche de rire et de poésie
Bêtes de Foire - petit théâtre de gestes est le fruit de la rencontre entre Laurent Cabrol, circassien et Elsa De Witte, costumière-comédienne. Après avoir fait ses classes auprès d’Annie Fratellini, Laurent cofonde les cirques Convoi Exceptionnel et Trottola, tout en multipliant les rencontres artistiques : Raphaëlle Delaunay, cirque Romanès, Théâtre du Rugissant dans lequel il retrouve Elsa. Elle, elle vient de compagnies de théâtre de rue : Cie Babylone, les Alama’s Givrés et cultive son amour pour les histoires simples et populaires, tout en approfondissant un travail sur le détournement de matériaux usés, qu’ elle recycle et embellit.
Le spectacle est à l’image de leur parcours, un mélange de cirque, marionnettes, théâtre et danse. (extrait de la présentation ici)
9 commentaires:
Pas trouvé l'extrait, mais imaginé le spectacle en vous lisant - "arts croisés", jolie appellation.
"La vie est un cirque, commode pour les gars vernis...Que les pires aînés sortent de piste...." (parole d'Auguste)
@Tania, c'est bizarre, le lien fonctionne pourtant.
@PV, merci l'Auguste
Je pense souvent à Raoul Vaneigem - toujours vivant parmi nous - qui a su démonter un cirque plus grand...
@DH, Petit traité...m'a ouvert les yeux dans mon âge tendre et je lui en suis infiniment reconnaissante
Alors, à Elbeuf, nous avons un des rares cirques théâtres en dur : j'espère que Bêtes de foire viendra le tester...
On trouve , parfois, des pépites telles que cet ovni cinématographique de Martti Helde qui restitue les lettres à son mari déporté dans un "ailleurs"inconnu d'une déportée estonienne en Sibérie sous Staline, "le petit père sévère " des peuples...58O 000 morts tout de même sur une population de 1300.000 habitants...
Le film est dans la tradition du cinéma néo réaliste russe. Il est composé de plans quasi fixes, des scénes figuratives, magnifiquement travaillées, la parole portée par les lettres prédominent. Les scènes sont d'une pudeur elliptique. L'amour de la nature, l'aspiration a une vie simple,au droit à l'amour , à ses convictions et croyances sont traduits par une poésie qui étreint...Un film à portée universelle qui pourrait dépeindre toutes les déportations et toutes les exterminations. Il révèle les ressorts de la force de vie et de la dignité, présents, aussi dans le "sel de la terre"...Assez différents des "Bronzés" mais un peu de curiosité est salutaire...
"Crosswind" en est le titre...Un "détail" qui tue...
@ PV, oui j'ai lu les critiques sur ce film Intéressant sans doute.
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