samedi 18 décembre 2010

Intimités brinquebalantes


"Les tensions tramant nos fragilités ne renvoient pas qu'à des discordances temporelles, mais également à des déséquilibres dynamiques au cœur de nos désirs : entre stabilités protectrices et instabilités navigatrices, familiarités et découvertes, repères et attrait de l'inaccessible.
(...)
« Rester fidèle à ce qu'on fut, tout reprendre par le début, chacune des deux tâches est immense » Merleau Ponty en 1960 dans Signes. Deux ambitions contradictoires et toutes deux indispensables. En se percutant, nécessairement.
Vivre, penser, assumer des antinomies, une « équilibration des contraires » (...) plutôt que viser «la synthèse » définitivement bouclée.
(...)
Se coltiner des tensions, déplaçables mais non dépassables dans un tout englobant et cotonneux, c'est également tutoyer l'imprévisible.
(...)
« la ferme certitude de l'incertitude », selon les mots de l'incontournable Daniel Bensaïd dans son Pari mélancolique. (...)

Au terme d'un vagabondage lié à l'usurpation faite de son nom dans un mail que j'ai reçu aujourd'hui, je suis allée revoir certains de ses billets sur son blog "Quand l'hippopotame s'emmêle" et j'en ai extrait ces quelques phrases d'un article datant de février 2010. Si vous avez envie de remplacer les (...), cliquez sur le nom de l'auteur ci dessous
Philippe Corcuff

12 commentaires:

D. Hasselmann a dit…

Les "aventures de la dialectique" peuvent être rigolotes.

Philippe Corcuff reproche à Alain Badiou son "post-maoïsme" (il l'a lu avec un casque d'iPod sur les oreilles ?), comme signe d'une "nostalgie" du passé, alors que lui-même est le premier à se référer à Marx en permanence !

Il est vrai que Miossec est un penseur (et avec quel dynamisme !) d'une autre trempe.

Vinosse a dit…

Des types qui entremêlent des mots chiants pour faire croire qu'ils pensent ...

Non, merde alors ...

Y ferait mieux de continuer à jouer au foot !

Vinosse a dit…

L'empire du charabia qu'évoque à ces sots le bruit de l'eau chaude en tournant leur robinet du matin !!!

Et pis c'est beau comme du Miossec:

"Est-ce que ça vous fait un bien fou/De faire du vélo sans les mains "

Crétins !

manouche a dit…

D'accord avec "la certitude des incertitudes",le reste faut m'expliquer.

martinas a dit…

Une pensée pour Jacqueline de Romilly

patrick Verroust a dit…

Zoë:

Vous sortez de votre besace « identités brinquebalantes. Ce qui ajoute du sel à un récit vécu de mon cru, pas un très bon cru, il n'est pas d'un abord de lai, je le livre tel qu'il est cru , Zoë. J'ai assisté à la pièce de théâtre « Identité » écrite et mise en scène par Watkins, interprétée par la trop belle Anne Lise Heimburger ( belle à en être gênant dans cette pièce brut de pomme. Sa nudité blonde dans l'écrin d'une longue robe du soir blanche éveille des espoirs qui n'ont rien à voir avec le sujet) et par le sobre et juste, Fabien Orcier. Le matin, j'avais rencontré mon garagiste . Cet homme était chamboulé. Sa mère est décédée en aout dernier. Le notaire venait de lui apprendre, contre toute attente, que sa mère n'était pas sa mère mais sa tante . En sus du choc affectif , il découvrit que les droits de mutation de son petit héritage prenaient une importance cruciale. Je vécus « l'identité » avec une acuité aiguisée qui me remémora une histoire personnelle.
Les gens, les administrations me demandent, souvent, comment je m'appelle. Je réponds que ne m'appelle, jamais. Pour une évidente raison, Je n'ai pas besoin de m’appeler, je sais où je suis et si même, parfois, je ne sais pas où j'en suis, je sais que j'y suis. J'y suis ,même, tellement, que je vais finir par y rester. Je cultive la légère schizophrénie utile dans la conduite automobile. Quand mon double veut doubler , inconsidérément, le schizo freine. Ce furent mes parents qui m’appelèrent . Si j'avais du m'appeler, je ne serais pas venu. La seule fois où , je me suis décidé à courir plus vite que les autres ,l'époque était spermissive, j'ai gagné le gros lot . La bourse , c'était la vie. Je ne savais pas à quel point c'était tuant. J'ai vite compris. Ma mère tardait à me donner le sein . Très pieuse en apparence, elle ne le donnait pas sans confession ,le sien de sein, ce qui prenait du temps, je demandais avec une extrême onction « Qu'est ce que tu glandes, ma mère? ».Je suis apparu au monde dans une panne d'électricité (c'est très sérieux). A cette époque, il n'y avait pas de générateur de secours, en quelque sorte, je suis né au « noir » .D'ailleurs, personne n'a jamais eu l'air au courant de mon existence. Je dus un jour être recensé. Pour la Sécurité sociale, je n'existe pas. Je demandais à ma mère les secrets de mon immatriculée conception.. Je m'enquis, donc, de ce que fricotais mon père. « ton père était tailleur » me révéla t-elle. Mon père était expert comptable . Donc, s'il était ailleurs , c'est qu'il n'était pas là. J'ai pris une veste. L’histoire n'est pas fantastique. Il traine la légende que je ne serais pas le fils de mon père mais celui d'un moine de haute extraction (je suis un ilien de pays minier ce qui favorise, mine de rien les rencontres au noir, suis je un enfant terril?). J'ai gardé , longtemps , cette hypothèse par devers moi parce que cela m’indiffère, par égard pour ma mère et l'image qu'elle coltine, tant bien que mal, de son défunt époux. Pourquoi lui chercher les poux dans la tête? C'est ma mère qui provoqua la révélation . Excédé, je lâchais le morceau « D'aucuns prétendent que je ne serais pas le fils de papa » . Sa réponse fut splendide « Ce serait tout à ton honneur! » ..et vlan! Il est, donc, possible qu'il coule en mes veines du sang d'orange amère. Je suis, en conséquence dotée d'une improbable mais vraie identité remarquable.
Cette histoire me fait marrer. S’il n'y avait pas de générateur de secours, j'ai, peut être, bénéficié d'un géniteur de secours. J’ai, toujours considéré la reproduction comme un sport d'équipe dont le capitaine est le paternel .
Ici, le temps qui fait notre quotidien et dont certains font tout un "Monde.fr" incite aux vers glacés.
Je vous salue ,Zoë, vous saurez distinguer le vrai du faux, le vrai ment et l'improbable ment aussi.

Quotiriens a dit…

Merci Zoê pour cette double découverte fascinante, de sentiers périphériques et d'une biographie verroustienne croustillante et fondante à la fois. J'adopte les deux.

Zoë Lucider a dit…

@DH, les ex maoïstes, les néo marxistes, tous ces istes sont tiennent tous à avoir le dernier mot et raison contre tous les autres. C'est très puéril. J'aime bien que Corcuff relève "la certitude " d'avoir à vivre avec l'incertitude. J'aime bien Badiou pour ma part. j'aime les penseurs positifs. Quant à Miossec, Corcuff est un "sociologue de la musique populaire (voir "la société de verre.

@Vinosse, il n'y a pas de mots chiants,ça n'existe pas. Des agencements de mots, oui c'est possible. Ta haine des intellectuels t'appartient. Mais Corcuff n'a pas besoin de faire croire qu'il est intelligent.

@manouche, bah, quelques fois on doit lire plusieurs fois pour comprendre, mais plus on lit et plus ça parle : par exemple que nous hésitons sans cesse entre nos routines bien repérées et l'exploration de terrains inconnus, stimulants mais éventuellement dangereux. Et qu'au final il faut se tenir en équilibre, entre ces deux pôles.
@martinas, oui, une pensée pour cette femme magnifique.

@PV, votre identité est en effet sujette à questionnement et ni Mao, ni Marx n'ont de réponse dans leurs petits et gros livres.

@quotiriens, si vous adoptez PV, il se peut qu'il vienne déposer la suite de ses aventures chez vous. C'est un prolixe, capable d'adresser un commentaire deux fois plus fourni que le billet qu'il commente. C'est pour ça qu'on l'aime.

Sophie K. a dit…

Là, je suis un peu dépassée, faut que je relise... quand j'aurai plus de neurones en état. :0) (Bizarre, quand même, cette "équilibration"...)

Vinosse a dit…

C'est très réducteur de dire que j'ai la haine des intellectuels ... Seulement de ceux qui s'y croient et qui découvrent subitement le goût de la purée de patates au beurre en y rajoutant un jus de mots qui n'apporte rien .
Je peux le prouver mais je ne le ferai pas ici...
A vrai dire je m'en balance...

patrick Verroust a dit…

Zoë:

Ah, ah, ah, ah, ah, Je n'irais pas raconter chez Quotirien en quoi mon père fut un faux frère.

J'ai trouvé votre billet de ce jour bringuebalant. Il fait référence à des auteurs qui font dans le clair obscur pour être sur de ne pas rester d'obscurs clercs. Ils ont réussi dans les deux domaines.
J'ai bien aimé votre billet sur mo(t)saîques, "identité notionnelle". J'y ai lu des correspondances qui m'ont incité à écrire ce commentaire où , par la magie de l'humour, les frontières entre le réel et l'imaginaire se brouillent. Les coïncidences de la vie et du théâtre m'ont confronté aux jeux d'ombre des identités dont une société, en perte de repères, a un besoin vital pour arriver à faire mine d'encore se nommer «société» . J'y fais un pied de ne(z) . Mon nom est un Non, dit , affirmé , haut et fort.

Vous m'avez fait rire. Que les nébulosités nocturnes vous emportent dans les voluptueuses mutations de leurs cumulus..

Zoë Lucider a dit…

@Sophie K, équilibration ? le mot est bizarre mais il parle de notre continuel balancement entre des désirs ou des contraintes opposées. Moi, ça me parle terriblement.
@Vinosse,si tu t'en balance, partageons la balançoire.
@PV, vous m'avez donné l'envie de relire ce billet et de rendre un hommage à JEA, dont l'absence pèse à ceux qui aimaient le lire. Merci