jeudi 26 novembre 2009

Des termites dans le cerveau


Arrêt momentané des émissions pour cause de fatigue intense.
Un relais opportun
« C’est le mauvais temps qui me protégeait le mieux. Plus de travaux extérieurs, personne sur les échafaudages, plus de barbecues à minuit dans les jardins avec beuglantes en stéréo, blagues graveleuses et rires avinés. Je désirais follement les intempéries. Rien ne m’était plus délectable qu’un ciel de tempête. Je vouais un culte aux bourrasques, aux averses, à la grêle qui mitraille les chaussées et les toits. J’applaudissais l’annonce du crachin, j’exultais devant la grisaille. Si le temps virait à l’orage, c’était Noël. J’allumais des cierges dans mon for intérieur pour que l’orage éclate à pleins seaux, que les éclairs s’en mêlent, que le tonnerre explose, que les gouttes inondent les rues, les caniveaux, qu’elles noient la ville sous un édredon liquide. J’aurais aimé que la pluie enfle et se prolonge, comme la mousson. Le gel était une bénédiction, la neige une délivrance : je redoutais les glissades sur les plaques de neige molle, mais rien n’étouffe les bruits comme elle. (...) Le verglas m’incommodait, de même que le brouillard, j’en déplorais les désagréments, mais j’adorais la morsure du froid qui oblige à boucher les issues. Alors je n’avais plus à subir l’intrusion des autres, ils demeuraient chez eux enfermés à vaquer de leur côté sans s’introduire de force dans mon intimité. Le bruit des autres, le sans-gêne des autres, l’égoïsme des autres. De ceux qui envahissent l’espace entier, nos appartements, nos maisons, chacun des lieux où l’on réside. Ils entrent sans frapper. Ils s’accordent tous les droits, ils se permettent toutes les outrances. Rien ne les arrête, les autres. Personne ne les convie, ils entrent quand même. Les autres, ce sont les bruyants. Ils décident, ils s’imposent. Ce sont les prédateurs, les pollueurs de tympans, tous ces gens qui nous déversent des turbulences à pleins tonneaux dans les oreilles, qui nous volent notre liberté, qui nous arrachent à nous-mêmes. Les colonisateurs du silence, les termites du cerveau. »

Jean-Michel Delacomptée, La vie de bureau

17 commentaires:

Sophie K. a dit…

J'adooooooooooooore cet extrait, cet homme est un génie, merci Zoë.
Prends bien soin de toi, surtout.
;-)

Unknown a dit…

Ah, cela me rappelle une chanson. Tiens, elle est pour toi ! Ferme bien ta porte cependant, sans oublier tes fenêtres.

http://www.youtube.com/watch?v=QPYVy7npptA

Frédérique M a dit…

Et comme toujours, nulle avec ses liens la Frédaime. Chut, Zoé se repose.

mon chien aussi a dit…

Ouais, ouais, ouais...
La fatigue a bon dos !

JEA a dit…

la bougie allumée pour vous sur mon blog,
pas question de la souffler
donc pas de fatigue sup en perspective...

Vinosse a dit…

Ce texte semble enlevé, il est somme toute assez banal...
Je n'y vois aucun génie, une souplesse du poignet tout juste, comme celle d'un guitariste vaguement virtuose.

Mélanger orage et neige, je comprends pas...

Moi ce génie me fait bouillir !

claire a dit…

Beau texte et photo de circonstance, où le reflet prend le relais. Reposez-vous bien !

D. Hasselmann a dit…

Oui, belle photo reposante, havre de paix à traverser comme un miroir d'automne...

Cactus , ciné-chineur a dit…

bel extrait c'est vrai !
sinon Zoë , gardez-vous à gauche comme à droite du H1N1 qui petite frappe à nos portes là !
faites une "pause" avant de nous faire "reset" et des "risettes" pour veaux puisque nous vos veaux dévots(lus ailleurs)!
( finalement , nous , vos hi-lecteurs , ne sommes tous que des veaux , non ? doux certes mais des veaux !)
pour conclure :"mieux vaut avoir des termites dans le cerveau qu'être Thierry Lhermitte avec un cerveau " disait mon arrière-mère-grand à mon époque petit napperon rouge au crochet !
sissi !
je vous fends la bise tendrement !

Sophie K. a dit…

Vinosse, je plaisantais, donc j'exagérais, comme toujours, mais je trouve quand même ce texte bien enlevé, na.

:-)

Dominique Boudou a dit…

Reposez-vous bien avant les fêtes et leurs agapes.

Anna de Sandre a dit…

Bon, ben à tout à l'heure Zoë.

Cactus , ciné-chineur a dit…

si vous partez , ceci est pour vous , Alerte météo consult pour mes cactus reçue là : ( assez rare ! donc attention )

"Entre samedi soir et lundi soir, les conditions météorologiques deviendront nettement plus dégradées sur de nombreuses régions et particulièrement sur le sud-est du pays.

Cette dégradation très marquée débutera surtout dans la nuit de samedi à dimanche par une situation très ventée sur la moitié nord et ouest. La situation est à surveiller...

La situation sera potentiellement plus préoccupante dans les régions du sud-est. En effet, un épisode fortement pluvieux se développera de dimanche à lundi. Il engendrera d'importants cumuls de précipitations, principalement à l'est du Rhône et en Corse. La neige, elle, tombera à assez haute altitude.

En raison du risque élevé d'intempéries, cette forte dégradation pourrait amener nos services à émettre des communiqués spéciaux."

voil voilou , la lune presque dans le caniveau ?

Sophie. a dit…

Pour Zoé, un verre de jus d 'orange, une chaise longue et un bouquin... allez ! et demain ça repart !

Cactus , ciné-chineur a dit…

voyons Sophie , un triple whiskey ( bien tassé dans un bol ) bu cul-sec serait préférable à vos remèdes de Sophie , là , non ? ( sinon chut mais pour la suite de votre message , j'ai honte : j'avais lu :" une baise longue et un coquin " ; faut que j'arrête de passer mon temps libre à lire Proust , moi !
Sissi )

qu'en pense Vinosse ?
je m'interroge !
abondera-t-il dans mon sens unique ou prendra-t-il une voix différente , sa spécialité !

Cactus , ciné-chineur a dit…

je sais , j'aurais du écrire : " un vert coquin et son Plancton " mais petite forme ce jour né moi aussi ! ( toujours cette grippe , ha là là )

La Feuille a dit…

Le mois de novembre est toujours difficile... On a parfois l'impression d'être submergé par le gris, de n'ouvrir l'œil que pour le refermer bientôt, tant les jours sont courts et peu propices aux projets enivrants. Il faut bien en passer par là puisqu'on ne peut élucubrer sans cesse. La fatigue passe, le cerveau se délasse et l'on retrouve un jour, de bon cœur le rayon de lumière qui donne envie de s'ouvrir à des projets nouveaux. Il n'est pas mauvais, de temps à autre, de fermer les rideaux au monde extérieur, et de se prodiguer quelques petits bonheurs.
Bon courage et surtout un repos constructif et délassant.