«(...) pourquoi ne pas imaginer, le 1er vendredi de chaque mois, une sorte d’échange généralisé, chacun écrivant chez un autre ? Suis sûr qu’on y découvrirait des nouveaux sites (...)».
François Bon et Scriptopolis ont lancé l’idée des Vases Communicants.
Aujourd'hui Dominique Boudou et Zoë Lucider s'invitent réciproquement
Les bibliothèques sont des corps vivants qui échappent à la contention des étagères. Elles débordent sur les tables et font des pieds aux murs, poussent l’huis grinçant des buffets, s’invitent sous les lits. Impitoyable marée de papier. Un « désherbage » s’impose. De quels livres se séparer ? Il y a ceux qui nous ont déçus, ceux que nous avons oubliés. Il y a aussi tous ces livres qu’on nous offre, parfois tellement mauvais mais accompagnés d’un mot tendre.
Aucune douleur cependant dans le « désherbage » car il permet de belles rencontres, de belles retrouvailles. On découvre un roman qu’on n’a pas lu, (L’obscurité du dehors, Cormac Mc Carthy), on forme de nouveaux couples, (Agota Kristof et Bohumil Hrabal), on reprend la conversation avec Baudelaire ou Pirotte.
Les humains sont aussi des corps vivants. Pas question de laisser le dernier mot à une bibliothèque. Nous avons trop besoin de ses personnages et du chemin que nous continuons à faire avec eux. Nous voulons rester maîtres du grand mystère de l’écriture. Mais tiendrons-nous le coup jusqu’au prochain « désherbage » ? La marée de papier monte encore et pourrait nous prendre. Attention à l’ivresse des profondeurs.
Dominique Boudou
22 commentaires:
Il existe des produits extrêmement radicaux: des desherbants totaux, du glyphosate même...
Comment ne pas penser au vieil Hanta dans "Une trop bruyante solitude" (Hrabal) en terminant la lecture de ce billet?
Du désherbage "à la main", sans doute inévitable de temps à autre.
bel échange , beau couple !
L'herbe peut pousser entre les livres, elle est même rouge chez Boris Vian.
Parfois, du sang coule depuis les étagères qu'il vaut mieux peut-être installer sur pilotis.
Merci pour cette approche "verticale" de la question.
Ah, si vous citez Jean-Claude, voilà qu'il se met à pleuvoir sur Rethel...
Vous savez que, poursuivi par la justice belge, il donnait dans cette sous-préfecture grisâtre, des conférences avec les notables au premier rang, y compris les galonnés de la gendarmerie...
Souvent, on saute de blog en blog comme, dans un torrent de montagne, on saute de pierre en pierre. Mais l'échange permet de prendre son temps, il déroute un peu, il ouvre un sentier...
merci à Zoé donc !
Clopine
Quel beau texte ! Une partie des livres qui s'en va voir ailleurs, fait des heureux parce que tout n'est sûrement âs nul... Parfois, allez savoir, y'a des livres en double et on ne sait pas pourquoi; Pourquoi celui-là deux fois sur l'étagère ?
une grande Zoie , c'est vrai !
Ne JAMAIS désherber une bibliothèque ! Les mauvais livres servent de fumure aux bons ...
Est-ce que le bouquin de Mapie de Toulouse-Lautrec est à déraciner ? Et Bob Morane contre l'Ombre Jaune ? Et les aventures de Scoubidou ? Et les feuilles puantes de Céline ?... Ouais... En fait, si on veut écrire, il vaut mieux parcourir assidûment les pages du catalogue de la redoute que les celles de Flaubert. Avec lui, on n'apprend rien. Mais je déconseille fortement les pages du ouèbe.
Encore un texte qui nous rappelle combien l'ère numérique atteint ces limites quant il s'agit de s'emparer d'un livre, d'un vrai, d'un solide, d'un feuilletable. Celui même qui peut être oublié dans un bibliothèque sans qu'une requête google ne puisse le déloger.
Zoë , on se mélangera tous les deux une fois , juste une fois !
j'aimerais tant vous voir écrire chez moi ! vous me direz vos dates !
bien à vous !!!
Très bonne idée, cet échange. Bonjour Dominique.
Juste, je n'ai rien à désherber dans ma bibliothèque. Va falloir que je trouve un engrais qui la fasse croître, afin d'abriter d'autres livres...
Bonne idée. Je vais faire court (et cela risque d'être long).
Et les piles branlantes qui choient ? parlons-en !
Un vagabondage de fin d'été.
Non je ne désherbe que mon jardin. Jamais ma bibliothèque. Ou alors pour un ami cher et avec une réelle blessure au coeur, je prends un livre.
Quel beau texte! Malgré un désherbage de plus en plus sélectif et intransigeant, ma bibliothèque continue à déborder sur toutes les surfaces planes de mon appartement. Je déménage bientôt et je cauchemarde des livres qui s'échappent des cartons, du camion, et s'inscrivent tous seuls au bookcrossing!
C'est intéressant de se faire envahir par un désherbage. Une interrogation demeure qui répond et où. il y a des commentaires adressés à l'auteur, d'autres à l'hôtesse, d'autres sur l'idée d'échange. Des visiteurs qui viennent pour la première fois parce qu'ils sont eux-mêmes "échangistes" et s'intéressent à ceux qui font partie du tout petit groupe lancé dans cette modeste aventure. Comme je suis perplexe (et amusée de ma perplexité), je vais reproduire ceci chez mon alter ego. Et voilà
Je trouve cet échange tout à fait agréable. Merci Zoë.
De mon dernier désherbage, je garde une bibliothèque classée et un ou deux livres que je cherche encore.
reprendre le pouvoir des bibliothèques !
perso, je suis pour.
c'est vrai ça on a pensé à séquestrer les patrons mais qui a pensé à séquestrer les bibliothécaires ?
sur l'importance du livre...
Zoë j'ai pas bien aimé votre allusion sur mon blog, une Grande Idée ou un Grand Roman, ou une une Grande Idée de Roman, c'est pas un truc fait pour se faire de l'argent.
sur ce coup, vous m'avez un peu étonné.
je vous pensais plus désintéressée des choses bassement matérielles, plus attirée vers les hauteurs des sommets de la Haute Pensée.
Zoë : dites moi la vérité, j'ai besoin d'une réponse, dois-je en finir définitivement pour mon attirance immodérée pour le Whisky ?
si vous me répondez oui : promis j'arrête illico !
@Dexter, non mais dites-donc. Qui parle de commerce (pin's, costumes de philosophe, marque-pages et autres étrangetés). Moi, ce que j'en dis, c'est pour vous aider à vous trouver une place confortable au soleil, les pieds en éventail, un verre de ouiski à portée de main (ne comptez pas sur moi pour prêcher la tempérance).
@ Aux autres, cette conversation ésotérique est plus compréhensible si on clique sur Dexter ci dessus et qu'on a le courage (bon courage!) de lire
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