mercredi 19 janvier 2011

Le vent des blogs 54. Vite fait sur le gaz.


Au cas où vous ne l'auriez pas noté (comment? vous ne regardez pas de près mes états de service ?) je suis beaucoup moins présente dans la blogosphère que je ne le fus au début de mon incursion sur la toile. Pas le temps, mangée par une foultitude d'autres agitations qui me requièrent. Pas la tête à élaborer de la belle syntaxe et de la pensée profonde ou légère.
Cependant j'ai glané quelques petits cailloux ronds et brillants. je les dépose ici, faites-en ce que vous voudrez.

Ecritures du monde : le Niger, une vision toute en délicatesse de ce pays où vient de se produire un de ces épisodes absurdes de la vie des hommes.

Edward S. Curtis, nous a laissé un héritage somptueux, ces photos des Peuples premiers d'Amérique, comme ils se nomment eux-mêmes, "Natives"d'un continent d'où ils ont été quasi éradiqués. Quelle beauté, quelle fierté! Quelle nostalgie d'une sagesse saccagée! Toutes ces photos sont d'une pureté miraculeuse.

Pour résister à la déréliction dans laquelle nous plonge les délires de nos gouvernants (je préfère passer sous silence celui de MAM), on s'organise. Ça vient, ça vient!

On peut aussi se livrer à une transposition drôle

Pour s'alléger le coeur et le corps mieux vaut danser le Tango ou encore écouter les exploits de l'ami Manu Causse ou encore d'une petite nouvelle qui promet "Anna Calvi la crème anglaise".

Bientôt (enfin pas tout de suite) je serais rendue à des rythmes plus propices à ..., à quoi au juste ?

Illustration

samedi 15 janvier 2011

Nouvelle année, mais où ai-je la tête !

Photo JEA

J'ai trouvé ce texte stocké, (alors que je cherchais autre chose). Tiens me suis-je dit, j'ai publié ça ? Et quand donc ? En parcourant mes archives, je ne l'ai pas retrouvé. Or donc je vous l'inflige (une deuxième fois peut-être mais peut-être non), en le bricolant un peu car on n'est jamais la (le) même après une année de tribulations et quelles !

(...) mes vœux sous la forme suivante « optimisme, lucidité, pugnacité, sérénité" cocktail subtil à concocter, d'un effet revitalisant garanti. Comme vous me semblez fonctionner avec ce genre de carburant, j'ai eu envie de défendre la recette auprès de mes compagnons lecteurs. (D'où cette idée que j'avais sans doute publié ça mais quand ?)

L'optimisme n'est pas une prédisposition mais une hygiène mentale qui relève du pari pascalien : le pire, anesthésiant, mortifère, n'est ni plus ni moins avéré que son antonyme le mieux.

La lucidité est une fonction utile à chaque instant pour distinguer les vessies des lanternes, la flagornerie de l'hommage et la probité de l'imposture.

La pugnacité n'est pas folle agressivité mais volonté articulée à la résistance, toutes choses nécessaires pour seulement se lever chaque matin.

La sérénité consiste essentiellement à ne pas craindre la mort. Lorsqu'elle nous fauchera nous n'aurons plus aucun regret, à moins d'imaginer que notre corps en se dissolvant relâche une âme en quête de salut, ce qui, à Dieu ne plaise, relève (à ce jour) de la pure mythologie.

Si on observe le cours du vivant, on constate qu'il procède de ces principes. En revanche les pulsions mortifères sont antagoniques, en tension nécessaires sans doute mais dangereuses dans leur exacerbation.

Le pessimisme chronique réduit tout acte à son inanité.

La lucidité, sous bassement revendiqué de la logique pessimiste consiste essentiellement à traquer les mauvaises raisons de se satisfaire du dégoût du monde et à considérer avec mépris la modestie du quotidien.

La pugnacité revêt souvent l'uniforme de la guerre, recours soi-disant ultime pour convertir un monde dissolu.

Quant à la sérénité, elle se confond ici avec l'atrophie émotionnelle, rempart de l'angoisse.

Bien entendu, nous avançons chacun sur la corde tendue entre ces pôles et nul n'échappe à l'optimisme niais, aux aveuglements suivis de trous noirs, aux désirs de meurtres, au chaos émotionnel.

Cher visiteur, si tu penses reconnaître un bla bla que tu aurais déjà aperçu sous l'arbre, n'hésite pas à me traiter de radoteuse. Mais il te faudrait plus de mémoire que j'en ai. Est-ce bien raisonnable ?

Et si tu cherches des vœux tarabiscotés va faire un tout par .

Je vais terminer sur un vœu conjoncturel. La Tunisie, ce n'est qu'un début. L'Afrique va entrer en ébullition. Les jeunes vont se débarrasser des vieux crocodiles corrompus. Yep!

dimanche 9 janvier 2011

Le vent des blogs 53. Le retour



Enfin, le retour*, peut-être. J'hésite. Ou alors je n'écrirai plus que pour cette rubrique. On verra bien.
Je commence fort "Un clito revendicatif me rappelle une bite révolutionnaire". C'est un contrepoint au fameux "Indignez-vous" qui se dit dubitatif sur la portée de nos gesticulations "révolutionnaires". Visitez Rodolphe, ses "ça me rappelle" sont souvent savoureux.

Un film que j'irai voir, dès qu'il sortira c'est à dire le 12 janvier, Women are heroes. Ce que je crois en comprendre c'est le combat des femmes pour s'extirper de la misère et la soumission dans ces pays où c'est leur lot quotidien, en faisant la courte échelle à leurs filles ou petites filles.

Ainsi peut-on espérer qu'elles échappent au sort d'une Marceline Desbordes-Valmore

« Les femmes, je le sais, ne doivent pas écrire;

J'écris pourtant,

Afin que dans mon cœur au loin tu puisses lire

Comme en partant.

Je ne tracerai rien qui ne soit dans toi-même

Beaucoup plus beau:

Mais le mot cent fois dit, venant de ce qu'on aime,

Semble nouveau. »

Solko en a dressé un portrait assorti d'une photo où on lit cette expression, qui fut celle de tant d’humains de ces générations-là, gens oubliés du dix-neuvième siècle, tous les captifs, tous les vaincus qui n'eurent pas même la possibilité d'écrire la moindre ligne, de jouer le moindre rôle, et de graver leurs traits dans le camaïeu du moindre daguerréotype.


L'Olympe fait aussi une revue du net et elle est gratinée. Je vous recommande d'écouter également le petit extrait faciles et pas chères reloud à souhait.


On va finir avec Desproges dont je vous recommande le site (posthume, il va sans dire) et son fameux numéro les Juifs. Un antidote.


Tu nous l'as fait féministe sur le retour ? Oui, c'est ça. La prochaine fois, sport!



*Pour ceux qui visiteraient ce blog pour la première fois ou depuis peu de temps, le Vent des Blogs fut une rubrique hebdomadaire dont j'ai décliné 52 numéros avant de déclarer forfait.

vendredi 7 janvier 2011

Identité notionnelle, bis répétita

(Ph. JEA / DR).

"Elle est née quelque part, certes, mais elle n'y est pour rien et même aurait préféré naître ailleurs, un goût prononcé pour l'exotisme.
Elle a grandi mais on l'y a poussé. Elle a eu beau freiner des quatre fers, elle a bien été obligée de se redresser et aussi bien, commencer à prendre langue puisque c'était décidément plus efficace que les cris et les borborygmes pour obtenir du pain et des jeux.
Elle a chanté, on a prétendu qu'elle le faisait bien. Toute musique entrant dans son oreille ressortait par sa bouche. Elle était la mémoire familiale. Comment c'est déjà, tu sais bien cette chanson ? Elle s'exécutait.
Elle a dansé, son corps souffrait de trop de raideur si elle ne lui donnait pas de l'exercice, danser lui était aussi indispensable que courir et plus compatible avec les espaces confinés.
Elle a écrit, sur le plâtre frais que son père appliquait sur les murs, il admirait la performance et haussait les épaules quand sa mère protestait. Le graffiti comme méthode, en droite ligne des cavernes
Elle a aimé les livres. Elle lisait avant de savoir lire. Elle se promenait avec un livre quand elle n'aurait pu en déchiffrer un mot. Elle harcelait son frère pour qu'il lui apprenne et quand enfin elle entra à l'école, elle considéra avec mépris ces morveux accrochés aux basques de leur môman et braillant comme à l'abattoir.
Elle a aimé l'école, ah oui, elle trouvait passionnant tout ce qu'on y apprenait. Tout, sans exception. Le monde s'ouvrait enfin, immense, et elle allait y faire une grande carrière de vivante si elle ne mourait pas tout de suite, car cette perspective l'accompagnait tous les jours. Vis comme si tu devais mourir demain.
Elle a su très tôt qu'elle ne resterait pas toute sa vie au bord de cet Atlantique dont pourtant elle aimait les rochers, les dunes, l'iode et le bruit des vagues.
Elle a désiré Paris, la ville prodige, où on peut façonner un destin, autre chose que cette province où la rumeur tenait lieu de pedigree. Paris, la joie de son immersion à peine ternie par la souffrance de ses oreilles et de ses sinus, sursaturés d'émanations, le bruit et l'odeur. Paris les quais, les lumières, les bars, les musées, la cinémathèque, les petits restaurants où elle avait ses habitudes et une ardoise, les chambres sous les toits d'où elle tutoyait les pigeons.
Elle a voulu connaître le vaste monde et s'y est risquée avec peu de moyens et les yeux plus grands que le ciel.
Elle a donné la vie après avoir longtemps hésité, parce qu'elle craignait de perdre sa folle insouciance, ce qui advint.
Elle s'est employée en harangues et gesticulations afin de faire mousser d' improbables utopies, en particulier celle d'un monde où les frontières seraient tracées au bolduc.
Elle a divorcé de la Capitale, elles ne sauraient vieillir ensemble.
Et la voici, juchée sur une petite colline, contemplant le couchant et ne sachant toujours pas si elle est ce qu'elle croit être, ou celle que les autres croient voir.
J'oubliais. Ses papiers sont estampillés d'origine contrôlée et depuis longtemps déjà, on ne les lui réclame plus."



Paru en janvier 2010 chez JEA, Mosaïques dans le cadre des Vases communicants, le texte de JEA sous l'arbre

dimanche 2 janvier 2011

Comment va La sorcière et toile à matelots


- Bonjour o' vénérable, je venais vous souhaiter une excellente année et vous demander quelques conseils pour les jours à venir.
- Je ne donne pas de conseils, je ne lis pas dans le cristal et par conséquent je ne sais rien de rien à l'avance.
- Mais pourriez-vous me dire si je dois m'inquiéter de la montée de l'intolérance. Des chrétiens assassinés, des types qui éructent un peu partout.
- Oui.
- Comment ? Mais encore ?
- Oui, vous pouvez vous inquiéter. L'horreur du monde s'est toujours adossée à ce genre de folie. Les sorcières en savent quelque chose.
- Une de mes amies se trouve en Afrique, doit-elle envisager de revenir ?
- Oui.
- Comment en être aussi certaine ?
- Je ne suis certaine de rien, sauf de l'éternel retour de la pulsion de meurtre en cheville avec l'appétit de pouvoir.
- Puis-je espérer trouver du travail cette année, je suis en fin de droits.
- Nous sommes tous et de plus en plus en fin de droits.
- Vous n'êtes pas très encourageante.
- Mais si ! Indignez-vous! Vous êtes jeune, c'est à vous de secouer ce vieux monde.
- Vous croyez encore à un monde meilleur ?
- On n'a pas besoin de croire à un monde meilleur pour se bouger, il suffit de constater à quel point celui-ci est mal foutu. Faites votre part. C'est tout!
- Oui, mais comment ?
- Vous êtes seul à savoir ce que vous êtes en mesure de faire au mieux pour le moins pire. Cependant cherchez des alliances. Il n'y a d'intelligence utile que collective. Seul l'Art peut être une recherche individuelle et encore! parce que tant d'artistes vous auront ouvert le chemin.
- Qu'allez-vous faire vous-même ?
- Titiller les étoiles, mon passe-temps favori.

Illustration Le dico des sorcières. Elizabeth Brami, Francis Délivré, Hachette Jeunesse

vendredi 31 décembre 2010

Voeux à valoir

2011


Mouais, espérons !

Mes amitiés à tous
!

mercredi 29 décembre 2010

La dispute

http://photos.blogs.liberation.fr/photos/uncategorized/2008/06/29/la_dispute.jpg


Il y avait longtemps que je n'avais visité "l'autofictif" d' Eric Chevillard.

J’ai coupé en morceaux le corps de ma femme puis j’ai mis ces morceaux dans une valise, elle a fait de même avec le mien, en sorte que nous voilà bien lourdement chargés pour les vacances.


À ne pas confondre, la brute conjugale prompte à cogner, ce crétin violent, inexcusable, ce gorille aux poings haineux, et le paisible bonhomme que sa femme habitée par le démon de l’autodestruction utilise comme gourdin, comme massue, comme couteau, répugnant sans doute à se mettre elle-même en pièces avec les ongles et les dents et préférant, toujours en quête d’un coupable, aller se déchirer sur les moindres aspérités de son compagnon, inévitablement anguleux et contondant par endroits du seul fait qu’il existe et remue, et dont le geste le plus innocent devient malgré lui un coup.

(Elle ne l’écoute plus que quand il ronfle.)

Le dernier est encore le plus terrible à mes yeux.

Illustration La dispute et un petit dernier pour la route avant d'entrer dans une nouvelle année pleine de bonheur et de joie de vivre, c'est le Prez qui vous le dit