- Bonsoir bienveillante sybille, je vous trouve bien occupée.
- Je ne vous ai pas entendu arriver, vous auriez dû prévenir.
- J'ai manifesté ma venue mais vous semblez n'avoir rien entendu.
- J'étais occupée à débarrasser toutes ces cochonneries accumulées au gré de cadeaux idiots que se croient obligés de me faire certains visiteurs.
- Vous semblez vénère chère magicienne.
- J'ai retrouvé un livre que j'avais rangé: Le sexocide des sorcières de Françoise d'Eaubonne. Il m'avait fait bouillir le sang à l'époque où il est sorti (en 1999). En remettant le nez dedans j'ai eu à nouveau une montée d'ire.
- Une ire ancienne, vous n'avez pas motifs plus récents ?
- D'agacement, c'est plus léger. C'est que je viens de parcourir les carnets de JLK, (une petite drogue), il y épingle "Ceux qui ne manquent pas d'air" et suggère que « la rébellion c’est l’école des sentiers battus qui se prend pour le chemin des écoliers »
- Oui et alors,
- J'ai peur qu'il n'ait un peu raison.
- Mais vous, vous êtes une rebelle par nature.
- N'utilisez pas de termes que vous connaissez mal, voulez-vous? Pour m'énerver plus encore, ce JLK a dressé 15 listes de 15 livres pour lui inoubliables et je m'aperçois du nombre insensé de ceux que je n'ai pas lus. Et il faut voir la liste s'allonger avec ceux des commentateurs.
- Vous lisez donc suave thaumaturge ?
- Pensez-vous que quelque savoir qu'on possède tombe du ciel, jeune blanc-bec ? Pour comprendre l'âme humaine il n'y a pas mieux que la littérature. Mais vous me faites dire des truismes.
- Sont-ce là toutes les raisons de votre courroux ?
- Ah! J'en vois passer des inepties dès que je me branche sur les ondes. Tenez une très récente et qui vous concerne, jeune écervelé, car vous pourriez bien en faire les frais. Sachez qu'on peut désormais détecter le gène du gauchiste. Si on cherche à le détecter, je vous laisse deviner pourquoi. Qu'on me dise d'ailleurs ce qu'est cet animal !
- C'est bien suranné en effet.
- Pour m'achever, en rangeant tout ce fourbi j'ai retrouvé des traces de sorcières que j'aimais bien. Tenez celle-ci ne s'en laissait pas conter, par exemple, il faut voir la gueule des mecs quand elle révèle leurs turpitudes en pleine messe. Ah, ah ah! J'adorais!
Celle-ci était une des premières à oser un satané numéro, avec son Etienne.
Quant à elle, elle n'y allait pas par quatre chemins. C'est comme ça ! Quelle énergie ! On s'est fait quelques bons sabbats avec cette loustique. Depuis, son Roméo a passé l'arme à gauche. La mort est une redoutable concurrente
Quand à elle, avec la ouate elle s'est propulsée aux cieux et après, elle a un peu dégringolé. Je l'ai retrouvée dernièrement c'est encore une sacrée sorcière.
Ca m'a foutu un peu le bourdon ces vieux souvenirs. De plus, contrairement à ce qu'on prétend, je déteste Halloween, cette fête stupide où tout le monde se déguise avec de longs chapeaux noirs et le changement d'heure qui fait tomber la nuit plus tôt.
Jeune homme, il est temps de vous retirer et de me laisser à mes ruminations. Rassurez-vous, j'ai un bon antidote sous la main contre la morosité. Un vieux copain, Epicure. Tenez, ça vous fera du bien aussi.
«Souvenons nous d’ailleurs que l’avenir, ni ne nous appartient, ni ne nous échappe absolument, afin de ne pas tout à fait l’attendre comme devant exister, et de n’en point désespérer comme devant certainement ne pas exister. »
Epicure. Lettre sur le bonheur