vendredi 5 mars 2010

En respirant


En respirant.
Parfois je respire plus fort et tout à coup, ma distraction continuelle aidant, le monde se soulève avec ma poitrine. Peut-être pas l'Afrique, mais de grandes choses.
Le son d'un violoncelle, le bruit d'un orchestre tout entier, le jazz bruyant à côté de moi, sombrent dans un silence de plus en plus profond, profond, étouffé. Leur légère égratignure collabore (à la façon dont un millionième de millimètre collabore à faire un mètre) à ces ondes de toutes parts qui s'enfantent, qui s'épaulent, qui font le contrefort et l'âme de tout

Henri Michaux. La nuit remue

Photo Clemt

mercredi 3 mars 2010

Oxygène


Regarder le sexe au fond des tropismes,

Détrôner le Dieu CAC et la déesse Pépette

Eviter de se prendre pour le centre d'un monde

Accepter la folie, rechercher la raison

Suspendre les convictions, regarder à deux fois

Minimum

Refuser la violence, rétablir la palabre

Visiter les paradis artificiels et en redescendre

Caresser et non battre, baiser et non hacher

Oindre les tout petits de mots doux pour la route

Se mêler de ce qui nous regarde

Regarder de quoi ils se mêlent

Humouriser comme on vaporise

Voyager sur la pointe des pieds

Partager tout ce qui, sinon, encombrerait

Cultiver silence et solitude

Bramer en chœur quand ça nous chante

Installer la ville à la campagne

Et vice versa

Présenter un passeport vierge aux frontières

Saluer d'un bras levé le soleil et le vent.


Oui, j'avoue tout. Ce poème sans fard, je l'ai déjà mis en vitrine, mais il y avait si peu de passants que je l'exhibe à nouveau, pour lui faire prendre l'air. J'ai si peu de temps en ce moment et la tête pleine de textes qui sont plutôt de l'impoèsie. Les mots eux aussi ont besoin d'oxygène.

Photo Bulles de savon

dimanche 28 février 2010

Le Vent des blogs 48. Avis de tempêtes


J'ai un peu de mal à rédiger un Vent des blogs alors que la tempête a dévasté une partie de la côte atlantique où je passais il y a quelques jours de paisibles vacances. Selon mes informations, le petit morceau de côte où j'ai mes attaches n'a pas été trop agressé, mais je n'ai guère de détails. La côte n'était pas au beau fixe mais pas non plus si déchaînée quand je circulais à bicyclette et m'arrêtais pour fixer quelques images comme cette plage de Nauzan, plage de mon enfance,
ou les jolies villas rescapées du bombardement qui réduisit en gravas la plupart de la ville de Royan et ses alentours, pour rien, alors que le sort de la guerre n'en dépendait pas. Je l'ai su très tard, grâce à Howard Zinn (dont la mort récente n'a pas soulevé beaucoup d'émotion) qui en avait parlé dans un entretien avec Daniel Mermet. Dire le choc que cette révélation m'a infligée est impossible alors que toute mon enfance j'ai entendu parler de ce désastre qui avait causé la mort de milliers de personnes et détruit la quasi totalité de la petite station balnéaire, investie par les officiers allemands qui y vivaient en villégiature en attendant que la guerre prenne fin.

J'ai retrouvé dans un autre entretien la confirmation de ce que j'avais entendu chez Mermet:
Neuf ans après la guerre, j’ai rencontré un homme qui se trouvait à Royan en 1945, ville que j’avais alors contribué à bombarder ( Ce fut l’une des premières utilisations militaires du napalm !). Cette rencontre m’a amené à réfléchir à la guerre en général, et à cette expérience en particulier. Nous n’avions aucune nécessité de bombarder Royan, c’était absurde d’un point de vue militaire. J’ai alors compris que ceux qui décident des guerres en évoquant des causes justes n’ont pas de motivations pures. Et j’ai saisi que même une guerre contre le fascisme corrompt ceux qui y participent. J’en ai conclu que la guerre était inacceptable, parce que ses moyens sont toujours mauvais et corrompus, sa finalité toujours incertaine. Howard Zinn

Voici donc deux des belles sauvegardées de la côte, que les avions "alliés n'ont pas ratatinées.


Ces jours derniers, je n'ai pas beaucoup visité le ouèbe, trop occupée que j'étais à déguster les délices tirés de cet océan magique

et à lire (Liquide de Philippe Annocque, Le temps des catastrophes Isabelle Stengers) et à jouer au Scrabble avec ma sister.
Puis à réparer la panne qui a affecté la machinerie.

Quelques liens cependant à vous mettre sous la souris si ça vous inspire.

La fête à Fred, une nouvelle de Manu Causse, parce que j'aime bien ce lascar.

"A vous dire le vrai, la musique que je préfère, fût-ce à la mienne, à celle de quiconque, c'est ce qu'on entend quand on se tient tranquille, simplement.", interview de John Cage citée par Hozan Kebo en commentaire d'un très bel article de Frasby sur l'inventeur d'univers sonores

La mise en disparition du travail et ses effets pathologiques et sociaux par Philippe Zarifian

A la suite d'une série d'arguties au sujet du dernier livre de Florence Aubenas « Quai de Ouistreham », dont Clopine a rendu compte (suscitant un beau hourvari), je ne sais par quelle association j'en suis venue à La journée sans immigrés, une façon de rendre visible par cessation d'activité tout ce que les immigrés font fonctionner grâce à un travail mal rétribué, pas reconnu, voire méprisé et qui ne leur donne pas même le droit de circuler librement. Honte à ce pays et à tous les pays qui humilient ceux dont la force de travail est le socle du bien être collectif. Ce sont eux qui travaillent actuellement à la réalisation du tramway parisien par exemple. Jusqu'à quand les digues sociales empêcheront-elles le déferlement de la rage ?

Ainsi que vont faire les Grecs ? Sophie K nous livre cette info qui m'a fait hurler : il s’appelle Lloyd Blankfein, dirige la banque Goldman Sachs, et vient comme un grand, avec ses copains, de foutre la Grèce en faillite. Pendez les haut et court!

Pour conclure dans la tonalité de ce Vent finalement plutôt tempêtueux, un chroniqueur que j'affectionne, capté par mespiedssurterre, j'ai nommé François Morel. Il nous donne à entendre un bon résumé finalement des petits vents aigrelets qui soufflent sous nos latitudes.

Et cependant terminer sur une note poétique avec le blog de Renato et Marianne Moore art.

vendredi 26 février 2010

Bug ou bogue, Bref malaise sous l'arbre.

Araignée verte - Araignée verte tissant sa toile sur une feuille d'hibiscus


J'ai de gros soucis avec mon ordinateur; je ne peux plus afficher Internet et je ne sais pas pourquoi. Par ailleurs, je commence à avoir un nombre important de pourriels. J'ai donc activé le contrôle des messages. Désolée. Si je résous mon problème, je reviendrai à la formule antérieure. Pour le moment ce sera le jeu du mot bizarre avant affichage.
J'écris ce post d'un ordinateur ami mais qui ne contient ni mes textes, ni mes images. J'ai passé ma journée à essayer de trouver une solution, je n'ai guère d'inspiration pour autre chose que des fulminations inutiles.
Patience mes chers visiteurs, je parviendrai bien à dompter l'adversité.

Photo Araignée verte

vendredi 19 février 2010

Retour aux origines

Homme libre, toujours tu chériras la mer!
La mer est ton miroir, tu contemples ton âme
Dans le déroulement infini de sa lame
Et ton esprit n'est pas un gouffre moins amer.



Tu te plais a plonger au sein de ton image;
Tu l'embrasses des yeux et des bras, et ton coeur
Se distrait quelquefois de sa propre rumeur
Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage.


Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets;
Homme, nul n'a sondé le fond de tes abîmes;
O mer, nul ne connaît tes richesses intimes,
Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets!

Et cependant voilà des siècles innombrables
Que vous vous combattez sans pitié ni remords,
Tellement vous aimez le carnage et la mort,
O lutteurs éternels, O frères implacables!
L'homme et la mer. Charles Baudelaire

Je pars quelques jours me ressourcer au bord de l'océan, à sa mamelle nourricière, me saouler au vent iodé et me gaver d'huitres et de crevettes.

Photos ZL

mercredi 17 février 2010

L'année du tigre ou chelle du chat ?


Cha m’chamboule !

Cha m’churchauffe !

Cha m’exchite !

Cha alors !

Ch’est l’année du chat !

Qu’ech que cha chinifie cha ?

Qu’on va ch’la couler douche ?

Qu’on chera choyé, chouchouté ?

Ch’est chublime cha !


Ch’est choudain quand on y penche !

Douje ans cha pache chi vite !

On ch’en aperchoit pas.

Et là, cha yest chez la queue du chat qui ch’impoje,

Ch’est offichiel, ch’est chacré !

Cha chavire !


Cheux qui chavent qu’ech qu’i’j en dijent ?

Pache que moi, le chigne du chat, j’ignore,

Mais cha m’inchpire

Par exjemple :

Chattemine

Raminagrobiche

Chichi, chouchou, chochotte.


Cha che lèche chouvent, les chats

Cha chomnole d’un chil,

De l’autre cha cherche les chouris,

Cha fait chemblant de ch’achoupir

Et chouff !

Cha choppe ch’qui pache par là !


Checi dit, ch’est chympa, ch’est chûr,

Ch’est chaud, ch’est chouple, ch’est chivilijé

Mais, ch’est impachient, exjigeant, exchéchif

Cha ch’accroche au chol de ches origines

Ch’est pas chi fachile, pas chi chimple

Chest cha qu’est agachant ou aguichant, cha che dichcute.


Allez, cha chuffit, je chens que vous chaturez

Chette année chera chomptueuje , ch’est dit.

Je vous chouhaite chept vies, pour chelle chi et les chuivantes.

Photo. ZL. Tite chatoune.

dimanche 14 février 2010

Le vent des blogs 47. En vrac.


Ce sera un Vent des Blogs en vrac. Je suis (encore!) de passage à Paris, je n'ai pas de connexion et j'ai courageusement fait la queue à Beaubourg pour accéder à une machine. J'ai un temps contraint. Je vais donc, une fois n'est pas coutume livrer en vrac ma moisson de la semaine. C'est parti!

Les Américains ruinés par la guerre où on apprend ce qu'Emmanuel Todd avait annoncé (Après l'Empire), à savoir que leur effort de guerre remplit les comptes des multinationales de l'armement mais vide le trésor et met à genoux le reste de l'économie. Eliminons les Saigneurs de la guerre
Frédéric Pagès le site et le blog . Cet homme possède un point de vue qui me convient.
A quoi ça sert l'amour Helenablue. Pour l'illustration sous forme de bluette et une invitation à visiter la dame bleue
Travailler plus ou moins pour rien et le point de vue de l'intéressée en commentaire chez Désormière
Un puissant coup de gueule de Cohn Bendit au Parlement européen. J'aime beaucoup les tronches de coincés des parlementaires. J'ai tendance à le trouver sympathique quand il insulte des limaces.
Un artiste mongol Morin khuur et des chevaux galopant en même temps qu'un très bel article de JEA sur les chants diphoniques de l'Altaï mongol. Sans commentaire, à déguster
La forêt de Muir Woods. J'ai visité cette forêt où les arbres sont comme des cathédrales dont la beauté m'a tiré des larmes
Le parti d'en rire. Finir sur cette note vous dérouillera les zygomatiques. Ils étaient excellents ces deux compères. (spécial remerciement à Mon Chien pour le lien).

Pas d'illustration. J'arrangerai ça demain quand j'aurais repris mon clavier à moi. Il ne me reste que trois minutes. Argh! Bye bye!

Ayé. Illustration : un séquoia de Muir Woods