jeudi 9 avril 2009

Le découragement de Sisyphe

Je vous préviens, je suis d'une humeur de chien.
Lui, je l'ai rencontré ce matin, enfin pas lui mais son frère. Je circule beaucoup en voiture et le nombre de cadavres d'animaux qui jonche la chaussée est hallucinant. Comme j'ai horreur de repasser sur le monceau de boyaux éclatés, je vise savamment pour que mes roues n'en remettent pas une couche, si on peut dire. Les chiens écrasés, c'est la rubrique ou on placardise les journaleux, faute de mieux. Ca devient furieusement tendance.
Les publicistes utilisent l'image d'animaux écrasés pour vendre les véhicules de clients qui assument du coup que leurs engins ont une vocation meurtrière. Un Vespa plus rapide qu'un léopard, la preuve la bête gît avec la marque de la roue bien en travers;


le 4X4 est waterproof puisqu'il peut écrabouiller un mérou


Il y a pire les Anglais ne sont jamais en reste pour utiliser le gore

Paul Personne avait écrit un adieu aux P'tites bestioles. "La gachette frivole du nouveau roi des cons", c'est pas vendeur de 4X4.
Mes deux chiens sont morts sous les roues de sales bagnoles, dont l'une conduite par une femme complètement abrutie de tranquilisants.

De mauvaise humeur aussi parce que j'ai vu "La journée de la jupe" et que je me sens dans le plus grand des malaises.


Des Sonia (formidable Adjani), j'en ai connu, j'en connais, je travaille avec elles (oui, je m'occupe de l'éducation des petits nenfants des cités pourries, entre autres). Le film est très efficace, plutôt crédible : une enseignante pète les plombs quand un des caïds qui l'emmerde en permanence et ruine la mission de transmission des mystères de la langue française, qu'elle prend très au sérieux et ce pour des gamins qui s'en battent les c...,(sic bien sûr ) se révèle en possesssion d'un calibre. Pour lui confisquer elle s'en empare, s'en sert pour se défendre et intimer l'ordre aux gamins de la fermer, puis de suivre d'un bout à l'autre son cours sur Molière. Naturellement ça se gâte, je n'en dirai pas davantage.
Le film contient tous les ingrédients d'un excellent thriller, d'une chronique sociale, d'un mélodrame de la plus pure école réaliste. On en sort la gorge serrée, les larmes aux yeux.
Et pourtant, je reste sur cette méchante humeur. D'abord parce que la réalité décrite est hélas de la pire des actualités et que l'entassement de populations toutes stigmatisées par leur appartenance à la France du très bas, voire pas même reconnues comme partie de la communauté a permis la prolifération d'une frange de petits machos qui ne rêvent que gloire vite acquise, belles bagnoles et meufs à gogo. La prof qui prie ses élèves de comprendre que seul le savoir peut les tirer du ghetto où ils se savent croupir, comme tous les adultes armés des meilleures intentions du monde, avec leur figure d'honnête homme tout droit descendu des humanités et de l'idéal des lumières ne peuvent rien contre ce qui est illustré dans ce qui précède, à savoir ce leit motiv obsédant en clair ou en filigrane des messages publicitaires : soit le plus fort, le plus malin, écrabouille s'il le faut, mais surtout, ne reste pas dans cette position lénifiante de victime qui est l'autre face de la médaille. Pour que certains soient au pinacle, il faut que beaucoup soient en esclavage.
Mon malaise à la suite du film, c'est qu'il dit peu de choses à cet égard. Il rabat le propos sur une éducation trop coranisée, les dérives de petits machos qui filment les viols collectifs, la mise au martyr de hussards de la république souvent issus de la génération précédente d'enfants d'immigrés, il dit la barbarie des forces de l'ordre quand il s'agit d'en finir, mais il ne dit rien de ces gens qui bon an mal an essaie malgré tout de vivre dignement même si leurs enfants leur échappent.
Peut-être que ce qui me gène le plus c'est que la caillera la pire, c'est encore un Noir (comme dans "Entre les murs" même s'il fait la paire avec un Roux, et que si les constats sur la pitoyable situation des collèges est énoncée, cela reste marginal. Toute l'intensité du film est dans le délire paroxistique de Sonia / Adjani, l'attitude compréhensive, humaine, trop humaine du flic médiateur joué par Denis Podalydès. Le film peut aussi bien au premier degré flatter les pires penchants réactionnaires et c'est sans doute ce qui me fout vraiment en rogne.

Les deux morceaux de ce billet sont donc moins hétérogènes qu'ils pourraient paraître. C'est le même irrespect du vivant qui ratatine la faune et les enfants du monde, c'est l'avidité promue au rang de vertu qui contamine à un degré ou un autre les membres de l'espèce. L'homme ne nait ni bon ni mauvais, mais si sa seule issue est la barbarie, on ne voit pas comment il y échapperait.

Et comme tous ceux qui se coltinent ces réalités, je suis submergée par le découragement, celui de Sisyphe, voyant sans cesse rouler à bas le rocher qu'il a eu tant de douleur à élever au dessus du monde.

Demain, je reprends mes belles couleurs riantes et pleines d'optimisme, c'est promis

mardi 7 avril 2009

Law, Madoff, quel rapport ?


1720, écroulement de la fiction monétaire de Law. Vous vous rappelez ce banquier véreux qui avait remplacé l'or et l'argent par la monnaie de papier durant la Régence. Le Duc d'Orléans a succédé au règne de Louis XIV en attendant que le petit Louis XV ait l'âge de monter sur le trône. Pris à la gorge par les dettes, désireux de marquer son passage par le faste et les libéralités, il a cédé aux discours de Law économiste écossais, bonimenteur sans vergogne, trader avant l'invention du métier.

Après quelques années de folle spéculation grâce à la Compagnie perpétuelle (ça ne s'invente pas) des Indes, l'économie réelle frappe à la porte et « le rêve américain s'envole ». c'est la banqueroute.

Pierre Lepape y consacre un chapître de son « Pays de la littérature » (277-291). En extrait ci-dessous quelques passages constitués de citations de grands témoins de l'époque.

« On ne donne plus d'argent nulle part. écrit Barbier, on ne veut plus de billets dans le commerce, en sorte que le bourgeois est obligé de perdre la moitié de ses biens et avec l'autre moitié d'acheter tout deux tiers au-dessus de sa valeur. »

(...)

« Buvat raconte que le curé de Saint Eustache, se rendant chez l'un de ses paroissiens qui avait besoin de secours n'obtient pas réponse lorsqu'il frappe à sa porte et fait appel à un commissaire: « Lorsqu'il fut entré dans la chambre, on fut bien étonné d'y trouver le mari pendu et sa femme et ses trois enfants égorgés. Dans la pièce on trouva six sols de monnaie et pour deux cent mille livres de billets de banque que l'on disait provenir du remboursement des rentes sur l' Hôtel de Ville. » Le mirifique enrichissement de quelques-uns a ruiné des milliers de petits rentiers. »

(...)

« Saint Simon a une lecture politique de cette fantasmagorie financière.

« Ce qui hâta la culbute de la Banque et du Système fut l'inconcevable prodigalité de M. le Duc d'Orléans, qui, sans bornes, et, plus s'il se peut, sans choix, ne pouvant résister à l'importunité, jusque de ceux qu'il savait à n'en pouvoir douter lui avoir toujours été et lui être encore des plus contraires, donnait à toutes mains, plus souvent se laissait arracher par des gens qui s'en moquaient, et n'en savaient gré qu'à leur effronterie » Sa conclusion « L'on a peine à croire ce qu' on a vu, et la postérité considérera comme une fable ce que nous-mêmes nous ne nous remettons que comme un songe. »


Montesquieu publie ses Lettres Persanes à Amsterdam, en 1721. « Elles ont été écrites pendant les quelques mois qui marquent l'apothéose et la banqueroute du système. »

Voici ce qu'il fait dire à Usbek, sensible au discrédit des symboles et des valeurs qu'ils représentent. « Quel plus grand crime que celui que commet un ministre, lorsqu'il corrompt les mœurs de toute une nation, dégrade les âmes les plus généreuses ternit l'éclat des dignités, obscurcit la vertu même, et confond la plus haute naissance dans le mépris universel? » (...) Que dira la postérité, lorsqu'il lui faudra rougir de la honte de ses pères? Que dira le peuple naissant, lorsqu'il comparera le fer de ses aïeux avec l' or de ceux à qui il doit immédiatement le jour ? Je ne doute pas que les nobles ne retranchent de leurs quartiers un indigne degré de noblesse qui les déshonore, et ne laissent la génération présente dans l'affreux néant où elle s'est mise. »

Pour conclure cette recension, -toute ressemblance avec la réalité actuelle n'étant que pure coincidence, nous ne vivons pas sous la Régence, n'est-ce pas ? -, cette définition de la liberté du « Président à mortier au parlement de Bordeaux » :

La liberté pure est plutôt un état philosophique qu'un état civil. Ce qui n'empêche pas qu' il n'y ait de très bons et très mauvais gouvernements.[... ] Pour moi, je comparerais les bonnes lois à ces grands filets dans lesquels les poissons sont pris mais se croient libres, et les mauvaises à ces filets dans lesquels ils sont si serrés que d'abord, ils se croient pris »

Vous connaissez un moyen de cisailler les mailles ?

Pierre Lepape. Le pays de la littérature. Des serments de Strasbourg à l'enterrement de Sartre. Seuil 2003

Photo Monnaie de Paris

dimanche 5 avril 2009

Vent des blogs 7. Tout à l'égo, Zoë fait son coming out

Cette semaine j'ai décidé de cesser les publicités gratuites pour tous ces talents perdus dans la blogogalaxie, la flemme d'aller récupérer les textes, les liens et tout et tout. Je crois que ce vent ne soufflera désormais que tous les quinze jours ou plus, selon mon humeur. Pour être au diapason de l'époque, je vais parler de mon moi, je n'ai pas dit mouah, ne me faites pas dire n'importe couac. C'est déjà assez délicat d'arracher les voiles, je n'ai pas dit le tchador, vous avez mauvais esprit savez-vous, non je parle de cette pellicule (cessez de plaisanter), ce léger vernis (c'est agaçant) qui nous sert à tous de carapace sous laquelle nous sommes de pauvres homards en cours de mue perpétuelle (je ferme cette laborieuse métaphore).
Or donc, je vais découvrir à vos yeux extasiés, éblouis, clignotants, certaines de mes beautés, jusqu'à ce jour soigneusement planquées dans le coffre fort de l'anonymat.
Commençons par la première (oui je sais, ça va de soi). Musique

Je remercie chaudement mon ami DH de m'avoir tiré le portrait avec une délicatesse qui n'appartient qu'à lui (notez l'allusion à la perle, hein c'est subtil). Et pour vous éviter des facilités, j'en suis d'accord, je suis belle comme un camion.


Là, c'est ma fille chérie qui a saisi toute la quintescence de ma féminitude et de mon art vestimentaire. Elle était encore jeune et naïve.
Je l'ai d'ailleurs immortalisée à cet âge tendre et lui ai demandé la permission de faire usage de ce cliché (elle se destine au théâtre, elle est déjà conditionnée par anticipation au déchainement médiatique). Je lui ai dit que seule une poignée de privilégiés triés sur le volet s'égarait de temps en temps ici même, dont elle n'avait rien à craindre sinon quelque trait soi-disant spirituel.

Bien sûr nous ne sommes pas en mesure d'atteindre l'art de la tribu des Omo, je ne résiste pas au plaisir de vous les faire connaitre, ils sont comme moi, en voie de disparition. Sauf que moi, comme on peut le constater ci-dessus, un petit bout de moi restera, eux c'est moins sûr. Et je ne vous parle que de ceux là, nous sommes d'accord, parce que sinon (Bushmen, Pygmées, Inuits, Aborigènes, Crees, Ojibways, Guaranis etc. on a honte de cet etc. Si vous voyez passer sur vos écrans La terre des hommes rouges, ne manquez pas).

Ce n'est qu'un seul exemple de leur art, ne manquez pas de les découvrir, je vous ai créé une passerelle ci-après.

Dans la famille, je demande le fils, il est ici.

Elle, c'est Huguette Dubois, femme au foyer, ma grande copine, nous nous réchauffons mutuellement. Je lui confie mes joies et mes peines, elle écoute avec une patience infinie.
Pour le contraste, je n'hésite pas à vous rafraichir la mémoire, alors que la canicule va bientôt nous faire suer sang et eau. Eh oui, c'était il y a quelques mois seulement.

Et enfin, celle que vous attendez avec impatience, qui se fait attendre comme une diva, on s'apprête à applaudir : j'ai nommé Zoë

Ah, dommage, elle vient juste de tourner les talons après avoir déposé la tarte. Ne sais quand reviendra.

Les décors sont du regretté Roger Harth
Toutes les photos sont de ZL, à l'exception du camion (Dominique Hasselmann) et de la tribu de l' Omo

vendredi 3 avril 2009

Cartes postales rétroactives (5) Samos, ciboire pythagoricien


A force d'entendre déplorer le silence de Sapience Malivole, je me suis décidée ce jour à lui rendre visite. Son blog est consacré à "la littérature et l'histoire, principalement hellénique". Or donc le dernier message s'intitule Physionomie de ci-boire et présente à l'image une poterie qui a déclenché en moi tout soudain un de ces accès de profonde nostalgie, alors que l'instant d'avant, j'étais dans l'ordinaire d'une fin de journée, pianotant sur le clavier, lecture et reponses au mails, visite en coup de vent sur la blogosphère avant d'attaquer la mise en route d'un repas, qu'est-ce que je pourrais bien faire de bon.
Cette poterie et le texte sur le vin, une promenade dans les messages antérieurs mais plus encore les commentaires et les réponses de Sapience m'ont brusquement replongée dans le monde hellénique, pas celui de l'Illiade et l'Odyssée, celui de mes séjours plus ou moins longs voire très longs, j'y ai vécu un an et demi d'affilée, après de multiples passages et avant d'autres encore. Il y a maintenant plus de dix ans entre moi et mes dernières ripailles arrosées de vin grec sous une tonnelle en bord de mer. Mon dernier séjour était à Samos. Une amie grecque, la douce Sissi (Vassilia), m'avait prêté un appartement donnant sur le port. Mon compagnon m'avait rejointe, nous avions loué un scooter et étions partis en baguenaude sur les routes en lacets à l'arrière de l'ile. Nous avions déniché une plage sublime et déserte, au bout d'un sentier abrupt, une de ces criques d'eau cristalline, de sable fin surmontée d'une falaise dont le creux nous donnait de l'ombre. Nous avions une telle impression de virginité des lieux, les dessins figurés dans la roche par le jeu des strates découpés dans les arrachements dont naissent les îles étaient si étranges, que nous avons eu envie de nous photographier nus conte la roche. Ces photos des jeux de lumières et d'ombres jouant sur nos peaux fragiles collées à la roche nous avaient absorbés un long moment. Puis nous nous étions baignés dans l'eau transparente, nous pouvions voir la côte turque, l'impression qu'on aurait pu la ralier à la nage. Nous avions regrimpé la falaise en écrasant sous nos sandales ces herbes odorantes, craquantes, piquantes qui bordent les sentiers caillouteux. Je m'étais arrêtée pour prendre en photo une épeire délicate et tigrée
En repartant, nous avions acheté dans une de ces poteries dont l'île est farcie une collection de ciboires pythagoriciens pour en offrir à des amis. Ils ont la particularité d'être fabriqués selon le modèle inventé par Pythagore lui-même pour inviter ses disciples à la tempérance, de telle sorte que si le liquide dépasse un certain niveau, il repart dans le pied et se vide intégralement. Lors de la distribution aux amis, un jeu de mise en batterie de plusieurs d'entre eux les uns dessous les autres, permettait de récupérer le champagne versé trop généreusement.

Ainsi, l'évocation de Sapience a-t-elle fait remonter un moi cepuissant désir d'une table au bord de l'eau le soir quand le soleil s'y noie, on déguste des mézés (tranches de concombre et de tomates dans l'huile d'olive, feuilles de vigne, pieuvre grillée) en buvant du Retsina et en écoutant du Rebetiko.
J'oubliais. Les photos d'Adam et Eve aux premiers jours du monde ont été lamentablement ratées. La pellicule n'a pas embrayé.

Photos ZL

mercredi 1 avril 2009

Imagine


Des milliers de policiers ont été acheminés de la province anglaise vers Londres pour prêter main forte à Scotland Yard lors de l'organisation du G20. Crédits photo : AFP

Imagine

Les participants du G 20 ont été invités à laisser leurs cravates au placard pour éviter d'être la cible du peuple de la rue qui proteste. Si vous souhaitez connaitre le point de vue des premiers sur les autres, je vous invite à lire les commentaires de l'article daté du 28 mars 2009, accompagnant l'image ci-dessus (ils sont gratinés) et pour l'inverse le flash où on apprend que des manifestants s'en sont pris à une succursale de la banque RBS. S'en prendre à une banque, quelle hérésie !
Cependant nous sommes en mesure de vous dévoiler les grandes lignes des décisions prises en ce jour hautement symbolique.
Il faut noter que l'autorisation de ne pas se ficeler le cou a eu des effets bénéfiques sur le fonctionnement du cerveau de ces dignes représentants leur procurant des visions jusqu'alors refoulées et les inclinant à des résolutions longuement remisées aux calendes grecques.
Voyons sans tarder lesquelles, je vous sens impatients, l'avenir du monde s'y joue et par contingence le vôtre celui de votre descendance, de votre voisinage, proche, lointain, à perte de vue.
Donc, la séance a débuté par une suggestion sans nuance à ceux qui souhaitaient partir, de le faire sans tarder et sinon de rester à leur place.
Ensuite on a examiné les questions à l'ordre du jour : paradis fiscaux, relance économique, nettoyage des junk funds, et tout un paquet de problèmes associés.
Joe Biden a pris la parole. Il a dit "Les gars (Boys), ça chauffe dehors et ça ne va pas s'arrêter de sitôt. Les peuples sont de plus en plus remontés. Moi, perso, j'aimerais rester dans le rôle du mec sympa de centre gauche qui va changer l'image de la méchante Amérique cause de tous les malheurs. Give us a chance, a-t-il dit aux manifestants, «Le statu quo n'est pas une option. Les choses vont changer, qu'on le veuille ou non»(sic).
L'assemblée a mis un doigt au col, n'y a rencontré rien qui l'étouffât et à partir de là, les propositions les plus folles ont fusé de toutes parts.
1. Moratoire absolu sur la fabrication, la vente et l'utilisation des armes, notamment nucléaires.
2. Reconversion des usines d'armements en laboratoires de recherche et de fabrication de prothèses pour les victimes de mines et autres outils de dislocation.
3. Gel des avoirs planqués dans les Paradis fiscaux et restitution des sommes après vérification de leur origine et prélèvement des arriérés fiscaux.
4. Contrôle des banques par les citoyens épargnants et remise à chacun d'un droit au crédit équivalent à l'ensemble des sommes ayant transité au cours de sa vie via le versement mensuel des salaires.
5. Instauration d'un Revenu Minimum de Survie sur toute la planète, assorti d'un Revenu Maximum Autorisé, la fourchette ne pouvant laisser accroire que la vie des uns vaut plus de dix vies des autres.
6. Redéfinition de l'utilité du travail et suppression des activités superflues et écologiquement insanes (publicité et toutes formes de propagande, rallyes automobiles), la liste a été ainsi ouverte sans être close.
7. Parité homme femme dans toutes les assemblées et abolition du dirigeant unique au profit d'un cénacle renouvelable par tiers.
8. Baisse généralisée de la production pour alléger l'empreinte écologique et réduire le temps de travail.
9. Contrôle de la gabegie, soit suppression d'intrants et de pesticides pour l'ensemble des productions agricoles, de produits artificiels pour les objets de consommation courante, de chimie abusive dans la médication, de l'obsolescence programmée.
10. Permis de séjour universel pour tous les humains valable dans n'importe quel endroit sur la planète.

On apprend que l'ensemble de ces mesures est adopté à l'unanimité sauf la 7 qui a donné lieu à des échanges très violents entre la poignée de représentantes et le pack des représentants. La mesure 7 a donc été suspendue. On craint pour cette raison que les 9 autres soient restées des voeux pieux.
Cependant on retiendra ce premier avril comme une date clé de l'uchronie. Si ça avait marché nous n'en serions pas à nettoyer cette foutue planète dont l'explosion a pollué le cosmos entier.

Photo Le Figaro international 28 03 09

lundi 30 mars 2009

Cartes postales retroactives 4. Bruxelles, ma belle


Mon amie Virginia, Belge vivant depuis toujours en France, s’était amourachée et réciproquement d’un violoncelliste belge qui vivait lui à Bruxelles, mais venait se joindre à quelques groupes français parfois. Viens quand tu veux m’avait-elle dit. A l’époque, je vivais à Athènes. Alors que je me faisais un petit retour momentané à Paris, besoin de ressourcer mes ressources, j’ai fait un détour par Bruxelles, les avions étaient moins chers entre la Belgique et la Grèce et j’avais ainsi l’occasion de voir ma jolie copine, son fiancé et Bruxelles que je ne connaissais ni l’un ni l’autre. Les deux amoureux vivaient dans une grande maison qu’ils partageaient avec d’autres drôles de même espèce. J’ai découvert les jardins secrets, qu’on ne devine pas de la rue et la Blanche, cette bière qui semble plus légère a priori, moins au fur et à mesure, les bars que la petite bande animait de ses airs de rock totalement inédits à mes oreilles et ce n’était pas de la bibine. Je suis restée trois jours, j’étais prête à changer mes plans pour m’installer à Bruxelles que je n’avais pour ainsi dire pas vu de jour, tant les nuits se prolongeaient jusqu’au matin, la nuit revenait vite, c’était l’hiver. Était-ce la Blanche, l’herbe excellente qui l’accompagnait, l’humour belge de mes compagnons, particulièrement prodigues, j’ai le souvenir d’avoir eu les coins des lèvres accrochés aux oreilles sans discontinuer.
Sans surprise, quand je suis revenue à Bruxelles plusieurs années plus tard, je n’ai rien reconnu. C’était l’affaire Dutroux, des affiches blanches et noires s’exposaient à toutes les vitrines annonçant les manifestations silencieuses contre l’horreur, j’étais en voyage « sérieux »
, il faisait froid. J’ai marché et marché dans Bruxelles et peut-être grâce à notre rencontre inaugurale, j’ai encore aimé Bruxelles et une autre fois encore et je serai prête à échanger pour une heure, une heure seulement mes prairies calmes et silencieuses contre un tour aux pieds du petit qui se soulage sans vergogne au nez du passant.

Ce texte a été publié dans la série proposée par Rodolphe çmr, (ça m'rappelle)

Après suggestion des lecteurs et intervention circonstanciée (merci Luc), la petite soeur du galopin ci-dessus se devait d'apparaître ici. C'est la Jeannke Pis, elle a été créée en 1985 et inaugurée en 1987 à l'initiative d'un commerçant de l'Ilot Sacré pour soutenir une oeuvre de bienfaisance. Alors...

Photo wikipedia


dimanche 29 mars 2009

Le vent des blogs 6

Cette semaine, dans le vent des blogs, plutôt que le poids des mots, le choc des photos.
A tout seigneur tout honneur, Henri Zerdoun devient "enfin célèbre"


Tania au nombre des textes et prétextes qu'elle nous offre a attiré mon attention sur Natalia Ginzburg, Les mots de la tribu
. Sur la liste des courses pour ma prochaine razzia en librairie.
Je nous souhaite, comme la mère de l'auteure, d'avancer dans le temps de cette belle manière :
Son esprit ne savait pas vieillir et elle ne connut jamais la vieillesse, cet état de repliement sur soi, d’amer regret du passé désormais en miettes. »
J'aime ce portrait de fillette. Il me ressemble à cet âge, j'avais le teint moins foncé mais le même air sage et farouche à la fois

Glansdorff.jpg


Le bleu muscaris, c'est une capture de Mamzelleluna, site très fourmillonnant de saisissantes perspectives imagées, mais dont on ne peut importer les images, donc celle-ci pour inciter à aller voir celle de de Mamzelle



Muscari


Ai-je déjà parlé de Nadège, j'aime beaucoup son hommage à Vincent un Petit dessin aux feutres poska inspiré de Vincent van Gogh les deux Cyprès.

Vincent Van Gogh Two Cypresses oil painting on canvas

J'étais d'humeur africaine cette semaine, Paul dans son Bric à blog me fait cotoyer Anne Claire Thevenot , dont les peintures et dessins s'accompagnent de très beaux textes, des carnets de voyage. L'un d'eux est intitulé Mauritanie. Allez voir sur le site et en attendant, merci Internet
.


Pour échapper à la seule beauté picturale, j'ai glané chez le Chasse-clou régulier et prolifique, la preuve que tout fout le camp et que nous ferions mieux de vérifier au trouillomètre le niveau de notre paranoïa et faire une provision de tranxène. Voyez où nous en sommes, esthétique des catastrophes.



Antoine, c'est le fils dans un billet de Loïs de Murphy qui m'a donné le frisson, mais bon, L° de M° est une agraffeuse de première, voir son feuilleton d'ascenseur.

Sinon, si la critique littéraire dans sa version perfide et vipérine vous tente, vous avez le choix mais je ne vous offrirai aucune passerelle, moi, ça me décourage. Juste pour la chute sachez que "c'était mieux avant". On avance, on avance!