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dimanche 1 janvier 2017
Qu'est-ce-qu'une année sinon le volume infini d'une pincée de secondes?
L'année a commencé sous le brouillard. Depuis quatre jours, il ne cède pas d'un pouce. Ci-dessous la version light. La réalité c'est le gris absolu.
Que cette année nous soit clémente et que les vastes problèmes du monde ne nous privent pas des petits bonheurs quotidiens.
Pour écrire un seul vers, il faut avoir vu beaucoup de villes, d’hommes et de choses, il faut connaître les animaux, il faut sentir comment volent les oiseaux et savoir quel mouvement font les petites fleurs en s’ouvrant le matin. Il faut pouvoir repenser à des chemins dans des régions inconnues, à des rencontres inattendues, à des départs que l’on voyait longtemps approcher, à des jours d’enfance dont le mystère ne s’est pas encore éclairci, à ses parents qu’il fallait qu’on froissât lorsqu’ils vous apportaient une joie et qu’on ne la comprenait pas (c’était une joie faite pour un autre), à des maladies d’enfance qui commençaient si singulièrement, par tant de profondes et graves transformations, à des jours passés dans des chambres calmes et contenues, à des matins au bord de la mer, à la mer elle-même, à des mers, à des nuits de voyage qui frémissaient très haut et volaient avec toutes les étoiles – et il ne suffit même pas de savoir penser à tout cela. Il faut avoir des souvenirs de beaucoup de nuits d’amour, dont aucune ne ressemblait à l’autre, de cris de femmes hurlant en mal d’enfant, et de légères, de blanches, de dormantes accouchées qui se refermaient. Il faut encore avoir été auprès de mourants, être resté assis auprès de morts, dans la chambre, avec la fenêtre ouverte et les bruits qui venaient par à-coups. Et il ne suffit même pas d’avoir des souvenirs. Il faut savoir les oublier quand ils sont nombreux, et il faut avoir la grande patience d’attendre qu’ils reviennent. Car les souvenirs ne sont pas encore cela. Ce n’est que lorsqu’ils deviennent en nous sang, regard, geste, lorsqu’ils n’ont plus de nom et ne se distinguent plus de nous, ce n’est qu’alors qu’il peut arriver qu’en une heure très rare, du milieu d’eux, se lève le premier mot d’un vers.
***
Rainer Maria Rilke (1875-1926) – Les Cahiers de Malte Laurids Brigge (1910)
Le titre est extrait de "Journal amoureux" de Dominique Rolin
samedi 13 décembre 2014
Hommage posthume de Rainer Maria Rilke à Malala
Malala Yusafzai, jeune Pachtoune miraculeusement rescapée d'une tentative d'assassinat par les Talibans, a reçu le prix Nobel de la Paix pour son combat pour l'éducation de tous les enfants. Lors de son intervention à l'ONU le 12 juillet 2013 elle avait déclaré :
Les talibans « pensaient qu'une balle pourrait nous réduire au silence mais ils ont échoué »...
« Prenons nos cahiers et nos crayons. Ce sont nos armes les plus puissantes. » (....)« Je veux l'éducation pour les fils et les filles des talibans et tous les extrémistes et les terroristes. » Avant de conclure : « Je n'ai même pas de haine pour le taliban qui m'a tiré dessus. »
‘’Les
femmes , en qui la vie séjourne et loge avec plus d’immédiateté,
de fécondité et de confiance , n’ont pu faire autrement que de
devenir des êtres au fond plus mûrs, des humains plus humains que
l’homme, qui, léger, n’est tiré en dessous de la surface de la
vie par le poids d’aucun fruit de son corps et qui, dans la
suffisance et la précipitation, sous estime ce qu’il croit aimer. Cette humanité de la femme, portée à son terme dans les douleurs
et les humiliations, apparaîtra au grand jour lorsque les
métamorphoses de sa condition extérieure lui auront permis de se
dépouiller des conventions qui la réduisent à la seule féminité, et les hommes qui ne le sentent pas venir, seront surpris par leur
défaite.’’
Rainer Maria Rilke, Lettres à un jeune poète (1903-1908)
Libellés :
education.,
Malala Yusafzai,
prix nobel de la paix,
Rainer Maria Rilke
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