La lumière d'automne adoucit le confinement (Photo ZL) |
Je participe à une liste où se sont échangés des invectives enflammées à propos des événements récents. Chacun y va de son analyse. Je réagis rarement . Mais je trouvais les propos très guerriers comme d'habitude et ça m'a incité à réagir, pour une fois. Je le reproduis ci-dessous
Il me semble qu’une fois encore nous participons à la frénésie générale qui s’empare d’un acte odieux, certes, mais analysé uniquement par le prisme de cette idée de guerre larvée entre les Français de souche » (je récuse la pertinence d’un terme largement pollué par ceux qui à l’extrême droite l’ont popularisé) et la « communauté » musulmane (comme si tous les Musulmans se revendiquaient membres d’une telle communauté. Il y a beaucoup de gens nés dans une famille dite musulmane qui sont aussi laïques que moi qui suis née dans une famille chrétienne. Ils sont fatigués qu’on leur demande de renier les leurs parce que l’un d’eux, pas même français d’ailleurs en l’occurrence, a assassiné un homme au prétexte qu’il aurait une fois de plus bafoué le Prophète. Depuis la nuit des temps il existe des assassins parmi les hommes qui trouvent pour justifier leur penchant délétère des arguments tous plus fallacieux les uns que les autres.
Appartenant à la « communauté » des femmes je suis navrée que l’espèce soit disant si évoluée n’ait toujours pas éradiqué cette pulsion. Je déplore qu’elle s’exerce tous les jours sur des femmes (une tous les trois jours meurt sous les coups d’un mâle stupide), sur les enfants soit par meurtre ou violence ayant entraîné la mort. Les victimes ne sont pas des « héros « qui auraient bravé les foudres islamistes, juste des innocents et par ailleurs tous les hommes ne sont pas des mâles infréquentables
On a beaucoup conspué la famille Traoré, les diverses officines de défense des racisés. Je ne vais pas les défendre ici, je serai assimilée à une islamogauchiste, un mot valise parfaitement imbécile repris à l’envi. Je voudrais simplement mettre en regard la liste des jeunes « bronzés » qui se font dézinguer en toute impunité et depuis des années. Qu’ils cultivent un certain ressentiment n’est pas vraiment étonnant. Et encore le meurtre n’est-il que la manifestation la plus grossière de la discrimination à leur encontre. Ca n’excuse pas mais ça explique. Ce qui est réconfortant c’est qu’en dépit de cette » guerre rampante » qui règne dans certains quartiers, de toutes les chicanes que rencontrent les habitants de ces ghettos, la paix sociale est à peu près maintenue malgré les discours haineux déversés par tombereaux dans des média qui ont pignon sur rue et une audience qui y trouve matière à nourrir ses propres ressentiments. Jusqu’à quand ? Là est la question.
Nous semons la guerre à tort et à travers et nous offusquons de prendre quelques horions. Actuellement Total est en train d’expulser plus de 100 000 personnes de leurs terres en Ouganda pour y installer un énorme oléoduc. Si quelque Ougandais, pète un câble et assassine un ingénieur, on criera au scandale.
Après le drame de Conflans qui a donné au professeur un statut de héros, la surabondance des réactions va-t’en guerre est la preuve même que nous ne sommes absolument pas mobilisés pour les bons motifs et personne ou presque n’a osé remisé ce drame au rang de tous les dérangements mentaux qui arment le bras des meurtriers. On refuse comme thèses complotistes la mise à l’index des grands ploutocrates comme les démiurges qui nous pompent l’énergie pour la déverser dans leurs comptes off shore, mais on veut nous persuader qu’à partir de leurs états majors, une poignée de psychopathes menacent nos démocraties. Nos démocraties sont surtout malades des guerres de pouvoir entre égos démesurés, de l’avidité d’une poignée de ploutocrates, de l’hubris généralisé au détriment des grands équilibres vitaux, de l’inféodation des femmes et des peuples autochtones, de la disparition de nos grands principes républicains dont la laïcité mais surtout la justice sociale et la fraternité. Bref beaucoup de causes plus sérieuses qui seront ignorées dans notre bel hexagone au profit de la chasse aux « radicalisés ».
Depuis, un cinglé "génération identitaire" a été flingué alors qu'il tentait d'assassiner un commerçant arabe à Avignon. A Nice nouvel épisode meurtrier. A Lyon c'est un prètre orthodoxe qui était visé. Au secours ! Les fous courent en toute liberté pendant que nous sommes confinés une nouvelle fois.
Difficile de rester sereine et gaie n'est-ce pas.
Heureusement il reste les livres et comme j'en ai encore beaucoup sur mes étagères qui attendent sagement leur tour, je ne serai pas en manque en dépit de cette décision absurde de fermer les librairies qui provoque une bronca inédite. Je lis actuellement un livre que je ne saurai trop conseiller.
A la fois très documenté, nourri de philosophie, de références historiques et littérataires, un encouragement à prendre le temps de vivre, . En réaction à une modernité toujours plus aliénante, l'auteur britannique nous propose un authentique traité du plaisir. 24 chapitres, un pour chaque heure de la journée, où s'élabore une véritable contre-hygiène de vie, aux antipodes des habitudes de labeur et de consommation des sociétés occidentales.
Un traité hédoniste bienvenu en ces temps de morosite.
7 commentaires:
Bonjour Zoê,
Votre mise au point est, diablement,(forcément compte tenu de votre genre) nécessaire. Je doute qu'elle sera efficace. Je pense, au contraire, que ce genre de tragédie va se multiplier.
Les attentats de masse ou individuels sont dans l'immédiateté, les remédiations ne peuvent s'inscrire que dans le long terme sans être capable d'éradiquer les coups de folie.. Le monde des Bisounours est un monde, mauvais , cruel. C'est la réalité des Bisounours, blanc, brun, noir....Nous sommes confinés dans nos espaces privés mais pire encore nous sommes encerclés dans des cages de pensées, d'enjeux, d'intérêts, dont il est difficile voire impossible de forcer...
Rien que pour ces références littérataires terre à terre libertaires, je vous suis, Zoë.
Bonne journée, rions un peu !
@patrick verroust, vous pouvez doter que ma mise au point soit efficace, j'en doute moi-même, elle n'a pas cette intention. Juste poser ce jour un état de ma pensée, un tout petit morceau de ce qui court sous mon crâne.
@Tania, oui, le livre est un vrai délice.
Depuis ce billet, il faudrait rajouter l'attentat commis hier soir à Vienne (Autriche), un simple tweet de notre Président - qui a intégré la manie Obama au vol - aura suffi pour lui éviter de "se rendre sur place" comme c'est devenu la réponse obligée, à son image, des laquais de son gouvernement.
Le confinement 2 a été lancé par celui qui était chargé du déconfinement du confinement 1 : il sait donc (même si on en doute de plus en plus) de quoi il parle !
En attendant le retour des "jours heureux" imprudemment chantés, il y a déjà quelques mois, par le mari de Brigitte Trogneux, il nous reste, oui, comme tu le dis, à lire les livres non encore ouverts ou laissés à l'abandon dans un second rayon de bibliothèque.
Les polémiques sur les rayons "essentiels" dans les grandes surface et la fermeture des librairies, entre autres, montre le niveau de "management" (un terme qu'on affectionne dans la "start-up nation") auquel on est parvenus avec cette équipe d'abrutis, d'amateurs et d'aboyeurs qui, on l'espère, dégagera enfin en avril 2022.
Si Trump peut déjà, dans les jours qui viennent, montrer le chemin de la sortie, certains espoirs seront permis aussi ici.
Merci pour le conseil de lecture : il suffit de faire "click and connect" et le tour est joué ! :-)
@DH,la start up nation ne décolle pas, c'est plutôt start down!
Zoê,
Sur YouTube, vous trouverez, si l'envie vous en prends, une conférence de Roland Gori "La fabrique des imposteurs" ...
@patrick verroust, merci, je connais Roland Gori, je regarderai?
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