lundi 23 mai 2016

Prague

Ceux qui ne bougent pas ne sentent pas leurs chaînes. (Rosa Luxemburg).

Ma foi, je bouge beaucoup et pour autant je ne peux pas me vanter de me sentir totalement libre. Au contraire, j'ai le sentiment que le fond de l'air est de plus en plus ankylosant.
Petit retour sur ce dernier mois (puisque j'en suis venue à un billet mensuel, deux quelquefois).
Prague. La dernière fois (et la première) que je suis venue à Prague, c'était en 1999, soit dix ans après la révolution de velours.
On pouvait déjà constater  que l'Ouest avait commencé à prendre pied plus que fermement sur le sol tchèque, notamment par la présence d'enseignes emblématiques comme Mac Donald. J'étais tombée sous le charme de cette ville qui concentre autant de strates historiques heureusement préservées et restaurées, de sorte qu'on arpente les rues de la vieille ville avec l'impression que les maisons ont toutes été récemment ripolinées. Une jeune femme pragoise m'a d'ailleurs confirmé que la ville a été remise en état après la période communiste qui avait laissé beaucoup de bâtiments anciens se détériorer, l'effort s'étant porté sur la ville nouvelle qui garde trace de la manière cubiste des années trente et de beaux immeubles  d'art nouveau. Hélas, beaucoup d'immeubles ou de maisons ont été vendus à l'encan, pour des sommes dérisoires àdes promoteurs pour la plupart étrangers (italiens, allemeands, américains etc.)
Depuis, certains quartiers comme celui où je résidais sont en chantier et s'y installe

la folie mégalomane de l'Ouest. Quelques photos pour les contrastes
Vue de Prague, par temps couvert
Même les plots sont artistiquement dessinés

Le célèbre Pont Charles V

Vue sur la Vltava
L'horloge astronomique

 
 

Une découverte pour moi,dans une échoppe sous enseigne coréenne, une femme se fait nettoyer les peaux mortes des pieds par des petits poissons.  Pas tentée du tout!


 Je n'allais pas à Prague en touriste, aussi ces quelques photos ne sont-elles que des captures entre le quartier où je travaillais et celui où se tenait mon hôtel. Celui-ci n'était pas cet arrogant Hilton, mais il est vrai que dans le quartier, Zizkov, se côtoient des immeubles modestes et les délires grandiloquents des puissances internationales.


 Hilton

Allianz
La Vlatva , les berges tranquilles où je suis allée me dégourdir les jambes .





New age of nothing. Protestation!
 

Ces trois jours ont surtout été très centrés sur le congrès qui m'occupait, mais ils m'ont permis de constater et de comprendre pourquoi la Tchéquie est un des pays d'Europe qui s'en sort plutôt bien (provisoirement ?). Les marchés y ont du grain à moudre ...

7 commentaires:

patrick.verroust a dit…

Prague, Aout 1991, chute de l'URSS, la Tchécoslovaquie s'est détachée du bloc communiste depuis deux ans, elle essaie d'entrer dans le monde capitaliste, elle s'ouvre à un tourisme de masse. L'atmosphère est sympathique , bon enfant, les solidarités générées par le précédent régime jouent encore.L'essence est rationnée mais mes tickets me sont laissée au cas où...je suis incité à avoir un plein d'essence constant. Le changement de société provoque des bouleversements dans les hiérarchies statutaires. Les fonctions qui favorisent les mutations se voient sur-valorisées , les autres restent en jachère. Des tensions sont perceptibles au sein même des familles. Des pistolets semblent des objets anodins. Une économie de subsistance persiste. Cultures potagères, conserves, occupent beaucoup de temps….Chacun essaie d'arrondir ses fins de mois en monnayant ses compétences. Les bakchichs fleurissent , timides et bons enfants. Les entreprises étrangères poussent leurs pions. La régie Renault a organisé une exposition place de la vieille ville. Le filetage de mon espace a eu le culot de sortir de son emplacement. Je demande assistance à la régie qui propose de me reconduire à la frontière...Merci les gars ! En signe de gratitude , je pétarade en d'incessants tours de la place qui démontre la supériorité des véhicules français à se signaler !. Se ravisant , la marque me propose une réparation , le lendemain avant l'ouverture. Entre temps, deux pragois se passionnent pour ce problème mécanique, sculptent un nouveau culot, en quatre temps, trois mouvements si j'ose dire, seulement pour l'amour de l'art, ils accepteront tout au plus une bouteille de vin….Des moments pittoresques surgissent, les policiers se font un peu d'argent en rançonnant gentiment. La rétention de passeport est un peu ennuyeuse . Comme la couronne tchèque ne vaut pas un kopeck c'est vexant mais pas dramatique , on apprend à les planquer, ces documents…Le véhicule arrêté par la police est décrété en stationnement interdit ...rires...le délit se transforme en emprunt d'un sens interdit….Les véhicules qui doublent démontrent le caractère fallacieux de l'affirmation...Pas déconcertés, les pandores nous intiment de les suivre, nous conduisent à l'entrée d'un sens interdit, un vrai, je me laisse pas pieger….Je sors du véhicule, simule une gutturale colère avec les mots « ambassades » « Kommandatur »...Un magnifique salut militaire me salue. l'affaire est close….
Départ de Prague, il y a un bout d'autoroute, la police routière veille aux excès de vitesse ….Son outil de détection ? Une rotation ,plus ou moins rapide, de la tête, de gauche à droite. Cela laisse une marge d'appréciation. Les autres touristes sont furibards. Je me lance dans un comparatif , manuel en mains, des caractéristiques de l'espace et de la trabant du policier que j'admire beaucoup pour ses capacités et ses pointes de vitesse présumées puis dans une contestation par rotation de la tête de la vitesse incriminée….Le pauvre policier a perdu son latin depuis longtemps, malgré le moyen age soviétique, il me fait circuler. A sa grande surprise, je lui donne le reste de l'argent tchèque, ce qui n'était pas d'une excessive générosité.
A la même période, nous accueillons un correspondant allemand. Je suis allé le chercher à la gare. Atmosphère un peu coincée. Je tends le doigt vers une voiture en clamant « Eine Mercedes « , notre jeune homme écarquille les yeux, ne la voit pas, je me rapproche du susdit véhicule, il bégaie « Eine Trabant » Je rétorque, aussi sec « Une voiture allemande !». Il en reste bouche bée...La glace est brisée….

Zoë Lucider a dit…

@PV, merci de vos anecdotes. Le culot de votre filetage m'a fait sourire

Tania a dit…

Merci de rendre ainsi l'ambiance - mots & photos - d'une ville que je n'ai pas encore visitée. La ville de Kafka, le pays de Vaclav Havel. Et depuis sa prestation au Concours Reine Elisabeth de piano et le palmarès de samedi soir, un nouveau nom à retenir : Lukas Vondracek.
http://www.lalibre.be/dernieres-depeches/belga/le-pianiste-tcheque-lukas-vondracek-remporte-le-concours-reine-elizabeth-2016-574a243d35702a22d7cf694a

Zoë Lucider a dit…

@Tania, merci pour le lien. Je suis consciente de n'avoir pas vraiment donné toute le dimension de cette ville. Mais j'ai si peu de temps pour rédiger. Et si peu de temps pour rendre visite à mes amis de la blogosphère... A bientôt

Dominique Hasselmann a dit…

Certaines villes méritent le ravalement (comme celui effectué il y a longtemps sur instructions d'André Malraux à Paris) et en son embellies sans conteste.

Maintenant, que l'on trouve des immeubles ultra-modernes pour des sociétés internationales, quoi de plus logique dans un espace "mondialisé" ?

Si le "cœur des choses" réussit à être préservé...

Zoë Lucider a dit…

@DH, cher Dominique, merci de ton passage et de ta remarque pertinente. Je suis encore en voyage. Te visiterai dès mon retour.

patrick.verroust a dit…

Où est le cœur des choses ? Entre les palais des aristos, les églises prosélytes guerrières qui voulaient les uns les autres dominaient le monde connu et les nouvelles architectures édifiés par un commerce totalitaire....Nous adorons les temples de nos anciens maîtres et dénigrons les créations architecturales des nouveaux...L'age d'or n'est pas derrière nous, ni devant....Les puissants ont plus d'une tour dans leur sac et le palais épicurien....En Hollande , il y a un musée vivant consacré à l'habitat du commun ( pour ceux qui en avaient un habitat !)...Les musées des arts et traditions populaires sont très éclairants sur la vie des humbles , les petites lettres de l'histoire....