dimanche 7 novembre 2010
Vivons livres
Hier, je suis allée au Salon Vivons Livres organisé à Toulouse pour sa troisième année. Je ne mets pas de lien, aujourd'hui était le dernier jour. C'est bizarre, mais j'aurais dû aimer fureter dans les rangs, feuilleter les ouvrages, je n'ai pas pu. Chaque fois que je me penchais vers une couverture, le type ou la femme qui se tenait derrière l'étal me couvait du regard, voire me demandait si je souhaitais un conseil ou me recommandait instamment telle ou telle merveille. J'ai résisté aux sirènes mais pas suffisamment pour éviter de faire chauffer un brin ma carte bleue. Je suis donc repartie avec dans une poche en plastique aux couleurs vives à souhait et à l'enseigne des éditions du Rouergue (oui, il s'agit d'un salon des éditeurs de Midi-Pyrénées) quelques opus glanés dans ma déambulation.
Chez Anacharsis. Dictionnaire à l'usage des oisifs de Joan Fuster (1922-1992) un poète et essayiste espagnol, valencien plus exactement dont "toute l'œuvre littéraire et philosophique sans équivalent" (s'est ) réalisée dans l'ombre de la nuit franquiste. "Dans une langue ciselée avec la précision d'un travail d'orfèvre, chaque article ramasse et développe à soi seul des considérations incisives qui confondent avec bonheur tous les obscurantismes. Je promets d'en extraire quelques pépites.
Le roman: tout dire? Assises du roman. Christian Bourgois, quelques 50 articles de 50 écrivains ont participé. J'aime beaucoup ce type de recension. Le corps tel qu'il s'impose, La folie à l'oeuvre, la puissance de l'intrigue, ils en ont parlé et ça me cause.
Les jardins statuaires, Jacques Abeille aux Editions Attila. C'est une réédition (première parution en 1982, grâce à Bernard Noël, chez flamarion) d'une oeuvre polymorphe qui échappe aux catégories en étant tout à la fois fable, roman d'aventure, récit de voyage, conte philosophique. Ce roman semble avoir été entravé par de multiples circonstances fâcheuses et son auteur tenu dans un relatif anonymat. J'étais venue pour l'écouter. Interrogé par un jeune homme Jérôme Goude, critique au Matricule des Anges, il était prolixe. Je regardais ses belles mains voltiger pendant qu'il évoquait Julien Gracq ou sa relation étrange à l'identité (il est né d'un homme et d'une femme tous deux mariés mais pas ensemble et il n'a appris qu'à quinze ans l'affaire de ses origines), sa mise en abîme du terme "langue maternelle" citant les contre-exemples que sont Beckett ou Conrad. Tandis qu'il évoquait la genèse des jardins statuaires, je me demandais en regardant et en écoutant qu'est-ce qui distingue un écrivain du commun des mortels. Rien, si ce n'est ce délire verbal qui opère (ou non) comme un charme, un envoutement. Nous avons un peu bavardé, plus tard avant qu'il ne me dédicace d'une écriture fine et penchée son livre, dont je reparlerai quand je l'aurai vraiment lu (je n'ai fait, comme d'habitude quand je viens d'acheter un livre que papillonner entre les pages). J'y reviendrai, ce livre méritant bien mieux que ces quelques lignes.
A noter qu'en même temps les éditions Attila mettent en circulation un roman graphique intitulé, Les Mers Perdues, né de la rencontre et de la complicité de Jacques Abeille et de François Schuiten.
Et pour finir et commencer, du léger. Hameçonnée par l'officiante des éditions du Rouergue et mon intérêt pour la collection de Sylvie Gracia, La brune, je me suis laissé tenter par un titre Vivement l'avenir. Marie-Sabine Roger a surtout écrit pour les enfants et les ados. Je n'ai jamais rien lu d'elle. J'avais vu le film tiré d'un de ses romans La tête en friche, une histoire de rédemption par les livres qui tenait surtout grâce à la ravissante vieille dame qu'est Gisèle Casadesus. Ce matin j'ai entamé et terminé cet après-midi le roman tout nouveau de la drôlesse. Éminemment sympathique, touchant, truculent. Bon, ça finit (trop) bien, mais mon petit cœur de midinette ne boude pas les fins heureuses. N'empêche qu'elle a une sacrée patte pour dessiner ses personnages, qu'on rigole bien à ses trouvailles stylistiques, que son portrait du gogol, personnage central est particulièrement chaleureux, bref un bonbon fondant qui vous laisse un goût sucré et acide à la fois, parfait exutoire pour une journée pluvieuse et tristoune.
J'aurais dû retourner au Salon, il parait qu'un certain Fransesco Pittau dédicaçait ses derniers ouvrages . Mais voilà, je ne l'ai appris qu'après avoir terminé ma lecture. Il était bien trop tard. Je crois savoir qu'il avait rendez-vous avec de délicieuses succubes. J'espère qu'elles l'auront entrainé dans quelque tournée toulousaine, parce que le Palais des Congrès, froid et aseptisé , ce n'est pas un lieu de franche rigolade.
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19 commentaires:
T'avais pas pris la photo de Toto ???
Tu connaissais pas l'histoire ...
Ils écrivent des livres maintenant là-bas? Avec des pages et tout? Ça, c'est nouveau alors! Et vous avez pas fait un tour au marché aux bestiaux? J'y présentais mes trois garonnaises!
Sinon, votre bibliothèque... z'êtes sûre d'avoir bien lu la notice avant? Mouaaaahh!!
Ah Monsieur Pittau, j'aurais aimé repartir avec ses œuvres! ...
haaaaaaaaaa Vinosse !
haaaaa Zoë !!!!!!!
haaa Depluloin !!!!
haaaa Nonyme !!!!!!!!
@Vinosse Toto ? pas de photo mais si tu peux me faire un dessin...
@Depluloin, vous étiez au marché aux bestiaux ? Décidément je rate toutes les occasions de rire!
Ma bibliothèque est un concept!
@Anonyme, ah!ah! spice de zoizanimax
la bibliothèque symbolise l'ivresse de la lecture?
Zoë, parfait compte rendu qui donne envie de goûter aux livres que tu as choisis. J'adore ce genre de balade... (Et dommage pour le Pittau, il vaut le détour, hahahaha !)
Vivement l'avenir ?... Mes yeux vous regardent, alors, Zoë enfin : votre plafond plutôt...) !
@manouche, elle est un bateau livre.
@Sophie K, merci, promenade à partager. Bof, le Pittau n'a exprimé nul regret, alors...
@r1, je ne suis pas sûre d'avoir bien compris. Voulez-vous dire, parce que je lis un livre léger que je suis bas du front ? :-)
Pfff, trop forte, sais pas comment tu fais pour recenser tout ça ... :°)
Jacques Abeille, c'est un joli nom, on se demande même parfois si ce n'est pas un pseudo comme il existe un "Mon chien aussi".
Si j'avais su que t'étais dans les parages... mais j' l'ignorais... Pourtant, j' l'ai dit chez Sophie, je crois, que je serais à Toulouse. Ou peut-être chez FM... je sais plus...
@DH. De Mon Chien Aussi. Sang bleu canin.
@Kouki, pfff, pas si forte, je ne peux pas écrire un poème par jour, comme toi.
@DH, je ne sais pas si c'est un pseudo mais ça ne serait pas étonnant, il a un problème avec son identité, il nous en a parlé longuement.
@De Mon Chien, dommage, nous aurions pu jazzer de concert
Ah, le plaisir d'une bonne pêche aux livres - plaisir partagé !
L'instabilité de la bibliothèque m'émeut.
On n'ose pas retirer les livres du dessous de peur d'un ébranlement Général. Pardon, général.
Merci donc, Zoë, d'en avoir rajoutés au dessus !
@Tania, merci d'apprécier. je crains que vous ne soyez une des rares si j'en juge au nombre des commentaires.
@Autrou d'Europe, cette bibliothèque rend compte de mon état général, de guingois :-)
Sympa l'étagère. Au bout d'un moment elle doit quand même donner un léger mal de mer.
Tiens je vais vous raconter un anecdote d'étagère. Il y a une vingtaine d'années, nous avions dans le couloir une de ces étagères à échelles, typiquement post soixanthuidarde, surchargée du sol au plafond.
Mon mari, qui est handicapé, était en fauteuil électrique (moteur costaud!) avec notre fille, bébé à l'époque, sur les genoux. Il a pris un tournant un peu trop vite et un peu trop à la corde, heurté un montant d'étagère et tout le total s'est effondré, lentement, comme dans un ralenti cinématographique; tout le contenu de la bibliothèque les ensevelis tous les deux, sans leur faire le moindre mal.
J'ai l'habitude de dire depuis, que ma fille a fait comme Obelix: elle est tombée dans le chaudron des livres quand elle était toute petite et elle n'a même pas besoin de piqûre de rappel!
@Lavande, moi, c'est une étagère où se trouvaient toute la vaisselle en attendant des aménagements plus appropriés qui s'est écroulée ainsi. Plus un verre, une assiette, plus qu'un énorme amas de débris. Et un bruit énorme qui a déclenché les hurlements du bébé fort heureusement à distance respectable. Merci de votre visite
Eh bien non, je tiens de source sûre que Jacques Abeille n'est pas un pseudo. Il a, de rares fois, eu recours au pseudo Léo Barthe qui était le nom d'un oncle qui s'est beaucoup occupé de lui.
Voilà que J. Abeille arrive enfin au seuil d'une reconnaissance par le grand public, grâce à sa rencontre avec Schuiten. Comme quoi, nous sommes bien dans le monde de l'image.
ArD
@ArD, vos passages sont toujours de grande qualité. Cette information est précieuse. tant mieux si c'est une complicité qui lui ouvre une voie. Du bonheur des complicités
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