Abbaye de Fontfroide
"Il y eut une époque où, dans les livres, le sens des mots m'échappait. Grâce au seul moyen de la lecture, je me suis lentement familiarisé avec un vocabulaire élargi que je n'avais jamais employé ni entendu employer autour de moi. Cette façon ardue d'appréhender la langue m'a laissé un immense amour des mots. Amour presque physique de l'image. Riche. Pleine. Charnelle.Le mot est avant tout un cri. C'est par un cri que nous nous manifestons au monde. Expression! C'est-à- dire besoin incontrôlable de faire entendre sa voix. les mots sont faits pour scintiller de tout leur éclat. Il n'y a pas de limite concevable à leur agencement parce qu'il n'y a pas de mesure à la mesure des mots. Il ne viendrait à personne l'idée de mettre un frein à la clarté nue de midi en été. (...) Vous rencontrerez toujours un de ces singes maniaques pour vous expliquer gravement que ce que vous prenez ordinairment pour des lustres de Venise ne sont que de vulgaires chandelles usagées. Devant ces démonstrations savantes empreintes de mesure, pétez-lui au nez d'un air jovial et bon enfant, qu'il comprenne que la leçon a porté"
Calaferte Septentrion.
J'ai trouvé ce texte dont j'ai prélevé un extrait dans un petit Folio à deux balles qui rassemble sous le titre "Au bonheur de lire" des extraits de Proust, Sarraute, Stendhal et quelques autres amoureux du livre et de la lecture, tant il est vrai qu'avant d'être écrivain, il faut soi-même avoir puisé dans la lecture du matériau qu'on aura engrangé dans son alambic avant de tenter de distiller son propre alcool.
Je pensais à mes séances de lecture, lorsque mes soeurs, plus jeunes, se glissaient au pied de mon lit et que je me délectais de leur restituer par le ton, les accents, les mimiques tout le bonheur que je prenais moi-même à m'immerger dans ces univers qui me consolaient plus que toute autre chose de devoir me coltiner le reste du vivre. Le plus souvent, elles s'endormaient avant que je ne m'en avise et je continuais silencieusement jusqu'à ce que le sommeil m'emporte.
Calaferte Septentrion.
J'ai trouvé ce texte dont j'ai prélevé un extrait dans un petit Folio à deux balles qui rassemble sous le titre "Au bonheur de lire" des extraits de Proust, Sarraute, Stendhal et quelques autres amoureux du livre et de la lecture, tant il est vrai qu'avant d'être écrivain, il faut soi-même avoir puisé dans la lecture du matériau qu'on aura engrangé dans son alambic avant de tenter de distiller son propre alcool.
Je pensais à mes séances de lecture, lorsque mes soeurs, plus jeunes, se glissaient au pied de mon lit et que je me délectais de leur restituer par le ton, les accents, les mimiques tout le bonheur que je prenais moi-même à m'immerger dans ces univers qui me consolaient plus que toute autre chose de devoir me coltiner le reste du vivre. Le plus souvent, elles s'endormaient avant que je ne m'en avise et je continuais silencieusement jusqu'à ce que le sommeil m'emporte.
Comme on le constate, l'Abbaye de Fontfroide possède une gamme de vitraux trés éclectique. Certains (comme le premier) ont été reconstitués à partir de vitraux endommagés d'églises saccagées. D'autres sont de facture plus moderne. L'Abbaye est d'ailleurs une série de superpositions entre le pur style roman (photo du haut) et le placage d'une facade XVIIIème comme ci-dessous. Entre-temps, les moines sont passés de la règle stricte de Saint Benoit des Cisterciens à la licence des luxurieux des romans du dix-huitième. Ils ont disparu à la révolution. L'abbaye a été comme beaucoup d'autres vandalisée et pillée, finalement achetée par un mécène Gustave Fayet qui consacrera une imposante fortune à la réhabiliter. Ses descendants en sont les actuels gestionnaires. Les caves produisent un excellent vin.
L'abbaye accueillait des moines convers qui assuraient les travaux d'intendance pendant que les moines, eux se consacraient à la prière et à l'étude.
Et, comme dans toutes les abbayes le cloître est le lieu où vient l'envie spontanée de s'asseoir avec un bon livre.
L'abbaye accueillait des moines convers qui assuraient les travaux d'intendance pendant que les moines, eux se consacraient à la prière et à l'étude.
Et, comme dans toutes les abbayes le cloître est le lieu où vient l'envie spontanée de s'asseoir avec un bon livre.
23 commentaires:
Voilà, moi aussi assise au bord de ton lit à t'écouter, mais ne m'endors pas du tout !
"péter au nez d'un air jovial et bon enfant" tout un art... N'est-ce pas Vinosse?
Merci Zoë pour cette bal(l)ade du petit matin.
"tout le bonheur que je prenais moi-même à m'immerger dans ces univers qui me consolaient plus que toute autre chose de devoir me coltiner le reste du vivre" : volonté ou lapsus du mot final ?
Jolie abbaye et photos de même où les moines convers se livraient peut-être à des bacchanales en honorant leurs saints ?
Je repense au cloître des Célestins à Avignon où la danse illumina un soir de juillet ces murs presque plus imposants que ceux de la cour d'honneur du Palais des papes.
La religion fait sautiller.
@Kouki, j'adore qu'on me lise des textes et j'aime lire pour un autre. As-tu vu "La lectrice"
@la bacchante, bravo, pour avoir compris l'intention
@DH, volonté pour le vivre. A Toulouse, le cloître des Jacobins est un lieu où viennent chanter des chorales dans le scriptorium. J'aime les cloîtres, les patios, ces espaces semi clos.
Zoë, grâce à toi, j'ai de petites vacances délectables... :)
Merci.
(Qui pète au nez de qui ?)(Mouhahahahaha !)
T'péter la gueule, ouais...avec tes boutures de lavandes en train d'crever...
Ah, vous les aimez les curéteries, hein !
L'odeur de renfermé et d'œufs pourris sûrement.
L'abbaye de Fontfroide est une de mes préférées. Les bâtiments cisterciens m'ont toujours plus.
La nef est également magnifique. Il y a quatre ou cinq chapelles dans le collatéral sud, si ma mémoire est bonne.
Ledit Gustave Fayet était peintre et créateur de merveilleux motifs pour tapis et tapisseries, mécène et acquéreur de l'abbaye de Villeneuve-les-Avignon, la résidence d'été de l'évêque de Béziers, une foultitude de vignobles du coin, etc.
Les descendants gestionnaires, il y en a plus de neuf cents constitués en S.C.I. Lorsqu'on a la chance de visiter les parties privatives de l'abbaye, on y voit quelques Gauguin par ci, par-là et surtout, les étonnantes fresques murales d'Odilon Redon sur les pans muraux de la bibliothèque. Les legs entre artistes amis qui font qu'on devient collectionneur, voire détenteur de belles œuvres d'art par la force de l'amitié.
ArD
@Sophie K, petit voyage autour de mon arbre. Péter au nez des spécieux.
@Vinosse, Plait-il ? C'est quoi ce délire ? Boutures de lavande ? J'aime les curèteries ? Tu n'aurais pas abusé du Pineau ?
@Anna, c'est un bel endroit, j'ai beaucoup aimé le dortoir, dont les fenêtres ont été ouvragées alors qu'à l'origine les moines n'avaient droit qu'à du verre grisé.La nef est très belle oui. Seul défaut, l'obligation de visiter en groupe.
@ArD,Je n'ai pas visité les parties privées mais on soupçonne qu'elles doivent être très agréables. Le restaurant sert des plats de qualité que j'ai accompagné d'un Oculus 2008 excellent.
C'est une chance, d'avoir eu des sœurs, ou des frères. Enfin j'imagine, le souvenir est pâle, et puis ils sont partis à l'aube.
Beau! Les cisterciens ne sont pas rebelles pour rien! (rebelles, veux-je dire, contre les bénédictins, pas punks non plus...)
Ah oui, la lectrice ! et plus récemment, Gisèle Casadessus qui lit à Depardiou, film gentillet mais quelques jolies scènes vraies.
Un billet qui donne envie de se rendre dans l'Aude. (Pas d'abbaye à Froidfontaine en Belgique.)
@Dom A, l'enfance est plus marrante à vivre quand on n'est pas seul face au couple parental.
@Aléna, ni punks, ni gothiques :-)
@Kouki, film gentillet avec de jolies scènes oui,et cette Gisèle, elle donnerait presque envie de vieillir!
@Tania, l'Aude est une belle destination. La plage de La franqui est une des seules qui mérite le déplacement sur ce morceau de méditerranée
À propos de Fontfroide, mais pas que : http://blogacredit.blogspot.com/2010/08/gruissan-mon-presque-amour.html
pourtantfait show !
sissi !
@Chr B.Merci pour le lien, nous sommes d'accord Beuche et moi sur la nocivité du guide.
@Anonyme, il me semble vous (re)connaître
@Tous, ce texte était bourré de coquilles, vous êtes bien indulgents de n'en avoir rien dit.
Les coquilles, ça va très bien avec les plages, pis voilà :0)
@Sophie K, moui, mais j'ai pas mis les pieds sur une plage cette année (la rivière ça compte pas), donc je n'ai pas d'excuses.
Bien sûr tous ces bâtiments sont beaux. En même temps, pfffouh... mais y sont beaux, c'est indéniable.
Cependant, j'ai jamais bien compris pourquoi les gens allaient en été s'esbaudir devant des tas d' cailloux (bien beaux, je l' répète) qui n'ont jamais servi à rien. Y a rien de plus vide qu'une abbaye vide, sauf une église. Curieusement, ce sont des bâtiments sans âme. C'est comme entrer dans un gigantesque lego. C'est mort.
Autant voir des maisons qui ont servi— on y apprend des choses impalpables : la façon de concevoir l'espace, leur manière de circuler, de dormir, de manger, etc.
(et puis Calaferte !)
Quel beau texte tiré de Septentrion..."pas de mesure à la mesure des mots.."
@Mon Chien, selon ton point de vue il serait souhaitable de dynamiter un bon nombre de pierres entassées, des pyramides aux abbayes, églises, temples (voir Vinosse), exploser, pourquoi pas tous les temples (magnifiques) de l'Inde, du Népal, du Thibet, les Bouddhas de Bamiyân (c'est fait). Pourquoi les gens visitent ? Parce que c'est beau point barre. Que le génie humain a créé la voute romane, puis gothique, que les cloitres sont des bonheurs d'harmonie. Que l'être humain comprend son présent grâce à son passé. Ce qui rend les lieux à leur mornitude c'est leur marchandisation, là, on est d'accord. mais pour les maintenir debout faut du flouz. Eh oui!
Ce sont, ne t'en déplaise des maisons qui ont servi. T'aimes pas Calaferte ? Qu'est-ce que tu ne dirais pas pour juste me contredire!!!
@chantal serrière, ouf, merci de votre appréciation et connaissant votre exigence, cela me rassérène
@Zoë. J'ai parlé de dynamite, moi ? Ah bon... si tu l' dis ça doit être vrai... mais je m' demande pourquoi j'explique du coup.
Sinon, j'aime pas Calaferte pour des tas de raisons et une notamment : c'est emmerdant. Et sa mystique sexuelle, rien à foutre.
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