vendredi 18 septembre 2009

Dérisons

Certains jours, je m'éveille dans cette indécision du monde. Je ne reconnais rien de ma vie ordinaire, j'avance à tâtons, dans une extrême lenteur, je crains à chaque instant de me heurter à un obstacle réservé à moi seule, les êtres s'adressent à moi comme si j'avais six bras et deux têtes, les sons se vrillent et s'empenaillent, l'air est saturé d'effluves acidulées, mon thé ne m'ôte pas ma toux, je fixe au loin un horizon erratique, j'interroge la pythie, son oracle est circonspect.
J'ai envie alors de m'étendre sur le sol en attendant qu'une coulée de lumière me ranime.

26 commentaires:

Rackham Le Rouge a dit…

"Je m'appelle Lucidée, j'ai des papilles au coeur qui souffrent de lenteur..."

Il te faudrait une petite berceuse comme ça, Lucidée, rythmée au balancé du hamac...La houle ralentirait encore pour ne point te réveiller.

Douce nuit, même les oiseaux s'arrêtent de voler de temps en temps...

Besos
Jack

Sophie K. a dit…

Certains jours, oui, c'est vrai, c'est ouaté, lourd et flou. Mais c'est peut-être aussi nécessaire, ces périodes de disharmonie. Ça prouve un réajustement, un peu comme une corde à retendre, ou à détendre, pour que l'instrument sonne mieux.

Cactus , ciné-chineur a dit…

méfiez vous des Teutons , Zoë ! avancez droit devant vous , vous avez le ouaté nécessaire !
Sissi !

JEA a dit…

Certains aurores s'éveillent à notre place nullement publique. Les pierres en pèsent trop sur la peau de nos yeux. Nos lèvres ne se souviennent plus du samedi soir. Les brumes brouillent avec art nos traces...

Anna de Sandre a dit…

J'aime ton style. Fais-nous lire plus souvent de cette prose :o)

Chr. Borhen a dit…

Anna de Sandre a raison (écrivant cela, je frise le pléonasme).
Exemple : "mon thé ne m'ôte pas ma toux".

Vinosse a dit…

Ne cherche pas à comprendre ce que te dit la pythie, elle parle toujours la bouche pleine:

"la pythie vient en mangeant"

Ouais bon, elle est pas jeune...
Je me fais pythié, tiens...

Anonyme a dit…

Comme c'est joliment dit pour des errances où je me retrouve certains jours ... j'aime, merci Zoë

mon chien aussi a dit…

C'est passque t'as bu la veille, Zoë, et du mauvais vin... La brick de rouge, ça tue n'importe qui... Un jour, j'ai même tout vomi... Ça sentait pas bon, y avait des morceaux de poulet dans le machin par terre, mais ça m'a fait du bien... La prochaine fois, deux doigts dans la bouche, bien profond, et hop ! tu débagoules et tu t' sens tout d' suite mieux.
Bon, j'ai r'lu ton texte... On dirait qu'on parle pas d' la même chose... encore que...

Tania a dit…

Oh quelle belle photo, Zoé, pour accompagner ces lignes de vie ralentie qui me touchent. Merci de paser chez moi de temps à autre.
Bruxelles baigne depuis hier dans une lumière généreuse et qui réchauffe.

Cactus , ciné-chineur a dit…

j'aime bien la chanson de Ferré : " ton style " etc etc etc !

Saravati a dit…

Les changements de saisons sont propices à l'indécision du monde, mais pas plus sans doute que le passage de la nuit au jour quand on voudrait prolonger la chaleur engourdie du sommeil, ne pas avoir à affronter la perspective de toutes ces corvées qui nous assaillent....

Christophe Sanchez a dit…

Concis, précis, et le dérisoire vers la dérision nous touche. A moins que ce ne soit l'inverse. Et on reste impuissants.

Dexter a dit…

bonjour,
la photo est très belle, elle fait écho à vos paroles qui sont belles aussi.
la brume, contrairement au ciel dégagé est comme un empêchement de voir l'horizon et les choses, de nous permettre de remarquer les détails de la nature,
sauf qu'elle aussi fait partie elle aussi de la nature, la brume a son mot à dire, elle qui est la mal aimée,
du coup, la brume aussi doit aimer être prise dans ce genre de photo, où elle fait sa vedette, sa star, ce ne sont plus là, les détails de la nature qu'elle est censée cacher qui sont beaux, que nous regrettons de ne plus voir, mais c'est elle qui soudainement est belle à voir, ample et majestueuse, comme un velours, elle exprime toute sa douceur comme celle d'une mère qui prend son enfant dans ses bras,
du coup, je pense que la brume aime forcément que des gens la prennent en photo, elle doit s'y préparer, nous n'en savons rien mais elle doit se faire belle, pour l'occasion.
merci.
bàv

la bacchante a dit…

Ne jamais se fier à la pythie, surtout quand elle mâche ses feuilles de laurier...

D. Hasselmann a dit…

Birmanie ou mélancolie ? Vietnam ou vague à l'âme ? Cambodge ou voyage en Dodge ? Asie ou aphasie (momentanée) ?

Toutes les hypothèses peuvent être envisagées devant ce cas qui résiste au diagnostic des spécialistes en image numérique.

Cactus , ciné-chineur a dit…

pour s'étendre sur le sol , mieux vaut avoir des faux cils c'est alors plus facile , non ? Choisir entre les faux cils et le marteau , un air de pipeau , fa sol ici , là si do !
bon allez Zou , patrimoine là !
je vais participer !

Zoë Lucider a dit…

C'est un peu absurde de poster un commentaire quand on sait qu'on s'absentera tout un long jour où des visiteurs amis viendront murmurer dans notre petite cour. Allez, j'attaque la falaise. En passant , je regrette que blogger ne permette pas comme chez Anna de Sandre de répondre à chacun juste après son commentaire. Pardon pour la longueur au total en dépit du lapidaire de chaque réponse, amicale ça va de soi. Par grosse flemme je vous donnerai des initiales, certains y sont déjà rompus.

@RlR. merci des besos, c'est ce que je préfère finalement dans le frottement aux autres

@SK, toi ma douce, tu sais de quoi je parle et oui ça fait partie du décalaminage du moteur

@ClL. quid des peutons ?

@JEA, les brumes brouillent, c'est joli

@AdS et réciproquement

@Chr.B voir ci-dessus

@Vivi, voui, la pytoyable!J'aime ton érudition en blagues.

@koukistories, vous êtes nouveau, je vous conserve en entier, merci de votre adhésion au club des embrumés.

@MCA, je préfère nettement ton lien (ailleurs ) sur Dylan et Knock at the heavens door. mais tu adores jouer sur le trash.

@Tania, je passe chez vous parce que je me régale de vos émotions de lecture. La photo, je l'ai choisie parmi beaucoup d'autres, nous avons ici des paysages de brouillard très étonnants et j'aime les photographier.

@Saravati, ce n'est pas affronter qui est difficile, c'est ne rien saisir de soi et du monde, être étrange à soi-même

@C.le L, je te rappelle que Ferré dit "ton style, c'est ton cul" si j'ai bonne mémoire, qu'est-ce à dire, homme lézard?

@αяf,ce n'est pas vraiment désagréable d'être dans le coton, ça rend vulnérable donc impuissant mais nous devrions plus souvent nous en convaincre.

@Dexter, je suis d'accord, la brume est une star qui se met en frais, son maquillage est d'une telle splendeur qu'on oublie qu'elle nous occulte les repères. J'aime beaucoup dans Amarcord la réaction du grand-père se trouvant environné de brouillard commente ainsi: si c'est ça la mort et il fait un bras d'honneur.

@DH, je révèle : Lauragais, paysage familier travesti par les brumes. J'ai une série sur ce phénomène, j'en ferai sans doute encore usage.

C.le L fossile ? pas encore quand même!

Anonyme a dit…

@Zoë. Si tu n' retires pas IMMEDIATEMENT l'affirmation selon laquelle je fais dans le trash, j' vais être obligé de t'attaquer en DIFFAMATION !

Signé : un ennemi qui t' veut l' plus grand mal.

Zoë Lucider a dit…

@Anonyme, tu parles d'un anonyme! Je vois tes oreilles bouger et ton museau s'épanouir mon toutou chéri!

L....................uC a dit…

Toi aussi...

HK/LR a dit…

marrant comme tout , enfin , "façon de dire"
à croire que vous avez pris la photo par ma fenêtre ce matin
et mes bocks de café ne m'ont pas passé ma toux
ni les clopes qui "allaient avec"
(on a-t-il chopé la grippe du cochon embrouillardé ?)

Cactus , ciné-chineur a dit…

Ferré se trompait rarement , non ?( loin de moi ces pensées , disait Hypocrite , sage parmi les sages , femme! )

Vinosse a dit…

En retard, mais quand même: cette photo est mal cadrée, la bande noire au premier plan, tue l'effet cotonneux.

Cactus , ciné-chineur a dit…

Vinosse tel qu'en lui-même !
comme ça qu'on l'aime ; ha y est , je l'ai recadré !

Dominique Boudou a dit…

Très belle indécision du monde où le thé même est impuissant. Moi c'est le vin.