vendredi 30 janvier 2009

IBM, Comment calculer ton Indice de Bonheur Mondial,

Il faisait beau. Je me suis plantée à mi-chemin et j'ai regardé défiler les banderoles et les slogans. Comme je n'appartiens à aucune clique dûment répertoriée et que la seule où je compte le plus grand nombre de complices est celle des intermittents (étant moi-même de l'espèce clignotante), je me suis contentée de saluer ou faire des bisous aux différentes figures familières qui émergeaient ici où là. Ca marchait plutôt en silence, en devisant, les gens se donnaient des nouvelles, est-ce que les tuiles avaient tenu et le petit dernier était-il parti ou déjà de retour. De temps en temps ça chantait "un pas en avant, trois pas en arrière, c'est la politique du gouvernement". Tu l'as vu ma grève" sous toutes les formes collées sur le front, sur les fesses, la une de Télérama " amplement recyclée, sans oublier les innombrables "casse toi pov'con" sous diverses déclinaisons. Je suis restée plantée sur un trottoir médian séparant la rue en deux voies. J'ai manifesté en stationnant. J'ai été tentée de suivre les théâtreux et musicos grimés et braillards accompagnés par un saxo et une grosse caisse installés sur un camion et puis non, quelques bises, et j'ai attendu la suite. Le PS fermait la marche. Voilà. Ça s'est étiré sur plus de trois heures. Ça s'est dissous dans le calme comme disent les chroniqueurs. Monstre la manif ? Mouais. Pas assez de sang jeune. Quelques uns brandissant en chantant "etudiants en colère". Seuls les anarchistes ont tenu des propos virulents scandés avec en arrière fond Liam au meilleur de sa rage. Il va faire semblant mais même pas peur. "L' Egoprésident " (dixit Fabius ce matin) va nous concocter un de ses habituels mélanges sucré salé, il va convoquer la troupe des syndicalistes qui diront qu'ils ne cèderont sur rien d'essentiel, un autre tour de rue, un peu plus morose, et on enverra la troupe de casseurs pour déconsidérer la manœuvre. Trois ans encore ou une énorme poussée de fièvre avec traitement de choc.
Le soir j'étais conviée à participer à un café citoyen organisé par "Les petits débrouillards" qui tentent de diffuser une science citoyenne auprès des enfants. . Nous avons eu un reportage en direct de Bélem, ce n'était pas la bousculade au forum Science et citoyenenté le premier du genre au sein du FSM. Après quoi, nous avons entamé un débat : le thème « Indicateurs de bonheur : Quels progrès apportent les sciences?». J'avais été chargée des indicateurs. Autant dire que j'ai d'emblée traité de saugrenue cette idée émise en premier lieu par le Roi du Bhoutan soi-même au prétexte sans doute qu'il pensait pouvoir faire celui de son peuple.
Mais ne pas s'en tenir au dénigrement. Examiner ce qui en résulte. Ça progresse. Je veux dire la prise de conscience que la richesse ne se mesure pas au volume de fric qui circule. En France, Patrick Viveret
(auteur d'un rapport sur "La mesure de la richesse")a imposé une métaphore : c'est le thermomètre (la mesure du PIB, donc la course à la croissance) qui nous rend malades. La tempête qui vient de ravager les Landes c'est du bon PIB en puissance (réparation des dégâts).
Donc rien que pour vous, dévoreurs de blogs, voici un petit raccourci de la question.
Le classement par pays effectué par le Globeco est calculé à partir des mêmes principes que l’indice du bonheur mondial, à partir des 20 indicateurs suivants :
- Paix et sécurité : guerre et paix, morts violentes, corruption, sécurité économique, sécurité humaine
- Liberté, démocratie, droits de l’homme :démocratie, liberté de la presse, droits des femmes,
droits des enfants, peine de mort ;
- Qualité de la vie : PIB par tête, coefficient de GINI,
espérance de vie, suicides, air pur ;
- Formation, information, communication :
Formation (coefficient 2), journaux, radios et TV, Internet.
Ce classement est effectué pour 60 pays qui représentent 85 % de la population mondiale et plus de 90 % du PIB mondial.
• Ces 3 indices et classements sont publiés tous les ans sur www.globeco.fr sous la même rubrique et sous le même titre que l’indice du bonheur mondial.
Je vous soulage du suspense insoutenable, nous sommes à la douzième place au Palmarès. Peut mieux faire, surtout du côté du critère sexospécifique. Quoisque ? Niveau de participation des femmes à la vie publique et économique (au plus haut niveau s'entend, parce qu'à la photocopieuse ça ne compte pas) combiné avec le taux de femmes victimes de violence et autres vétilles de notre charmant pays. Bref on n'arrive pas à la cheville des Pays Nordiques, et singulièrement du Danemark qui présenterait toutes les garanties pour une félicité sans trêve. J'y ai vécu et je n'ai pas constaté chez les Danois une propension excessive à l'euphorie mais il est vrai que c'était bien avant la mise au point de ces charmants indicateurs.
Dans les conclusions du dernier rapport de Globeco, quelques bonnes et mauvaises nouvelles. Je choisis de vous transmettre les mauvaises, les bonnes étant moins spectaculaires. Les gens heureux n'ont pas d'histoire, c'est bien connu.
  • Le volume du commerce des armes augmente par rapport à l'an 2000 ;
  • Le nombre de victimes des catastrophes naturelles et technologiques augmente de façon particulièrement tragique en moyenne triennale à cause du Tsunami, de Katrina et du tremblement de terre du Cachemire.
  • Le nombre de réfugiés recommence à augmenter par rapport à l'an passé ;
  • Le nombre de victimes de la peine de mort augmente sensiblement ;
  • L'inégalité des revenus à l'intérieur des pays augmente lentement mais sûrement ;
  • L'Indicateur de pauvreté humaine et salariale des pays du " milliard de pauvres " que nous prenons en considération se détériore par rapport à l'an 2000 ;
  • La teneur en CO2 de l'atmosphère augmente régulièrement : 366 ppm en 2000 et 378 en 2006 …
  • La surface forestière par habitant diminue lentement mais sûrement ;
  • Les disparités entre le " milliard de riches " et le " milliard de pauvres " augmentent aux dépens des femmes depuis l'an 2000 ;
  • Les disparités entre le " milliard de riches " et le " milliard de pauvres " concernant l'espérance de vie augmentent depuis l'an 2000.
Et vous voudriez encore nous faire croire qu'il suffirait de marcher dans la rue bras dessus bras dessous ?

http://www.lespetitsdebrouillardsmidipyrenees.org/

lundi 26 janvier 2009

Retour vers le futur

Interruption momentanée de l'image et du son. La fée électricité ayant pris quelques coups de matraque, elle nous a laissé tomber sans vergogne et alors à nous les repas aux chandelles et la bouillotte pour les draps glacés. Plus de nouvelles du monde. Expédition pour dégoter d'antiques piles à transistors. Eh bien c'est impressionnant cette addiction au bouton électrique, ce sentiment d'abandon lorsque nos écrans restent noirs, que le portable refuse de porter et que le fixe reste obstinément muet. Or nous savons que cela n'est que momentané. Qu'en serait-il si une catastrophe majeure détruisait ces sources d'énergie et de connexion qui nous sont devenues aussi essentielles que l'eau et l'air (enfin, il ne faut pas exagérer). Assisterions-nous à un pic de dépression, des sauts du haut des étages, des meurtres par décompensation soudaine de psychorigides auparavant canalisés via les jeux video de destruction massive ? Ou bien verrait-on les rues et les cafés se gorger d'anciens zombies enfin désintoxiqués, les jeux de séduction réemprunter les voies de la chair en direct, et les recherches en énergie renouvelable exploser ?
Pour l'instant les amoureux des arbres pleurent les massacrés et les pianoteurs de messages hasardeux repartent de plus belle à l'assaut de la montagne sacrée.

vendredi 23 janvier 2009

Voyages

Depuis que je me suis prise d'engouement pour ce dérisoire espace de délire délimité par un petit rectangle sur mon écran, je voyage. De lien en lien, c'est fou, je découvre un monde immense de causeurs solitaires qui grapillent et concoctent leur jus de verbe dont certaines cuvées corsées me procurent quelque ivresse. Il y a un nombre incroyable de zigotos avec qui je fricoterais avec bonheur mais dont je n'aurai aucune autre émanation que ces textes ou photos. Ajouter un commentaire ? Mais alors il me faudrait du matin au soir pianoter pour placer ma remarque subtile en regard de la subtile remarque de l'auteur. Je viens de rencontrer un zélateur de la perplexité, appelant à une manifestation pleine de points d'interrogations (? ) et qui se fait remonter les bretelles par les moralistes de l'engagement. "Ceux qui tuent femmes et enfants ne sont-ils pas les monstres tout désignés" etc . Zut j'ai oublié de copier le lien. Il s'appelait David Abiker. Vous connaissez la formule pour le rejoindre si vous le souhaitez. Ensuite cliquez sur ses liens vous aurez droit à un petit tour de planète. Elle est pas belle la vie ?

jeudi 22 janvier 2009

Questions fameuses

http://lettreslibres.zeblog.com/c-02-confessionnal


Ce sera un face à face avec un inconnu que vous retrouverez en cliquant sur le lien ci-dessus. Je m'appose en rouge

Mes réponses au fameux questionnaire de Proust...

Le principal trait de mon caractère ?
La patience.
La patience

La qualité que je préfère chez un homme ?
La bienveillance.
L'humour

La qualité que je préfère chez une femme ?

La bonté.
L'humour

Mon principal défaut ?
L'impatience.
L'anxiété = l'art d'imaginer le pire pour éviter qu'il n'advienne.


Ce que j'apprécie le plus chez mes amis ?

Leur amitié.

Qu'ils soient vivants


Mon occupation préférée ?

L'écriture.

La rêverie


Mon rêve de bonheur ?

Cesser de rêver.

Rêver sans limite


Quel serait mon plus grand malheur ?

Mourir.

Survivre à la mort du monde


Ce que je voudrais être ?

Moi-même, puisque je est un autre...

Ni tout à fait la même ni tout à fait une autre


Le pays où je désirerais vivre ?

Ici et maintenant.
Le Pôle Nord en été, l'Equateur en hiver.


La couleur que je préfère ?

Le rouge.
L'arc en ciel


La fleur que je préfère ?

La rose (rouge).

Celle qui fleurit dans mon jardin


L'oiseau que je préfère ?

Le colibri.

Le pélican


Mes auteurs favoris en prose ?

Artaud, Auster, Casanova, Céline, Flaubert, Faulkner, Hemingway, Joyce, Kafka, Kundera, Mauriac, Proust, Sollers, Voltaire..

Certains ci-dessus et beaucoup d'autres dont Eric Chevillard et Lydie Salvayre .

Mes poètes préférés ?

Rimbaud, et quelques autres...

Question trop intime


Mes héros dans la fiction ?

Dedalus (Joyce), Joseph K. (Kafka), Maître Yehudi (Auster)...

Les héros sont fatigants


Mes héroïnes favorites dans la fiction ?

Emma Bovary (Flaubert), Nana (Zola), Caddy (Faulkner), Maou (Le Clézio)...

Mère courage


Mes compositeurs préférés ?

Mozart, et quelques autres...

Coltrane, John Surman


Mes peintres favoris ?

Matisse, Picasso, et quelques autres...

Basquiat


Mes héros dans la vie réelle ?

Les dissidents, les résistants et les enfants.

Les héros sont fatigants


Mes héroïnes dans l'histoire ?

Les reines, les saintes et les prostituées.

Et ta soeur ?


Mes noms favoris ?

Rachel, Rebecca, Philippe, Samuel...

Clément, Olivia

Ce que je déteste par-dessus tout ?

La haine de soi (et d'autrui).

La détestation et pourtant elle m'habite, que faire ?


Personnages historiques que je méprise le plus ?

Adolf Hitler, et Khomeiny et Staline et leurs spectres...

Les héros sont fatigants

Le fait militaire que j'admire le plus ?

Le débarquement allié en Normandie (6 juin 1944).

Je n'admire aucune performance militaire, mes plus fortes détestations relèvent des faits d'armes


La réforme que j'estime le plus ?

L'abolition de la peine de mort par François Mitterrand et Robert Badinter (9 octobre 1981).
Pareil + la légalisation de l'égalité entre tous


Le don de la nature que je voudrais avoir ?

Que je voudrais avoir ou que je voudrais être ?

Le cameléonisme, vertu méprisée consistant à ne pas faire tache,

Comment j'aimerais mourir ?

À l'air libre et seul.

En rêvant comme le patriarche de cent ans de solitude


Etat présent de mon esprit ?

Calme et concentré.

Transhumancien


Fautes qui m'inspirent le plus d'indulgence ?

Celles d'autrui.

De mieux


Ma devise ?

S'adapter sans adopter.

A chaque jour suffit sa peine, demain est un autre jour, tel qui pleure aujourd'hui demain rigolera.

mardi 20 janvier 2009

Adieu au vieux monde des mâles pâlichons

Bien entendu, je suis heureuse qu'un individu maitrisant le langage et semblant relativement équilibré, beau et bronzé, accède à l'investiture suprême dans ce pays si déterminant pour le reste du monde. Il me plait cet homme, lumineux et grave à la fois. Je n'ai vu aujourd'hui que les reportages du déjeuner au Congrès (rentrée tard). Ecouté son discours en réponse à l'hôtesse des lieux et en adresse au monde entier. Sobre. Il me semblait déjà atteint par l'ampleur des dégâts qu'il lui revient non de réparer mais d'éviter de renouveler.
Dans ce moment unique, nous assistons à une sorte de quintessence des outrepassements : un Noir, premier Président de couleur aux Etats Unis accueilli pour cette cérémonie au Congrès où officie une femme Nancy Pelosi (la première également) présidente de la chambre des représentants. Une telle conjonction est en effet inouïe et paraissait improbable il y a seulement quatre ans lorsque les Etats Unis avaient réélu GWB, qui restera avec Nixon un des plus calamiteux du genre. Il a d'ailleurs été sifflé lors de la passation de pouvoirs. Bon débarras (si toutefois on se débarrasse avec l'une de ses marionnettes de l'engeance qui sévit encore).
Longue vie à Obama, pas seulement for USA sake mais pour le monde entier. Il est temps de laisser le vieux monde des mâles imbus de leur supériorité de pâlichons et de détenteurs de testostérone pour entrer dans une combinatoire plus subtile des forces et des talents de l'espèce. Un peu d'optimisme ne nuit pas.

lundi 19 janvier 2009

Un texte resté en suspens, avant la nausée;

Ce texte est resté en suspens. Je le publie avec quelques jours de retard. Il n'est pas près de devenir obsolète hélas.
A propos des exactions perpétrées en Palestine:
me revient en mémoire une interview d'Howard Zinn l'historien américain qui avouait avoir participé au bombardement de Royan en avril 1945, opération parfaitement inutile qui a détruit 85% de la petite station balnéaire et soufflé les poumons d'un nombre hallucinant de ses habitants. Il s'agissait d'expérimenter le prototype de ce qui allait devenir le napalm tristement célèbre par la suite. Il n'en était pas fier et déclarait que cela avait été fondateur de ses engagements futurs contre la guerre au Vietnam. Il était reçu par Daniel Mermet à l'occasion de la publication "d'Une histoire populaire des Etats Unis". Que croyez-vous disait-il en substance, lorsque les armes existent, elles doivent être utilisées. Si on les crée il faut leur trouver un débouché en quelque sorte. Les Allemands étaient à genoux, il n'était nullement nécessaire de les déloger à grands frais (payés au prix des morts de Royannais). Dans ce pays de Cocagne, se prélassaient essentiellement quelques gradés logés dans les grands hôtels, dégustant des huitres et du Cognac et jouant au Casino. Ils auraient déguerpi lorsque l'Allemagne aurait été complètement vaincue. Mais les militaires américains piaffaient, ils voulaient tester leur dernier bijou de technologie meurtrière.
J'ai été particulièrement révoltée par son témoignage, j'en ai conçu un surcroit de détestation à l'égard de toute forme d'armement. Au nombre de mes utopies, je considère que le premier décret que devrait prendre un gouvernement mondial s'il pouvait enfin voir le jour serait celui d'un désarmement immédiat assorti d'une reconversion à grande vitesse de toutes les industries militaires en industries de paix.
Oui, j'ai été particulièrement révulsée, je suis née à Royan. L'aurais-je moins été si j'avais fait mes premiers pas ailleurs que sur les plages où s'enfoncent depuis désormais soixante ans les blockhaus érigés par la folie allemande ?

La nausée

Je ne parviens pas à me retirer de l'esprit l'idée que ce carnaval macabre perpétré en Palestine est une sorte de baroud orchestré par le lobby militaro industriel pour dépenser toutes ces bonnes réserves d'armes, qu'il faut bien utiliser une fois qu'elles ont été mises en circulation, surtout si on souhaite renouveler le carnet de commande. 20000 bâtiments endommagés, 4000 entièrement détruits, plus d'un milliard de dollars de dégâts matériels. Qui va reconstruire ? Les entreprises occidentales menacées par la récession ? Qui va financer ? L'Arabie Saoudite se positionne, le coeur sur la main.
Une paix provisoire qui intervient exactement la veille de l'investiture de Zorro Obama.
Do not worry, Uncle Sam is back !
Pendant que l'Amérique et tout l'Occident va éructer de bonheur pour fêter le nouveau messie, la population palestinienne ira errant entre les gravats à la recherche d'une trace même infime de ses maigres possessions pulvérisées par les jeux de pouvoir de nos grands hommes.
La nausée !

mardi 13 janvier 2009

Léger blues

Infernal ! Je pianote disent les dilettantes, je surfe, je swingue, bref je prétends m'amuser et contrôler mes délires. En fait, je lutte pied à pied, mano à mano. Tous les jours le monde m'assaille. Or je ne cesse d'osciller entre le désir de fermer mes écoutilles pour m'enfoncer dans les eaux profondes du silence indéfectible et l'obsession de ne manquer rien d'essentiel dans tout le brouhaha émis sur cette planète, sachant que je n'occupe qu'une infime portion de la croute terrestre et plus infime encore de la gamme des ondes qui voyagent. Je reçois et dois transmettre mais à qui ? Je lis et ne sais dans quelle case de mon magasin à pensées je dois ranger ce nouvel archivage. Le monde virtuel est décidément celui de la mégalomanie (la possibilité d'atteindre le monde entier) et du misérabilisme (hou hou, y'a quelqu'un ?). A la fois envahie, la planète dans mon salon et plus seule que jamais.
Bon, je vais me coucher. Ça ira pour aujourd'hui. J'ai occupé ma portion congrue, là où j'étais attendue, et ma foi, personne ne s'est plaint que je lui aie marché sur les pieds. Il n'y a pas de petits miracles.
Ah ! si, un petit lien pour la route, d'un qui s'obsède de sauver les langues moribondes, aliénées,minorées etc . Sus à l'ennemi Jacme !
http://jacmetolosa.spaces.live.com/blog/cns!49914F5702C5C72E!8868.entry

lundi 12 janvier 2009

"Savoir se tenir dans l'incertitude"

Je m'étais promis d'éviter la question éducative. Comment dire, je ne voulais pas importer dans ce blog ce qui relève de mon labeur quotidien. Du texte sur la question j'en ai tellement fourni, sous toutes les formes, depuis si longtemps, que je n'ai guère envie dans cet espace de convier mes petits soucis de bureau. Mais le réseau est le réseau et donc, je reçois moultes pétitions, la lettre ouverte de Mérieu à Darcos, et un tas d'autres dont j'évite le détail. Bref, c'est du harcèlement. Je viens d'en recevoir une qui rassemble tellement de griefs à la fois que c'est dit, je la signe. Vous pouvez vous aussi, il vous sera difficile de prétendre que vous n'êtes pas concerné, ça ratisse large.
Extrait :
« Nous, professionnels du soin, du travail social, de l'éducation, de la justice, de l'information et de la culture, attirons l'attention des Pouvoirs Publics et de l'opinion sur les conséquences sociales désastreuses des Réformes hâtivement mises en place ces derniers temps".
Sans compter que si vous n'êtes pas acteur, vous êtes de toute façon un usager de l'un ou l'autre de ces secteurs. Alors avant la casse totale et même si, comme moi, vous n'avez guère d'illusion sur l'efficacité des signatures, juste pour faire partie du dernier carré de buffles, pour faire front commun face aux prédateurs aux dents pointues et aux hyènes situées en marge du festin, je vous livre le lien. Faites en ce que bon vous semble. Comme j'ignore le nombre de lecteurs qui s'intéressent à mes élucubrations tout ça relève du coup d'épée dans l'eau. Impuissance pour impuissance, au moins ne sera-ce pas avec notre assentiment . Qui ne dit mot consent
http://www.appeldesappels.org
Sinon nous guette la mélancolie, celle qui nait de cet écart que chacun, dans l'intimité de sa relation à lui-même, mesure entre l'idéal et la trivialité de sa vie. Spinoza nous prévient contre les passions tristes. Le monde actuel qui engloutit chaque jour toute pulsion de joie sous les tonnes de déchets que l'actualité livre à notre déréliction, nous entraine vers la rage de l'impuissance et la mélancolie, nostalgie d'un monde passé où le futur avait moins mauvaise mine.
Ne nous laissons pas glisser dans les marais de la mélancolie. "Résister c'est exister" titre d'une pièce magnifique donnée en Avignon l'été dernier dont les textes puisées dans les archives de la période vichiste étaient d'une criante actualité.
Sur le thème, voir Philippe Corcuff (cf liste blogs) "Mélancolie : une radicalité de l'imperfection". "L'héroïsme au quotidien désormais c'est« savoir se tenir dans l’incertitude ».
Et
pour aller plus loin La société de verre. Pour une éthique de la fragilité, Paris, Armand Colin, 2002.




samedi 10 janvier 2009

Volontaires de la Paix

Je sais, je n'aurais pas dû. Placer sur le même plan les colonialistes et les résistants, les horribles massacreurs bardés d'engins hyper sophistiqués et les guenilleux usant de leurs pétoires dérisoires qui font à peine quelques trous vite rebouchés. Le combat est inégal, c'est indéniable. C'est le refus d'accorder le droit à une patrie aux Palestiniens qui est la cause de la relance des hostilités. Certes. Mais comment se fait-il que la "communauté internationale" qui sait si bien se mêler des affaires du monde via la Banque mondiale et le FMI, qui s'est si promptement mobilisée lors de la première guerre du Golfe, n'a pas en quarante ans imposé la présence de Casques Bleus, n'a même jamais évoqué la potentialité d'une telle intervention. Comment la Communauté Européenne a-t-elle accepté d'obéir au blocus infligé aux malheureux Gazaouis. Qui empêche l'acheminement de vivres, le parachutage si nécessaire. Comment avons-nous pu accumuler des dons pour le Tsunami au delà même des besoins et rien pour les martyrs de ces enclaves ?
Je sais, je fais la bête, la naïve. Nous assistons impuissants à une nouvelle (ultime ?) hystérie des faucons israéliens soutenus avant son départ (enfin!) par ce calamiteux gouvernement bushique. Dernier feu d'artifice avant de remiser l'attirail ? Il est certain que le monde entier attend d'Obama qu'il adopte une attitude de retrait. Stop war, please, Mister Président! Soyez le premier président américain à introduire dans votre pays et ainsi dans l'orientation spirituelle du monde le dégoût des armes, l'interdit absolu du meurtre sous quelque prétexte. Soyez celui qui donnera à l'Organisation des Nations Unies la latitude de porter haut sa mission et ses buts.
Organisez une armée de dissuasion formée d'un mur vivant de volontaires de la paix. Nous avons un droit d'ingérence absolu ! Ça fait soixante ans que la question israélo -palestinienne nous empoisonne. Créons une fédération de deux Etats, contraints, sous contrôle international de vivre en paix. Et ceux qui ne pourraient le supporter seront priés de s'exiler. Cela semble plus juste que la situation actuelle qui force ceux qui souhaitent vivre normalement à s'extirper de ce bourbier, exportant par là même la haine et le ressentiment.
Oui, oui, naïf ce discours et pourtant il faudra bien que cela advienne et le plus tôt possible.

vendredi 9 janvier 2009

Vagabonder avec Chantal Thomas

Découverte de Chantal Thomas. Je ne m'étais jamais intéressé à cette auteure. Je ne sais pourquoi, elle me semblait appartenir à une catégorie de grande bourgeoise, lettrée certes, mais ennuyeuse. Je découvre une personne avec laquelle je partage des expériences proches : l'océan atlantique et le bonheur de la plage, la mort brutale du père l'année du bac, la transplantation de provinciale à Paris, le plaisir des cafés et même une passion amoureuse pour un homme fascinant mais alcoolique.(Les cafés de la mémoire, Seuil 2008). Je me réjouis du vagabondage comme méthode, de ce collage d'exégèses d'auteurs aimés, de méditation sur l'art de vivre et d'anecdotes tirées de l'expérience d'une vie sans cesse en recherche d'elle-même. J'admire la détermination qui a tenu C T à distance des pièges ordinaires qui réduisent, voire pulvérisent la cavale de la liberté. Seule elle se souhaitait, seule elle est demeurée et on ne trouve trace d'aucun regret. Au contraire, elle traduit sur le mode jubilatoire l'extrême sérénité que confère le commerce avec soi-même lorsqu'il n'est pas vécu comme la punition infligée par le sort mais une victoire gagnée au quotidien pour déjouer ce que la doxa tente de nous faire accroire : la solitude, une tare d'asocial. "Autour de nous, tout tend à nous persuader que la solitude est un handicap, une tare. Une vaste littérature mièvre, débilitante, des tonnes de romans photos entretiennent l'attente de la Rencontre avec Celui ou Celle qui va survenir et changer votre existence". (Chemins de sable, Seuil, Points Essais 2008). A rebours elle appartient au nombre restreint des amoureux du tête-à-tête avec soi-même.
"Etre avec moi-même me plaît. Cette connivence intime ne laisse pas de place à l'ennui. J'ai toujours cru qu'au commencement de l'existence chacun forme avec soi-même une monade idéale, sur laquelle viendront se greffer par la suite des rencontres avec des personnes et des lieux. (...) J'ai une préférence pour les conversations de hasard, les échanges anonymes, entre des "je" incertains, mais résolus à ne pas se fondre dans un groupe.
Elle insiste sur la difficulté pour une femme à faire admettre que sa solitude est librement consentie, y compris lorsque l'amour aurait pu l'incliner à se "fondre" dans la fameuse dyade. "En dépit du mythe platonicien, je ne croyais pas être une moitié en mal de son complément. je refusais confusément toute perspective de dépendance et donc de manque plus ou moins latent dès qu'on aime"
Il est vrai aussi que si on a l'ambition de se consacrer assez exclusivement à l'écriture, par exemple, il est préférable d'éloigner les tâches chronophages au nombre desquelles élever des enfants est un paroxysme. "Rien mieux que l'écriture ne s'accorde au passage, à la non installation. Il suffit de rien pour écrire, d'un coin de table et du fil du temps", d'une chambre à soi et de quelques livres de rente disait Virginia Woolf, mais surtout de temps dédié, de temps inexpugnable .
L'écriture de Chantal Thomas est une perfusion d'optimisme et de plaisir à vivre même lorsqu'elle aborde les thèmes de la douleur (Souffrir, Manuels Payot 2003). "on manque aussi, en voulant se dérober à des souffrances inévitables, le lien essentiel qui unit le courage d'affronter la douleur à l'évènement de la joie, à la seule possibilité d'un rapport au monde entièrement vivant".

jeudi 8 janvier 2009

Bouffes de neige

Neige et verglas. Longue plainte recueillie par les médias de tous ces coincés, contraints d'immobiliser leur véhicule et de dormir dans des abris de fortune. Personne, jamais, ne se réjouit d'un peu d'aventure survenue, de l'excellent prétexte pour abandonner sa routine, de l'occasion fortuite et néanmoins délicieuse de prendre langue avec des inconnus et qui sait de rencontrer sinon l'âme sœur (qui croit encore à cette fable ?) du moins une pétillante et troublante apparition, même fugace, relançant un brin le manège libidinal. Tout est désormais vécu sur le versant tragique. Alors que, à part la mort des SDF tout le reste est dérisoire. Il est quasi indécent d'étaler ces minuscules misères quand on sait qu'ailleurs des êtres sont déchiquetés, affamés, terrorisés. Et les cris d'orfraie des pauvres chéris qui se gèlent un peu le cul entre Aix et Marseille, ça me donne le goût de filer des baffes. Je hais les journalistes et les crétins qui se prêtent à cette gabegie de verbiage. Mais je hais plus encore les fous furieux des deux bords qui ont relancé la machine de guerre, là-bas, du côté du Mont des Oliviers. Je n'ai plus envie de signer quelque pétition que ce soit. Marre! Ceux qui actionnent les rockets et les obus s'en foutent totalement. Je ne veux pas participer davantage à ce rituel : ils s'entretuent, nous nous indignons and so what ?

dimanche 4 janvier 2009

Un ludion nommé Agnès


Agnès s'appelait Arlette, son prénom lui déplaisait, elle en changea. Avant de devenir la Varda, la fille de la Nouvelle Vague, qui gagnait un début de renommée comme cinéaste avec Cléo de 5 à 7, un de ces petits films faits avec trois sous et qui firent le tour du monde. Agnès a quatre vingts balais et s'offre à cette occasion une sorte d'Amarcord à la Varda, aussi drôle et fantaisiste, qui met bout à bout ses souvenirs et son présent avec pour seul fil directeur la grâce de sa photographie, la magie de ses collages et un commentaire sans complaisance pour sa vieillesse (elle se promène en lisière d'un défilé protestataire en arborant une petite pancarte où on peut lire "J'ai mal partout"). Comme elle a été la photographe des années Vilar à Avignon, du temps de Gérard Philippe, Avignon lui a proposé d'organiser une rétrospective en 2007, elle nous fait partager un des rares moments de profonde nostalgie lorsqu'elle dépose des boutons de roses et de bégonias en hommage à tous ses chers disparus. Sinon elle est bien vivante, lovée dans le ventre de la baleine,(un hommage à Bachelard dont elle a eu le bonheur de suivre les cours à la Sorbonne) elle chemine avec et à côté des images dont elle nous livre une abondante moisson entre celles de ses films passés et celles tournées sur ses plages en France ou en Californie où elle revient sur Mur Murs ou rend un bel hommage à un couple de ses amis avec une pointe d'envie, vieillir ensemble, c'était leur projet à Jacquot de Nantes et Agnès .
On visite un peu son royaume rue Daguerre. C'est un souvenir pour moi aussi. Lorsqu'elle préparait son film "L'une chante, l'autre pas", mon amie Pomme et moi avions été photographiées par Agnès et nous figurons ainsi au générique, au titre des portraits de femmes tristes que le photographe suicidaire (dans le film) affichait en vitrine. Ce portrait je n'en avais pas de copie. Mon fils l'a récupéré il y a peu de temps en le repiquant grâce à l'outil magique du net. Nous avions en effet pris l'air le plus sinistre mais nous sommes tout de même dans la splendeur de nos vingt ans.
Les plages d'Agnès ce sont des immuables, le temps n'y a pas de prise. L'eau et le sable ne vieillissent pas eux. Et les films ? Ils vieillissent si on s'en tient à la forme des coiffures, la marque des voitures, le vocabulaire, le ton des voix. Mais ce qu'ils gardent en eux d'incorruptible, c'est la force du désir qui animait leur créateur. Agnès réussit à sauver même les morts-nés en disposant la pellicule telle une toile de tente où la lumière joue au travers du visage de Catherine Deneuve et Michel Picolli ("les créatures"), puisqu'elle a ajouté à ses multiples talents celui de plasticienne.
Ce film n'est pas une autobiographie même s'il nous donne à connaître la mère, les sœurs, les enfants, les petits enfants d'Agnès V, il est une promenade dans un labyrinthe dont nous reconnaissons quelques coursives, dont nous découvrons des pans entiers de perspectives et que nous empruntons à la suite d'une sorte de ludion qui monte et descend sur les vagues de son imagination, n'en fait qu'à sa tête, mélange allègrement les noms, les dates et les références. Etourdissant et délicieux.
Me revient en mémoire le bras d'honneur que le grand-père de Fellini faisait à la mort dans Amarcord. Agnès pour ses quatre vingts balais fait un joli pied de nez à la vieillesse.

Pour aller à la rencontre d'Agnès Varda
http://www.cine-tamaris.com/

Et pour lire une analyse pertinente (comme toujours) Mona Chollet


vendredi 2 janvier 2009

Tribus de l'Omo

http://akwaba-africa.blogspot.com/2008/03/tribus-de-lomo-par-hans-sylvester.html

Sur ce site (dont on retrouve le lien ci-contre) on peut contempler des oeuvres d'art éphémères, les peintures corporelles que réalisent quotidiennement les membres d'une tribu située en Ethiopie
"Au confins de l'Ethiopie , du Kenya et du Soudan la basse vallée de l'Omo est encore un monde perdu . Située dns la basse vallée du Rift , là où fut trouvée Lucy, cette contrée demeure l'une des plus sauvages d'Afrique . Ni esclavage ni colonisation n'ont atteint ces tribus semi nomades qui n'ont connu la "civilisation"qu'à travers des guerres et ses trafics d'armes . La kalachnikov semble être leur seul "bien".
Hélas, c'est par le pire que la "civilisation" les rejoint. Prendre le temps de découvrir ces merveilles puisque nous ne savons plus consacrer le nôtre à la création et à la beauté éphémères.

jeudi 1 janvier 2009

Les noces du Che et de Sainte Utopie

Que disent les augures sur la nouvelle ? Année pourrie ? La bourse, les banques, les braques, tout fout le camp?
J'ai clôturé la précédente en assistant à la projection en avant-première du "Che, l'Argentin" (le film ) proposée par Utopia Toulouse. Ca flingue beaucoup ! Idéal de mecs qui en ont, des "cojones". Et il en fallait. Pas seulement pour se battre contre l'armée de Battista mais pour clamer haut et fort que l'Oncle Sam était le responsable de ces dictatures tortionnaires qui infestaient l'Amérique du Sud, au Panama, au Vénézuela, en Bolivie, à peu près partout dans ces années 50. Comme il n'a pas été possible de les mettre au pas, à genoux, (dans le film, le Che remercie le délégué américain des Nations Unies pour l'épisode de la Baie des cochons, le meilleur moyen de souder un peuple), cinquante ans de blocus imposé par les Etats Unis, appliqué par les "démocraties européennes", le meilleur moyen de les envoyer dans les bras des Rouges . En dépit des dérives d'un régime réduit à la crispation sur une paranoïa pas seulement fantasmatique, le peuple cubain toujours debout et l'un des mieux éduqués du continent. "Ce qui ne vous tue pas vous rend fort". En revanche, il y a fort à parier que l'ouverture actuelle des frontières aux requins yankees va par effet d'instillation diffuse de l'individualisme et du consumérisme ruiner la solidarité qui lui avait permis à ce peuple de préserver son inégalable splendeur.
La Révolution cubaine avant de s'avachir et s'obscurcir avait suscité dans le monde entier l'espoir que le système mafieux qui est le jumeau de l'ombre du libéralisme, l'exécuteur de tous les coups foireux de l'Empire, allait enfin être ramené à la lumière et comme tout vampire s'y dissoudre. Espoir déçu. Trop de transfusés du démon par morsure insidieuse participent et collaborent.
Pourtant, voilà bien ce qu'il nous faudrait. Une année de dissolution de toutes les camorras et pour commencer balancer dans des bains d'acide toutes les pétoires que nos mâles ornés des fameuses cojones arborent en sautoir sur tous les théâtres du monde. Interdiction absolue des armes. Expurgation totale. A mains nues, les pugilats s'épuiseraient assez vite et auraient l'insigne avantage de laisser les non pugilistes hors champ des gnons.
Sainte Utopie, priez pour nous. Ainsi soit-elle (la nouvelle année).