dimanche 13 juin 2010

Il le dit tellement bien.


Comme je ne saurais le dire mieux, je vous livre un commentaire de Nicolaï Lo Russo qui colle parfaitement à ma situation actuelle (sauf que j'suis pas sûre d'avoir quelque chose à montrer, mais bon). Son dernier post date du 7 avril, donc y'a pas l'feu !

Bientôt je pourrai vous montrer ce que je suis en train de faire en ce moment. Ce qui m’occupe. C’est vrai que « blog » ça prend beaucoup de temps en fait. Et ça rapporte pas grand chose à part de bien aimables visiteurs (ce qui est énorme me direz-vous). C’est un peu un état d’esprit, une disponibilité (pour son propre blog et aussi celui des autres – tu visites mon blog, je visite le tien, etc.) Réflexion faite, les blogs bien achalandés sont souvent des blogs tenus par des gens qui ne travaillent pas (au sens le plus basique du terme) ; retraités, rentiers, chômeurs, célibataires sans enfants, étudiants glandouilleurs, femmes (ou hommes) au foyer, pigistes au repos, etc. Tous mes amis qui ont un travail fixe (de mettons 9h à 18h) ont, me disent-ils, « largement autre chose à penser qu’à tenir un blog ». Bon.

(...)

C’est sûr que quand on travaille, qu’on a des délais à tenir, qu’on doit faire les courses, faire un brin de sport, de ménage, se tenir au courant d’un minimum d’infos, avoir une ébauche de vie sociale hors web, eh ben un blog… comment dire, c’est pas évident – je parle d’un blog où l’écriture a un peu de tenue, où il y a quelque réflexion.

Je vais tâcher quand même de faire un effort, de m’arranger, car je vous aime bien. Et écrire en ligne me manque. Il y a quelque chose de vivant, dans l’échange éventuel, que je trouve appréciable.

Hendrix Je l'ai trouvé sur la playlist de CUL.

Encore quelques jours et je vous fais un compte rendu d'activités. Promis


dimanche 6 juin 2010

En attendant qu'elle descende de l'arbre


Nous sommes comptables de notre énergie. Nous savons calculer exactement ce qu'il nous en faut dépenser.

Nous passons beaucoup de temps à des réglages infimes, cherchant le climat adéquat pour perdurer.

Mais peut-être est-ce cette parcimonie qui finit par nous ruiner.petite racine

Illustration Méridien du sang Jean Denis Robert

Merci à eux de leur collaboration quelque peu obligée et à Sophie K qui m"a aimablement fourni sur son nouveau site le lien vers J D Robert. Strictement Confidentiel est rutilant, remis à neuf avec encore plus de tout. Du texte, de l'image, de la musique, ça vaut le détour.

Heureusement que certains s'échinent!

mardi 1 juin 2010

Prolongations



"C'était un artiste et un homme d'une conscience si sensible qu'il entendait encore là où les sourds se croyaient faussement en sûreté."Lettres à Miléna" Franz Kafka

Un site découvert aujourd'hui, à la recherche des oeuvres de Louise Bourgeois qui vient de mourir à 98 ans. Une vie bien remplie dédiée à l'Art : ses énormes araignées qu'elle appelait "maman" en hommage à la patience et à la délicatesse du travail de la fileuse et les "fillettes", énormes phallus portables. Une vieille dame indigne comme on les aime.

Et un duel Eric Zemmour, Caroline Fourest où le premier fait pitié et la seconde démontre une belle pugnacité.

Et pour ceux qui ne connaîtraient pas Didier da c'est ici.

Je ne reviens que pour repartir, une nouvelle éclipse de quelques jours.
Merci à tous ceux qui m'ont exprimé leur amitié. Ces quelques liens étaient pour vous faire patienter

A bientôt. Ne soyez pas sages.

jeudi 20 mai 2010

Interruption momentanée de nos émissions

La vie matérielle (sinon l'extase) me reproche mes longues heures passées devant l'écran.
Trop de livres piétonnent sans que je leur accorde le temps aimant qu'ils demandent.
Un voyage en perspective (début juin).
Fêtes et amis sont alignés dans l'agenda. Ça prend du temps de visiter et d'accueillir.
Aussi, je pense interrompre momentanément mon bla bla ici.
J'irais sans doute me promener chez vous, ne m'en voulez pas si je ne me manifeste pas sauf par un coucou elliptique.
Je vais examiner les effets du sevrage et qui sait, demain déjà, je ne supporterai pas.
Peut-être juste une toute petite absence, wait and see.
A bientôt

dimanche 16 mai 2010

Près de Depluloin


Je suis tellement faible (je l'étais surtout) que si je pouvais coïncider d'esprit avec qui que ce soit, je serais immédiatement subjugué et avalé par lui et entièrement sous sa dépendance; mais j'y ai l'oeil, attentif, acharné plutôt à être toujours bien exclusivement avec moi.
Grâce à cette discipline, j'ai maintenant des chances de plus en plus grandes de ne jamais coïncider avec quelque esprit que ce soit et de pouvoir circuler librement en ce monde.
Mieux! M'étant à tel point fortifié, je lancerais bien un défi au plus puissant des hommes. Que me ferait sa volonté ? Je suis devenu si aigu et circonstancié, que, m'ayant en face de lui, il n'arriverait pas à me trouver.

Henri Michaux "Lointain intérieur". L'espace du dedans. Pages choisies (1927 - 1959)

Spéciale dédicace à Dominique Chaussois alias Depluloin

Dessin Benjamin Kuhn

vendredi 14 mai 2010

"Contre la spéculation, coupez leur les bourses."




Je suis très monopolisée par un texte que je dois finaliser d'urgence. Je le fuis de temps à autre et je picore ça et là des échos du monde. En voici quelques uns. C'est de bric et de broc, en vrac.

Le Figaro se fait l'écho des protestations à l'encontre des spéculateurs. Un monde bascule en effet. Les petits requins commencent à frémir, l'avidité des grands squales menace tout le monde.

Le titre est emprunté à un des manifestants du soutien à la Grèce, organisé par ATTAC et quelques autres (500 environ) "amoureusement" bordés par le service d'ordre qui met plus de zèle à "contenir" cette petite poignée de protestataires qu'à déloger les traders douteux de leurs paradis fiscaux (quel attelage verbal!).

Le Monde publie un texte d'Yves Simon, "Visage, mappemonde de l'au-delà", dithyrambe sur l'importance de nous donner à voir les uns les autres notre fonds commun d'humanité.

Sur la même page cet appât : ISF: 75% de réduction! Investissez dans des PME françaises prometteuses et réduisez votre ISF 2010 jusqu'à 75% ! 75% ! Le problème est de déterminer quelles sont les PME prometteuses, ce qu'elles promettent, ce qu'elles tiendront et à quelle sauce elles mangeront leurs petits. L'autre question c'est l'ISF. Vous en êtes vous, de ceux à qui on "inflige cette ponction insupportable"?

Enfin une bonne nouvelle : après l'annonce de la projection à Cannes du film "Le Grand Amour" de Pierre Etaix, la ressortie officielle de l'ensemble de ses films le 7 juillet 2010, huit films restaurés (il s'agit de la première restauration d'une intégrale ), pas loin de 1000 pages de contrats pour résoudre des années d'imbroglio juridique, plus de 20 ans d'absence des films. Plus de détails ici

Dernière minute, le Chasse-clou a trois ans.
Nous ne sommes pas en mesure de vous indiquer le nombre de mots, d'images et de traits d'humour commis en son nom mais vous invitons à rendre visite à ses travellings fous.

Photo ZL

dimanche 9 mai 2010

Sauvegarder le ferment de la vie.

A la question « faut-il s'armer pour abattre le tyran », Etienne de La Boétie, démontrant à quel point il détenait le secret de sauvegarder, par-delà la glaciation des siècles, le ferment d'une vie à renaître, fournit à nos contemporains une réponse à laquelle ils ne pourront souscrire sans la mettre en œuvre aussitôt: « Nullement. Je ne veux pas que vous le poussiez ou l'ébranliez. Mais seulement, ne le soutenez plus! Et vous le verrez, comme un grand colosse à qui on a dérobé sa base, de son poids même fondre en bas et se rompre » Raoul Vaneigem, pour l'abolition de la société marchande pour une société vivante. Manuels Payot, 2002

Hyam Yared, Dany Laferrière, Marie-Christine Navarro, Balma 2010.

C'est en substance ce que nous a donné à entendre Denis Laferrière, Président d’Honneur des rencontres du livre et du vin de Balma 8 et 9 mai, au cours de la table ronde « La langue pour territoire » où il était aux côtés de Denise Desautels (Le coeur et autres mélancolies, Apogée) , Nimrod Bena Djangrand ('L'Or des rivières, Actes Sud) et Hyam Yared («Sous la tonnelle, Sabine Wespieser) . La table ronde était animée par Marie-Christine Navarro (Une femme déplacée, Fayard) .

"Qu’y a-t-il de commun entre un écrivain originaire d’Haïti, un autre du Québec, un autre encore du Liban, un autre du Tchad, sinon la langue, et singulièrement la langue française écrite ? A l’heure où un certain débat sur une prétendue « identité nationale » bat son plein, il est bon de rappeler ce que les écrivains ont à nous dire sur leur territoire, celui de l’imaginaire, par définition sans frontières, et incarné par la langue, ce patrimoine/matrimoine humain mondial."

«L’énigme du retour» est le grand roman de la maturité de Dany Laferrière. On y retrouve son personnage de l’écrivain qui ne fait apparemment rien que prendre des bains dans son appartement à Montréal. Un matin, on lui téléphone : son père vient de mourir. Son père qui, dans un parallèle saisissant, avait été exilé d’Haïti par le dictateur Papa Doc, comme le narrateur, des années plus tard, l’avait été par son fils, le non moins dictatorial Bébé Doc.

C’est l’occasion pour le narrateur d’un voyage initiatique à rebours. Partant d’abord vers le Nord, comme s’il voulait paradoxalement fuir son passé, il gagne ensuite Haïti pour les funérailles de son père. Accompagné d’un neveu – qui porte le même nom que lui –, il parcourt son île natale dans un périple doux et grave, rêveur et plein de charme, qui le mène sur les traces de son passé, de ses origines. Mais revient-on jamais chez soi ? Un roman d’une facture extrêmement originale : il est en vers libres, d’une lecture très fluide, rythmée et toute en séduction."

Ces extraits sont tirés du programme, version électronique du Salon du livre et du vin de Balma, manifestation sympathique que je fréquente chaque année. Une occasion d'y rencontrer des écrivains dont certains sont également blogueurs (je n'ai pas dit blagueurs). Je tairais ma rencontre de cette année, délicieuse, ce sera mon seul commentaire. A noter que le Salon comporte un "arbre à palabres", sous lequel une lectrice tente bravement de donner à entendre des textes dans un brouhaha de haute densité.



Donc, que nous a dit Dany Laferrière avec cet humour inimitable qui se moque avant tout de lui-même ? De mémoire, car je n'ai pas pris de notes : quand il est arrivé au Québec, il s'est demandé s'il n'allait pas préférer retourner affronter le dictateur d'Haïti plutôt que le général Hiver particulièrement féroce à Montréal. Ce sont ceux qui restent qui souffrent le plus de l'exil. Celui qui part et en l'occurence le jeune homme qu'il était, découvre de nouvelles façons d'exister dans un pays libre,(mention spéciale aux charmes des Québécoises), tandis que ceux qui sont restés (sa mère en l'occurence) vivent le quotidien médiocre des temps de glaciation démocratique, amputé de la présence de ceux qui sont partis. Il n' a jamais voulu parler d'exil pour lui-même, mais de voyage, affirmant ainsi un choix délibéré et non la contrainte liée au despote.
Cet homme professe la culture du bonheur. Nimrod surenchérit en s'étonnant que la littérature soit si souvent sur le mode de la déploration quand il faudrait s'extasier de la beauté du monde.

Denise Desautels, Nimrod Bena Djangrand

DanyLaferrière, en riant, a prétendu que la meilleure façon de résister au dictateur est de l'ignorer. Le dictateur veut, exige, que les pensées et les actes de ceux qu'il prétend gouverner soient totalement conditionnés par la révérence à sa référence. Qu'on le loue ou qu'on le haïsse, l'important est qu'il se doit d'occuper notre esprit. Or, il est possible de le réduire à néant en l'ignorant, purement et simplement.
Refuser de servir. Laferrière, digne émule de la Boétie.

Photos ZL. Leur qualité n'est pas excellente mais le lieu était mal éclairé et il était difficile de s'approcher de l'estrade.