Un ami qui me veut du bien m'a informé d'une nouvelle forfaiture de l'engeance publicitaire, baptiser la dernière des Renault du nom de Zoé
"C'est une « volonté pour les marques de jouer l'appropriation dans la sphère affective », note encore Catherine Veille, directrice de Ipsos Insight Marques. Mais si les voitures portent maintenant des prénoms, Catherine Veille nous fait remarquer qu'on observe aussi une tendance chez les consommateurs à donner aux enfants des prénoms de marques (comme par exemple Fanta, Chanel, ou Armani). Les Zoé pourront donc appeler leurs enfants Twingo ou Safrane."
Ce n'est pas parce que des tarés font un cadeau empoisonné à leur môme qu'il faut pourrir la vie de celles qui ont hérité (ou choisi dans mon cas) ce très beau prénom qui selon l'étymologie grecque signifie la vie.
L'engeance propagandiste ne recule devant aucun sacrilège, bousille la musique pour en faire des alarmes de portable, pollue les paysages urbains avec ses panneaux hideux, racoleurs, putassiers et nous bouffe les neurones pour peu qu'on s'approche des écrans, tous les écrans.
Incidemment, pendant que j'essaye de déchiffrer l'article de Rue 89, un bandeau noir et insistant vient se placer sous ma souris et affiche dés qu'on l'effleure une marque de café bien connue, puis un tigre vient se balader devant le texte, bref la pub horripilante qui met ses grosses fesses partout sans vergogne.
Je suis allée rechercher dans mes tablettes un texte publié il y a quelques années.
Le capitalisme scie la branche, le tronc même de sa prétendue cohérence. Les mécanismes du marché produisent des surplus là où on ne peut plus les absorber et créent des pénuries là où on manque de tout. Son outil idéologique, sa propagande consiste à fabriquer du désir par le biais d’informations tronquées (on ne sait rien du produit), sous des aspects falsifiés ( mise en scène hyperbolique), en exposant les états d’âme les moins reluisants. Citons la concupiscence (désirer le bien d’autrui), la forfanterie (se vanter d’exploits imaginaires), l’avarice (refuser le partage), le mépris d’autrui (ridiculiser celui qui ne peut prétendre s’offrir le gadget), le mensonge (c’est pour votre bien) sans oublier le sexisme (apparent ou en filigrane). Ce discours, en flattant les bassesses humaines tend à conforter l’individualisme comme seule parade à la multitude avide et envieuse. Il peut éventuellement doper l’acteur économique s’il parvient à se ressaisir de quelques parcelles de la profusion à laquelle il concoure, même si la progression est lente il peut accepter l’effort. Or désormais, la machine économique en refoulant les accédants à la consommation a sectionné le meilleur rouage de son théâtre.
En attendant voilà que les Zoé vont encourir les plaisanteries les plus fines sur leur carrosserie, leur retard à l'allumage (c'est une électrique qui hériterait du prénom), leur petite tenue (de route) bref toute la gamme qui va avec la dégradation publicitaire.
Il paraît qu'un père s'est élevé contre cette usurpation. J'espère que les Zoé vont protester massivement auprès de la direction de Renault qui prend déjà les précautions du conditionnel quant à la réalisation de ce projet.
J'ai déjà un vieux blues de descente vers les jours sans soleil, cette saloperie de pub ne va pas en plus mazouter la Zoie.
Dessin Iris enfant. Benjamin Kuhn
Dernière minute, en direct de Vinosse, Rosalie et pour que mon allusion soit claire
Jacques Higelin - Alertez les bébés