jeudi 15 octobre 2020

Sonate d'automne




« Nous vivons dans un monde plutôt désagréable, où non seulement les gens, mais les pouvoirs établis ont intérêt à nous communiquer des affects tristes. La tristesse, les affects tristes sont tous ceux qui diminuent notre puissance d’agir. Les pouvoirs établis ont besoin de nos tristesses pour faire de nous des esclaves. Le tyran, le prêtre, les preneurs d’âmes, ont besoin de nous persuader que la vie est dure et lourde. Les pouvoirs ont moins besoin de nous réprimer que de nous angoisser, ou, comme dit Virilio, d’administrer et d’organiser nos petites terreurs intimes. La longue plainte universelle qu’est la vie … On a beau dire « dansons », on est pas bien gai. On a beau dire « quel malheur la mort », il aurait fallu vivre pour avoir quelque chose à perdre. Les malades, de l’âme autant que du corps, ne nous lâcheront pas, vampires, tant qu’ils ne nous auront pas communiqué leur névrose et leur angoisse, leur castration bien-aimée, le ressentiment contre la vie, l’immonde contagion. Tout est affaire de sang. Ce n’est pas facile d’être un homme libre : fuir la peste, organiser les rencontres, augmenter la puissance d’agir, s’affecter de joie, multiplier les affects qui expriment un maximum d’affirmation. Faire du corps une puissance qui ne se réduit pas à l’organisme, faire de la pensée une puissance qui ne se réduit pas à la conscience. »
Gilles Deleuze. Dialogues avec Claire Parnet Paris, éditions Flammarion, 1977
 
Que dirait-il de plus actuellement ? 
Au prétexte de nous sauver du Covid, nos marionnettistes nous enferment chez nous où nous ne pouvons plus recevoir que six personnes (pourquoi six et non zéro tant qu'à faire), à condition de leur offrir le gite si par malheur les agapes durent au-delà de la permission. Toute infraction plus lourdement punie qu'un détournement de fonds publics si on examine les péripéties de certains fauteurs de trouble en la matière de ces dernières années. Il s'agit bien de nous préparer à obéir docilement à leurs injonctions incohérentes. Alors qu'on ne sait pas grand chose de cette épidémie notre leader maximo pronostique qu'elle va durer jusqu'à l'été 2021. Coucouche panier les énervés, laissez nous continuer tranquillement à démembrer ce qu'il reste de l'état social, qu'on établisse une fois pour toute une oligarchie triomphante qui s'alimente gloutonnement avec les larves que vous serez bientôt tous devenus.  Avec les moyens numériques vous êtes entre nos mains de toute façon.
 
Bon, je l'avoue, je ne suis pas bien gaie, ça doit être cette pluie incessante et l'entrée dans l'hiver. 
Allez donnons nous du courage en convoquant les courageuses.
 

7 commentaires:

Tania a dit…

Je ne ressens pas la situation ainsi, Zoë. Cette pandémie me semble très difficile à endiguer et un défi inédit pour les responsables politiques. Ce qui m'insupporte le plus, personnellement, ce sont les dramatisations et les polémiques stériles dans les médias qui entretiennent un climat de tristesse et d'anxiété. Donnons-nous plutôt du courage et prenons soin les uns des autres, oui.

Anne G a dit…

Pour ma part, globalement je suis d'accord. D'abord, oui au texte de Deleuze. D'autre part, nous sommes entre les mains des politiques et des médecins (qui ne sont pas d'accord entre eux!)
Il me semble que le monde va très mal.
Les français sont dits très râleurs, mais obéissent le doigt sur la couture du pantalon; on doit REAGIR, garder notre libre- arbitre. La santé n'est pas tout, vivre est essentiel; vivre LIBRE aussi.
Il y aurait tant à dire!

patrick verroust a dit…

La persuasion par l'injonction autoritaire est une atteinte aux libertés fondamentales , une infantilisation généralisée est en route....Ici l'ombre , un paumé parle aux paumés....
Ce commentaire doit rester covidentiel ....Un scoop , encore 2 mois et demi à tenir et Covid 19
disparaîtra pour laisser place à Covid 20....
Zoë, n'allez pas aux tropiques, ils sont tristes...

Zoë Lucider a dit…

@Tania, je comprend que vous ayez une autre analyse. Cette épidémie n'est pas pire qu'une autre. Elle fait mourir des gens, certes, mais est-ce une raison pour boucler tout le monde, notamment les jeunes qui ne semblent pas très affectés. La chérie de mon fils positive assymptomatique, qu'on laisse travailler alors qu'elle est en contact avec du public, mon fils qui la fréquente de très près, négatif. Pourquoi devraient-ils se confiner ? Je pense que ceux qui sont éventuellement à risque devraient prendre leurs précautions, les autres affronter le virus afin que la population s'immunise. Mais je ne suis pas spécialiste...
@AnneG, oui, garder notre libre arbitre. Merci de vote visite

K a dit…


Ambuance pourrie dans l'ensemble, non ?
Tellement d'incohérences, et de l'incompréhesion, et puis de l'incompétence alliée au mal qu'ils se donnent pour faire croire qu'ils maîtrisent, qu'ils assurent. Tu parles ! Je rejoins l'aspect anxiogène médiatique,je n'écoute quasiment plus, et je rejoins aussi l'idée de se tenir serrés (en faisant gaffe évidemment).
K
(ex-Interférences, au fait, "je suis devenu" Diffractions ! Si le coeur t'en dit ;-)....)

Zoë Lucider a dit…

@Patrick Verroust, vous écriviez en même temps que moi apparemment, nous nous sommes croisés. Je suis allée aux tropiques et j'y retournerais bien, les pauvres font moins la gueule que les nantis.

@K,Tenons nous serrés, ce sera moins facile de nous dissocier, de nous diffracter

patrick.verroust a dit…

Cacophonie en Zut majeur ! Le problème des gens enfermés dans une posture est qu'ils n'ont qu'une issue l'imposture gesticulante...