mercredi 8 avril 2020

Désintoxication consumériste généralisée (jour X du confinement)

 



It Only Takes One to Break the Hive Mind Crédits : Misha Gordin*

"Autant le regarder en face : les voyages à l’étranger, en Europe, en France, la plage l’été, l’après boulot en terrasse, le boulot tout court pour certains, le nouvel Iphone tous les ans, le petit ciné avec les potes, les concerts et spectacles à plus de douze dans la salle, une croisière Costa Branletta all inclusive en mer âgée avec Christophe Barbier et toute la rédaction de Valeurs Actuelles…. Tout ça c’est fini pour un moment.(...) C’est à nous de reprendre la main sur ce "monde d'après" dont seules les grandes lignes sécuritaires semblent pour le moment se dessiner. Je ne sais pas de quoi ce monde sera fait, je sais en revanche qu’il ne faut pas l’aborder sous l’angle de la peur. Si nous y entrons effrayés, nous aurons tout perdu."

Le confinement m'invite à pérégriner de façon plus régulière dans la liste des blogs (ici sur la droite). C'est ainsi que j'ai découvert que Seb Musset tient un "journal du confinement dont j'ai extrait les phrases qui précèdent. Pour ma part, c'est un exercice que je n'ai pas eu envie de faire pour une raison fort simple : je trouverais malvenu de raconter mes journées de confinement alors qu'elles diffèrent peu de mes jours ordinaires à ceci près que je ne voyage plus comme auparavant ce qui loin de me déplaire m'offre une pause bienvenue. Les aéroports et les gares sont avantageusement remplacés par "zoom" et autres moyens de communication à distance et le télétravail étant ma manière habituelle ... Un peu indécent d'étaler mes journées au soleil à cultiver mon jardin ou devant la cheminée à lire - en ce moment "Carnets" de Goliarda Sapienza - laquelle d'ailleurs retrouve avec bonheur la paix et le silence du village de Gaéta après le tourbillon usant de la vie romaine.


Gaeta

Donc à part quelques complications pour se ravitailler et l'impossibilité de voir les copains le samedi après le marché (fermé bien-sûr), la vie est vivable.
En revanche, si le virus ne m'inquiète pas trop (peut-être ai-je tort, l'avenir le dira) la tournure sécuritaire qu'a pris le visage mondial ne me dit rien qui vaille et me fout vraiment la trouille quand j'envisage ses éventuels développements. Bien-sûr que ce serait l'occasion d'envoyer à la casse les énormes bateaux de croisière qui bousillent à peu près tout sur leur passage et répandent le servage touristique sur la planète. Évidemment qu'on devrait reconsidérer l'échelle des utilités sociales et mettre au chômage les vrais inutiles (liste trop longue à détailler ici mais citons au moins, les traders, les ingénieurs en balistique meurtrière et les publicitaires pour ne rien dire de tous les pompeux "experts télévisuels). Sans conteste devrait- on accélérer la mise en place des circuits courts d'approvisionnement des produits essentiels à la vie quotidienne et cesser de fabriquer et pire d'importer les énormes quantité de gadgets qui remplissent nos poubelles. Mais qui va prendre le tranchoir pour couper les fils de ces amarres pesantes au "business as usual". Pas ceux qui en tirent des fortunes vertigineuses, des prébendes insensées, des glorioles et des hochets clinquants.
Donc c'est nous les gens de peu qui devront nous organiser pour favoriser la mise en berne de toutes ces afféteries dispendieuses et retrouver du goût pour la vie simplifiée mais luxueuse d'un temps reconquis sur l'esclavage consenti. Ne pas oublier la grande leçon de la Boétie
Chose vraiment surprenante (...) c'est de voir des millions de millions d'hommes, misérablement asservis, et soumis tête baissée, à un joug déplorable, non qu'ils soient contraints par une force majeure, mais parce qu'ils sont fascinés et, pour ainsi dire, ensorcelés par le seul nom d'un, qu'ils ne devraient redouter, puisqu'il est seul, ni chérir, puisqu'il est, envers eux tous, inhumain et cruel.
Cesser de servir le Prince et surtout de nourrir le veau d'or et récupérer les coudées franches. 
A rebours de l'intitulé de l'illustration, je pense que nous devons, au contraire être nombreux.ses à foutre en l'air le théâtre et le plus pacifiquement possible, en refusant tel l'âne obstiné de revenir dans le foutu enclos.



*Il suffit d'une personne pour briser l'esprit de la ruche 
 

8 commentaires:

patrick verroust a dit…

Zoë:

Bien votre article...Bien sur que les milliards qui, soudainement,se débloquent devraient servir non pas à relancer l'économie mais à la lancer dans une direction plus écologique tant sur les plans sociaux qu'environnementaux. Outre que les changements de paradigmes sont difficiles, que l'inertie des systèmes est grande, que l'approche est tout autant locale que globale, la sortie, si elle a lieu, de crise poussera, par un effet de psychologie de groupe, à se réfugier dans le monde d'avant...Mais il faudra essayer et pousser à la roue !
Vous avez changé ma vision "des gens de peu" :)

Dominique Hasselmann a dit…

"L'après ne sera plus comme l'avant", cette vérité de La Palice a été formulée (en résumé) par notre Chef, qui va encore nous tenir un discours à la Churchill ("blood and tears") jeudi soir, après nous avoir encouragés précédemment à lire et à... "faire du jogging".

Incapable de gérer la pénurie avec son DGS qui un jour affirme publiquement que les masques pour les personnes qui ne sont pas des "soignants" et vont dans la rue (pour s'acheter à manger, ce qui n'est pas encore interdit) sont "totalement inutiles", voilà-t-il pas que son Premier ministre, après nous avoir bassiné soudain avec le "déconfinement", prend un virage dans l'autre sens et nous laisse entrevoir (comme le ministricule des Transports hier) une période d'enfermement qui pourrait bien se poursuivre jusqu'à la fin de l'année...

Macron était mardi dernier à Pantin (on ne pouvait mieux choisir comme lieu de "déplacement dérogatoire" !) où il a provoqué un attroupement et des clameurs venus d'immeubles qu'il a longés (sans masque) en vitesse.

Décidément, la politique de ce régime (sans compter effectivement les systèmes qui vont se mettre en place pour, sous prétexte de sécurité, nous "traquer" dans les moindres de nos mouvements et caractéristiques personnelles) est "en marche" vers l'absurdité (mortifère) la plus complète.

Il y aura du boulot pour "l'après" -s'il y en a un !

Bon courage !

Dominique

Zoë Lucider a dit…

@PV Ah bon quelle vision aviez-vous donc des "gens de peu" et quelle est la nouvelle, inaugurée grâce à ce texte :-)
@DH Bon, souhaitons nous un après, quel qu'il soit, et faisons en sorte qu'il ne nous confine pas dans le désespoir.

patrick.verroust a dit…

Zoë, modeste unité dans la la masse de gens de peu . Je ne vous imaginait pas, errante, sa petite valise à la main sur un sinistre quai de gare, guettant le train qui l’emmènera vers une obscure tache dénuée de sens qu'elle part accomplir parce que les ordres sont ainsi . Zoê Lucider, son hyper-activisme, sa lucidité, ses engagements sa culture, sa vivacité, sa qualité émotionnelle, sa liberté, sa faconde...Excusez du PEU...:)

Zoë Lucider a dit…

@PV,quelle déclaration ! Merci, c'est toujours agréable un peu de baume au cœur malmené ces jours-ci par les épées de Damoclès qui nous frôlent la nuque.

patrick.verroust a dit…

Ne vous inquiétez donc pas...Je cohabite avec Moi-Même, personnage pénible qui me poursuit pire que mon ombre, il était anxieux , faisait de la bobo-logis , au point que je n'étais plus que l'ombre de Moi-Même. Je lui ai assuré (à la MAIF) que jamais, je ne l'abandonnerai, que lui et moi ne faisons qu'un, que passez de vie à trépas, ce n'est pas la mort que Diable! Que de tous ceux qui ont franchi le pas, aucun n'est revenu dire que la mort n'est pas une vie, que c'était l'occasion de tester "les cojonas verroust" Pragmatique, je lui ai fait savoir, que voyant que quelque chose cloche sur terre , le Christ a décidé de ne pas descendre pour Pâques, il y a trop de ses ouailles qui montent actuellement, les voies de Seigneur sont impénétrables avec les files d'attente, les clefs de Saint Pierre ont été remplacées par un digicode, code "Covid Ethernel". Depuis , Moi-Même radote "moi m'aime"...S'il savait , mais maintenant, il se débrouille avec Lui-Même, il ne se sent plus seul...N'y allez pas,au ciel, au 7°à la rigueur, même si Dieu en sourirait aux anges...Il vous sera bien tant d'élucider le mystère du sexe des anges, et avec les chérubins, vous risquez la pédophilie, ce qui est un point cardinal!
Vous avez en charge des engagements importants et surtout encore de bons moments à vivre.
Je vous fait, très exceptionnellement, une bise moins entêtante que le vent d'autan. Vous n'en tomberez pas folle!


Colo a dit…

Bonjour Zoé, le confinement laisse en effet plus de temps pour visiter les blogs, merci de votre visite.
Je vis également à la campagne, pas un bruit, jamais. Ça ne me change pas beaucoup donc.

Vous parlez des immenses bateaux de croisière qui sont une catastrophe, en effet; ici au port de Palma il y en a parfois 4 le même jour, chacun avec 40000 passagers. Interdits, heureusement depuis, 1 mois, mais si ce pouvait l’être pour toujours...
Alors de bonnes idées surgissent rapidement: le tourisme, principale (et presque unique) ressource de l'île étant tari, les travailleurs se sont "recyclés" dans l'agriculture qui, on vient de l'apprendre, employait des travailleurs saisonniers sud-américains, colombiens surtout.En voilà une excellente initiative. Il "ne reste qu'à" obliger les grandes surfaces à vendre local...c'est pas gagné.

Rester positifs, loin de la peur surtout.
Merci pour votre beau texte.



Zoë Lucider a dit…

@PV, ce n'est pas le vent d'autan mais le vent d'est en ce moment, plus froid. Merci

@Colo, merci d'être passée sous l'arbre. Palma est sans doute un bel endroit. Des Baléares, je ne connais qu'Ibiza où je suis passée sans vraiment m'arrêter, seulement prendre le bateau pour Formentera où je suis allée à plusieurs reprises, j'aime beaucoup cette petite île qui doit être encore plus paisible en ce moment. C'est bien la reconversion vers l'agriculture. Moi-même en ce moment je fais beaucoup de jardin. C'est très fatigant et reposant à la fois. Prenez soin de vous.