De ma fenêtre, si je lève le nez de mon livre, il m'arrive de surprendre des arc-en-ciels .
Il peut arriver aussi que quelques faisans (oui, bon, d'accord, ce sont des perdrix-rouges) récemment lâchés pour servir de butin aux viandards du dimanche, se réfugient tranquillement dans le jardin et s'y promènent peinards, pendant que les chats dorment sur les fauteuils au coin du feu.
Au coin du feu, justement je lis "Le talon de fer", de Jack London. On pourrait croire que ce texte de "politique fiction" a été écrit hier, alors qu'il date de 1908. Jack London y décrit la machine oligarchique et les moyens qu'elle se donne pour s'assurer contre la révolte ouvrière : il suffit d'acheter une partie de ceux qu'elle traite comme ses serfs en leur offrant des situations confortables ou seulement améliorées, tandis que les autres sont maintenus dans la plus misérable des conditions. Le récit de la lutte des socialistes organisés en véritable armée y compris grâce à l'infiltration des états majors de l'ennemi par des frères révolutionnaires est celui d'une femme, Avis Everhart, issue de la bonne bourgeoisie intellectuelle, séduite par Ernest Everhart, socialiste déterminé à établir un monde de justice et d'égalité en détruisant celui de la suprématie du capital sur le travail. Lorsque le manuscrit est publié, trois cents ans ont passé et cet autre monde est advenu. Si London est visionnaire, on comprend qu'il reste lucide, le meilleur des mondes n'est pas pour demain et si on l'en croit nous sommes en plein triomphe du "talon de fer". Si vous êtes de ceux qui téléchargent on trouve le texte intégral ici. Pour ma part, je l'ai lu dans la version papier ci-dessous.
" Rien n'est plus surprenant pour ceux qui considèrent les affaires humaines avec un œil philosophique que de voir la facilité avec laquelle la majorité (the many) est gouvernée par la minorité (the few) et d'observer la soumission implicite avec laquelle les hommes révoquent leurs propres sentiments et passions en faveur de leurs dirigeants. Quand nous nous demandons par quels moyens cette chose étonnante est réalisée, nous trouvons que, comme la force est toujours du côté des gouvernés, les gouvernants n'ont rien pour les soutenir que l'opinion. C'est donc sur l'opinion seule que le gouvernement est fondé et cette maxime s'étend aux gouvernements les plus despotiques et les plus militaires aussi bien qu'aux plus libres et aux plus populaires." (David Hume in Pierre Bourdieu, Méditations pascaliennes, Seuil, Collection Liber, 1997, P.213). J'ai trouvé cette citation sur un site hommage à Pierre Bourdieu. Elle est un commentaire approprié du sujet traité par London
Au nombre des livres que j'ai lu ces derniers jours se trouve "La liberté", petit opus clair et concis de Marcel Conche, philosophe conseillé par un ami et que je découvre grâce à lui. Le même (merci Francis) m'a mis sur la piste du Cinéphilo d'Ollivier Pourriol que j'ai seulement feuilleté, le réservant pour un temps moins chaotique que la période des fêtes.
Au nombre de ceux que j'ai l'intention de lire - il me faudra m'accrocher parce qu'il est touffu mais promet d'être passionnant- "Le vol de l'histoire" de Jack Goody. "A partir d'évènements qui se sont produits à son échelle provinciale (j'adore !), l'Europe a conceptualisé et fabriqué une présentation du passé toute à sa gloire et qu'elle a ensuite imposée au cours des autres civilisations".
En fait nous avons prétendu avoir inventé l'eau chaude, alors qu'elle coulait partout depuis belle lurette (c'est une métaphore bien sûr). Pour une idée plus précise voir ici
Ce n'est pas que je cherche à vous suggérer quelque cadeau de fin d'année. D'ailleurs, je préfère me les déposer moi-même dans mes petits souliers, je ne suis pas certaine qu'on y penserait pour moi.
30 commentaires:
Un peu du Sud pour Noël, mais nous y sommes vous et moi!
http://www.corradocordova.it/galleria.htm
Ollé cœurs!
les gourmands disent : merci encore !
Zoë;
Vous pouvez être cinglante y compris dans l'auto dérision . Elle est désabusée cette sentence "Je ne suis pas certaine qu'on y penserait pour moi" ...Il faut savoir donner leur chance aux "indifférents". Tout le monde, j'en suis, n'est pas capable de recevoir, c'est un défaut.
Vous avez l’œil photographe, la conclusion sur les baisers tombent à point, ce soir la bise, tant ventée est glaciale. J'attends qu'elle se réchauffe pour vous en dédier une.
Le rapprochement de votre personnalité et de "petits souliers" me fait sourire. Merci!
Superbes images; bonnes lectures au coin du feu.
Bonnes fêtes aussi. Les photos font envie... Nous n'avons retrouvé le soleil qu'hier dans la journée après une quinzaine bien humide et bien grisaillante. De quoi me rendre (presque) à nouveau grognon en ces périodes de fêtes. J'adore aussi déposer des cadeaux dans mes propres pantoufles mais ce que j'aime dans les cadeaux reçus des amis c'est qu'ils me forcent (parfois) à sortir de mes propres sentiers battus !
Le thème du roman de Jack London me branche bien ; je l'ajouterai sans doute aux multitudes de livres qu'il faudrait que je lise en 2011, si la lecture des blogs m'en laisse le temps !
Ciel, quel anonymat... Mon doigt à fourchu : "l" c'est moi !
Nous l'oublions trop souvent : de la fenêtre et de son livre, il suffit de lever les yeux pour voir glisser le monde. Bonnes lectures et bonnes fêtes.
ouh la la, que de sérieuses lectures ! trop sérieux pour moi... ;-)
je ne garderai que le début (les ciels changeants) et la fin (les bisous)
Dans le désordre je prends (puisque vous offrez) les arcs-en-ciel, les bestioles à plume (désolée, suis pas sûre que ce soit des poules faisannes) la lampe frontale qui m'est d'un grand secours sur mes sables de nuit, la gourmandise évidemment... le réveillon est terminé mais il va nous falloir "veiller et nous alerter pour l'année qui vient. Bien à vous.
aujourd'hui 25 Décembre : la nuit s'est enroulé autour du Magnolia : le cinquième jour de חנוכה se termine -
Une septième bougie
et si vous le voulez une dreydel "rose", Zoé
Des beignets sucrés ou salés -soufgania et latkès-
Si vos amis les aiment, il y en a pour tous .
merci pour la lumière -lectures , lampe ,photographies-chaleur ...
Confidence : on ne parle pas assez des roms de Hongrie et de ce qui s'annonce, alors je vais faire circuler à nouveau le roman de Lakatos Menyert .Juste comme cela, fortuitement .Qu'en pensez vous
J'ai pris aussi comme un présent les paroles de vos amis : merci à eux
Vouais ...
Et la lecture d'un livre illustré sur les animaux de nos contrées, ça te dit pas ?
Pour pas confondre perdrix rouges et faisans ...
Bonne année à vous aussi, Zoé, et merci pour votre lecture attentive de London. On devrait toujours revenir à London...
Alors à mon tour de vous souhaiter de joyeuses pâques et d'être d'accord avec Vinosse pour ce qui concerne les perdrix déguisées en faisans à cette période de l'année..
Oui Zoë, Menyert Lakatos est un livre a découvrir (chez Actes Sud)On est pas loin de Tony Gatlif et de Kusturizca
Bien à Vous,
H.Z
@pour Henri Zerdoun
"naîs"pour Tony Gatlif que je connaîs peu
Kara
si vous avez une minute passez chez moi et laissez moi un massage , moi je ne vous ai pas oublié(e)s : sissi ! 2012 sera l'année ou alors on crèvera toutes et tous à petit feu doux ! bises transversales !!!!
mon adresse , mâle adresse ou pas http://oss118.blogspot.com/
( mes cinq lettre COHIT ça s'invente pas Zoé )
Très envie d'aller projeter mon oeil dans le Jack London. Merci Zoé pour ce bouquet de lectures foisonnantes et passionnantes. Y a plus qu'à piocher... Bonnes fêtes de fin d'année.
Dites donc c'est calme et voluptueux de chez vous. Un régal de senteurs vu d'ici.
happy new year too ! voir Vincent à London au moins une fois puis mourir heureux tel l'imbécile ! ( bises sacrées à Clopine : C. j'ai filé votre film pour le festival S. Oullins 2012 , j'attends réponse ;je vous le dis ici car j'ai perdu vos coordonnées :-( )
sinon je revends mes jouets de Noël au plus offrant !
Passionnant, cette revue de bouquins que je n'aurais pas les moyens de m'acheter, ni de trouver en bibliothèques, que que de toutes façons je ne pourrais pas trouver même si j'en avais les moyens.
Jack Goody et sa "profondeur du temps et de l'histoire", meeerveilleux. Quelques bourdes quand même sans qu'il soit besoin de sortir de Saint-Cyr pour s'en apercevoir. Vite expédiés quelques uns du calibre de Braudel ou Le Goff. Ce qu'il raconte du Moyen-Âge, c'est pour rire?
L'anéantissement de l'Europe après la chute de l'empire romain (le plus incroyablement efficace et performant s'il ne fut le plus grand pas l'extension), sans aucuns doutes, mais la reprise n'attend pas mille ans, le XIIIème en marque le début, le "temps du marchand", celui de la laicisation, justement.
La"trace de feu" dont parle Moses Finley à propos des Grecs, et laissée successivement par l'Occident dans l'histoire du monde durant les quatre siècles qui suivent notre Moyen-Age, marque l'histoire de l'humanité de façon indélébile,"par de-là le bien et le mal", que ça nous plaise ou non, et ce n'est pas rien: ce sont les bases de la globalisation et d'une histoire planétaire consciente.
La "provincialisation de l'Europe" selon les gourous universitaires africains que vous affectionnez, fort bien. Le fait est qu'ils n'auraient jamais eu l'idée de provincialiser quoi que ce soit s'ils n'avaient pas eu conscience de faire partie du monde. Et sans la "trace de feu" dont parle Moses Finley, ils ne l'auraient jamais eue; ils seraient encore dans leur temps circulaire dont parlait récemment un Sarko qui ne s'est pas encore aperçu que précisément ils en sont sortis depuis un certains temps. "Trace de feu" oblige...
Floréale
@Versus, oui mais pas tout à fait ce Sud, merci pour le lien.
@JEA, et vous êtes un gourmet.
@PV,ce ne sont pas des chaussons rouges.
@manouche, merci, je répond du coin du feu.
@La Feuille, je ne suis pas aussi forte que vous pour les compte-rendus de livres.
@Gilbert Pinna. Je dois avouer que c'est une façon de regarder glisser le monde qui me va bien.
@Mâme K, tu gardes le meilleur donc.
@Frédérique, restons alertes en effet. Vous l'êtes,si j'en crois mes yeux.
@Kara, on ne parle pas assez des Roms de Hongrie, ni de beaucoup de minorités martyrisées par le monde. J'irais vous lire.
@Vinosse, tu me l'offres ? C'est juste, ce sont des perdrix, je les ai confondues parce que très souvent il y a des lâchers de faisans autour de chez moi. je n'ai pas pensé aux perdrix.
@Clopine, merci.
@HZ, je suis confuse pour mon erreur mais ravie de vous saluer sous l'arbre. Amitiés.
@Cactus hé hé, vieux chenapan, de retour? Tant mieux. Vos jeux de mots laids me manquaient et vos judicieux conseils cinéphiles itou.
@Laure K, oui c'est calme, un peu trop parfois :-)
@Floréale, un petit tour sous l'arbre pour une volée de bois vert. Je ne l'ai pas encore lu, donc...
chuis vieux chenapan c'est vrai ! sissi !
Zoë:
Ah! les chaussons rouges...de Powell
m'ont...emballé.
On peut confondre de loin une perdrix grise avec une faisanne, ou les rouges avec des pintades ... à la rigueur.
Et si Henri Zerdoun n'était pas intervenu pour soutenir ma remarque justifiée, tu m'aurais bien de nouveau assassiné, moi qui suis un genre de gibier encore plus rare ...
Ecologiste, va ...
Vinosse ! toujours au garde , avoue , rooo
JEA alors saboom ! notre histoire a fait des bons , dites , depuis !
Jacques a dit " Simon said " et Henri Zerdoun il a dit quoi ? " Vinosse , don't sud'up ! " ?
Vous avez de beaux cieux.
@Cactus, ah!ah! En forme hein ?
Vinosse padutout, j'aurais vérifié parce que j'ai une foi aveugle en ton grand savoir.
@PhA, Pas aujourd'hui, ils sont plombés.
Belle revue, et beau coin du feu (rond, le coin, en plus) :0)
Bonnes fêtes de fin d'année à toi, chère Zoë !
Ce Talon de fer demeure comme une stèle dans un paysage qui se délite.
Le feu de bois est sympa pour accompagner toute lecture (ne pas jeter les livres au feu).
Meilleurs voeux à toi !
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