mardi 19 octobre 2010

Littérature des sociétés expirantes


La maison de Balzac, rue Raynouard, Paris 16

J'ai entamé mon séjour parisien par une visite à une amie pleine de rire et nous avons mis à profit la petite heure qui nous a réunies pour nous confirmer un mutuel attachement.
Puis, j'ai honoré monsieur Balzac par une petite visite à sa chaumière située à l'époque où il l'habita (1840 à 1847) à la lisière de Paris, à la campagne donc, alors qu'elle est toute petite, perdue au milieu d'immeubles et à deux pas de l'imposante maison de la radio.



Le grand homme siégeait à ce petit bureau environné il est vrai par un petit jardin. (On sait qu'il eut d'autres demeures plus somptueuses mais pas une ne subsiste).


Voici ce qu'il écrivit qu'il aurait pu écrire de nos jours, ce qui paradoxalement est réjouissant pour le génie d'Honoré, beaucoup moins pour l'état de notre époque


Samedi, c'était manif. Juste quelques images pour le plaisir de la récurrence et cependant l'innovation.

La santé en pétard

La folie se charge du décompte impossible

Et pendant les travaux, les affaires continuent


Le soir, nous étions à La Cartoucherie, ma fillote et moi.



Une copine avait deux places à revendre pour "Tempête sous un crâne" d'après les Misérables de Victor Hugo, par la Compagnie Air de Lune. Six comédiens dont deux musiciens. Il est fondamental pour nous tout autant de garder le fil narratif de l’histoire que de garder la profusion lyrique et pathologique de certains moments de descriptions, de logorrhées. C’est dans cet esprit que la musicalité du texte et sa rythmique ont jailli. Certains passages sont mis en musique réellement à la manière de chansons, d’autres fleurtent avec le « slam » ou le « rap ». Grâce à la belle énergie des interprètes, le texte d'Hugo semblait annoncer les barricades à venir. N' y a-t-il pas quelque Gavroche qui s'est pris un tir de flash ball ces derniers temps ?

Pour le reste, nous avons goûté le plaisir de partager quelques autres bonnes choses ma fillote et moi



Je suis repartie avec le premier métro vers l'aéroport. Après tout le tohu-bohu de ces quelques jours (empilement dans les métros bondés, rues gavées de marcheurs - hurleurs, klaxons et vrombissements incessants, sans compter une chute odieuse de température), je n'étais pas fâchée de retrouver mes collines.
C'est un tel choc les couloirs du métro vides que j'ai posé mes valises, le temps d'un dernier cliché. Ne dirait-on pas un canal ?

J'ai été accompagnée dans mon périple par Monsieur le Comte au pied de la lettre que j'avais invité à me suivre en passant à La Hune. Très réconfortant ce Comte. Voilà un personnage qui bannit toute complaisance. Un paumé authentique mais qui s'en fout. Ce n'est pas un Quichotte à la longue figure. Bien qu'il puisse craindre de perdre la face (et non au figuré), il ne recule devant aucun gouffre, il ouvre des portes qui donnent sur l'envers du décor, pourchasse une quête mycologique, est capable de se reproduire par malaxage, bref ses aventures sont surtout l'occasion de jeux de lettres et de mots impayables (au sens propre, il n'ont pas de prix). Je dédie à Monsieur le Comte la piste cyclable ci-dessus qui devrait être agréable à sa bicyclette souffreteuse.

23 commentaires:

Anonyme a dit…

les couloirs du métro : des canaux où je me noie.

PhA a dit…

Je suis sûr que Monsieur Le Comte a apprécié la manifestation, il s'y connaît.
(Et merci pour son lien a même contaminé celui de la Hune.)

Anonyme a dit…

Balzac stigmatisait la perte de la religion, alors qu'aujourdh'ui on peut craindre avant tout la montée DES intégrismes...

la bacchante a dit…

A la cartoucherie, actuellement, il y a le Fol espoir du théâtre du soleil. Tu montres d'ailleurs le théâtre en photo. Je suis allée voir ce spectacle trois fois. Que du bonheur...
J'irais bien m'en refaire une petite sucée par les temps qui courent.

Zoë Lucider a dit…

@Kouki, sans bouée de sauvetage !
@PhA, merci pour la mise en garde, j'ai décontaminé (mon neurone faiblit aux heures proches du sommeil)
@Anonyme, on peut en effet
@la bacchante, oui, j'aurais dû spécifier que la photo correspond à ce spectacle et non à celui que je suis allée voir. Hélas, il n'y avait aucun espoir d'obtenir une place à l'impromptu. Trois fois ? Et prête pour une nouvelle goulée d'espoir. Tu redoubles mes regrets.

David Marsac a dit…

Quelle bonne idée d'avoir honoré Balzac de votre présence sautillante en sa bonne maison parisienne ! Je vous ai vue passer, à travers le hublot, entre autres aires de jeux, et je profite de l'occasion pour vous donner le scoop suivant. Il est ressuscité, le plus volumineux des écrivains français ! Le site des Editions Les doigts dans la prose vous le confirmeront. Si fait. Le voici parmi nous. Amusez-vous bien.

Frédérique M a dit…

Tu es une véritable parisienne, Zoé ! Mais que ne ferait-on pas pour revoir sa fillote et Paname ?

Depluloin a dit…

Ça a l'air bien de venir à Paris! Faut que je m'y mette un peu. (Ah oui! le canal, superbe photo! le hasard?)

J'ai été voisin d'Honoré pendant dix ans. Après dix ans, les jésuites - l'horrible bâtiment voisin - ont eu cet éclair de génie de nous la faire visiter cette maison - enfin! (Je dis "enfin" parce qu'elle me faisait rêver, moi, de l'autre côté de la grille!;)

Hé bé! Mais la fillote semble bonne à marier! Nan?

Zoë Lucider a dit…

@David Marsac, bienvenue sous l'arbre. J'étais aller visiter votre site, je vais donc aller vérifier l'état de fraicheur de ce bon Honoré.
@Fredaime, mais oui, j'ai vécu à Paris et j'aimais beaucoup la ville et puis je me suis lassée, j'ai eu envie d'air pur (tu connais, nous respirons à quelques lieues l'une de l'autre.
Depluloin,la photo ce n'est pas le hasard mais l'œil cher ami, roooh! Quand à fifille, elle est bonne à se régaler d'être encore jeune et libre et je l'y encourage.

Zoë Lucider a dit…

Vous me pardonnerez mes accords fautifs, je suis morte!

Sophie K. a dit…

Un bisou parigot pendant que tu dors !

patrick verroust a dit…

En 2009, je participais à un atelier d'écritures sur la mémoire des canuts juste après les mouvements de révolte en Guadeloupe .Il avait été apporté comme outils de travail des journaux de l'époque, sous Louis Philippe et Napoléon III . La similitude entre les articles de cette époque, les positions des pouvoirs publics, du patronat et les articles publiés sur les événements guadeloupéen , les déroulés des événements à un siècle et demi d'écart étaient frappants. Apparemment, rien n'a bougé. Les positions sont figées . Comme en chants liturgiques, les tenants des pouvoirs entonnent les mêmes polyphonies, des canons pour chair à canon. Une société inspirante ou simplement respirante reste une utopie.

Depluloin a dit…

Ooooh que votre fillote se régale longtemps, oui! (Non, ce que j'en disais, c'est qu'elle semble avoir le coup d'main pour ouvrir une bouteille. Important ça quand même!;)

D. Hasselmann a dit…

Ce marchand de sifflets est un pro : je l'ai vu se faire bousculer, lors d'une précédente manif, et ses instruments tous égayés sur la chaussée. Mais chacun en a ramassé quelques-uns et on lui a tous rendu son capital !

Couloirs du métro : il manque quelques canards, quand même !

Maison de Balzac : vue il y a un bout de temps, bonne idée pour y retourner... Mais je pense qu'en ce moment il n'y a pas que de la raillerie dans l'air.

Vinosse a dit…

Marchand de sifflets ???

J'croyais qu'il vendait des têtes d'ail !

Zoë Lucider a dit…

@Sofka, unbisoutoo.
@PV, la comparaison entre les deux "Petit" vient naturellement à l'esprit. Le premier a fait prospérer les boutiquiers, le second est aux ordres des affairistes. Une société explosante!
@Depluloin, sa mère l'a bien élevée.
@DH, ce n'est pas de la raillerie qu'il y a dans l'air mais une grosse colère. Quant aux canards, ils se sont planqués sous l'eau.
@Vinosse, de l'ail contre les vampires ?

Appas a dit…

En sus de Balzac, tu honores assez bien la bouteille, ce me semble. Jolie poigne.

Chr. Borhen a dit…

Ce n'est pas la Maison de Balzac qui est à deux pas de la maison de la radio : c'est le contraire.

Zoë Lucider a dit…

@Appas, la dive bouteille et moi nous nous entendons bien, hips!
@Chr B, c'est juste. La maison de Balzac est un nombril.

Sophie K. a dit…

Un p'tit coup de rouge ne serait pas de refus, soudain.
:0)

Zoë Lucider a dit…

@Sophie K, mais il ne faut pas rouler dessous la table, etc.

r1 a dit…

Merci pour la visite et bravo.
La Maison de Balzac, quand même... On pourrait en loger quelques-uns, de sans-abris, là-dedans au lieu qu'elle reste vide, comme ça.
Et la rue Raynouard m'évoque toujours le Triangle d'or, celui de Maurice Leblanc, pas d'Herbert Leonard..., quand les jardins des maisons descendaient jusqu'à la Seine.

Anonyme a dit…

Tout de même, la Maison de la radio, il y avait un peu de sens. Unique, sans doute, mais du sens.
La preuve: on a gardé l'enveloppe, comme un hôtel du XVIIe, on vire peu à peu les employés et les Chinois visitent le 115.