Spéciale dédicace à Madame de K dont la Minute encyclopédique fait place à son Salon où on se cultive dans la joie et la gaieté "dans l'esprit des salons du XVIIIème"
Une des librairies que je fréquente propose un étalage d'ouvrages bradés que je ne manque jamais de visiter. J'ai glané ainsi le "Dictionnaire des onomatopées françaises" de Charles Nodier paru en 1808 augmenté en 1828, jamais réédité depuis. " Rêves de langage" selon la quatrième de couverture, "c'est un ouvrage unique. Il a le charme et la subtilité des contes". Les Editions Trans-Europe-Repress l'ont remis en circulation avec une préface (très savante) d'une centaine de pages d'Henri Meschonnic intitulée "La nature dans la voix".
Deux extraits du dictionnaire, pour le plaisir de leur actualité vive.
"CAQUETAGE, se prend par extension, comme caqueter, pour signifier l'action d'un causeur intolérable qui s'épuise en vaines paroles. Linguet s'en est servi à l'occasion du fameux chancelier de l'Hôpi tal. "Aucun ministre dit-il, ne fit jamais convoquer autant de grandes assemblées; mais satisfait d'y étaler une éloquence prolixe et toujours maladroite, il les laissait toutes dégénérer en cohues tumultueuses ou en caquetages scandaleux dont l'unique résultat étoit de constater la frivolité et l'impuissance du gouvernement".
"CLINQUANT. Clinquant s'est dit, au sens propre, , d'une feuille de métal si fine et si légère, qu'elle se froisse sous les doigts avec un petit cliquetis aigre dont son nom est formé; et parce que ces feuilles, à cause de leur ténuité, ont ordinairement plus d'éclat que de valeur, on les prend figurément pour les choses d'un prix médiocre qui ont une apparence brillante, comme dans ces vers de Boileau
Tous les jours à la cour un sot de qualité
Peut juger de travers avec impunité,
A Malherbe, à Racan préférer Théophile,
Et le clinquant du Tasse à tout l'or de Virgile.
Les Anglois appellent le clinquant, tinsel, et cette racine tin est chez eux, comme chez nous, l'onomatopée du retentissement aigu d'un métal très sonore."
Photo ZL. "Le noyer de La Planquade, septembre 2010"