samedi 28 décembre 2024

La vie et rien d'autre

 " Il nous faut mener double vie dans nos vies, double sang dans nos cœurs, la joie avec la peine, le rire avec les ombres, deux chevaux dans le même attelage, chacun tirant de son côté, à folle allure.

Ainsi allons- nous, cavaliers sur un chemin de neige, cherchant la bonne foulée, cherchant la pensée juste, et la beauté parfois nous brûle, comme une branche basse giflant notre visage, et la beauté parfois nous mord, comme un loup merveilleux sautant à notre gorge."
Christian Bobin

Ce texte posté sur Facebook m'a été envoyé par une amie. Dois-je avouer que je n'ai pas lu Christian Bobin, poète élégiaque. On veut m’enfermer dans la cage de la mièvrerie, disait- il. Je crois en effet que c'est ainsi et à distance que je ne l'ai pas lu. Je pense réparer.

En revanche j'ai découvert une auteure italienne et lu les trois livres publiés en France d'une traite.

  


Le train des enfants : Naples, 1946. Amerigo, sept ans, quitte son quartier pour monter dans un train. Avec des milliers d'autres enfants du Sud, il traversera toute la péninsule et passera quelques mois dans une famille du Nord : une initiative du parti communiste vouée à arracher les plus jeunes à la misère après le dernier conflit mondial. Loin de ses repères, de sa mère, Antonietta, et des ruelles de Naples, Amerigo découvre une autre vie. Le livre est inspiré de faits historiques et l'auteure en même temps qu'elle décrit une réalité violente : le sud de l'Italie est misérable tandis que le Nord est prospère et le parti communiste organise le transfert des enfants pauvres auprès de familles qui s'engagent à les nourrir et les abriter. intentions vertueuses mais qui engendrent une rupture entre les enfants et leurs familles. Amerigo en l'occurrence doit renoncer à son apprentissage du violon quand il revient à Naples et vivre à nouveau la honte de la misère et souffrir de l'amertume maternelle.

Le choix : « Une fille, c’est comme une carafe : qui la casse la ramasse, dit toujours ma mère". Martorana, un petit village de la Sicile des années 1960. À quinze ans, Oliva Denaro rêve de liberté. Elle étudie le latin et aime découvrir dans le dictionnaire des mots rares qui l’aident à formuler ses pensées encore confuses. Elle aime courir à en perdre le souffle, aller à la chasse aux escargots avec son père, viser avec son lance-pierre ceux qui se moquent de son ami Saro. Aussi, quand les conventions l’obligent à se soumettre à une loi ancestrale, Oliva se rebelle et fait valoir son droit de choisir. Au risque d’en payer le prix fort.


Les merveilles: Elba porte le nom d’un fleuve : c’est sa mère qui l’a choisi. Seuls les fleuves circulent librement, lui disait-elle, avant de disparaître mystérieusement. Depuis, Elba grandit seule dans cet endroit qu’elle nomme le monde-à-moitié : un asile psychiatrique, à Naples.

C’est là qu’elle pose son regard d’enfant, sur le quotidien de cette « maison des fêlés, avec dedans plein de gens qui ressemblent à des félins », nourrissant de ses observations son Journal des maladies du mental. Jusqu’au jour où le jeune docteur Fausto Meraviglia décide de libérer les patients, comme le prévoit une loi votée quelques années plus tôt en 1978, et de prendre Elba sous son aile. Lui qui n’a jamais été un bon père apprend le poids et la force de la paternité.

Je n'en dirai pas davantage que ces résumés en ajoutant que j'ai été séduite par une écriture simple et vibrante qui traite sans avoir l'air d'y toucher de sujets graves tels que les mœurs patriarcales obligeant une femme à épouser son violeur, les inégalités Nord Sud en Italie à la fin de la guerre, le système psychiatrique et ses méthodes barbares.  

Ma copine Chris Guillon exposait au Salon Art Graulhet 







J'ai ainsi découvert des artistes locaux de grand talent. Je n'en cite que deux parce que leurs œuvres baroques ont retenu mon attention mais vous pouvez en connaître la liste en cliquant sur le lien 

Charles Moquet alias Cha Môkeur (sculpture, Lautrec 81)


Carole Petit (sculpture, Latronquière 46)

Je suis allée à Clermont Ferrand pour participer à un séminaire. De la fenêtre du train j'ai pu admirer les paysages enneigés de Haute Loire


Un peu plus tard, je partais à Cadaquès pour quelques jours. Le contraste était saisissant 

Cap de Creus






 Revisité la Maison de Dali à Portlligat. Je l'avais découverte une première fois avec mes enfants. Il y a un tel amoncellement d'objets qu'on se demande comment deux êtres humains pouvaient se mouvoir dans un tel décor,


et y recevoir autant de personnalités réputées comme en atteste le  mur de photographies composé par Gala. Gala était un génie m'a chuchoté l'accompagnatrice de la visite qui se fait par tout petit groupe. 







Terminons par une note plus triviale, cet ouvrage collectif, 24 textes et bandes dessinées abordent la masculinité par différentes portes d’entrée, comme le regard genré en tant qu’artiste, la condition d’homme racisé, le rôle du vêtement, l’utilisation des toilettes publiques en tant que personne transgenre, la gestion des hommes violents ou encore les attentes sur la taille du pénis. Avec ses fictions, autobiographies et analyses de styles variés, cet album audacieux entend passer de main en main pour apporter sa petite pierre aux débats contemporains ! (présentation de l'éditeur, Glénat)




Je n'aime pas l'expression d'homme "déconstruit" même si elle exprime bien que la virilité est une construction sociale. J'ai apprécié l'humour de ces mâles qui sont conscients des aléas des injonctions à la virilité dont ils font les frais eux aussi même s'ils reconnaissent que celles-ci sont assorties de privilèges.

Fin d'une année assez éprouvante. Que peut-on espérer de la suivante? La vie et rien d'autre