vendredi 12 février 2021

So long Chick


 Désolée, mais lui aussi je l'aimais beaucoup, même si je l'écoutais moins ces derniers temps.


Ce concert à Marciac est juste sublime. 

Si je n'y prend garde, ce blog va devenir un cimetière!!!

samedi 23 janvier 2021

Grand froid.

 Depuis quelques jours, je suis en deuil.

Jean-Pierre Bacri — Wikipédia

Je ne suis pourtant pas du genre à éplucher la presse people pour y glaner les derniers ragots sur les stars du système. Et bien depuis le 18 janvier, je cherche les articles parus, les interviews, les extraits de films consacrés à Jean Pierre Bacri. J'aimais le comédien et j'aimais la personne qui refusait les faux semblants et n'était pas dupe. Son travail d'écriture avec Agnès Jaoui prenait pour cible l'hypocrisie, de façon générale et son personnage, qu'on dépeignait trop souvent  comme le raleur, bougon, volontiers désagréable ne l'était qu'en réaction à cela : la tricherie déguisée en politesse, les bonnes manières dissimulant l'égoisme, le vernis sur la vraie brutalité. Un air de famille met en scène l'arrogance d'une vedette de la télé totalement aveugle au reste de la famille, dont Bacri est le frère modeste qui a conservé le café du paternel et entretient son vieux chien en dépit des exhortations à l'euthanasie. Bacri est malheureux, il est rogue mais c'est de lui qu'on se sent proche. Il y a souvent des fêtes prétextes dont la fausse gaieté fait mieux ressortir les vieilles rancunes et les petites misères cachées. Lui est celui qui dit qu'il est déçu, fatigué, sans illusion. Dans "le goût des autres" il fait montre naîvement  d"inculture",  il est la risée des snobs et par contraste ce sont les snobs qui sont odieux, Dans "Place publique" son dernier film -hélas-  il endosse le rôle d'un animateur de télé menacé de licenciement pour être remplacé par un plus jeune. Il ne le sait pas et se comporte de façon odieuse au cours de la fête (encore une) de pendaison de crémaillère donnée par son agente ( Léa Drucker). Après beaucoup de péripéties toutes plus drolatiques et après qu'il a appris successivement qu'il est lourdé puis qu'il est repris, il termine la soirée chantant "Osez Joséphine" et c'est émouvant . Dans les entretiens de promotion du film il dit qu'il s'agissait bien de se payer un de ces "importants " qui font leur beurre de pousser à la confidence intime des invités, pourvu qu'ils soient eux- mêmes un peu célèbres. Jabac ( le surnom qu'on donne au duo ), de grands observateurs de la société et des êtres humains dont les films recèlent une multitude de portraits que La Bruyère ne renierait pas s'il lui prenait le goût de revenir au 21 siècle. C'est la lucidité du regard qui est touchant chez Bacri, la douleur sous-jacente au rire. Au fond c'est un Alceste qui a finalement un code de conduite et de dignité incompatible avec toutes les forgeries dont le paysage médiatique est friand. Il est bien l'illustration de la fameuse formule, l'humour, la politesse du désespoir. Ils ne sont pas si nombreux ceux qui peuvent nous faire rire de notre misérable finitude sans caricature et sans vilénie. Je le regarde ironiser dans l'émission  C à vous pour la promotion du film et j'ai le coeur serré de deviner sur son visage comme je l'avais perçu dans le film les ravages de la maladie qui va l'emporter

Donc ces jours-ci je regarde au moins un film par jour pour accompagner ma tristesse et pour qu'il demeure vivant encore un peu. Agnès, j'ai le coeur lourd quand j'imagine ton chagrin.         




jeudi 31 décembre 2020

Chanter et danser en attendant la suite.


Que  nous souhaiter de mieux puisque l'avenir est par définition improbable. Chanter, danser, déguster le sel de la vie et rester optimiste en dépit de tous les prophètes de mauvais augure.

Tous mes voeux de résilience. 


Cette photo a gagné le 1er prix de "Siena International Photography Awards - Nature"
Crédit 📸 baglars_photostream

 

mardi 8 décembre 2020

Arbres, protégeons les, ce sont de purs miracles.

A une heure de ferry du port d’Athènes, se situe l’île de Aigina. L’endroit où se trouve cet arbre âgé d’environ 1 800 ans, surnommé « grand-mère »


 Il a 2000 ans, c'est un olivier, il s'intitule l'arbre pensant et il est situé dans les Pouilles en Italie

 Le pin de Bristlecone, Mathusalem, Californie 4852 ans. Il n'a plus de feuilles mais il est toujours vivant et continue sa croissance. J'espère qu'il n'a pas brulé au cours des incendies qui ont ravagé l'Etat ces dernières années  


Le plus vieil olivier français, situé à Roquebrune Cap-Martin entre 2500 et 2800 ans, les spécialistes ne sont pas tous d'accord


Le senateur, 3500 ans, 58 mètres de haut était situé dans le Big tree park en Floride. Il a été détruit accidentellement  en 2012, par une jeune femme sous stupéfiant ayant provoqué un incendie.

 

Je ne me souviens plus l'origine de cette photo, mais je la place dans cette série pour rappeler toutes les fééries de couleur que nous offrent ces robustes vivants.

 Lui, c'est un olivier,encore tout jeune. Il m'a été offert cette année pour mon anniversaire et il entame sa traversée du temps. Il devrait me survivre normalement, j'y veillerai mais qui peut prévoir l'avenir ?
 
 
 


TREES, Soichiro Tomioka, Japonais  1922 - 1994.
 
J'ajoute une vidéo qui passe en revue des arbres multicentenaires dont un qui ressemble à un animal mythologique. Merci Colo.

jeudi 3 décembre 2020

Ma sorcière bien aimée

 A une certaine époque dans ce blog, je m'étais amusée à tenir une petite chronique satirique dont voici quelques titres qu'on n'est pas obligé de consulter mais on peut..*

Pourquoi exhumer ma sorcière ? Pour rendre hommage à une sorte d'émulation: Anne Sylvestre  vient d'enfourcher son balai pour rejoindre le paradis des poètes dont elle était une fière envoyée sur terre et pour cette raison n'a été admise sous les sunlights télévisuels qu'avec circonspection. Elle s'en fichait un peu parce que ce n'était pas ce qui l'intéressait. Aux plateaux de télé elle préférait la bonne chaleur d'un public aimant qui la suivait fidèlement.

 

 


Je l'ai beaucoup écoutée à certaines époques de ma vie puis je l'ai un peu oubliée puis redécouverte. La dernière fois que j'ai eu le plaisir de l'écouter et de l'approcher (nous avons bu un verre ensemble avec d'autres après le concert), elle participait à la 1ère Edition du Festival Saison d'Elles, festival féministe  qui se déroulait les 7, 8 et 9 octobre 2016 sur la place des Pradettes à Toulouse. En grande forme, elle nous a bluffées par sa puissance (elle était âgée de 84 ans donc) et lorsque une zélée dans un silence avait soufflé la suite de la chanson, elle l'avait sèchement  rabrouée, elle n'aimait pas faire l'objet d'une quelconque allusion à son âge qui aurait entravé sa mémoire.

Depuis lundi, on retrouve sur les ondes et surtout sur les réseaux ses chansons dont celle-ci, Une sorcière comme les autres  qui m'a inspiré le titre de ce billet et qui est très connue, à juste raison.  Mais il y en a tant qui sont dans notre mémoire dont bien-sûr les fabulettes que nous avons données à entendre à nos enfants.

Vous en saurez davantage grâce à ce  très bel hommage.

Ce que je retiens de son parcours, c'est la fidèlité à  elle-même, la pugnacité, l'humour. Elle est restée vivante jusqu'au bout.

 Rajoutons l'hommage de François Morel

*Les recettes de la Sorcière du placard aux balais 14/04/ 2010 La Sorcière du placard aux balais ne prend pas de stagiaires  27/09/2010 La Sorcière écrit au Père Noyel 11 / 12 /10 LaSorcière du placard aux balais range son grenier  11/10/2010

vendredi 20 novembre 2020

Une envie furieuse de changer d'air

 


Dans les bois des Géants de Vyrnwy, au Pays de Galles, les visiteurs peuvent trouver une main tendue vers le ciel au milieu de la forêt. Cette sculpture a été réalisée par Simon O'Rourke, un artiste local.. L'oeuvre de 15 mètres de hauteur s'appelle « La main géante de Vyrnwy ». Elle a été sculptée à partir d'un arbre multicentenaire endommagé qui aurait été  abattu sans l'intervention de l'artiste.

Cette main tendue vers le ciel figure -à mes yeux- une sorte d'imploration. Sans doute mon interprétation est-elle due à cette période si confuse, si menaçante (les lois liberticides pleuvent comme à Gravelotte), si incertaine.Une main qu'on tend pour ne pas se noyer, pour ne pas mourir en l'occurrence.

J'ai lu dernièrement quelques livres qui m'ont aidé à supporter les inepties qui nous envahissent l'esprit si on n'y prend garde. J'interromps la radio dès qu'on y parle encore et encore du Covid 19.

Gloria Steinem se  raconte dans"Ma vie sur la route"*, et c'est un formidable témoignage sur les mouvements féministes et antiracistes aux Etats Unis. Elle est née dans une famille un peu bizarre avec un père qui précisément passait son temps dans sa voiture et vivait un vagabondage agrémenté de multiples métiers et inventions et une mère réduite à une forme de pauvreté et empêchée de se réaliser. Gloria se destinait à une vie "normale" mais elle voulait être journaliste et au cours d'un séjour en Inde elle rencontre la puissance des cercles de parole pratiqués par des groupes de femmes pour s'aider à trouver leurs solutions. Cette méthode deviendra pour elle un outil efficace pour les multiples campagnes qu'elle va mener toute sa vie aussi bien pour la défense du droit des femmes que des minorités.Son récit est un formidable témoignage sur les soubresauts que les Etats Unis ont connu dans la dernière partie du siècle précédent. En 1972, elle co-fonde avec la militante afro américaine   Dorothy Pitman Hughes le magazine féministe Ms. 

C'est une figure, voire une icône de la lutte des femmes pour leur liberté. Agée de 86 ans, elle est toujours active même si j'ai cru lire sur ses traits pendant sa prestation à la Grande Librairie une certaine lassitude.

Voici ce qu'elle dit en conclusion du récit de ses tribulations sur les routes.

"Ce n'est qu'à cinquante ans révolus que j'ai accepté de regarder la vérité en face : je souffrais moi aussi d'une forme d'instabilité. Je me plaignais de ne pas avoir de foyer, mais je me cachais toujours derrière ma  méfiance et mon amour de la liberté. (...) Je devais me construire un foyer si je ne voulais pas finir comme lui (son père). La maison est le symbole du moi. Prendre soin de sa maison c'est prendre soin de soi.

Peu à peu les pièces qui me servaient avant tout de bureau et de placard se sont remplies d'objets que j'étais heureuse de retrouver lorsque j'ouvrais la porte . (...) Après quelques mois passés à décorer mon nid, (...) je me suis rendue compte que j'appréciais encore plus de voyager. (...) Je peux partir parce que j'ai une maison qui m'attend . Je peux rentrer parce que je suis libre de partir. C'est l'alternance qui donne toute sa saveur à chacun de ces modes de vie. Cet équilibre est à la fois très ancien et très moderne. Nous avons besoin des deux."

Inutile de dire que je me retrouve parfaitement dans  cette analyse. Mais le confinement après m'avoir permis de me reposer de mes nombreux voyages me pèse désormais surtout en ce mois de novembre qui, heureusement nous fait la faveur de ne pas être trop rigoureux. J'avais prévu quelques échappées. Elles sont remises à on ne sait quand.

Autre lecture, totalement différente, "Vers la beauté toujours" ** un petit opus dans lequel Pascal Dessaint  livre une ode au plaisir de marcher, en montagne de préférence, pour y rencontrer la faune et la flore, se coltiner les montées et les descentes et parfois avoir la chance de contempler un des princes du ciel,  un aigle gypaète.

Pascal Dessaint nous gorge d'appelations ornithologiques, c'est un grand amoureux des oiseaux, mais aussi de l'ours dont le retour dans les Pyrénées semble enfin consolidé, Il marche avec ses amis, ses amours ou seul. . Il marche en philosophe dit-il en ne cherchant pas l'exploit, seulement le plaisir de l'effort récompensé par la beauté du monde, tellement menacée même à très haute altitude par la négligence coupable des promeneurs inconscients.  Marcher un bonheur tellement simple

Marcher, voyager, j'en ai furieusement envie.

*Ma vie sur la route: Mémoires d'une icône féministe, HarperCollins, , 416 p. (ISBN 979-1033902874) (trad. de My Life on the Road , Random House, 2015). Préface de Christiane Taubira

** Vers la beauté toujours Salamandre Pascal Dessaint EAN : 9782889583997 134 pages

Éditeur : Salamandre (03/06/2020)

dimanche 1 novembre 2020

Un monde de dingue

 

 

La lumière d'automne adoucit le confinement (Photo ZL)

 Je participe à une liste où se sont échangés des invectives enflammées à propos des événements récents. Chacun y va de son analyse. Je réagis rarement . Mais je trouvais les propos très guerriers comme d'habitude et ça m'a incité à réagir, pour une fois. Je le reproduis ci-dessous

Il me semble qu’une fois encore nous participons à la frénésie générale qui s’empare d’un acte odieux, certes, mais analysé uniquement par le prisme de cette idée de guerre larvée entre les Français de souche » (je récuse la pertinence d’un terme largement pollué par ceux qui à l’extrême droite l’ont popularisé) et la « communauté » musulmane (comme si tous les Musulmans se revendiquaient membres d’une telle communauté.  Il y a beaucoup de gens nés dans une famille dite musulmane qui sont aussi laïques que moi qui suis née dans une famille chrétienne. Ils sont fatigués qu’on leur demande de renier les leurs parce que l’un d’eux, pas même français d’ailleurs en l’occurrence, a assassiné un homme au prétexte qu’il aurait une fois de plus bafoué le Prophète. Depuis la nuit des temps il existe des assassins parmi les hommes qui trouvent pour justifier leur penchant délétère des arguments tous plus fallacieux les uns que les autres.

Appartenant à la « communauté »  des femmes je suis navrée que l’espèce soit disant si évoluée n’ait toujours pas éradiqué cette pulsion. Je déplore qu’elle s’exerce tous les jours sur des femmes (une tous les trois jours meurt sous les coups d’un mâle stupide), sur les enfants soit par meurtre ou violence ayant entraîné la mort. Les victimes ne sont pas des « héros «  qui auraient bravé les foudres islamistes, juste des innocents et par ailleurs tous les hommes ne sont pas des mâles infréquentables

On a beaucoup conspué la famille Traoré, les diverses officines de défense des racisés. Je ne vais pas les défendre ici, je serai assimilée à une islamogauchiste, un mot valise parfaitement imbécile repris à l’envi. Je voudrais simplement mettre en regard la liste des jeunes « bronzés » qui se font dézinguer en toute impunité et depuis des années. Qu’ils cultivent un certain ressentiment n’est pas vraiment étonnant. Et encore le meurtre n’est-il que la manifestation la plus grossière de la discrimination à leur encontre. Ca n’excuse pas mais ça explique. Ce qui est réconfortant c’est qu’en dépit de cette » guerre rampante » qui règne dans certains quartiers, de toutes les chicanes que rencontrent les habitants de ces ghettos, la paix sociale est à peu près maintenue malgré les discours haineux déversés par tombereaux dans des média qui ont pignon sur rue et une audience qui y trouve matière à nourrir ses propres ressentiments.  Jusqu’à quand ? Là est la question.

Nous semons la guerre à tort et à travers et nous offusquons de prendre quelques horions. Actuellement Total est en train d’expulser plus de 100 000 personnes de leurs terres en Ouganda pour y installer un énorme oléoduc. Si quelque Ougandais, pète un câble et assassine  un ingénieur, on criera au scandale.

Après le drame de Conflans qui a donné au  professeur un statut de héros, la surabondance des réactions va-t’en guerre  est la preuve même que nous ne sommes absolument pas mobilisés pour les bons motifs et personne ou presque n’a osé  remisé ce drame au rang de tous les dérangements mentaux qui arment  le bras des meurtriers. On refuse comme thèses complotistes la mise à l’index des grands ploutocrates comme les démiurges qui nous pompent l’énergie pour la déverser dans leurs comptes off shore, mais on veut nous persuader qu’à partir de leurs états majors, une poignée de psychopathes menacent nos démocraties. Nos démocraties sont surtout malades des guerres de pouvoir entre égos démesurés, de l’avidité d’une poignée de ploutocrates, de l’hubris généralisé au détriment des grands équilibres vitaux, de l’inféodation des femmes et des peuples autochtones, de la disparition de nos grands principes républicains dont la laïcité mais surtout la justice sociale et la fraternité. Bref beaucoup de causes plus sérieuses qui seront ignorées dans notre bel hexagone au profit de la chasse aux « radicalisés ».

Depuis, un cinglé "génération identitaire" a été flingué alors qu'il tentait d'assassiner un commerçant arabe à Avignon. A Nice nouvel épisode meurtrier. A Lyon c'est un prètre orthodoxe qui était visé.  Au secours ! Les fous courent en toute liberté pendant que nous sommes confinés une nouvelle fois. 

Difficile de rester sereine et gaie n'est-ce pas. 

Heureusement il  reste les livres et comme j'en ai encore beaucoup sur mes étagères qui attendent sagement leur tour, je ne serai pas en manque en dépit de cette décision absurde de fermer les librairies qui provoque une bronca inédite. Je lis actuellement un livre que je ne saurai trop conseiller.

 


 

A la fois très documenté, nourri de philosophie, de références historiques et littérataires, un encouragement à prendre le temps de vivre, . En réaction à une modernité toujours plus aliénante, l'auteur britannique nous propose un authentique traité du plaisir. 24 chapitres, un pour chaque heure de la journée, où s'élabore une véritable contre-hygiène de vie, aux antipodes des habitudes de labeur et de consommation des sociétés occidentales.   

 Un traité hédoniste bienvenu en ces temps de morosite.