lundi 21 juillet 2014

Que le temps passe vite !

Un mois déjà que je n'ai rien publié ici. Petit résumé de mes péripéties. Enfin, pas vraiment.
Suis en travaux at home. j'ai eu des dialogues échevelés avec des plombiers et des menuisiers. Ca avance mais il en reste encore à venir.
Alterné avec quelques petits passages à Paris . Il y faisait chaud (oui, je sais très rare!) et sur les quais vers la Gare d'Austerlitz que je rejoignais à pied, des gens pique niquaient et dansaient. Joli !


 
 D'une berge de Seine à une berge du Rhône à Lyon.


Dans les trains ou ailleurs, lu quelques livres. "Une enfance de rêve" de Catherine Millet. Il faut prendre le titre dans son double sens. L'enfance de Catherine M. n'a rien de paradisiaque, au contraire, elle se déroule dans une famille logée à l'étroit, dont les parents s'injurient et se battent et dont le garçon plus jeune qu'elle est sujet à des crises de violence à l'égard de sa sœur. Mais Catherine M. est protégée par une indéfectible foi en son destin et par une capacité précoce à transformer les épisodes de sa vie en récits pour ses camarades de classe. Elle passe le plus clair de son temps à lire et à rêvasser à sa vie future dont elle ne doute pas qu'elle se déroulera loin du cercle familial. Ce qu'en effet.
« On peut manquer d’un toit, d’amour, d’espoir, de tout, mais ne pas disposer des mots qui désignent la souffrance est à mes yeux le malheur extrême. Je n’éprouve jamais autant de commisération que devant un enfant malheureux qui n’a pas encore acquis complètement le langage, ou un esprit simple, prisonnier d’un registre étroit de mots dépourvus de nuance et de second degré, ou encore devant un animal dont l’attente éperdue est tout entière dans le regard. Les mots marquent la distance minimum qu’il est permis de mettre entre soi et la douleur. »  

Une enfance de rêve 

Lu également "Les désorientés" titre à double sens lui aussi. Ceux qui ont "perdu l'Orient" y reviennent pour accomplir le voeu non formulé mais implicite d'un homme qui vient de mourir. Amin Maalouf   (dont j'ai aimé Samarcande, Léon l'Africain et le dernier siècle avant Béatrice) nous transmet la force de la nostalgie des exilés, les déchirures que la guerre introduit dans les amitiés de jeunesse, celles qui semblaient devoir résister au temps. Il pose la question fondamentale commune à tout être confronté à la violence de la guerre : comment garder les mains propres et un idéal intact sans être obligé de partir. Et si on part quel droit a -t-on de juger ceux qui sont restés et ont composé avec les réalités, mêmes les plus sordides. Réunir à l'occasion de la mort de Mourad resté au pays au prix de compromissions qu'il ne lui pardonne pas, les anciens de la bande des "Byzantins" qui refaisaient le monde au cours des soirées partagées entre amis et se côtoyaient avec bonheur au sein de cette culture byzantine , c'est le défi que se donne Adam. Il  ui  revient pourtant au pays après avoir toujours refusé de le faire. Il vit à Paris et a réussi à s'y faire reconnaître comme historien.  Ce projet qui pouvait semblé improbable se réalise peu à peu et chacun de ceux qui répondent à l'appel nous livre une histoire de vie qu'il a construite selon ses aspirations mais aussi le hasard des rencontres, qui au Brésil, qui aux Etats-Unis, L'un a monté un Empire grâce aux pétrodollars, un autre s'est retiré dans un monastère. Adam consigne dans un carnet ses échanges avec ses amis. Ceux sur les tensions entre l'Orient et l'Occident résonnent particulièrement ces derniers jours où la sauvagerie est en transe à Gaza. Le roman d'Amin Maalouf, tissé de ces conversations sur  l'amitié, l'amour, le temps qui passe,  les calamités du siècle "l'islamisme et l'anti islamisme, alors que le communisme et l'anti communisme ont été celles du siècle précédent, nous aide à mieux penser le passé, le présent et le futur
«(...) plus que jamais on a besoin de fiction, parce qu’on a besoin d’imaginer un monde différent, on a besoin de sortir du monde tel qu’il est pour imaginer ce qu’il pourrait être demain, ce qu’il devrait être demain. Et ça c’est la littérature qui peut l’imaginer. Je suis persuadé que nous sommes à une époque où les problèmes sont profondément culturels. Ce qui sépare les gens, ce qui cause le plus de conflits, c’est les fossés culturels qui existent dans le monde aujourd’hui. Je pense que c’est dans et par la culture qu’on peut résoudre ce problème. La politique arrive à ses limites, l’économie arrive à ses limites, là où on a besoin de tisser des liens, de combler les fossés, c’est d’abord dans le domaine de la culture » (citation empruntée à l'article paru dans les clés du Moyen Orient ).
A aucun moment le Liban ou Beyrouth ne sont cités, mais ils sont évidemment ce "pays" de l'enfance qui a été perdu. 




Quand le temps le permet, je me poste au coucher avec un verre et quelques bricoles à grignoter et je regarde le soleil enflammer le petit lac en contrebas de ma colline. Heureusement, il y a encore des endroits où la paix est possible








mardi 17 juin 2014

Des liens qui font du bien



Lorsque Zumra Nuru explique sa façon de voir le monde, on est d’abord marqué par la déconcertante simplicité de son discours. Je vous invite à le rencontrer, il a fondé
au nord de l'Ethiopie Awra Amba une communauté basée sur les principes d'égalité et d'autosuffisance
Une vidéo montre la conception de l'égalité femme / homme au sein du couple.


Est-ce qu'il peut y avoir du commun à l'échelle de la planète ou cela n'est-il possible que dans des petites "communes".
Commun

D'accord, c'est un pavé. Mais vous pouvez écouter les auteurs Pierre Dardot et Christian Laval  vous présenter leur travail. Intéressant quand on n'est pas trop allergique à "la pensée universitaire "

Au fait, êtes-vous pauvre, êtes-vous riche ? Vérifiez  

Une pub indienne bien faite pour décourager le harcèlement.

L'Eglise de la Très Sainte Consommation  Vous ne connaissiez pas ?

C'est tout pour aujourd'hui. That's all folks

vendredi 30 mai 2014

Téoùlà?


Comme je suis très absente de ce blog et de la blogosphère en général, voici en quelques photos et quelques mots des bribes biographiques sommaires qui expliquent un peu mes intermittences
Suis allée à Rochefort, deux jours (par hasard) avant la fête de l'Hermione, bateau mythique que la ville recrée à grands frais. La frégate devrait prendre le large en 2015 vers les Amériques.













Mais Rochefort c'est aussi le Pont transbordeur du Martrou le dernier pont transbordeur encore en activité, inauguré en juillet 1900, ouvrage impressionnant, témoin de la grande époque des montages de ferrailles. Tous les autres ont été détruits ou fermés



Rochefort, c'est aussi La Corderie Royale longue de 374 mètres pour être en mesure de fabriquer des cordages d'une encablure soit 200m de long. Elle a été sauvée du dépérissement après que les Allemands l'ont incendiée dans la foulée de leur débâcle. Elle abrite désormais le Centre international de la mer.

Rochefort possède de jolies maisons bordées de roses trémières ou de buissons fleuris

Retour à Royan et son port gavé de bateaux en attente de leurs propriétaires qui reviendront au joli temps des vacances



L'eau était tentante mais bien trop froide pour aller au delà de la trempette d'orteils. J'ai ramassé quelques bois flottés qui sont allés s'échouer auprès de ma collection de figures improbables sculptées par le hasard.




Celles-ci sont restés en bonne place, sculptures éphémères dont les auteurs se sont éclipsés.

 

Par la suite j'ai poursuivi vers Caen, pour une réunion de travail. Je n'ai pas visité le mémorial. Outre que je n'ai pas grand goût pour les choses de la guerre, je n'ai fait que passer deux jours très occupés dans la cité normande non sans avoir goûté la fameuse "tourgoule", dessert à base de riz au lait.



Le centre ville a été préservé des bombardements,  Caen s'est trouvé sur le trajet des bombes du débarquement, plus de 2000 personnes en sont mortes.
Étonnant tous ces pointus non ?
Quelques jours plus tard, j'étais à Lille. Même pas eu le temps de prendre quelques photos
Au retour, je me suis posée un peu. Suis allée voir le magnifique Tabac Rouge  avec ma fillote. Enthousiasme partagé : performance des acteurs-danseurs, univers poétique, baroque, trouvaille des accessoires, du décor, métaphores du pouvoir, de l'addiction, du désir, une pure merveille !
Et hier soir Orlando King Kong Power Kintet en concert à l'espace Job, l'ex manufacture de papier à rouler reconvertie (après un long combat) en centre culturel. Aîda et Christelle en plus d'avoir un talent fou,  sont des amies, c'est dire si nous étions heureux.
Entre temps, oui j'ai voté, sans illusions et sans surprise pour le résultat. Heureusement que le monde est plus généreux que ces misérables fantoches.
J'oubliais : en passant par Paris, je suis allée voir l'expo de Martial Raysse à Beaubourg. Prolifique,étrange. et parfois prophétique.

vendredi 9 mai 2014

On nous cache tout, on nous dit rien

Les services publics moins chers et plus efficaces que le privé. Plus de détails ici 

A qui profite la dette ? 



C'est tout pour aujourd'hui et ça suffit bien, non ?

jeudi 1 mai 2014

Lisbonne en légèreté

J'étais pendant quelques jours à Lisbonne. Bien-sûr en parlant avec les gens on entend beaucoup évoquer "un terrible retour en arrière". La femme qui m'hébergeait, hôtesse de l'air de 61 ans, se plaignait de devoir continuer à travailler. Elle arrivait de New York et repartait à Luanda avec à peine un jour de repos. Elle devra poursuivre à ce rythme jusqu'à 66 ans et elle n'en pouvait plus.
En marchant dans les rues, on ne ressent pas vraiment les effets de la crise, mais je ne suis pas allée dans les quartiers vraiment touchés.
Fernando Pessoa trône à la terrasse de son café favori et les touristes se font prendre en photo un bras posé sur ses épaules. J'ai aimé que ce jeune homme lise tranquillement Steinbeck assis aux côtés de l'homme tranquille pour l'éternité.  Plus loin l'homme doré gagne sa vie suspendu et statufié.




 En fait j'avais envie de respirer et je suis allée au jardin botanique où se trouvent quelques beaux spécimens d'arbres tels ce ficus ou ce palmier invraisemblable.





J'ai encore admiré les planches décrivant le mécanisme des plantes carnivores et suis repartie vers le Tage



Bien-sûr Lisbonne venait de fêter une victoire de football (ne me demandez pas laquelle, j'ignore tout de ces choses) et quand je suis arrivée de l'aéroport ça klaxonnait à tout va. En revanche -et ma logeuse me l'a confirmé- l'anniversaire du 25 avril ne semblait pas avoir mobilisé les deniers publics, le pouvoir en place plutôt tiède sur la rétrospective. 


Un chantier imposant m'a permis de constater que tout de même le bâtiment va  et continue d'employer les hommes des anciennes colonies cependant que l'Angola devient une terre de refuge pour les jeunes Portugais. Le Portugal est à nouveau une terre dont on s'exile et qui voit partir ses jeunes, formés dans les Universités, vers des pays qui leur offrent de meilleures perspectives. Cremilde (ma logeuse) m'en a parlé les larmes aux yeux. 


Le temps était doux et les bords du Tage invitaient à la flânerie. Beaucoup d'amoureux enlacés, de copains copines sirotant   un verre en bavardant. 


Voici un selfie un peu elliptique, mes pieds en position détente pendant que je contemple les nuages, les merveilleux nuages. 

  


Je suis ensuite allée à Belem pour m'empiffrer de ses merveilleux Pasteis de nata.

Sur mon chemin j'ai rencontré un joli camion. Spéciale dédicace à Dominique Hasselmann.



Je n'ai pas vraiment ressenti les effets de la crise, croisé moins de mendiants que dans les rues de Paris, mais c'est sans doute que les Portugais sont un peuple très digne. Je conclurai donc ce billet en hommage à mes amis portugais par cette pensée de Confucius, parmi celles retenues et proposées par  Tania.



« Etre digne dans la vie privée ; diligent dans la vie publique ; loyal dans les relations humaines. Ne pas se départir de cette attitude, même parmi les Barbares. » 

samedi 26 avril 2014

La chasse est ouverte



Reçu aujourd'hui par mail un lien vers un site où est présentée la situation d'un petit môme et de sa famille (Malgaches) menacés d'expulsion. Des parents et des enseignants se mobilisent. La pétition et la mobilisation aboutissent : le Préfet accepte de revoir la décision : l'expulsion est suspendue, la peur s'éloigne, elle ne disparait pas.
Dans la même veine, on apprend que le nouveau maire UMP de Toulouse, considérant que son prédécesseur (PS) était par trop laxiste,  intime l'ordre aux officiers de l'état civil de dénoncer tout soupçon d'irrégularité dans l'état civil de futurs mariés (mariage blanc ou gris, sic)
Pas à dire, on vit une époque formidable !

  

vendredi 18 avril 2014

Consolata


On a beaucoup parlé du Rwanda ces derniers temps pour le sombre anniversaire du génocide des Tutsis. J'ai alors pensé à Consolata. Je l'avais connue en 1982 pendant mon passage à Kigali. Hébergée par un ami français attaché culturel à l'Ambassade de France, j'avais fait la connaissance de Consolata, une jeune Tutsi d'une grande beauté et d'une belle gaieté. De retour en France j'avais lu dans la presse que la femme du Président Juvénal Habyarimana, Agathe, avait décidé de faire arrêter et déporter dans des camps les femmes tutsis qui avaient eu des "relations coupables" avec des Occidentaux. Consolata en faisait partie. L'ami français, revenu entre temps en France s'est démené pour la tirer de cette mauvaise passe en repartant à Kigali et en l'épousant à l'ambassade de France. Mariage à l'insu de sa famille (il est juif d'une famille très intégriste) et mariage aussitôt suivi d'une séparation.  Ils n'avaient ni l'un ni l'autre l'intention de vivre ensemble, même s'ils sont restés les meilleurs amis du monde.
Consolata a mis un peu de temps à s'acclimater à Paris (elle détestait les escaliers roulants par exemple), mais comme elle était intelligente et possédait un excellent niveau de langue, elle a trouvé du travail et s'est mise à apprendre ... l'accordéon. Nous nous voyions de temps à autre à cette époque là, période heureuse.
En 1994, cela faisait plus de 10 ans qu'elle vivait en France.  En mai, j'avais convié mes amis à une fête pour mon départ (déménagement de toute la famille, bye bye la capitale). J'avais invité Consolata, mais elle ne vint pas. Quand je l'appelai au téléphone, une personne me dit en chuchotant que Consolata venait  d'apprendre le massacre de sa famille et qu'elle était effondrée.
Sa sœur avait échappé aux tueurs et se trouvait au Zaïre. Consolata s'est débrouillée pour lui faire parvenir un ticket d'avion à partir de Bujumbura  au Burundi. Sur la route qui la menait de Bukavu au Zaîre à l'aéroport de Bujumbura, sa sœur a trouvé la mort dans un accident de voiture.
Par la suite Consolata est retournée au Rwanda au prix de gros risques pour tenter de comprendre ce qui était arrivé.  Elle a ainsi appris que son plus jeune frère, né de père hutu avait été sauvé in extrémis et se trouvait quelque part au Zaïre. Cette fois encore, elle a réussi à le retrouver, à le faire venir en France et à l'inscrire dans un lycée. Hélas, ce jeune homme était devenu inapte à la vie civile. Sans la prévenir, il a fugué pour aller s'engager dans la Légion.
Consolata avait suivi entre-temps un cursus de logisticienne et travaillé pour certaines ONG. Son premier poste a été en Arménie et ses lettres décrivaient les affres dont elles souffrait, peu habituée au froid glacial qui régnait sous ces latitudes.
Elle partit au Tchad, au Congo. Un jour elle m'annonça qu'elle était de retour en France. Je la revis, toujours aussi calme et rayonnante en dépit de tous ces deuils. Elle allait avoir un enfant. Elle était heureuse. Les dernières nouvelles ont été pour m'apprendre que le père de l'enfant avait décidé de renoncer à sa paternité au profit de sa liberté. Qu'importe, Consolata avec sa douce gaieté me dit que l'essentiel était son fils, sa seule famille.
Elle est repartie pour le Botswana et je n'ai plus de nouvelles. J'espère qu'elle aura pu revenir au Rwanda. Je crois qu'elle souhaitait participer à la reconstruction de son pays, le plus peuplé d'Afrique, le pays aux mille collines épargné naturellement des fléaux ordinaires de l'Afrique (pas de moustiques, une température relativement douce, une terre généreuse). Il devrait pouvoir se relever de ce drame épouvantable. Il compte le taux le plus élevé d'Afrique de femmes impliquées dans le gouvernement. On peut espérer qu'ainsi le niveau de fécondité s'abaisse (la surpopulation est un des problèmes de ce petit pays) et comme la corruption (plaie des pays africains) a été maitrisée, que le taux d'alphabétisation est en constante progression, le Rwanda pourrait devenir un des pays d'Afrique où  la démocratie et la justice sociale seront des modèles pour les générations futures.

 Le film