vendredi 17 avril 2009

La terreur des fourmis

Toutes nos vies sont souterraines. Leurs affleurements sont fugaces.
Comme ces chevaux de cirque dont la peau de coton unit mal les deux êtres qui les composent, animés de deux volontés acharnées à tirer à hue et à dia, ne parvenant ni à avancer, ni à reculer, le ventre agité des remous de la lutte, nous composons ce puzzle livré en vrac à la naissance, colmatant les ruptures tandis que de nouvelles fêlures entreprennent de ruiner nos ajustements savants.
Toutes nos vies pérégrinent sous le ciel indifférent, laissant d'infimes traces, qui mettent en alerte avant tout les fourmis écrasées sous nos pas.
Rions de ce comique involontaire, puisque nous sommes impuissants à nous extraire de notre enveloppe sauf à y déchirer nos entrailles.

Pour une note optimiste, une vidéo qui circule, peut-être connaissez vous. Elle m'a été transmise par mon ami Phildo avec ce commentaire : Le printemps sera musical ! Et révolutionnaire ?

mercredi 15 avril 2009

Les belles des seigneurs

Dans l'oeuvre d'Albert, j'ai une tendresse particulière pour Mangeclous même si dans un premier temps je n'avais d'yeux que pour Solal. J'ai lu la Saga du solaire Solal et son amour fou pour la belle Ariane quand j'avais à peine vingt ans, saga tragique, il s'entend, les histoires d'amour finissent mal...
J'ai lu Mangeclous et Le livre de ma mère beaucoup plus tard. Mon époque romantique sérieusement édulcorée par les prosaïques leçons de l'ordinaire du vivre , j'ai été friande de la truculence des valeureux d'autant qu'ils me rappelaient ma Grèce chérie. Et j'ai été émue Le livre de ma mère, somptueux tribut à la mère disparue.
Cohen est un oriental, ainsi se définit-il et en effet il en a les grandeurs et hélas les limites. Lisant la biographie que Frank Médioni lui consacre je (re)découvre ce qui m'était difficile lors de mes lectures, qui me provoquait un rire étranglé, la misogynie du grand littérateur, alors même qu'il ne peut vivre sans femme, puisqu'il admet lui-même que sans elles, il n'aurait pu écrire. Sans sa mère, ses trois femmes successives, sa fille, sa fidèle secrétaire Anne-Marie Boissonnas et toutes celles qui se sont laissé subjuguer par ce grand séducteur, il n'aurait pu mener à bien une entreprise aussi colossale que la rédaction de Belle du Seigneur (trois fois recopié, remanié plus de mille pages à chaque mouture).
Après avoir terminé la lecture du livre de Médioni (Albert Cohen, Folio Biographie 2007), feuilletant Le livre de ma mère, je repense à celui que Romain Gary consacre à la sienne (La promesse de l'aube). L'un comme l'autre sont des Juifs exilés, fils uniques. Cohen connait son père mais il a un rôle secondaire dans sa vie, il le méprise, lui en veut de maltraiter sa mère. Le père et la mère de Gary se séparent quand il n'a pas dix ans. Cohen comme Gary ont affaire à des mères (juives) en totale dévotion. Ils puisent aux ressources de ces puits d'amour avec l'inconscience et l'égoïsme de petits potentats. Ils aiment leur mère mais elle leur fait un peu honte, elles détonnent au sein des univers qu'ils essaient de conquérir dans leur soif de reconnaissance et leur terrible besoin de séduire. Et puis un jour, elles meurent. Seules, terriblement seules et ce désastre que les fils n'avaient jamais vraiment envisagé est irréparable. Ce qui n'a pas été dit quand elle était vivante ne pourra jamais la rejoindre comme ultime consolation. "Elle est sous terre, une inaction, une langueur, une prostration. Dieu que tout cela est absurde. Cohen écrit pour que les fils dont la mère est vivante les aiment mieux. mais il sait que "aucun fils ne sait vraiment que sa mère mourra et tous les fils se fâchent et s'impatientent contre leurs mères, les fous si tôt punis."

Cohen comme Gary sont des tyrans domestiques. Cohen avoue un goût (souligné par Médioni) pour les scènes. Quand il reçoit il refuse que sa femme et sa fille soient présentes. Il impose une stricte observance de ses manies et de l'isolement social dans lequel il se complait, enclin à la dépression. En revanche elles sont enrôlées pour écrire sous sa dictée, reprendre inlassablement la frappe après chaque correction. Une de ses femmes (Marianne) se révoltera et ils divorceront. Pas assez soumise. Les autres accompliront ce pour quoi elles sont aimées.

Je me disais que derrière la plupart des créateurs, il y a une femme (mère, épouse, fille, voire servante, la Céleste de Marcel) qui seconde, déleste le grand homme de l'intendance afin qu'il puisse se consacrer exclusivement à son art, ce n'est pas le moindre, mais également l'encourage, le corrige, le réconforte, le stimule et l'apaise.

A contrario, les femmes créent en dépit des obstacles qui ne sont levés par personne, voire sont placés en chicane par l'homme jaloux du talent de sa compagne. Quelles exceptions confirment la règle ? On a dit par exemple que le mari d'Alexandra David Neel finançait généreusement les voyages de sa femme. En réalité elle possédait une fortune personnelle et fut soutenue par le truchement d'ambassades et de ministères.

Les couples où la femme parvient à se faire un nom ? Par le passé, la grande George Sand, phénoménale, mais Musset et Chopin néanmoins plus en postérité; Colette pillée par Willy avant de seule trouver son chemin. Sartre et Beauvoir ? Cixous /Derrida ?(Derrida a déclaré qu'Hélène était le plus grand écrivain français vivant mais lui est mort désormais). Actuellement Tzevan Todorov /Nancy Huston, Paul Auster/Siri Husdvest, et quelques autres. Si peu.
Peut-être désormais existe-t-il des couples où l'homme se dédie à l'oeuvre de sa femme pour qu'elle puisse se consacrer exclusivement à déployer son génie. Des noms !

dimanche 12 avril 2009

Le vent des blogs 8


Hugo Hachebuisson en hommage à Hugo Hackenbush, personnage de Groucho Marx dans Un jour aux courses, Bison Ravi, Agénor Bouillon, S. Culape, Adolphe Schmürz, Boriso Viana, Gédéon Molle*, nul doute que Boris Vian aurait sévi sur le Net avec des pseudos tous plus hilarants les uns que les autres.
Chez Clopine, une petite histoire autour des pseudos , l'a engagée sur une autre histoire de pseudos, nous contant à sa manière où se mêlent délicatesse et gouaille, observations fines et anecdotes brut de béton, les débuts des radios libres.
Il est vrai que l'usage de contrefaçons identitaires est l'un des charmes de cet étrange salon où l'on écrit, la blogosphère où chacun est une petite étoile qui babille dans l'infini silence des galaxies.
Au nombre de pseudos utilisés sur la RDL s'ajoutent les pseudos circonstanciels inventés pour coller au commentaire. J'avais ainsi commis un "la glaneuse des glandeurs", tant il est vrai que sur le blog de Passouline, en passant et repassant, on rencontre quelques piliers inamovibles qu'on imagine se consacrant pour tout ou partie du jour à l'exercice du commentaire.
Un évènement vécu en direct sur la RDL (République des Livres), l'accident cardiaque de Montaigne à cheval, (MàC pour les intimes) créateur par ailleurs de la RDL (République des Libres), une faction séditieuse semblerait-il, qui draine une bonne partie des abonnés d'Assouline.
On y joue à l'énigme du samedi soir, textes proposés dont il s'agit de deviner l'auteur. Ce samedi, en commentaire, nous avons eu droit en direct, après résurrection de MàC, à une Petite chronique d'Hostoland où il nous dépeint avec truculence, les péripéties d'une admission en urgence et le personnel attentionné qui "vous met une liquette réglementaire, à boutons dans le dos, comme les Saint-Simoniens de jadis... qui pensaient, ces fromages, qu'en se forçant à demander l'aide d'un autre pour se boutonner, naîtrait la fraternité..."
On retrouve couramment les mêmes et quelques autres chez Paul Edel érudit amoureux des textes, intervenaute de qualité, révéré par une cour (dont je suis), mais truffant ses textes de coquilles qui leur donnent parfois des tournures proprement hilarantes. On lui pardonne grâce au plaisir de lecture qu'il nous offre.
Au nombre des blogs dédiés à la littérature découverts ces derniers jours, celui de Sapience Malivole dont la Physionomie de ci-boire m'a inspiré ma carte postale de Samos, le Cabinet des curiosités d'Eric Poindron et entre autres ses singulières MISCELLANÉES & SPICILÈGES.

Du côté des internautes préoccupés d'actualité, carton rouge de Kamizole pour Lellouche et Lefevre, l'un regrette le temps où on pouvait régler les différends à coup de pistolet au petit matin avec deux témoins, l'ennemi ce jour là étant Mélenchon et l'autre pour son niveau élevé de productions de çonneries notamment sur le contrôle d'Internet qui lui vaut un Big Brother Award.
La loi Hadopi retoquée faute de combattants. Dans une arène désertée, envahie au dernier moment par les socialistes planqués, qui n'ont pas joué le jeu du banc vide selon Copé, la loi est renvoyée dans les cordes. Notons l'invention d'un intervenaute, le Nanocrate à l'intention du dit Copé qui prétend que les coups de pied au cul ça aide à avancer. On ne lui fait pas dire et de multiples prétendants à l'ouvrage se sont fait entendre.
Autre sujet récurrent de nos blogs favoris, la littérature est-elle oui ou non menacée. Didier Jacob propose un entretien avec Danielle Sallenave (qui vient de publier Nous, on aime pas lire, chez Gallimard, chronique de son passage dans un collège Ambition réussite à Toulon). Je conseille le commentaire fort pertinent d'un internaute dénommé Louis Steffen à qui je décerne ici-même un Big Bisou fraternel.
Concluons par une note de frivolité que me procure régulièrement Madame de K.(Qu'elle en soit ici remerciée). Cette fois elle nous fait part d'une délivrance. Enfin décomplexée de n'avoir pas lu tous les incontournables de la Litttérrrature et pourtant elle respire et pense. Immoral !

*Lire avril 2009
Photo Play it again Samos ZL

samedi 11 avril 2009

Je vous écris d'un pays lointain.


"Vous n'imaginez pas tout ce qu'il y a dans le ciel. il faut l'avoir vu pour le croire. Ainsi, tenez. les ... mais je ne vais pas vous dire leur nom tout de suite."
Malgré des airs de peser très lourd et d'occuper presque tout le ciel. ils ne pèsentpas, tout grands qu'ils sont, autant qu'un enfant nouveau-né.
Nous les appelons des nuages.
Il est vrai qu'il en sort de l'eau, mais pas en les comprimant, ni en les triturant. Ce serait inutile, tant ils en ont peu.
Mais, à condition d'occuper ,des longueurs et des longueurs, des largeurs et des largeurs, des profondeurs et des profondeurs aussi at de faire les enflés, ils arrivent à la longue à laisser tomber quelques gouttelettes d'eau, oui, d'eau. Et on est bel et bien mouillé. On s'enfuit, furieuses d'avoir été attrapées; car personne ne sait le moment où ils vont lâcher leurs gouttes; parfois ils restent des jours sans les lâcher. Et on resterait en vain chez soi à attendre."

Henri Michaux Je vous écris d'un pays lointain

Photo ZL

jeudi 9 avril 2009

Le découragement de Sisyphe

Je vous préviens, je suis d'une humeur de chien.
Lui, je l'ai rencontré ce matin, enfin pas lui mais son frère. Je circule beaucoup en voiture et le nombre de cadavres d'animaux qui jonche la chaussée est hallucinant. Comme j'ai horreur de repasser sur le monceau de boyaux éclatés, je vise savamment pour que mes roues n'en remettent pas une couche, si on peut dire. Les chiens écrasés, c'est la rubrique ou on placardise les journaleux, faute de mieux. Ca devient furieusement tendance.
Les publicistes utilisent l'image d'animaux écrasés pour vendre les véhicules de clients qui assument du coup que leurs engins ont une vocation meurtrière. Un Vespa plus rapide qu'un léopard, la preuve la bête gît avec la marque de la roue bien en travers;


le 4X4 est waterproof puisqu'il peut écrabouiller un mérou


Il y a pire les Anglais ne sont jamais en reste pour utiliser le gore

Paul Personne avait écrit un adieu aux P'tites bestioles. "La gachette frivole du nouveau roi des cons", c'est pas vendeur de 4X4.
Mes deux chiens sont morts sous les roues de sales bagnoles, dont l'une conduite par une femme complètement abrutie de tranquilisants.

De mauvaise humeur aussi parce que j'ai vu "La journée de la jupe" et que je me sens dans le plus grand des malaises.


Des Sonia (formidable Adjani), j'en ai connu, j'en connais, je travaille avec elles (oui, je m'occupe de l'éducation des petits nenfants des cités pourries, entre autres). Le film est très efficace, plutôt crédible : une enseignante pète les plombs quand un des caïds qui l'emmerde en permanence et ruine la mission de transmission des mystères de la langue française, qu'elle prend très au sérieux et ce pour des gamins qui s'en battent les c...,(sic bien sûr ) se révèle en possesssion d'un calibre. Pour lui confisquer elle s'en empare, s'en sert pour se défendre et intimer l'ordre aux gamins de la fermer, puis de suivre d'un bout à l'autre son cours sur Molière. Naturellement ça se gâte, je n'en dirai pas davantage.
Le film contient tous les ingrédients d'un excellent thriller, d'une chronique sociale, d'un mélodrame de la plus pure école réaliste. On en sort la gorge serrée, les larmes aux yeux.
Et pourtant, je reste sur cette méchante humeur. D'abord parce que la réalité décrite est hélas de la pire des actualités et que l'entassement de populations toutes stigmatisées par leur appartenance à la France du très bas, voire pas même reconnues comme partie de la communauté a permis la prolifération d'une frange de petits machos qui ne rêvent que gloire vite acquise, belles bagnoles et meufs à gogo. La prof qui prie ses élèves de comprendre que seul le savoir peut les tirer du ghetto où ils se savent croupir, comme tous les adultes armés des meilleures intentions du monde, avec leur figure d'honnête homme tout droit descendu des humanités et de l'idéal des lumières ne peuvent rien contre ce qui est illustré dans ce qui précède, à savoir ce leit motiv obsédant en clair ou en filigrane des messages publicitaires : soit le plus fort, le plus malin, écrabouille s'il le faut, mais surtout, ne reste pas dans cette position lénifiante de victime qui est l'autre face de la médaille. Pour que certains soient au pinacle, il faut que beaucoup soient en esclavage.
Mon malaise à la suite du film, c'est qu'il dit peu de choses à cet égard. Il rabat le propos sur une éducation trop coranisée, les dérives de petits machos qui filment les viols collectifs, la mise au martyr de hussards de la république souvent issus de la génération précédente d'enfants d'immigrés, il dit la barbarie des forces de l'ordre quand il s'agit d'en finir, mais il ne dit rien de ces gens qui bon an mal an essaie malgré tout de vivre dignement même si leurs enfants leur échappent.
Peut-être que ce qui me gène le plus c'est que la caillera la pire, c'est encore un Noir (comme dans "Entre les murs" même s'il fait la paire avec un Roux, et que si les constats sur la pitoyable situation des collèges est énoncée, cela reste marginal. Toute l'intensité du film est dans le délire paroxistique de Sonia / Adjani, l'attitude compréhensive, humaine, trop humaine du flic médiateur joué par Denis Podalydès. Le film peut aussi bien au premier degré flatter les pires penchants réactionnaires et c'est sans doute ce qui me fout vraiment en rogne.

Les deux morceaux de ce billet sont donc moins hétérogènes qu'ils pourraient paraître. C'est le même irrespect du vivant qui ratatine la faune et les enfants du monde, c'est l'avidité promue au rang de vertu qui contamine à un degré ou un autre les membres de l'espèce. L'homme ne nait ni bon ni mauvais, mais si sa seule issue est la barbarie, on ne voit pas comment il y échapperait.

Et comme tous ceux qui se coltinent ces réalités, je suis submergée par le découragement, celui de Sisyphe, voyant sans cesse rouler à bas le rocher qu'il a eu tant de douleur à élever au dessus du monde.

Demain, je reprends mes belles couleurs riantes et pleines d'optimisme, c'est promis

mardi 7 avril 2009

Law, Madoff, quel rapport ?


1720, écroulement de la fiction monétaire de Law. Vous vous rappelez ce banquier véreux qui avait remplacé l'or et l'argent par la monnaie de papier durant la Régence. Le Duc d'Orléans a succédé au règne de Louis XIV en attendant que le petit Louis XV ait l'âge de monter sur le trône. Pris à la gorge par les dettes, désireux de marquer son passage par le faste et les libéralités, il a cédé aux discours de Law économiste écossais, bonimenteur sans vergogne, trader avant l'invention du métier.

Après quelques années de folle spéculation grâce à la Compagnie perpétuelle (ça ne s'invente pas) des Indes, l'économie réelle frappe à la porte et « le rêve américain s'envole ». c'est la banqueroute.

Pierre Lepape y consacre un chapître de son « Pays de la littérature » (277-291). En extrait ci-dessous quelques passages constitués de citations de grands témoins de l'époque.

« On ne donne plus d'argent nulle part. écrit Barbier, on ne veut plus de billets dans le commerce, en sorte que le bourgeois est obligé de perdre la moitié de ses biens et avec l'autre moitié d'acheter tout deux tiers au-dessus de sa valeur. »

(...)

« Buvat raconte que le curé de Saint Eustache, se rendant chez l'un de ses paroissiens qui avait besoin de secours n'obtient pas réponse lorsqu'il frappe à sa porte et fait appel à un commissaire: « Lorsqu'il fut entré dans la chambre, on fut bien étonné d'y trouver le mari pendu et sa femme et ses trois enfants égorgés. Dans la pièce on trouva six sols de monnaie et pour deux cent mille livres de billets de banque que l'on disait provenir du remboursement des rentes sur l' Hôtel de Ville. » Le mirifique enrichissement de quelques-uns a ruiné des milliers de petits rentiers. »

(...)

« Saint Simon a une lecture politique de cette fantasmagorie financière.

« Ce qui hâta la culbute de la Banque et du Système fut l'inconcevable prodigalité de M. le Duc d'Orléans, qui, sans bornes, et, plus s'il se peut, sans choix, ne pouvant résister à l'importunité, jusque de ceux qu'il savait à n'en pouvoir douter lui avoir toujours été et lui être encore des plus contraires, donnait à toutes mains, plus souvent se laissait arracher par des gens qui s'en moquaient, et n'en savaient gré qu'à leur effronterie » Sa conclusion « L'on a peine à croire ce qu' on a vu, et la postérité considérera comme une fable ce que nous-mêmes nous ne nous remettons que comme un songe. »


Montesquieu publie ses Lettres Persanes à Amsterdam, en 1721. « Elles ont été écrites pendant les quelques mois qui marquent l'apothéose et la banqueroute du système. »

Voici ce qu'il fait dire à Usbek, sensible au discrédit des symboles et des valeurs qu'ils représentent. « Quel plus grand crime que celui que commet un ministre, lorsqu'il corrompt les mœurs de toute une nation, dégrade les âmes les plus généreuses ternit l'éclat des dignités, obscurcit la vertu même, et confond la plus haute naissance dans le mépris universel? » (...) Que dira la postérité, lorsqu'il lui faudra rougir de la honte de ses pères? Que dira le peuple naissant, lorsqu'il comparera le fer de ses aïeux avec l' or de ceux à qui il doit immédiatement le jour ? Je ne doute pas que les nobles ne retranchent de leurs quartiers un indigne degré de noblesse qui les déshonore, et ne laissent la génération présente dans l'affreux néant où elle s'est mise. »

Pour conclure cette recension, -toute ressemblance avec la réalité actuelle n'étant que pure coincidence, nous ne vivons pas sous la Régence, n'est-ce pas ? -, cette définition de la liberté du « Président à mortier au parlement de Bordeaux » :

La liberté pure est plutôt un état philosophique qu'un état civil. Ce qui n'empêche pas qu' il n'y ait de très bons et très mauvais gouvernements.[... ] Pour moi, je comparerais les bonnes lois à ces grands filets dans lesquels les poissons sont pris mais se croient libres, et les mauvaises à ces filets dans lesquels ils sont si serrés que d'abord, ils se croient pris »

Vous connaissez un moyen de cisailler les mailles ?

Pierre Lepape. Le pays de la littérature. Des serments de Strasbourg à l'enterrement de Sartre. Seuil 2003

Photo Monnaie de Paris

dimanche 5 avril 2009

Vent des blogs 7. Tout à l'égo, Zoë fait son coming out

Cette semaine j'ai décidé de cesser les publicités gratuites pour tous ces talents perdus dans la blogogalaxie, la flemme d'aller récupérer les textes, les liens et tout et tout. Je crois que ce vent ne soufflera désormais que tous les quinze jours ou plus, selon mon humeur. Pour être au diapason de l'époque, je vais parler de mon moi, je n'ai pas dit mouah, ne me faites pas dire n'importe couac. C'est déjà assez délicat d'arracher les voiles, je n'ai pas dit le tchador, vous avez mauvais esprit savez-vous, non je parle de cette pellicule (cessez de plaisanter), ce léger vernis (c'est agaçant) qui nous sert à tous de carapace sous laquelle nous sommes de pauvres homards en cours de mue perpétuelle (je ferme cette laborieuse métaphore).
Or donc, je vais découvrir à vos yeux extasiés, éblouis, clignotants, certaines de mes beautés, jusqu'à ce jour soigneusement planquées dans le coffre fort de l'anonymat.
Commençons par la première (oui je sais, ça va de soi). Musique

Je remercie chaudement mon ami DH de m'avoir tiré le portrait avec une délicatesse qui n'appartient qu'à lui (notez l'allusion à la perle, hein c'est subtil). Et pour vous éviter des facilités, j'en suis d'accord, je suis belle comme un camion.


Là, c'est ma fille chérie qui a saisi toute la quintescence de ma féminitude et de mon art vestimentaire. Elle était encore jeune et naïve.
Je l'ai d'ailleurs immortalisée à cet âge tendre et lui ai demandé la permission de faire usage de ce cliché (elle se destine au théâtre, elle est déjà conditionnée par anticipation au déchainement médiatique). Je lui ai dit que seule une poignée de privilégiés triés sur le volet s'égarait de temps en temps ici même, dont elle n'avait rien à craindre sinon quelque trait soi-disant spirituel.

Bien sûr nous ne sommes pas en mesure d'atteindre l'art de la tribu des Omo, je ne résiste pas au plaisir de vous les faire connaitre, ils sont comme moi, en voie de disparition. Sauf que moi, comme on peut le constater ci-dessus, un petit bout de moi restera, eux c'est moins sûr. Et je ne vous parle que de ceux là, nous sommes d'accord, parce que sinon (Bushmen, Pygmées, Inuits, Aborigènes, Crees, Ojibways, Guaranis etc. on a honte de cet etc. Si vous voyez passer sur vos écrans La terre des hommes rouges, ne manquez pas).

Ce n'est qu'un seul exemple de leur art, ne manquez pas de les découvrir, je vous ai créé une passerelle ci-après.

Dans la famille, je demande le fils, il est ici.

Elle, c'est Huguette Dubois, femme au foyer, ma grande copine, nous nous réchauffons mutuellement. Je lui confie mes joies et mes peines, elle écoute avec une patience infinie.
Pour le contraste, je n'hésite pas à vous rafraichir la mémoire, alors que la canicule va bientôt nous faire suer sang et eau. Eh oui, c'était il y a quelques mois seulement.

Et enfin, celle que vous attendez avec impatience, qui se fait attendre comme une diva, on s'apprête à applaudir : j'ai nommé Zoë

Ah, dommage, elle vient juste de tourner les talons après avoir déposé la tarte. Ne sais quand reviendra.

Les décors sont du regretté Roger Harth
Toutes les photos sont de ZL, à l'exception du camion (Dominique Hasselmann) et de la tribu de l' Omo