dimanche 28 décembre 2008

Sautons du bocal, ça chauffe!

En fouillant dans une librairie, à la recherche de tout autre chose, j'ai déniché un petit ouvrage dont la fraiche couleur verte et le titre m'ont tiré l'oeil (La grenouille qui ne savait pas qu'elle était cuite... et autres leçons de vie, Essai, Editions JC Lattès, 2005) et dont la lecture m'a mise de très bonne humeur. En voici le pitch : "Des leçons de sagesse délivrées par une grenouille, un bambou, un papillon, un poussin ou une vipère… L’auteur invite ici au voyage à travers sept métaphores porteuses de conscience, d’évolution, de changement. Un livre pareil à un fruit parfumé et juteux que l’on a envie de dévorer et dont il vous restera sept pépins, condensés de vie et de sagesse, que chacun pourra planter pour faire fructifier son jardin !".
En surfant à la recherche de la grenouille, j'ai pu constater que cet apologue avait beaucoup voyagé. Je me souvenais en effet avoir entendu parler de cette mise en garde que l'auteur développait : si on plonge une grenouille dans une eau bouillante, elle va tenter de s'extirper du sale jus; en revanche si elle est plongée dans une eau froide sous laquelle est sournoisement allumé un feu, elle s'ébat avec plaisir, puis la chaleur l'endort et elle finit par se figer, bouillie à l'insu de son plein gré. Nous nageons toujours mais sommes -nous déjà cuits ?
Comme l'auteur entretient un "scribarium" http://olivierclerc.com
je l'ai exploré et en livre ici quelques bribes en invitant à aller à la rencontre de l'auteur si affinités.

La raison a permis à l’homme de s’émanciper de ses seuls sens, qui peuvent être trompeurs, comme lorsqu’ils nous font croire à la rotation du soleil autour de la Terre. De même aujourd’hui, l’éveil de facultés complémentaires à la raison – les intelligences émotionnelles et relationnelles, la compréhension archétypale et métaphorique, l’intuition, etc. – nous permettront de nous émanciper de la prison étroite de la raison, de ce cocon mental qui menace de tous nous asphyxier à court terme, si nous ne le déchirons au plus vite.

(....)

Seule, la croyance est aveugle : d’un peignoir sur un cintre, dans l’obscurité, elle fait monstre effrayant. La croyance devient vite dangereuse, fanatique, imperméable à la critique et même aux faits, si l’on n'a pas pris très tôt l’habitude de la soumettre à un examen rigoureux.

Or le monde aujourd’hui comme hier est déchiré par les croyances, et pas seulement les croyances religieuses, même si ces dernières détiennent sans doute la palme des massacres commis en leur nom. Les croyances en matière de politique, de médecine, d’éducation, d’écologie, de sexualité, etc., divisent partout l’humanité en camps opposés qui s’affrontent verbalement ou l’arme à la main.

Combien de temps encore, allons-nous nous satisfaire de croire ?

Combien de temps encore sera-t-il mal vu de douter, de questionner, de s’interroger, dans certains domaines, de remettre en question la pensée dominante et sa tendance totalisante à devenir unique ?

Par ailleurs, je lui suis gré de proposer une interprétation juste de la part du féminin niée dans nos civilisations occidentales qui ne valorisent que l'intelligence du cerveau en minorant les intelligences émotionnelle et relationnelle. J'ajouterai que nos mœurs méprisent ce qui de fait participe de l'harmonie du monde à savoir l'entretien, du corps (le soin) et de l'environnement (dont le ménage), tâches généralement dévolues aux femmes. Enfin, dans un article sur les "tiers-monde" il rappelle que la seule acception économique est un point de vue étroit et réducteur et que si on adopte une définition de la richesse qui inclut la ressource relationnelle, ce sont les occidentaux qui se retrouvent en position de pauvres. Pauvres de nous ! Cœurs secs et à moitié cuits.

Lisons Olivier Clerc et ses leçons de vie. Antidote bien utile alors que dans la bande de Gaza, le Diable a repris son sabbat.


samedi 27 décembre 2008

Des chercheurs qui trouvent ?

Lu un article faisant état de recherches menées par une équipe du département de psychologie de l'université d'Hull en Grande Bretagne. En comparant les résultats de 35 études scientifiques portant sur l'efficacité des six principaux antidépresseurs, il s'avère qu'ils n'ont guère plus d'effet qu'un placebo sauf pour quelques graves dépressions et qu'il existe un meilleur remède : la parole. Et le gouvernement britannique de lancer un programme de formation auprès de 3600 thérapeutes pour les inciter à écouter leurs patients au lieu de leur prescrire des molécules chimiques. (Alternatives Santé, avril 2008, cité par Silence décembre 2008) On croit rêver ! Et on s'interroge sur les exploits de nos chercheurs qui consistent de plus en plus à invalider ce que d'autres s'étaient évertués à démontrer -ce qui est en soi une activité scientifique ordinaire- mais en l'occurrence pour rétablir une évidence de simple bon sens mise à mal par les arguties des vendeurs de poudre de perlimpimpin.
Me revient en mémoire une conférence fort ennuyeuse au cours de laquelle une chercheuse nous détailla ses méthodes et ses trois années consacrées à suivre des cohortes de parents afin de mettre à jour le rôle éminent de la lecture auprès des enfants pour stimuler leur désir d'apprendre à lire. En revanche, rien ne nous fut dévoilé sur les causes d'échec : des enfants gavés d'histoires lues et allergiques à la lecture, ou dyslexiques, voire les deux à la fois.
La phrase fameuse de Charles De Gaulle reprend du service "des chercheurs qui cherchent, on en trouve, des chercheurs qui trouvent, on en cherche". C'est un peu réducteur. Il s'agirait plutôt de se demander ce qu'ils cherchent et pour qui. Les chercheurs trouvent dès que les moyens leur sont donnés et s'ils ne trouvent pas ils publient pour prendre place, occuper leur rang. Simplement le paludisme intéresse moins l'industrie pharmaceutique que les effets de l'âge sur les verges et les vergetures. On n'insistera pas. Tout cela est trop connu.
Un peu de météorologie pour conclure : hier il a neigé





mercredi 24 décembre 2008

Abstracteurs de quintessence

Je viens de faire un petit tour dans la blogosphère en glissant de lien en lien. De poèmes en vidéos, de dessins en notes de musique, d'humour en humeur, quelle galerie ! Pourquoi se fatiguer désormais? La planète entière s'invite dans notre chambre. Un petit clin de clic, et nous plongeons tel l'aigle royal sur une proie ainsi capturée, consentante et roucoulante. Comme le monde devient aimable ! Tous ces archivistes désintéressés trop heureux de nous inviter à visiter leur royaume, à nous y laisser folâtrer tout à notre aise et nous ne sommes pas même obligés de récompenser le guide ni même de le saluer en entrant ou en sortant. Dommage d'ailleurs, nous aimerions parfois le croiser en chair et en os. Cela, en revanche, ne fait surtout pas partie du programme, surtout pas. Le blogger n'est pas un vulgaire meetic addict. Il ne prétend qu'à la spiritualité de ses œuvres et ne songe, en toute modestie, qu'à fonder une petite clique d'adeptes prêts à faire circuler à leur tour, de clic en clic, une nouvelle quintessence.
Attention cependant, soyons vigilants, prenons garde, le poète nous aura prévenus :
"quel dommage qu'en passant par l'alambic la pensée humaine prenne le chemin contraire à celui de l'eau de roses, et qu'à la troisième ou quatrième épuration elle se dessèche, au lieu de s'exprimer en quintessence. Musset .

dimanche 21 décembre 2008

Foireux Noël

Jamais aimé cette période. Atavisme. Mes gènes de sudiste me portent à la mélancolie dès que la lumière se fait rare. Mon dégoût de l'hystérie consumériste me martyrise à double détente : les vitrines dégoulinent d'invitations à la niaiserie et je ne peux totalement me soustraire au rituel. C'est d'autant plus pénible que j'aime beaucoup faire des cadeaux, mais à l'impromptu. C'est l'impératif qui me défrise. Je chaloupe donc entre mes paradoxes je finis toujours par aligner au pied du sapin quelques trouvailles dédiées. Je sais par avance qu'un cadeau est rarement accueilli autrement qu'avec une légère déception, il sera toujours soit trop convenu, soit trop excentrique. Vivement que les jours rallongent, le solstice d'hiver ne me vaut rien.

jeudi 18 décembre 2008

La déconfiture des arrogants

C'est formidable, je rencontre partout des articles où sont vantées les vertus de la coopération, de la solidarité, de la sobriété. Les conversions à "l'autre économie", à la régulation de l'Etat, l'invocation des mânes de Keynes fleurissent dans des cénacles où on vouait les unes et les autres aux gémonies il n'y a pas même trois mois. Ce serait à mourir de rire si on ne pressentait dans les discours opportunistes une tartufferie de première urgence, le temps de colmater, avant de repartir vers le cap du profit à tout crin. J'ai une pensée émue pour Ivan Illich et André Gorz qui ont quitté la planète avant de pouvoir assister à la déconfiture des arrogants dont ils avaient dénoncé l'immense et stupide cupidité. On ne pourrait que se réjouir de la cure d'amaigrissement infligée à la ploutocratie . Hélas, son impéritie va encore serrer d'un cran la ceinture de ceux qui crevaient dejà de faim et en augmenter les cohortes. Les autres reprendront très vite de belles couleurs.

mardi 16 décembre 2008

Méthode gandhienne

L'art de résister sans utiliser des armes enseigné et pratiqué par Gandhi progresse en se diversifiant. Il fait des émules. Ainsi ce journaliste irakien dont on ne connait que le bras ajustant son tir. Envoyer à la face de Dubbleyou une puis deux savates, vous en aviez rêvé, il l'a fait. Il risquait sa peau (la risque encore), les gardes du corps auraient pu dégainer dès le premier envoi et ne pas même lui laisser le temps de viser. S'il a manqué sa cible -W, encore suffisamment vif et sur la défensive pour esquiver- il offre un Noël savoureux à tous les humiliés du monde. Enfin une arme -le ridicule- sans effet collatéral , qui n'atteint que la cible choisie. Nous avions nos zélés entartreurs, il y a désormais les lanceurs de savates. Peu efficace contre le taser et le feu nucléaire mais bougrement actif pour requinquer la vaillance de ceux que l'Empire écrase.

dimanche 14 décembre 2008

Putain de ta race

Voilà qu'elle revient la vieille tentation de l'utiliser ce terme que les ethnologues (Lévi Strauss un des premiers), les biologistes et autres observateurs de l'humaine aventure, ont depuis déjà quelques lunes dénoncé comme arrogante billevesée des semi Albinos du Nord pour justifier leurs coutumes barbares d'assassinat, de viol et de captation, dont ils ont tiré leur soi-disant suprématie civilisationnelle et dont ils persistent à démontrer l'excellence grâce à leur génie balistique.
Il y aurait une polémique en cours. Bernard Langlois s'en mèle (Politis semaine du 11 au 18 décembre) et aurait mieux fait de s'abstenir. Défendre Eric Seymour (mouais) en appelant à la rescousse l'usage par les culs terreux d'un terme banalisé dans leur pratique, ça va pas Langlois ?
Rappelons que ce terme est utilisé pour fonder à partir de critères choisis comme discriminants (au sens de la science classificatoire) et ordonner sur une échelle de performance les unités discrètes en question. Or s'il peut être utile (encore que...) de distinguer chez les chiens les races de bergers des races de courants, chez les chevaux les percherons des alezans, les persans des siamois pour les matous, les blanches des grises pour les souris, on sait bien que derrière cette activité de classement il y a une distribution et une assignation des fonctions. Les laitières donnent des veaux et du lait, les castrés du biftek et les taureaux de "l'émotion esthétique".
Et pour les humains, les Blancs des traders, les Noirs des balayeurs, les Jaunes des ouvriers innombrables et silencieux, les Rouges les derniers primitifs pour ethnologues compatissants.
N'oublions pas la race féminine. Il n'y a pas de raison pour que le taux de mélanine ou la courbure du nez soit un caractère distinctif plus signifiant que la forme des appendices sexués. Taillable, corvéable, engrossable, castagnable à merci. Merci pour elles.
Pour ma part la race que je serai prête à flanquer dans des camps de contention pour éviter les dégâts qu'elle engendre serait celle des vieux mâles, de toutes les couleurs dès qu'imbus de leur suffisance, ils se croient autorisés à faire marcher au fouet, ceux qu'ils ont assujettis grâce notamment à ces discours pernicieux et dénués de tout fondement justifiable. Je ne les martyriserais pas; les obligerais simplement à se supporter les uns les autres et à s'autosuffir sans recourir à la kyrielle de larbins qui leur permet de dédier tout leur temps à se regarder le nombril en s'émerveillant de la délicatesse de leur dessein. Je sais, c'est violent et infaisable. C'est eux qui ont la haute main sur la mitraille. C'est même la raison qui les a portés à être si inventifs en la matière, la crainte de la révolte de leurs serfs. Puisqu'on ne peut encore leur retirer leurs jouets les plus dangereux, refusons au moins de leur permettre de continuer à prolonger leur mythologie mafieuse. Race, racialité, racisme, Merdre messieurs les Trous d'Ubu.