À l'université, mes professeurs me traitaient de dilettante, estimant dommageable pour mon intelligence de cultiver la paresse. Je plaidais coupable. Je n'ai jamais eu d'amour, mais simplement du goût pour la philosophie. Je me suis prêté à elle sans jamais m'y donner. Je potassais les auteurs officiels rarement avec plaisir, mais je me délectais de ces penseurs hors cadre, casseurs d'idéaux et de valeurs, rangés dans la rubrique «littérature », que l'on appelle les «moralistes». Ayant appris très tôt à penser dans leurs livres, je tiens depuis que philosopher ne consiste pas à enseigner à vivre ou à mourir, encore moins à nous consoler de notre finitude, mais à examiner la pertinence de notions tenues pour évidentes, à démystifier des foutaises ronflantes, à mettre un nez rouge aux idoles. En m'adonnant à ces exercices de lucidité, je ne vis pas mieux : je me divertis un peu.
Frédéric Schiffter. Philosophie sentimentale. Flammarion
Illustration : Otto Dix, Newborn Baby on Hands, 1927
"Elucider"... : tout un programme (mais ignoré par Luc Chatel).
RépondreSupprimerOtto Dix semble tout fripé (ou enchifrené ?) ce matin.
Moi c'est pareil, mais à ma manière qui est très mal acceptée par les conformistes du non conformisme .
RépondreSupprimerSans jamais avoir été à l'université où l'on enseigne les différents types d'inconfort façon Ikéa ou Roche-Bobois.
De la lucidité de Z. Lucider...
RépondreSupprimerCe bébé fait comme un chien chinois est la preuve de la lucidité de ses géniteurs quant à son avenir!
RépondreSupprimerOui... Pour moi - et pour beaucoup! - la philosophie est une discipline d'élite. Forts en thème, matheux, logiciens, sont mieux armés que les "littéraires". (J'ai vu qu'on voulait mettre en place une initiation dès la première... est-ce une si bonne idée? Peut-être...)
RépondreSupprimerBref, l'autre jour j'ai eu la surprise de voir un certain Marion (prénom?) à la télé, philosophe chrétien que je croyais définitivement hors course. Et divine surprise (!), il parlait philosophie. Au contraire de ses célèbres collègues (L'Afghanistan, les droits de l'homme, Freud, la politique...) Les invités étaient scotchés. Tout le monde découvrait ou redécouvrait la philosophie!
(Il est à vendre l'asticot là?)
Serait philosophe qui s'en défend le plus ?
RépondreSupprimerD'accord avec Pluplu, la vraie philo est passionnante. Ce sont les pontifiants récents vus à la télé qui l'ont asséchée, ce sont donc eux qu'il convient de déboulonner ou d'orner d'un nez rouge, au choix...
RépondreSupprimer:0)
(PS : Ou encore d'entarter, méthode Noël...)
RépondreSupprimer@DH,le bébé n'a pas l'air très réjoui de ce qui l'attend.
RépondreSupprimer@Vinosse, les conformistes du non conformisme ? J'entrevois.
@ le bacchante, une petite loupiote hélas.
@ anonyme, chien chinois ? pas plutôt anglais ? plissé comme un bouledogue ?
@Depluloin, un philosophe qui parle philosophie! ca alors. L'asticot est sans doute à vendre mais il coûte bonbon, hu hu.
@PhA, bien possible, vous n'en seriez pas par hasard ?
@Sophie K "entartons, entartons les pompeux cornichons".
Zoë:
RépondreSupprimerC'est systématique chez moi à Otto Dix, je mets toujours 20. Merci pour ce petit cadeau.
La lucidité est, aussi, aveuglante qu'obscure. Dans ce paradoxe là, gît l'océan des souffrances de l'humanité errante. Il nous faut choisir les moments où regarder le soleil et accepter de refermer les yeux avec dans les rétines des lucioles virevoltantes. Être lucide avec discernement, courage et intelligence pourrait être la définition d'un être honnête. La lucidité commande de savoir, aussi, se divertir. Il est pour moi un acte philosophique , très concret . Il consiste à apprendre et à s'exercer à penser ce qu'on pense.Ne boudez pas vos plaisirs, c'est trop triste et c'est mesquin.
@PV, certainement pas bouder mon plaisir! D'ailleurs je ne boude jamais, c'est puéril. Regarder danser les lucioles, c'est une belle métaphore
RépondreSupprimer"la boudeuse" peut être une belle goélette armée pour découvrir le monde avec un équipage sifflotant la chanson chantée par Tino Rossi. Elle est encalminée la "Boudeuse" à cause des manœuvres loufoques de Borloo (de ministère).Heureusement qu'il n'est pas besoin de traverser les mers pour trouver des gens aimables capables de capeler leurs vagues à l'âme.
RépondreSupprimer@PV, merci de pousser mon escarpolette.
RépondreSupprimerZoë:
RépondreSupprimerPar un heureux hasard,
J'honorais Fragonard ,
Sur une balançoire
Commença une histoire....
Il tomba des cordes
La belle s'envola
Au delà des nuées
Pas le temps de m'enrhumer
J'étais, déjà, mouché.
Oâh. Otto je suis fan.
RépondreSupprimerle divertissement est plaisant, d'autant quand il est raisonnablement
RépondreSupprimeranalysé comme "divertissant"... bref,
je te souhaite une bien belle année, je sens qu' il va falloir en rire encore plus que l'année qui nous précède, je sais pas, feeling...
:0)
La lucidité est parfois pénible ... faut faire avec
RépondreSupprimerBen, plutôt très d'accord avec tout ça. A part ça, les philosophes ne sont pas tous merdeux comme certains le prétendent, et Nietzsche n'est pas Cespédes qu'on voit partout et qui se targue d'être philosophe parce qu'il en a le diplôme en poche. Mon cousin aussi d'ailleurs. Frédéric était philologue et il s'est bien foutu dans la préface de "généalogie de la morale" de ces prétendus philosophes qui se construisaient une pensée en argumentant toujours avec Platon ou n'importe qui d'autre à l'appui.
RépondreSupprimerSinon, c'est un peu facile de dénigrer la philosophie au seul prétexte qu'on se sait soi-même pensant.
Antonio Porchia, vrai philosophe est toujours peu lu. C'est dommage passqu'il était berger.
@PV, mouché, avec des mouchoirs de fil aux couleurs d'arc-en-ciel
RépondreSupprimer@E. oah, toi aussi ?
@Laure K, pourvu que notre rire ne soit pas trop jaune...
@kouki, ah! oui, c'est pénible, bien pour ça que la plupart du temps on préfère la ouate.
@my dog tootoo; Schiffter a écrit tout un chapitre sur Nietzche qui fait partie de ses maîtres avec une toute petite poignée d'autres dont Clément Rosset. Je ne connais pas Antonio Porcha. Tu le recommandes ?
Zoë:
RépondreSupprimerMouché avec un mouchoir de fil couleur arc en ciel, c'est trop beau. Je vais avoir le nez en trompette et me prendre pour Miles Davis.
Vous qui êtes sportive puisque vous faites de l'escarpolette et en plus vous savez tout, pouvez vous m'indiquer si au bastet , mettre la main au panier est un hors jeu. Réponse pas urgente, je ne pourrais pas jouer demain, terrain glissant.
Dans le grimoire
RépondreSupprimerDe ma mémoire
Flotte
Un mouchoir
Aux fragrances,
Poivre et Ciel,
L'année expire,
Une autre cahote
Erre
Pour atterrir.
La froideur
Calendaire
Égrène
Les dernières
Heures
Petite pierre
Philosophale
Affutez
Vos leurres
Votre art
Votre regard
Touillez
Farfouillez,
Transmuez
Les trous d'air,
Les incohérences,
Les souffrances,
Les errances,
Les peines
En épaisseur
Humaine
De temps
En temps
Un bref
Instant
Le lecteur
Ébloui,
Oublie
La peur
Rit
Un gramme
D'or
Dans l'aurore,
Chasse l'effroi
Il fait moins froid
Dehors
Acceptez
Une bise
Virtuelle
Mon souhait,
Sans artifice,
Que vous en receviez
De plus chaudes,
Plus belles;
Moins artificielles!