mercredi 3 janvier 2018

Adieu à un ami arbre.

Quand on est comme moi une amie des arbres, c'est toujours douloureux d'assister à la mort de l'un d'entre eux, surtout quand il est une sorte de symbole.


"On va jusqu'aux  deux arbres", c'était la distance minimum à parcourir pour une petite promenade d'aération quand il faisait trop froid pour se risquer plus avant sur la route qui finit en impasse deux kilomètres plus loin, au bord d'un lac. Tout le long un paysage vallonné où alternent petites futaies, champs labourés ces jours-ci avant de se couvrir de blé ou de colza ou de tournesol et la ferme où s’ébattent les oies et les poules en toute liberté. Toujours, les deux arbres nous donnaient accès à une perspective au delà de leurs silhouettes placides.


Et voilà qu'il n'y en a plus qu'un, esseulé. Son jumeau a été abattu par les vents violents qui ont harcelé notre colline ces derniers jours. Il git, lamentable, ses énormes racines rompues, déchirées. L'autre a quelques branches en instance de rupture mais il a résisté. Il faut dire que les labours profonds qui creusent la terre alentour malmènent les racines et toute la tapisserie cellulaire qui leur permet de bien vivre. De sorte que je crains pour la survie de son alter ego.



Bien-sûr, au regard de tous les désastres qui ravagent la planète, c'est un tout petit malheur mais j'ai ressenti une profonde tristesse. La perte d'un ami.

lundi 1 janvier 2018

Une nouvelle année ? On reprend les mêmes ami.e.s et on continue


Trouvé en conclusion du dernier livre de Françoise Héritier paru en octobre 2017 soit un mois avant sa disparition*
"J'ai toujours rendu un culte à l'amitié. En réfléchissant bien, je pense être spontanément plus proche des femmes que des hommes. Du côté masculin, j'ai cependant deux amis à qui je peux pratiquement tout dire pour des raisons et sur des sujets différents (...) Il n'y a guère de plus grande satisfaction que celle d'avoir passé quelques heures dans une conversation à bâtons rompus , pleine de vivacité , de renversements , de tête-à-queue, de retours en arrière, de mots d'esprit, de fous rires, de mines offusquées... avec une amie. Ce sont des moments de grâce et de grande vérité; On écoute, on admire, on compatit, on se confie, on fait confiance, on s'abandonne, on rit de bon cœur, on se moque gentiment, on dit: "tu te souviens du jour où...?" C'est délicieux. Cela dure toute la vie. je ne recherche rien tant que cette simple amitié-là, sans arrières-pensée, sans chausse-trapes, sans ambiguïté, simplement parce que c'est nous et qu'on s'aime. Montaigne avait su trouver les mots justes pour le dire." 

Je vous souhaite une année pleine des riches heures amicales

*Françoise Héritier, Au gré des jours, Paris, Odile Jacob, 2017.Prix spécial du jury, Femina 2017 .