samedi 13 décembre 2014

Hommage posthume de Rainer Maria Rilke à Malala


Malala  Yusafzai, jeune Pachtoune miraculeusement rescapée d'une tentative d'assassinat par les Talibans, a reçu le prix Nobel de la Paix pour son combat pour l'éducation de tous les enfants. Lors de son intervention à l'ONU le 12 juillet 2013 elle avait déclaré :
Les talibans « pensaient qu'une balle pourrait nous réduire  au silence mais ils ont échoué »...
« Prenons nos cahiers et nos crayons. Ce sont nos armes les plus puissantes. » (....)« Je veux l'éducation pour les fils et les filles des talibans et tous les extrémistes et les terroristes. » Avant de conclure : « Je n'ai même pas de haine pour le taliban qui m'a tiré dessus. »


‘’Les femmes , en qui la vie séjourne et loge avec plus d’immédiateté, de fécondité et de confiance , n’ont pu faire autrement que de devenir des êtres au fond plus mûrs, des humains plus humains que l’homme, qui, léger, n’est tiré en dessous de la surface de la vie par le poids d’aucun fruit de son corps et qui, dans la suffisance et la précipitation, sous estime ce qu’il croit aimer. Cette humanité de la femme, portée à son terme dans les douleurs et les humiliations, apparaîtra au grand jour lorsque les métamorphoses de sa condition extérieure lui auront permis de se dépouiller des conventions qui la réduisent à la seule féminité, et les hommes qui ne le sentent pas venir, seront surpris par leur défaite.’’ 

Rainer Maria Rilke, Lettres à un jeune poète (1903-1908)

dimanche 7 décembre 2014

De quelques plaisirs à partager.


Une phrase glanée : "cette femme est royale, comme tout être qui ne nuit à personne et fait ce qui lui plaît". Marguerite Yourcenar, citée par Tania.

Le ginkgo biloba, dans la brume du matin, avant qu'il ne perde ses feuilles. 


 

Cet excellent billet de François Morel Nicolus Sarkozus Agitatus

Un livre découvert à la médiathèque : "trente talents résolument d'aujourd'hui : blogueurs les plus influents (Le Crew des Haterz, Le Gorafi, Aucun Lien, Ol'Kainry) ; phénomène culte du petit écran (série Bref.) ; jeunes écrivains décalés (Arnaud Le Guilcher, Julien Blanc-Gras) ; plumes incandescentes de la presse (Christophe Conte, Maïa Mazaurette) ; brillants jongleurs de mots en musique (Oxmo Puccino, Sexy Sushi) et surdoués du design (Tashi Bharucha, Pablo Cots). Des fins fonds de leurs blogs aux murs de nos rues, leurs nouvelles voix résonnent pour nous dire quelle gueule peut bien avoir l'amour 2.0."
C'est très inégal, mais "résolument d'aujourd'hui" et l'occasion d'enrichir éventuellement sa liste de blogs.

Un lien, transmis par une amie, qui m'a permis de découvrir un couple que je ne connaissais pas et pourtant leur échange m'est (nous est ) o' combien familier.
Enjoy!


                        

mardi 2 décembre 2014

Petit tour à Zaragoza et puis s'en va.

J'avais espéré le soleil, il a plu à l'aller, il a plu au retour. Je n'ai pas pu faire une seule photo de la Vallée du Louron, ni de la Cinca dont je suis allée chercher une image dans la banque de notre serveur ordinaire. Une vue d'Ainsa, fort joli village (parait-il) que nous avons longé sans nous détourner de notre obstination à rentrer.
 
Cette image riante n'a donc rien à voir avec la réalité de notre voyage.
Nous étions trois et c'est Judith qui conduisait. A Tarbes, j'ai pris le relais et la pluie a été impitoyable jusqu'à ma petite colline.  

Nous étions donc à Saragosse pour le premier grand (dixit) évènement international d'économie sociale et solidaire en Espagne, organisé par le REAS réseau d'économie alternative et solidaire.

Comme je le fais toujours, je me suis un peu échappée, quelques heures pour voir la ville entre deux averses.
L'Ebre etait boueux à souhait, rien d'étonnant vu ce que déversait les montagnes vers l'aval des torrents. 


La Basilique  Nuestra Señora del Pilar, est imposante comme la religion a pu l'être après la reconquête. L'intérieur est chargé d'or et on peut y voir deux tableaux de Goya. Mais les photos sont interdites. Dommage, il y a un beau jeu d'orgues .
La cathédrale de San Savador  a un petit air de Pise, ce n'est pas (seulement) un effet de la photo.

Elle jouxte  un centre culturel dont le matériau  est intéressant.



 Pas voulu entrer au Musée Dali qui présentait des dessins du maître. Nous avons préféré continuer à flâner. (nous c'est mon amie Françoise et moi).











A la nuit tombée, des cris et des trompettes ont retenti. En se rapprochant nous avons rencontré une micro manifestation devant la Banque de Catalogne. On protestait contre les expulsions qui continuent à sévir, dès lors que ces bons créanciers ne supportent plus qu'on ne leur rembourse pas les crédits si obligeamment  mis à la disposition du petit peuple.
 
Tous les jours qui ont suivi, il pleuvait sans discontinuer et je suis restée enfermée dans des salles. On y discourait sur la manière de sauver la planète de ses prédateurs, rien que ça !

mercredi 19 novembre 2014

Carnet de bord elliptique

Image insolite. Une exposition temporaire de photographie au jardin d'Albert Kahn où je suis passée dernièrement. Vous l'aurez compris, il s'agit d'un hommage aux jeunes gens ratiboisés au cours de la grande boucherie dont on a tant parlé à l'occasion du centenaire de son avènement. Ces visages plantés comme autant de stèles d'un cimetière en Normandie sur les lieux de la Seconde, encore plus folle et dérisoire. Enfin, vous savez tout ça.

Très heureuse que Lydie Salvayre ait obtenu le prix Goncourt. Il m'a semblé qu'elle le contemplait comme une poule un couteau (chère Lydie !) mais qu'elle en est heureuse "le désir de tout écrivain est d'être à la fois exigeant et populaire".

Tellement désolée par la mort d'un jeune homme pour rien, victime de la militarisation de nos gardiens de l'ordre (et non de la paix, comme jadis) et qui du coup déclenche une énorme vague d'indignation.

Fatiguée par l'actualité et ses tombereaux d'ignominie : lapidations, décapitations, turpitudes et détournements de fonds, y compris de façon légale.

Toujours aussi peu disponible. En partance dans quelques jours vers Zaragossa.

A bientôt 

samedi 18 octobre 2014

Carnet de bord d'une débordée.

Je vais faire un raccourci "saisissant " de ce dernier mois.
Athènes, mi septembre. Rencontré entre autres le docteur Gyorgos Vichas, à l'initiative de la clinique solidaire d'Hellenico.
 On privatise le système de santé, on supprime les emplois et on se retrouve avec 20% de la population qui ne peut pas se soigner et des risques épidémiologiques galopants. Le cynisme est en pleine démesure. Et en face, ces médecins, infirmières, assistantes sociales qui travaillent bénévolement de 4 à 8 heures par semaine dans cette clinique installée dans des locaux mis à disposition par la municipalité (le maire est membre de Syrisa). Le docteur Gyorgos a été à l'initiative de la première, il en existe plus de 40 sur le territoire dont 7 à Athènes.  Je n'insiste pas, voir le post précédent.

 Petit déjeuner du matin
Avant de repartir un petit tour à Egine.


 J'espérai  revoir mon amie Avette, une comédienne qui a eu son heure de gloire, et qui habitait sur l’ile comme le faisaient pas mal d'artistes athéniens fuyant la pollution de la capitale. (L'île se trouve à trois quart d'heure de bateau). Le tenancier de la taverne où elle avait ses habitudes m'a dit qu'elle est partie en Crête dont elle est originaire. Je comptais beaucoup sur elle pour me donner une chronique du temps et des nouvelles de nos amis communs.


 Me suis quand même attablée avec mes deux copines puis nous sommes allées nous baigner. Il n'y a pas de mal à se faire du bien.



Le soir, j'ai diné avec une amie, retrouvée in extrémis. Elle m'a confirmé l'état de déliquescence du pays, la fuite des jeunes gens etc. Quarante ans en arrière! Pourtant, on comprend pourquoi ce pays est endetté quand on constate l'ampleur des travaux réalisés en quelques dix ans, notamment pour les jeux olympiques : le métro flambant neuf, tout le quartier autour de l'Acropole rénové avec son musée archéologique somptueux, les places Syngtama et Omonia. Je ne reconnaissais pas la ville où j'ai vécu et que j'avais visité la dernière fois en 1996. Certains quartiers sont évidemment moins reluisants mais j'ai retrouvé "le bruit et l'odeur" avec délices et la langue m'est revenue au bout de quelques jours. 
  
   

Paris, deux jours de travail début octobre. Assisté à la Scéna : Un banquet (modeste) installé sur la scène de la Girandole à Montreuil, proposant aux invités des extraits du prochain spectacle, en l'occurrence "Le cas Léonce".
Un tour à Beaubourg, l'expo Marcel Duchamp, parcourue trop vite.

Lisbonne. Mi octobre (avion du retour lundi soir retardé, pfff!). Prise en charge par un traducteur qui m'a aussi servi de chevalier servant et m'a promenée dans sa voiture, sous les trombes d'eau qui s'abattaient sur la ville par intermittence. J'étais attendue à Santarem, petite ville située à  70 kilomètres au nord est de Lisbonne, sur le Tage que j'ai pu contempler à partir des Portes du soleil.

    

Après le travail, festivités. Deux concerts, tous deux excellents, l'un d'un couple capverdien, l'autre d'un groupe local.  


Plus tard, de retour à Lisbonne, j'ai admiré au Musée Gulbenkian, les oeuvres délicates que le grand collectionneur arménien, très admiratif de Lalique  avait acquises. 

Le lendemain, mon chevalier servant m'a emmenée à Sintra, à l’extrême pointe de la terre occidentale où j'ai pu photographier le monument de Cabo da Roca, en guettant une éclipse de touristes posant devant l'objectif de leur partenaire.

Ma foi, c'est devant l'océan atlantique  que  va se clore ce tour d'horizon brumeux. Tout cela est très elliptique, je ne vous livre que quelques moments un peu récréatifs, un peu nonchalants. Vous ne voudriez pas que je vous assomme avec les autres, speedés, fatigants, ce n'est pas le lieu ici.

Photos ZL

lundi 22 septembre 2014

De bribes et de blog

Dès que j'aurais un peu de temps, je vous cause de mon petit voyage à Athènes, en visite chez les combattants de la dèche, instaurée par les enfoirés du grand capital. En attendant vous pouvez en avoir une bonne synthèse avec ce film
Sinon il semblerait que la merveille ci-dessous soit menacée (par les mêmes !!!) de disparition. C'est l'Agence européenne de l'environnement qui sonne l'alarme



Une solution proposée par Jade Lindgaard : on arrête tout...

Pour finir, un exemple de la bêtise crasse de nos acharnés de la "destruction créatrice". Le barrage du Testet, grand projet inutile très contesté. Après avoir ravagé la forêt à grand renfort de tractopelles pour arracher les arbres et de robocops pour éjecter les écologistes pacifiquement opposés au désastre, le président du Conseil Général du Tarn avoue que le financement n'est pas bouclé et qu'il faudra sans doute "redimensionner le projet". On pourrait lui appliquer cet adage motard : "Ça ne sert à rien d'avoir un tigre dans le moteur si un âne est au guidon."

lundi 8 septembre 2014

Montserrat Monclus Arjona, dite Montse.


Je lisais le dernier livre de  Lydie Salvayre quand j'ai eu l'occasion de visiter les lieux de la Retirada dont j'ai fait un billet précédent. C'était pure coïncidence mais cette visite a donné au livre une résonance d'autant plus intense.

Je ne résumerai pas le livre, très bel hommage à sa mère, Lydie Salvayre le fait beaucoup mieux que je ne saurais le faire.
Plutôt dire l'émotion qui court et couve dans ce livre.  Celle que Lydie éprouve à la lecture du livre de
Bernanos, un écrivain pourtant aux antipodes de ses propres convictions (et des miennes donc) qui entre dans la guerre civile espagnole du côté de Franco mais constate avec une horreur croissante les exactions commises par les Nationaux dans l’ile de Majorque.
 Assassinats, tortures, terreur, les hommes qui se pensent justiciers sont les plus dangereux et la guerre est l'occasion pour les plus barbares de donner toute la mesure de leur folie. Et ce qui est plus encore insupportable pour l'écrivain, fervent chrétien, c'est l'attitude complaisante voire activement complice des sommités ecclésiastiques. "Aucune imposture aux yeux de Bernanos n'égalait celle-ci. Il serait accusé, pour l'avoir écrit de faire le jeu des communistes contre les nationaux que ses anciens amis soutenaient".

<i>Les Grands Cimetières sous la lune</i>, le roman de Georges Bernanos (1888-1948), a inspiré Lydie Salvayre pour écrire son nouveau livre.

Le témoignage de Bernanos est tissé en alternance avec celui de Montse, la mère de Lydie, âgée de 15 ans en 1936 et qui à 90 ans, a tout oublié de sa vie sauf la parenthèse enchantée de l'insurrection libertaire qu'elle découvre aux côtés de son frère en allant à la ville, petite paysanne émerveillée de la liberté qui règne alors à Lérida comme dans certains villages et villes d'Espagne. LS restitue la langue inventée par Montse, ce Fragnol  concocté en arrivant en France en 39 après une longue marche qui clôture le livre et m'a bouleversée. Le plaisir de lecture doit beaucoup aux trouvailles de Montse que sa fille reprend sans cesse (vieille habitude du temps de la honte de ce langage peu orthodoxe et qu'elle réhabilite désormais).
Je vous laisse découvrir la vie romanesque de Montse, la figure solaire et tragique de son frère ardent libertaire violemment opposé à Diego, le communiste rationnel qui va devenir l'époux par défaut de Montse puisque l'amour fou rencontré en une nuit extraordinaire disparait à jamais. Parmi les Républicains, les libertaires, les Anarchistes vont être plus sûrement éliminés par les Rouges que par l'ennemi commun. Un scénario fraticide que l'histoire aura répété ad nauséam.
Lydie Salvayre souligne que Bernanos écrit pour le futur, ses mots résonnent comme un écho des temps actuels. L'aveuglement et la lâcheté, les guerres pour le pouvoir, l'ambition "nationale" servant d'étendard, tout ce qui a conduit l'Europe à quelques dix ans de massacres et menace encore et toujours.
La Retirada, mot pudique dit Lydie pour ce qui fut une débâcle et l'effondrement des espoirs de justice et d'illumination du monde, le triomphe des puissances d'argent contre le peuple.
"Elle fut malgré sa jeunesse dans une fatigue sans nom, mais elle continua chaque jour à mettre un pied devant l'autre, ADELANTE! l'esprit uniquement occupé à trouver les moyens de survivre, se jetant à terre ou dans un fossé dès qu'apparaissaient les avions fascistes, le visage écrasé sur le sol et son enfant contre elle, terrifiée de peur et suffocante à force de pleurer, son enfant à qui elle murmurait Ne pleure pas ma chérie, ne pleure pas mon poussin, ne pleure pas mon trésor, se demandant en se relevant couverte de terre si elle avait eu raison de faire subir cette apocalypse à sa fillette."
Combien de mères sur les routes actuellement, serrant contre elles leur enfant pour le protéger des tirs meurtriers des hommes en furie et murmurant " pas pleurer mon amour, pas pleurer".

Dernière minute (ajouté mardi 9/09) et parce que le fascisme prend divers visages et qu'on ne le voit pas toujours venir à temps. Si on ne peut faire davantage, au moins relayer, signaler à quel point ils sont devenus fous et où se trouvent les résistants de notre glorieuse époque : la ZAD du Testet .