dimanche 9 septembre 2012

Mourir, la belle affaire, mais vieillir, oh vieillir!

Qu'ai-je donc fait de ce bel été qui s'évanouit, même si les jours sont encore chauds et ensoleillés.

J'ai préparé beaucoup de plats pour ceux et celles qui sont venus s'asseoir à ma table.


J'ai participé à quelques rassemblements, dont certains prétendaient se mêler des affaires du monde qui, on le sait menace de péricliter, tous les "observateurs" le claironnent, même ceux qui étaient du côté du manche et se retrouvent désormais sous la menace de la cognée.


J'ai lu. Peu de livres (je ne sais pourquoi, cet été ne me portait pas vers les livres, étrange!) mais beaucoup de journaux, d'articles.

Ainsi glané sur le blog de Jorion ce texte d'Annie Le Brun à propos des Pussy Riots.

"J’ai dit ailleurs que si la servitude est contagieuse, la liberté l’est aussi. Nous en sommes à ce point d’équilibre instable, où tout peut basculer d’un côté ou de l’autre. D’où l’importance de repérer tous les signes et nous ne serons jamais trop pour tenter de discerner ce qui advient. C’est pourquoi il me déplairait qu’on fasse fi de l’insaisissable jeunesse de cette révolte venant de l’Est. Pensez aux Provos, pensez aux Hippies, aux « aventuristes » de 68… il y aura toujours l’insolente beauté de ce qui commence. Aussi, quand bien même « en matière de révolte, aucun de nous ne doit avoir besoin d’ancêtres », il se pourrait que tout débute avec le « retour du refoulé », mais ailleurs et autrement. Comme si chaque insurrection était riche de tous les rêves précédents encore à venir, c’est-à-dire comme si, à chaque fois, il s’agissait de jouer le Grand Jeu.

Il faut peut-être le savoir pour commencer à voir."

J'ai fait une petite excursion en terre charentaise où j'ai vécu mes premières années avant de partir vers la capitale, que j'ai fui depuis. Je n'avais jamais abordé sur l'île d'Aix qu'on joint par bateau et qui grâce à cela et à l'interdiction, à quelques exceptions, de la voiture, est restée à peu près indemne des dégâts générés par l'invasion touristique. Ceux qui viennent sur l'île le font pour le plaisir d'un lieu relativement vierge des outrances du bord de mer.

Island of Aix, aerial view

On en fait le tour (3 km de long, 700 m de large) en quelques heures à pied et moins encore à bicyclette. Il y avait beaucoup de vent mais la petite plage (Baby plage) était tentante. Cependant nous avons continué à pédaler. Ignoré de la plus belle façon le musée Napoléon. Nous n'étions venu que pour la promenade le nez au vent dans les senteurs d'iode et de pins chauffés par un soleil encore vaillant.

Baby plage. Ile d'Aix. Août 2012

Revenue à la maison, à la grande satisfaction des chats qui avaient épuisé leurs réserves de croquettes et d'eau, j'ai lu le dernier opus de Frédérique Martin.

Je suis une piètre "critique " littéraire. Aussi ne vais-je rien en dire. Citer simplement et vous inviter à vous laisser embarquer dans l'aventure de Joseph et Zika qui ont gardé malgré leur grand âge le désir exclusif l'un de l'autre et que les circonstances séparent, leurs enfants ne souhaitant pas les prendre en charge ensemble. Cette séparation produit par contagion dirait-on, la déliquescence de tout ce qui avait fondé leur vie, les entrainant dans une spirale de désespoir et de malheur.

Je ne sais décidément pas parler des livres, mais pourquoi les paraphraser au risque de les trahir? Mieux vaut les ouvrir, à la page 146 par exemple : Joseph (76 ans) écrit à sa "très chère femme" :

" Comme tu me manques en ces jours de détresse! Aujourd'hui le ciel est obstinément gris, il pleut à ne pas mettre un vieux dehors, alors je me dessèche derrière les fenêtres, ce qui n'améliore ni le temps ni mon humeur. Tu as le don d'effacer ce qui est hostile, je ne souffrais pas longtemps avec toi. L'abondance de ta douceur ne m'a pas préparé aux épreuves. C'est rude de comprendre à mon âge qu'on ne connaît vraiment personne, ceux qu'on aime sans doute moins encore que les autres. Le cœur s'installe dans les yeux pour nous aveugler, on lui laisse prendre ses aises. Est-ce que dans toute relation, on rêve seulement qu'on est deux, est-ce qu'on jette une grande partie de ses forces pour maintenir l'illusion et ne pas avoir à découvrir qu'on est seul, absolument seul chacun de son côté, à s'embraser pour un autre qui n'a pas de réalité ? Eh bien, même si c'était seulement ça, aimer, il faudrait le prendre, nous n'avons rien de meilleur à proposer."

Ne pas se fier à ce seul extrait, Frédérique Martin, de son écriture à la fois simple et élaborée, nous délivre une histoire tissée de douceur, de tendresse certes mais tout autant de violence et de cruauté. On en sort sonné, plus encore sans doute si on a soi-même des enfants et que l'âge commence à nous en éloigner.

"Le vase où meurt cette verveine", Belfond.

On aura reconnu dans le titre un extrait d'une chanson de Jacques Brel. Lien

Photos ZL

mardi 21 août 2012

Le monde, quel cirque!

Miss Monde est chinoise. Quelle surprise ! Pas de raison que les godiches asiatiques ne prennent la relève. Selon l'article que vous ne lirez sans doute pas, sachez que (je cite) L'unique fois où la France a gagné le concours remonte à 1953 avec Denise Perrier. Alors, moi je dis : qu'est ce que vous foutez les filles quoi !

Photos – Miss Chine sacrée Miss Monde

Je l'avoue, je ne viens plus beaucoup en visite sur les blogs et je n'écris plus guère. Je pars pour quelques jours mais ça devrait s'améliorer à mon retour et entre temps, je lirai vos commentaires à cette nouvelle d'une très haute importance. Une Miss chinoise, cela fait signe comme disait Roland (Barthes, vous l'aviez compris).
A tout bientôt

Ajouté ce vendredi 31 : pendant ce temps, les Imams sévissent. LienAjouté ce samedi 1er septembre : un nouveau Robin des Bois ?

Ajouté ce vendredi 6 septembre à la suite des recherches de JEA, un lien sur le commentaire bien tarte de l'élection de Denise Perrier.

vendredi 17 août 2012

Clair obscur


Des amis de passage avaient vu l'exposition "Corps et Ombres " de Montpellier et souhaitaient visiter celle de Toulouse au Musée des Augustins, un diptyque consacré aux peintres inspirés de Caravage.
Le jardin du cloitre est paisible. On croise au détour d'une allée une impressionnante cohorte de gargouilles posées sur leur derrière et qui semblent ainsi hurler à la lune.



Point de Caravage aux Augustins, mais ses émules du Nord et notamment de l'Ecole d'Utrecht, inspirés de sa technique d'utilisation de la lumière et de l'ombre pour rehausser la dramaturgie des scènes essentiellement bibliques. J'ai été très frappée du contraste entre les visages du Christ martyr (le plus souvent résigné, replié sur une douleur muette) et ceux des personnages qui l'insultent, leurs rictus de joie mauvaise, d'exultation.


Le Couronnement d'épines Dirck van Baburen

J'ai été séduite par un très petit tableau de Rembrandt peint à 21 ans : "la fuite en Egypte". La photo ne rend pas compte de la délicatesse et de la luminosité de l’œuvre.



Intéressante la figure de Gerrit van Honthorst, surnommé Gherardo delle Notti (Gérard de la nuit) pour son art du clair obscur, l'apport précisément de Caravage qui aura bouleversé le monde de la peinture de son époque





Nous avons ensuite arpenté la partie du musée consacrée aux expositions permanentes avec notamment une intéressante mise en parallèle des moules plâtres et des œuvres achevées en bronze ou en marbre.

Comme il faisait très chaud dans la ville, après un repas pris dans un restaurant végétarien "la faim des haricots", nous nous sommes repliés sur les Jardins des Martels dont j'ai déjà fait ici l'éloge. Mes amis ont été éblouis par la collection de lotus et ont acheté des graines avec la ferme intention d'en envahir la mare qui se trouve dans leur jardin des Landes.



Et... oui, 21 ans, déjà !

vendredi 10 août 2012

Ombre et lumière de la solitude


« L’histoire des hommes est la longue succession des synonymes d’un même vocable. Y contredire est un devoir » René Char.
C'est par ces mots que Patrick Boucheron a conclu jeudi 9 août au Banquet du Livre de Lagrasse, son rendez-vous -très suivi- de 12h30 des Conversations sur l'histoire. Il parlait ce jour là du cloitre, et plus généralement des lieux où on se "retrouve" comme se retrouvaient les lettrés et les religieux dans la familiarité des cloitres. Voyager dit-il c'est devenir soi-même l'étrange et s'obliger à une perte de repère qui permet de réellement découvrir les lieux alors que la plupart du temps nous venons reconnaître ce que nous en savons. Qui peut se vanter de découvrir Venise ou Rome ou les Pyramides d'un "œil neuf".

C'était bien cette familiarité avec le lieu, l'Abbaye et ses fidèles qui chaque année se rendent à ce rendez-vous d'août que j'étais venue "retrouver". L'an dernier j'étais à Fribourg à la même époque. L'année précédente (2010)le Banquet s'était déroulé sans Bob (Gérard Bobillier) mais en présence de ses vieux complices (Michon, Rolin, Macé, Quignard, Mesguich et Milner). Tous lui avaient rendu un vibrant hommage. Les habitués avaient tous suspecté un changement de cap après sa disparition..

L'édition 2008 avait été éblouissante, avec la projection des films du cinéaste arménien Artavazd Pelechian (Nous, Les saisons, Notre siècle) et en ouverture un concert somptueux du Troubadours Caravan. Il est vrai qu'on s'interrogeait "Le monde existe-t-il ?

Cette année,le thème n'était pas moins fort : "Ombre et lumière de la solitude". Pourtant, est-ce parce que je n'y suis allée que trois jours, je n'ai pas "retrouvé" l'atmosphère si particulière de ferveur dans le partage d'instants de magie poétique et spirituelle.

Beaucoup de philosophie universitaire, un peu trop désincarnée à mon goût, même si nous avions affaire à de la pensée de haut vol. Un rajeunissement certain des intervenants à qui il manque peut-être la patine d'un voyage temporel plus long.


Gwenaëlle Aubry

La commission de sécurité a imposé que les conférences se tiennent sous un barnum (qui défigure la vue sur l'abbaye). Il est vrai que le cloitre devenait trop exigu et que son sol, très accidenté accueille mal les sièges en plastique solidarisés qui sont préconisés.
Pas d'intermède musical entre les conférences, deux musiciennes nous régalaient Joëlle Cousin (violon) et Laurence Disse (piano), elles ne sont plus de la fête.
Lassitude aussi d'un rituel. Je ne sais. Boucheron est certes brillant, drôle, clair et profond. La demi-heure en sa compagnie est du plaisir pur, ces moments trop rares où l'intelligence de l'orateur déplie en nous les ressources cachées d'une intuition qui attendait de se déployer.
Après ? Il faisait chaud !
L'Orbieu m'a aidé à supporter la canicule et les retrouvailles avec les amis ont compensé l'absence de figures majeures (à mes yeux).

Le soir, je prenais la route vers Carcassonne où m'accueillaient des amis. Le matin, en ouvrant la porte-fenêtre, j'avais le plaisir des couleurs fraiches et du bel ordonnancement de ce petit jardin.


Je savourais un instant de solitude, avant de repartir à la rencontre de mes semblables.

Photos ZL, août 2012.

dimanche 5 août 2012

Indispensable solitude.

Nous avons la chance d'être basés dans un pays peu fréquenté par les touristes de sorte que nous bénéficions d'une paix royale quand d'autres sont entassés dans des lieux d'où la moindre parcelle d'authenticité a été éradiquée au profit de la panoplie attrape-gogos, gaufre, barbe à papas et menthe à l'eau à cinq euros pièce -sans la paille -.



"Libère toi autant que tu le peux et tu auras fait tout ce qui t'incombe; car il n'est pas donné à tout le monde de briser toutes les barrières ou, plus explicitement, ce qui est une barrière pour l'un ne l'est pas nécessairement pour tous. Aussi ne t'épuise pas contre les barrières des autres : il suffit que tu abattes les tiennes. Qui a jamais réussi à abattre ne serait-ce qu'une barrière pour tous les hommes ? N' y a -t-il pas aujourd'hui comme de tout temps, des milliers et des milliers de gens à courir les rues avec "toutes les limites de l'homme" ? Celui qui renverse une de ses barrières peut ainsi avoir montré aux Autres la voie et la manière; le renversement de leurs barrières reste leur affaire." Max Stirner, L'unique et sa propriété

Vaste programme comme disait l'autre.

Photos ZL. Ma belle amie au bain, août 2012

lundi 30 juillet 2012

Des nouvelles de l'Ogre.


Pendant que la Sorcière batifole, glandouille, se gave de pêches et d'abricots, le Gigot de potence cogite et ça donne du bon jus de neurone à siroter en douce en contemplant l'azur, bercé dans son hamac. Faites gaffe, ça récure un peu les tuyauteries du crâne, ça peut éventuellement les rincer en trombe. Un nettoyage salutaire pour les thromboses toujours à craindre par ces temps de grande crasse communicationnelle. Merci allumeur d'étincelles! La Sorcière te couvre de poudre de rires.

La Sorcière conseille la série Ogres et sorcières de Gilbert Pinna, une méditation parallèle, mais dont la rencontre à l'infini est si proche .

samedi 21 juillet 2012

Je ne m'en lasse pas


Je ne bouge plus de ma colline. Je me contente de regarder les tournesols qui vont bientôt changer leur or pour une sale couleur cramée, signe que l'été sera en fuite. Il ne fait pas très chaud et les "juillettistes font la tronche. Moi ça me va, j'en profite pour bouquiner.

"La transgression est un hommage à l'interdit, elle offre un exutoire à l'oppression, elle ne la détruit pas, elle la restaure. L'oppression a besoin de révoltes aveugles." (p 26).

La délicatesse des roses trémières alors qu'elles sont coriaces et puissantes m'enchante.

"Nous sommes submergés de faux problèmes qui occultent les vrais. Les opinions sans cesse manipulées, manipulent en fait ce qui devrait être du seul ressort des individus : les aléas des désirs quotidiens, ce qu'ils souhaitent vivre et comment ils ont les moyens de briser ce qui les enchaîne." (p23)

"La volonté d'en finir avec le consumérisme, où l'avoir supplante l'être, obéira moins aux injonctions éthiques qu'à l'attrait d'une vie libre."


"Seule la poésie échappe à l’œil acéré du pouvoir. Seule la passion de vivre fait reculer la mort" (p31).

Raoul Vaneigem L'état n'est plus rien, soyons tout. rue des cascades. 2010

Ce cher vieux Raoul. Toujours un excellent viatique pour les temps à venir. Je ne m'en lasse pas.

dimanche 8 juillet 2012

Confluence

L'amie qui m'a hébergée pendant mon séjour à Lyon habite près de la place des Terreaux soit dans le Vieux Lyon. Elle m'a montré les fameuses traboules et nous avons grimpé du bas d'une colline vers le haut puis redescendu via l'escalier. Des gamines devisaient, assises sur les marches, un jeune homme installé sur une minuscule terrasse, devant son ordinateur ne levait pas plus le nez vers nous que s'il était enfermé dans un bureau.

Un bouchon lyonnais, pour honorer les attentes de tous ceux qui m'ont souhaité d'y goûter, je n'ai fait qu'en fixer l'image.



Lyon s'est doté d'un Vaporetto, navette fluviale qui relie le centre de Lyon à la Confluence Rhône Saône. Trente minutes à peine à glisser sur le fleuve, toujours un plaisir de retrouver la fluidité du voyage de pair avec sa relative lenteur. Sur les anciennes friches d'entrepôts et de gare de triage, sont désormais installés des symboles forts de la puissance publique tel l'Hôtel de Région particulièrement monumental et de la puissance commerciale (un énorme Centre dédié au fétichisme de la conso). Tout le quartier est en chantier.

Intérieur Hôtel de Région.
En contraste, nous avons déniché, après avoir longé des restaurants très huppés où on ne peut s'asseoir sans avoir réservé, un "itinérant", Chez Francis installé dans un Algéco qu'on oblige à se trimballer d'emplacements provisoires en stationnements temporaires avec une forte nuisance pour ce modeste établissement qui a du mal à retenir sa clientèle, alors qu'il sert une honnête cuisine de base pour un prix modique. On déjeune face à la rive sous le parasol .
On peut parier que l'existence de ce quartier où se côtoient avec plus ou moins de bonheurs une succession de délires d'architectes, va attirer l'activité commerciale et doubler la surface actuellement disponible pour les Lyonnais. On peut aussi s'étonner de l'envergure du projet et s'il ne relève pas de ce que d'aucuns appellent les très grands travaux inutiles.

J'ai été très frappée par la bonne coordination tramway, bus, métro (et vélo) qui explique sans doute l'impression de circulation aisée en centre ville. La voiture semble avoir perdu son omniprésence antérieure. Je n'étais pas venue à Lyon depuis plus de 15 ans sauf une visite éclair et j'ai regretté de ne pas avoir le temps d'y flâner et de m'y attarder.

Photos ZL, juillet 2012

dimanche 1 juillet 2012

Le tango des lauriers roses


Me voici repartie pour quelques jours. Cette fois ce sera Lyon.
J'ai passé la journée en préparatifs, puis je me suis attaquée aux lauriers roses qui ont beaucoup souffert de l'hiver exceptionnellement froid, suivi d'une certaine sècheresse. Ce dernier mois étant particulièrement humide, de toutes petites feuilles se relancent, J'ai coupé tout bois mort gênant la reprise. Travail délicat.
Je ne viens plus beaucoup sur mon blog, mais j'ai l'impression que l'activité des blogs subit un certain ralentissement. Subjectif sans doute.
Afin de vous donner envie de bien démarrer cet été, un tour de tango insolite, bien qu'appartenant à une certaine tradition.
A tout bientôt avec des nouvelles des bouchons.

Photo ZL, Les lauriers roses du temps de leur splendeur.

mercredi 27 juin 2012

Bienvenue à une icône : Aung San Suu Kyi

Aung San Suu Kyi à son arrivée à Oslo pour y recevoir le Nobel de la paix, le 16 juin (Markus Schreiber/AP/SIPA)



A l'époque où elle subissait un procès inique, je lui avais rendu hommage ainsi qu'à d'autres résistantes sous l'intitulé les femmes sont au front.
Aung San Suu Kyi est en visite en Europe et à Paris, elle est reçue à l'Elysée par François Hollande.
Même si elle n'est pas la seule figure de la résistance en Birmanie, elle reste un symbole fort en France de la pugnacité des femmes dans la lutte pour la démocratie. Quand on voit ce qui se passe dans les pays qui ont cru que la révolution allait accoucher de la liberté, on est d'autant plus touché par le combat de cette femme qui a au moins reconquis sa liberté de mouvement après 15 ans de privation de ce bien précieux.

mardi 19 juin 2012

G 20 / Rio + 20. Rien ne va plus ! Faites vos jeux !

http://alter-echos.org/wp-content/uploads/2012/05/controle-economie-verte.jpg

L'économie verte, c'est le nouvel eldorado des marchés financiers. La bulle immobilière a éclaté faisant les dégâts qu'on sait. Ils ont plein d'argent pour jouer au casino mondial. Ils ont trouvé le nouveau Monopoly : la Planète. Et là, ça va faire encore plus mal.
En amont de Rio+20, le G20 se tient au Mexique et les puissants préparent le nouvel ordre mondial qu'ils vont tenter d'imposer à Rio où le Sommet des Peuples représente 194 pays dont ceux qui seront les laissés pour compte des profits juteux escomptés de la mise en pièces des terres, des forêts, des eaux, autant de biens communs que souhaitent s'approprier les goulus de la finance internationale.
Même si la résistance s'est mondialisée, même si les Indiens réussissent de temps à autre à faire reculer certains projets, il va falloir sérieusement se coltiner la question : changer définitivement d'imaginaire et mettre au rebut les vieux (et les jeunes) barbares qui ne savent jouir qu'en prédateurs cyniques. Inventer un modèle moins consumériste, moins gourmand matériellement. Quand on voit le nombre de choses laides qui s'empilent dans nos vitrines, on se dit que ça ne devrait pas être si difficile


Photo prise dans le quartier du Marais. Boutique très conceptuelle où la moindre babiole coûte un bras. Clin d’œil à Henri Zerdoun qui me l'a montrée, comme une folie, un délire, ce qu'elle est.

J'ajoute ce lien vers la manifestation des mouvements opposés à la mise en coupe financière de la nature. Pour ceux qui pensent que ça vaut la peine de s'agiter...

samedi 16 juin 2012

Elina Ostrom rejoint le lieu commun des mortels



"Première femme à obtenir un Prix Nobel d’économie (en 2009) pour ses développements sur la théorie des communs [1], Elinor Ostrom est décédée ce mardi 12 juin, à l’âge de 78 ans. Chercheuse politique infatigable et pédagogue ayant à cœur de transmettre aux jeunes générations ses observations et analyses, elle avait, malgré sa maladie, continué son cycle de conférences et la rencontre avec les jeunes chercheurs du domaine des communs au Mexique et en Inde. Récemment encore, elle exprimait son sentiment d’urgence à propos de la conférence Rio+20 qui se déroule actuellement [2]. Une conférence durant laquelle le terme de « communs » devient un point de ralliement, jusqu’à figurer dans le titre du « Sommet des Peuples pour la justice sociale et environnementale en défense des biens communs ».
Le Monde Diplo

[1] Hervé Le Crosnier, « Une bonne nouvelle pour la théorie des Biens Communs », 12 octobre 2009, Vecam.

[2] Elinor Ostrom, « La politique verte doit être impulsée de la base », Les Echos, 12 juin 2012.


On peut retrouver ici un certain nombre d'articles qui lui ont été consacrés.
Alors qu'à Rio, on va une fois de plus évacuer la question de la préservation des biens communs au profit de "l'économie verte", la pensée d'Elina Ostrom devrait soutenir, en effet, tous ceux qui rassemblés au Sommet des Peuples vont tenter de peser sur les décisions (ou l'absence de ) de la Conférence Internationale pour tenter d'inverser la tendance suicidaire du monde actuel.

dimanche 10 juin 2012

Henri, un ami qui vous veut du bien

vue de ma fenêtre

Il était temps que je remplace l'illustration précédente particulièrement laide par une image un peu plus agréable.

Je suis de retour après dix jours de pérégrinations dont je ne vous dirai pas tout mais un peu tout de même.

Henri Zerdoun m'a fait le plaisir d'un rendez-vous dans son quartier, place Sainte Catherine. Nous nous sommes parlé les yeux dans les yeux, découvert quelques (beaucoup de) références et admirations en commun. Il m'a entrainé vers une librairie du quartier et m'a offert un livre "indispensable" (Henri est un grand dénicheur semble-t-il). J'en ai vaillamment entamé la lecture. "Héroïsme et victimisation. Une histoire de la sensibilité" résonne tout à fait avec mes obsessions : réduire l'idéologie du héros. Selon Jean-Marie Apostolidès, la culture du héros cède le pas et se trouve largement détrônée par le règne de l'empathie à l'égard des victimes. Nous en serions à "l'invention de la société fraternelle" (puisse-t-il voir juste!). Je reviendrai sans doute sur cet ouvrage quand j'aurai eu le temps de le lire entièrement. Touchée et enchantée par ces deux heures d'amitié chaleureuse.

Je suis allée à la rencontre des "Paires et séries " de Matisse encore pour quelques jours à Beaubourg (jusqu'au 18 juin).
« Je me suis inventé en considérant d'abord mes premières œuvres. Elles trompent rarement. J'y ai trouvé une chose toujours semblable que je crus à première vue une répétition mettant de la monotonie dans mes tableaux. C'était la manifestation de ma personnalité apparue la même quels que fussent les divers états d'esprit par lesquels j'ai passé. » Henri Matisse interrogé par Guillaume Apollinaire (La Phalange, n°2, décembre 1907).
Je cite à dessein ce propos sélectionné en présentation de l'exposition, je pense qu'en effet il s'applique sans doute à toute personnalité dont la créativité se manifeste précocement. On reconnait dans les œuvres de la maturité ce qu'on pouvait déjà pressentir dans les tâtonnements de la jeunesse.
L'exposition est relativement réduite mais elle permet de toucher au cœur du travail du peintre qui remet en jeu son ouvrage pour le recadrer, changer les dominantes, approfondir et sculpter de nouvelles arènes de lumière. L'exposition se termine par une série de silhouettes bleues, des épures d'une lumineuse netteté.

Il a fait froid à Paris. Ce n'était pas mieux à Nancy où j'étais attendue pour quelque tournoi de blabla.
La Place Stanislas est très belle, repavée et requinquée à grands frais (merci la dette). Je n'ai guère eu le plaisir d'explorer davantage la capitale de la Lorraine (département Meurthe et Moselle) qui connait un développement inédit grâce au TGV, (une heure et demi de Paris) et à sa proximité avec les centres européens comme Strasbourg, Bruxelles ou Luxembourg.


Avant de repartir, j'ai bu un thé à l'Excelsior, une de ces anciennes brasseries qui ont gardé ce style chargé et un peu rococo des belles heures du début du vingtième siècle,



Dix jours d'absence et quand je reviens, les tournesols ont pris vingt centimètres, le rosier a explosé et il était temps de cueillir les cerises et de faire des confitures, ce qui fut fait ce jour.

Photos ZL, juin 2012.

dimanche 3 juin 2012

Bonne fête des mer(d)es


Merci à mon fiston qui m'a signalé cette horreur avec pour seul commentaire un sobre raaaaaah!

samedi 26 mai 2012

Images singulières

Photo ZL
J'étais à Sète ce week-end. Je n'y étais pas venue pour cela mais je suis allée visiter quelques lieux où s'affichaient les "images singulières " dont la ville offre une exposition.




L'exposition est installée sur dix lieux différents. A l'Espace Paul Boyé une exploration de l'Amérique du Sud réunit plusieurs artistes. Sebastian Liste, un jeune Catalan, partage des conditions de vie extrèmes comme ici à Salvador de Bahia où il saisit des scènes de la vie quotidienne de familles qui squattent une usine de chocolat désaffectée. Scènes de violence, d'amitié, de partage, où la promiscuité est palpable tant l'espace est saturé de visages, d'objets, d'animaux dans une lumière crue.



Rafaèl Trobat s'est attaché au Nicaragua. Ses photos en très grand format alternent des scènes où la vie et la mort se côtoient, les rituels religieux et l'ébriété de plaisirs païens, l'éclatante vitalité des enfants et les visages affaissés de vieillards vaincus. Toute la palette de l'humaine condition.

Au MIAM (Musée International de l'art modeste), quelques photomontages de Jules- Edouard Moustique assez décevants.

En revanche, les portraits des "Comfort women" de Jan Banning sont très impressionnants


Pendant la Seconde Guerre mondiale, les Japonais ont mis en place un système de servitude sexuelle pour leurs troupes armées. Ainsi, en Corée, au Japon, en Indonésie, aux Philippines et partout ailleurs en Asie, des dizaines de milliers de femmes baptisées “comfort women” (“femmes de réconfort”) ont été forcées à la prostitution.

Jan Banning a rendu visite à dix-huit de ces victimes indonésiennes qui ont accepté de témoigner et de se montrer pour la première fois.
Sous chaque portrait un résumé de la vie de ces femmes, presque toutes kidnappées à l'âge de 14, 15 ans, puis revenues ou non dans leurs pays, ayant pu ou non reprendre une vie "normale" sans avoir jamais pu oublier leur jeunesse martyrisée, tout en n'osant pas en parler.

La dernière série que j'ai eu le temps de voir (il faut pérégriner, sous la pluie en l'occurrence, d'un lieu à l'autre) intitulée "Quand les murs parlent " rassemble plusieurs photographes internationaux. J'ai choisi de clôturer ce billet avec cette dernière, le petit père Sartre à l'époque de son militantisme de rue. Si près, si loin. C'est ça le miracle de la photographie.

jeudi 17 mai 2012

Alerte rouge

J'ai reçu parmi les mails du jour ceci:

Une épidémie mondiale est en train de se propager à une allure vertigineuse.

L'OMB (Organisation Mondiale du Bien-être) prévoit que des milliards d'individus seront contaminés dans les dix ans à venir.

Voici les symptômes de cette terrible maladie :

· Tendance à se laisser guider par son intuition personnelle plutôt que d'agir sous la pression des peurs, des idées reçues et des conditionnements du passé.

· Manque total d'intérêt pour juger les autres, se juger soi-même, et s'intéresser à tout ce qui engendre des conflits.

· Une perte totale de capacité de se faire du souci. (Ceci représente un symptôme extrêmement sérieux).

· Plaisir constant à apprécier les choses et les êtres tels qu'ils sont, ce qui entraîne la disparition de l'habitude de vouloir changer les autres.

· Désir intense de se transformer soi-même pour gérer positivement ses pensées, ses émotions, son corps physique, sa vie matérielle et son environnement, afin de développer sans cesse ses potentiels de santé, de créativité et d'amour.

· Un manque total d'intérêt pour tout ce qui est conflictuel.

· Des attaques répétées de sourire, de cette sorte de sourire qui dit "merci" et donne un sentiment d'unité et d'harmonie avec tout ce qui vit.

· Ouverture sans cesse croissante à l'esprit d'enfance, à la simplicité, au rire et à la gaieté.

· Moments de plus en plus fréquents de communication consciente avec son âme, ce qui donne un sentiment très agréable de plénitude et de bonheur.

· Plaisir de se comporter en guérisseur qui apporte joie et lumière, plutôt qu'en critique ou indifférent.

· Capacité à vivre seul, en couple, en famille et en société dans la fluidité et l'égalité, sans jouer ni les victimes ni les bourreaux.

· Sentiment de se sentir responsable et heureux d'offrir au monde ses rêves d'un futur abondant, harmonieux et pacifique.

· Acceptation totale de sa présence sur terre et volonté de choisir à chaque instant le beau, le bon, le vrai et le vivant.

Avertissement

Si vous voulez continuer à vivre dans la peur, la dépendance, les conflits, la maladie et le conformisme, évitez tout contact avec des personnes présentant ces symptômes.

Cette maladie est extrêmement contagieuse ! Si vous présentez déjà des symptômes, sachez que votre état est probablement irréversible. Les traitements médicaux peuvent faire disparaître momentanément quelques symptômes, mais ne peuvent s'opposer à la propagation inéluctable du mal. Aucun vaccin anti-bonheur n'existe. Comme cette maladie du bonheur provoque une perte de la peur de mourir, qui est l'un des piliers centraux des croyances de la société matérialiste moderne, des troubles sociaux graves risquent de se produire, tels des grèves de l'esprit belliqueux et du besoin d'avoir raison, des rassemblements de gens heureux pour chanter, danser et célébrer la vie, des cercles de partage et de guérison, des crises de fou-rire et des séances de défoulement émotionnel collectives !

Je vous l'ai proposé en écho (paradoxal, je l'admet) à ceci.

En fait Laure K, m'avait invitée (avec d'autres) à signifier un soutien au mouvement des étudiants québécois qui sont engagés dans la grève la plus longue de l'histoire du mouvement étudiant (au Québec). Résistons à la marchandisation du monde.

Photo ZL


lundi 14 mai 2012

Beauté fatale.

Je viens de passer quelques jours à Paris. Mon séjour a comporté quelques séquences pour lesquelles ce titre est ajusté. Vu le dernier film de Tim Burton, Dark Shadows, les sorcières et les vampires ressuscitent éternellement et leurs amours à la vie à la mort itou. Tim Burton en profite pour nous présenter le visage de l'Amérique du capitalisme à tout crin en la personne d'Angélique (la très belle et très vénéneuse Eva Green), une sorcière vengeresse qui faute d'obtenir l'amour de Barnabas Collins poursuit depuis deux siècles sa famille en la ruinant. Lorsque Barnabas (Johnny Depp, of course) se trouve libéré après deux siècles d'enfermement dans un cercueil cadenassé, l'affrontement reprend et fantômes, sorcières et vampires se déchainent. C'est du Tim Burton grosses ficelles. On peut aimer ou bailler. J'ai alterné. "Les liaisons dangereuses" au Théâtre de l'Atelier , mise en scène de John Malkovich, celui là même qui fut Valmont à l'écran. Le texte n'a en effet pas pris une ride et l'idée de faire jouer toute la pièce en présence de tous les protagonistes qui entrent et sortent simplement en quittant ou rejoignant le siège qu'ils occupent pendant que les autres sont en action est très puissante. Malkovich a recruté de jeunes comédiens, tous très talentueux dans une mise en scène inventive et sensuelle. Le jeune Yannik Landrein, tout juste sorti du conservatoire d’art dramatique de Paris campe un Valmont très actuel, séduisant et cynique à souhait. La Merteuil est interprétée par Julie Moulier sur un mode très masculin, féministe revanchard. Tous les autres sont excellents et l'énergie ne faiblit pas pendant les deux heures et demi que dure le spectacle. On sort avec l'envie de relire Choderlos de Laclos. Lu dans le train qui me ramenait vers ma colline le livre de Mona Chollet "Beauté fatale. Les nouveaux visages d'une aliénation féminine". A l'aide de références nombreuses, aussi bien d' ouvrages sociologiques que d'extraits de journaux féminins (Elle est abondamment cité) ou d'autobiographies de mannequins, Mona Chollet déconstruit le discours de la société de consommation qui réduit les femmes à l'obsession du paraître, fondé sur le vieux postulat rationaliste d'une maîtrise du corps, véhicule gouverné par l'esprit et dans le cas des femmes, si possible sans autre gouvernance que les injonctions de l'industrie cosmétique et de la chirurgie esthétique. "Le déchiffrement du monde en termes de « tendances » qu’on réserve à la lectrice, la surenchère d’articles lui signalant tous les aspects d’elle-même qui pourraient partir à vau-l’eau et les façons d’y remédier, lui disent implicitement, mais avec une insistance proche du harcèlement, que sa principale, voire son unique vocation est d’exalter et de préserver ses attraits physiques. Et de ne pas s’occuper du reste. " Un des aspects les plus terrifiants est la mise en image de femmes poussées à l'anorexie pour devenir les "cintres" utilisés par les grands couturiers pour exhiber leurs créations. Le mythe du mannequin qui vit une vie de rêve quand elle est en fait exposée au harcèlement continu à se maintenir en état de représenter l'abstraction de la beauté féminine ( le nombre de suicides est impressionnant dans le milieu et la mort par anorexie n'est pas anecdotique), ce mythe a des effets délétères sur les jeunes filles qui, à un âge tendre, ne peuvent pas supporter la comparaison avec ces icônes et sur les femmes mûres qui voient "fondre leur capital" de séduction. Un autre artéfact monstrueux de cette exhibition perpétuelle est de provoquer des addictions consuméristes (la paire de chaussures, le it bag, les accessoires indispensables, marqueurs d'appartenance) qui poussent de modestes midinettes à se ruiner pour tenter de correspondre à l'idéal de séduction sans cesse changeant de surcroit. Une mention spéciale à l'épilation totale qui élimine toute trace d'animalité et oblige les femmes à exhiber des sexes de pré-pubères. La chirurgie esthétique en découpant les femmes en morceaux pour en modifier certaines parties jugées inadéquates (les seins trop petits, le nez trop long, le visage trop ridé etc) a introduit dans l'imaginaire féminin une souffrance supplémentaire, la culpabilité de pas tout faire pour rassembler tous les attributs d'une perfection achevée. Souffrance morale doublée de souffrances physiques consenties, voire de mise en danger, quand elles finissent par se livrer au bistouri. La perfection : voilà l’ennemi. C’est la conclusion à laquelle parviennent toutes les essayistes convoquées ici. Laurie Essig, exaspérée par la quête obsessionnelle que mènent ses compatriotes tandis que le monde s’écroule autour d’eux, aimerait les voir se soucier enfin d’une vie qui serait bonne, et non parfaite. « Depuis quand la perfection est-elle devenue applicable au corps humain ? », s’irrite Susan Bordo, qui la trouve plus adaptée au marbre des statues qu’à la chair vivante. Quant à Eve Ensler, dans The Good Body, elle fait un pari : chercher à être une femme fantastique (great), c’est bien plus excitant que de chercher à être une femme parfaite (good). Car, comme dit la femme indienne qui traverse sa pièce, « il n’y a pas de joie dans la perfection. Ce trop court extrait ne permet pas de restituer l'extrême richesse de ce livre que je recommande à toutes les femmes, dès leur plus jeune âge afin de s'émanciper du fatras dont elles sont encombrées depuis la nuit des temps et de façon culminative en ce début de millénaire. Ce corps déserté cette éclipse, notre époque a réussi le tour de force d'en faire un idéal type. Alors que la beauté c'est avant tout le rayonnement d'un être habité. Photo ZL, my beautiful girl en liberté.