mardi 21 juin 2011

Fête de la musique

Eux, c'est tous les jours, pour quelques pièces que les passants déposent, surpris par ce couple qui joue sans pause, un air lancinant comme la misère. Ne dirait-on pas les époux Ceausescu, réduits à l'exil et remachant sur leur crincrin leur faste envolé ?


Photo ZL, Paris, Beaubourg, lundi 20 juin 2011.

vendredi 10 juin 2011

La sorcière et Zoë se disputent

La Sorcière : Tu penses utile et subtil de nous farcir les méninges avec tes histoires de révolution ?
ZL : Je crois indispensable de m'y intéresser et insensé de l'ignorer.
La Sorcière : Que penses-tu donc qu'il risque de se signaler, au bout du bout de ces effervescences ?
ZL : Je ne sais pas, mais je trouve les propos bien jouissifs. Tiens par exemple ce George Contogeorgis citoyen athénien dont je sélectionne au hasard un extrait du discours au sujet des allégations des Indignés de la place Syntagma : l 'Assemblée populaire de la place Syntagma, en Grèce, vient d'adopter un manifeste destiné à rendre le pouvoir politique à une «société des citoyens» reconstituée. Je connais bien la place pour avoir habité à Athènes et je pense à tous mes amis de là-bas. Sélection donc : Que la justice soit saisie de toutes les affaires d'immunité et de scandales apparues depuis 1974. Par nature, les affaires relevant de la responsabilité des hommes politiques ne sont pas prescriptibles. Hé, hé, du boulot pour les tribunaux populaires, Lagarde, Tapie, and so and so, gare à vos miches !
La sorcière : Tu rêves ma pauvre fille, crois-moi ! Depuis la nuit des temps les puissants tiennent le haut du pavé,
ZL : Ouaip! Mais leurs paillettes n'ont jamais été aussi ternes et ridicules. Tout le monde commence à trouver le 4X4 gerbant et l'affichage du clinquisme signe de pauvreté mentale.
La Sorcière : En es-tu sûre ?
ZL. Non. Mais je déniche des signes encourageants comme ça ou ça.
La Sorcière : Voui, elle est mignonne la Parisienne, mais on n'a jamais vu que les rigolos aient changé le cours du monde.
ZL : Ma Sorcière bien aimée, sans les rigolos nous eussions glissé dans la neurasthénie profonde et attenté à nos jours par milliers.
La Sorcière : Quant à tes cahiers d'espérance! ouh là là ! Je vois bien le propos, passer des cahiers de doléances aux cahiers d'espérance, c'est faire un joli jeu de mots. Décidément ces vieux sorciers (Hessel, Alphandéry, Morin, NDR) ont la peau dure.
ZL : Je les aime bien, sont plutôt Merlin l'Enchanteur que Mime. Merlin et Mime sont des illustrations pertinentes après tout : des règles édictées qui ne sont pas respectées (Mime), le sens du bien commun (Merlin) versus l'absurde violence de l'égoïsme (pour ma part, je regrette que la méchante soit une, juste comme d'hab, NDLR).
La Sorcière : Ah, ça ! Les sorciers sont des bienfaiteurs, les sorcières des malveillantes, depuis si longtemps dans l'imaginaire tordu des sociétés du Dieu à barbe.
ZL: Justement, il est temps de retrousser nos manches pour arrêter les massacres.
La Sorcière : Eh bien ma petite, bon courage! Y'a du pain sur la planche!
ZL: Tu pourrais donner un coup de main, non ?
La Sorcière : Mais je n'arrête pas de donner des coups de main !

mercredi 1 juin 2011

J'aime Paris au mois de mai

Vendredi 27 mai
Je suis accueillie chez des amis qui ont créé un petit théâtre à Montreuil, la Girandole. Le soir même, les élèves du conservatoire donnent un concert de jazz dans le théâtre de verdure installé par l'infatigable Luciano. Nous ne nous sommes pas revus depuis mon départ de Montreuil il y a plus de 15 ans mais nous renouons la conversation dans le plaisir de l'évidence.

Samedi 28 mai



Minuit à Paris nous a inspiré (ma fillote et moi) une promenade sur les quais. Le film est une charmante collection de cartes postales, qu'on feuillette avec plaisir avant de les ranger avec les coquillages et les fleurs séchées dans la boite en carton où patientent nos madeleines.

Auparavant nous nous étions retrouvées à la Bastille. Les marches de l'Opéra et l'esplanade étaient agitées de la colère des Ivoiriens pro Bagbo donc anti Ouattara qui reprochaient vivement à notre Président les intrusions multiples et variées pour faire taire le seul président (selon eux) qui vaille.



Dimanche 29.
La Bastille, à nouveau, cette fois en soutien aux Espagnols salement bastonnés sur la place Catalunya de Barcelone.
L'esplanade de l'Opéra Bastille est bondée, les slogans anticapitalistes sont accrochés un peu partout dont le fameux nous ne sommes pas des marchandises, ou encore, la république se prostitue sur le trottoir des dictateurs.

Assez vite, les cars de CRS se positionnent tout autour et une haie serrée de robocops filtre les entrées et sorties.

Les discours sont en même temps naïfs et très matures. Les commissions planchent sur les doléances et les solutions dont celle d'exiger au moyen d'une pétition la création d'une constituante européenne.
Le déni de démocratie est patent, les marchés nous gouvernent et nous n'avons pas voté pour les marchés. Le mot d'ordre est clair: toute prise de parole est bienvenue mais pas d'appartenance déclarée à un parti ou un syndicat.
A la fin de l'assemblée générale qui vote la poursuite de l'occupation (vous prenez l'argent, nous prenons la rue), le vote pour ou contre le campement de nuit sur la place donne lieu à une drôle d'arithmétique. Quand les animateurs demandent qui vote pour le campement nocturne, les mains se lèvent en nombre. Quand ils demandent qui se porte volontaire pour rester, le nombre fléchit singulièrement. Au final, la place a été évacuée vers 21H30. J'étais partie après le vote.
Ce mouvement pacifiste et obstiné finira par ouvrir les voies d'un vrai changement. Ces jeunes gens sont lucides, c'est essentiel.

Lundi 30 mai


Nous avons pédalé le long du canal, La Cité de la Villette était déserte (fermeture hebdomadaire). Allongée sur la pelouse, en feuilletant le Pariscope, j'ai trouvé de quoi alimenter ma fringale parisianiste à partager avec ma chérie.

Ateliers d'Artistes de Belleville. Portes ouvertes (160 lieux)


Du haut des remparts du Parc de Belleville, on a une vue plongeante sur le cœur de la capitale qu'on admire en respirant les seringuas.

Rue Denoyez La Maison de la Plage a été notre première station. C'est un collectif d'artistes où nous avons pu assister à l'arrosage, par un jeune homme juché sur une échelle, des jardinières haut perchées .
A Belleville, les cours fleuries ne manquent pas. "C'était un quartier ouvrier" nous dit une habitante, "ça fait 45 ans que j'y habite" (rue Julien Lacroix).

On peut voir les réhabilitations en cours. Et rencontrer ici ou là une petite maison perdue au milieu des tours

Voilà une œuvre qui m'a inspirée : comment recycler les milliasses de cables dont nous héritons à chaque nouvel achat de matériel depuis le début des temps informatiques.

L'église réformée accueillait des peintures mais c'est le jeu d'orgue qui m'a intéressée. Pendant que nous arpentions les allées, des tables étaient dressées pour un repas de clôture d'un rassemblement.


Dans l' arrière-cour d'un immeuble HLM (cité Faucheur-Envierges) , se trouvait un "Jardingue"


Récupérer les plastiques est devenu une des mines pour la création.

La rue des Cascades ne compte pas moins de huit ateliers dont au 61 celui d'Estelle Babut Gay et ses bois flottés. Beaucoup de drôlerie dans ses conjugaisons de matériaux divers (bois flottés, outils de jardin, brosses, clous etc). J'ai choisi Marcel et Albertine, mais allez voir ses autres "matchworks".


Au 57 Laurent Debraux et ses sculptures cinétiques,en compagnie de Mayeul 99
dont les insectes bizaroïdes sont des assemblages de chitine (antennes, élytres, mandibules, thorax, fémurs et trochanters).
J'ai regretté de n'avoir découvert cette aubaine qu'à quelques heures de la fermeture.
Le lendemain, très tôt, je suis revenue sur ma colline. le rosier fou était à son apogée


Photos ZL mai 2011

vendredi 20 mai 2011

Olé !

La place Puerta del Sol, à Madrid, jeudi soir 19 mai 2011.
La place Puerta del Sol, à Madrid, jeudi soir 19 mai 2011. AP/Arturo Rodriguez

Pendant qu'on nous bassine avec les malheurs du SKa coincé grâce à son trop plein de testostérone, qui va payer une fortune le gardien chargé de l'empêcher de s'échapper (à ce prix là, pourquoi ne pas le soudoyer et lui offrir une retraite dorée aux Seychelles, le feuilleton ne fait que commencer), pendant ce temps donc, la révolution espagnole est de retour. Mais motus, des fois que ça donnerait des idées à d'autres.
Pas aux Français ! Ils ont trop à faire! Qu'on y songe : ils ont eu le match (oui vous savez lequel, pas besoin d'insister), le bébé (aussi), le FMIste et ses hardis défenseurs dont la pensée se résume à ceci, trousser une soubrette, c'est juste de l'ordinaire, pas de quoi en faire une telle histoire, y'a pas mort d'homme tutd'même!
Donc, pas le temps de faire la Révolution. Pour quoi diantre d'ailleurs ? Tout n'est-il pas merveilleux dans notre beau pays ? Nos centrales tournent à plein régime sans un hoquet et même la sécheresse n'inquiète pas nos très hauts dirigeants. Nos immigrés font sagement la queue sans moufter.
La dette publique n'est que de 1000 milliards d'euros, le bébé de Carla va naître avec 18000 euros à rembourser, et encore, lui sera exempté.
On se dit, au moins ça bouge ailleurs, voyez la Tunisie et bien demandez à Nadia El Fani ce qu'elle en pense.
Quant à Obama, il est accusé de trahison pour avoir tenu un discours inédit sur les frontières légitimes de Palestine. De toutes façons le jugement dernier est pour demain, aussi vais-aller me mettre en règle avec Dieu (pas de boogie woogie avant mes prières du soir). Et si nous ne devions nous revoir qu'au ciel, pas de regret, nous devrions être capables de nous passer des satellites pour communier dans le Grand Tout.

mardi 17 mai 2011

Le Vent des blogs 55. Citoyens de l'Immonde



Compte tenu d'une actualité peu ragoutante et puisque les frasques supposées ou avérées de l'ex directeur du FMI encombrent (je pense aux femmes mêlées -c'est le cas de le dire- à cette affaire, la plaignante, Anne sa femme et ses filles), je vais m'offrir un petit vent des blogs qui parlerait d'autre chose.
Avant de quitter la "classe" politique, vous offrir d'accéder à la recension des hauts faits de notre président pour encore une année (pas plus j'espère) (avec naissance du divin enfant juste à temps pour qu'il soit présentable sur les estrades).

Comme je ne suis pas chienne (de garde), j'offre volontiers à Carla une consultation gratuite d'une grande spécialiste de l'éducation.

Donc, quoi d'autre sous le soleil ?



Argh! parlons d'autre chose.

Ne quittez pas ! Un instant, je compulse mes tablettes version optimisme (non, pas niais, raaah!) Ah! Voilà! Mhhhm, ça fait du bien! Évidement, on peut se demander si les Africains ont bien besoin qu'on leur tienne la main, s'il ne serait pas plus utile qu'on leur lâche les baskets. Mais bon...

Je cherche : Europe, ça déconne, Amériques, ça déraille, Chine, Japon ça chauffe, Palestine ça perdure dur.

Bon, je vais aller chez Mâme K, en général, elle me distrait tout en m'instruisant . Et qu'est-ce qu'elle me fait ! Ah! Non, ça c'est trop dur !

Ma copine du Gard me transmet les liens sur la télé locale qu'elle anime. Il se trouve que son dernier reportage concerne un village Sauve que j'aime beaucoup où s'est installé Eric Mc Comber, le citoyen de l'Immonde. J'aime bien le principe des ateliers portes ouvertes.

Le seul, le vrai, l'unique voyage, c'est changer de regard. (M.Proust)
Merci Juillev.

Photo 1,ZL, prise sur mon pas de porte (il n'était pas midi), en avril 2011

dimanche 8 mai 2011

Interlude

En attendant la suite de nos émissions, nous vous présentons la chatte, actuellement âgée de 17 ans, un peu ralentie mais dont le regard critique n'a rien perdu de sa vivacité. Elle s'est invitée un jour et n'est plus repartie tout en refusant de vivre à l'intérieur. C'est une clocharde céleste.



Poème du chat


Quand on est chat on n'est pas vache
on ne regarde pas passer les trains
en mâchant des pâquerettes avec entrain
on reste derrière ses moustaches
( quand on est chat , on est chat )



Quand on est chat on n'est pas chien
on ne lèche pas les vilains moches
parce qu'ils ont du sucre plein les poches
on ne brûle pas d'amour pour son prochain
( quand on est chat , on n'est pas chien )


On passe l'hiver sur le radiateur
à se chauffer doucement la fourrure


Au printemps on monte sur les toits
pour faire taire les sales oiseaux


On est celui qui s'en va tout seul
et pour qui tous les chemins se valent
( quand on est chat , on est chat ).


Jacques Roubaud

Photo ZL

mardi 3 mai 2011

Marre !

http://www.amstutz-deratisation.ch/images/Pigeon,Feral.jpg
















Le titre (marre) peut être décliné d'au moins deux façons : j'en ai marre de et je me marre de. Je vous propose des compléments. A vous de distinguer leurs légitimes antécédents.

l'enfumage qui nous brouille la vue, de sorte qu'on ne sait plus si les morts sont vraiment ceux qu'on nous dit avoir largués d'un porte-avion ou s'ils ne sont qu'un point final qui clôture une vaste enfoirade (genre armes de destruction massive, remember ?), j'utilise le pluriel parce qu'on ne nous dit rien des autres mais ils le sont eux aussi non ?

l'arrivée sur les scènes du disneyland mondialisé de mariés, de bébés, de cuculteries sucrées (sacrées mouarf!) de toutes sortes juste au moment où ça chauffe aux fesses des "very important persons" dont les abus et exactions commencent (façon de parler) à chauffer les oreilles du commun (notez l'adjectif) des mortels qui ne parvient plus à payer son loyer et ses nouilles,

les ragots et soi-disant révélations quant aux listes de nos futurs postulants à l'élection suprême, un an (et je ne compte pas les mois précédents) avant que nous ayions à leur donner nos voix (nos âmes ?), alors qu'on ne sait pas s'ils seront encore vivants,

la promotion gratuite et tout bénéfice des propos de la fille de son père qui dit haut ce que tout bas patati patata et dont les journaleux se pourlèchent tout en faisant les dégoûtés,

l'envahissement de plus en plus invasif (pléonasme oui, figure d'insistance plutôt, genre morpion comme ils savent si bien le faire) de la publicité dans chaque acte de notre vie, de sorte que pour respirer il faudrait arracher des pans entiers d'affiche, passer sa vie à flinguer tous les spams et pop up (et je me limite dans mes imprécations). Que du choix première qualité dans les inepties, genre la "réclame" pour "les arts de la table" à la radio où le mec ulcéré de la vieillerie de ses assiettes les flinguent comme au tir au pigeon (sous-entendu, le vieux est moche, etc).

les tics de langage comme "à un moment donné", ou "voilà", ou "effectivement" ou (complétez selon votre propre sélection).

Tout cela n'est pas du même niveau direz-vous, la disparition de l'ennemi public number one (au suivant!) et le tir au pigeon des assiettes du service de mariage (comment peut-on faire des listes ! A ce sujet saviez-vous que le "couple princier" a ouvert une fondation pour généreux bienfaiteurs afin de les aider dans le démarrage dans la vie !!!).

Il est vrai, sauf que : marre!!!!!!!!!

Un petit truc vraiment marrant


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