vendredi 30 janvier 2009

IBM, Comment calculer ton Indice de Bonheur Mondial,

Il faisait beau. Je me suis plantée à mi-chemin et j'ai regardé défiler les banderoles et les slogans. Comme je n'appartiens à aucune clique dûment répertoriée et que la seule où je compte le plus grand nombre de complices est celle des intermittents (étant moi-même de l'espèce clignotante), je me suis contentée de saluer ou faire des bisous aux différentes figures familières qui émergeaient ici où là. Ca marchait plutôt en silence, en devisant, les gens se donnaient des nouvelles, est-ce que les tuiles avaient tenu et le petit dernier était-il parti ou déjà de retour. De temps en temps ça chantait "un pas en avant, trois pas en arrière, c'est la politique du gouvernement". Tu l'as vu ma grève" sous toutes les formes collées sur le front, sur les fesses, la une de Télérama " amplement recyclée, sans oublier les innombrables "casse toi pov'con" sous diverses déclinaisons. Je suis restée plantée sur un trottoir médian séparant la rue en deux voies. J'ai manifesté en stationnant. J'ai été tentée de suivre les théâtreux et musicos grimés et braillards accompagnés par un saxo et une grosse caisse installés sur un camion et puis non, quelques bises, et j'ai attendu la suite. Le PS fermait la marche. Voilà. Ça s'est étiré sur plus de trois heures. Ça s'est dissous dans le calme comme disent les chroniqueurs. Monstre la manif ? Mouais. Pas assez de sang jeune. Quelques uns brandissant en chantant "etudiants en colère". Seuls les anarchistes ont tenu des propos virulents scandés avec en arrière fond Liam au meilleur de sa rage. Il va faire semblant mais même pas peur. "L' Egoprésident " (dixit Fabius ce matin) va nous concocter un de ses habituels mélanges sucré salé, il va convoquer la troupe des syndicalistes qui diront qu'ils ne cèderont sur rien d'essentiel, un autre tour de rue, un peu plus morose, et on enverra la troupe de casseurs pour déconsidérer la manœuvre. Trois ans encore ou une énorme poussée de fièvre avec traitement de choc.
Le soir j'étais conviée à participer à un café citoyen organisé par "Les petits débrouillards" qui tentent de diffuser une science citoyenne auprès des enfants. . Nous avons eu un reportage en direct de Bélem, ce n'était pas la bousculade au forum Science et citoyenenté le premier du genre au sein du FSM. Après quoi, nous avons entamé un débat : le thème « Indicateurs de bonheur : Quels progrès apportent les sciences?». J'avais été chargée des indicateurs. Autant dire que j'ai d'emblée traité de saugrenue cette idée émise en premier lieu par le Roi du Bhoutan soi-même au prétexte sans doute qu'il pensait pouvoir faire celui de son peuple.
Mais ne pas s'en tenir au dénigrement. Examiner ce qui en résulte. Ça progresse. Je veux dire la prise de conscience que la richesse ne se mesure pas au volume de fric qui circule. En France, Patrick Viveret
(auteur d'un rapport sur "La mesure de la richesse")a imposé une métaphore : c'est le thermomètre (la mesure du PIB, donc la course à la croissance) qui nous rend malades. La tempête qui vient de ravager les Landes c'est du bon PIB en puissance (réparation des dégâts).
Donc rien que pour vous, dévoreurs de blogs, voici un petit raccourci de la question.
Le classement par pays effectué par le Globeco est calculé à partir des mêmes principes que l’indice du bonheur mondial, à partir des 20 indicateurs suivants :
- Paix et sécurité : guerre et paix, morts violentes, corruption, sécurité économique, sécurité humaine
- Liberté, démocratie, droits de l’homme :démocratie, liberté de la presse, droits des femmes,
droits des enfants, peine de mort ;
- Qualité de la vie : PIB par tête, coefficient de GINI,
espérance de vie, suicides, air pur ;
- Formation, information, communication :
Formation (coefficient 2), journaux, radios et TV, Internet.
Ce classement est effectué pour 60 pays qui représentent 85 % de la population mondiale et plus de 90 % du PIB mondial.
• Ces 3 indices et classements sont publiés tous les ans sur www.globeco.fr sous la même rubrique et sous le même titre que l’indice du bonheur mondial.
Je vous soulage du suspense insoutenable, nous sommes à la douzième place au Palmarès. Peut mieux faire, surtout du côté du critère sexospécifique. Quoisque ? Niveau de participation des femmes à la vie publique et économique (au plus haut niveau s'entend, parce qu'à la photocopieuse ça ne compte pas) combiné avec le taux de femmes victimes de violence et autres vétilles de notre charmant pays. Bref on n'arrive pas à la cheville des Pays Nordiques, et singulièrement du Danemark qui présenterait toutes les garanties pour une félicité sans trêve. J'y ai vécu et je n'ai pas constaté chez les Danois une propension excessive à l'euphorie mais il est vrai que c'était bien avant la mise au point de ces charmants indicateurs.
Dans les conclusions du dernier rapport de Globeco, quelques bonnes et mauvaises nouvelles. Je choisis de vous transmettre les mauvaises, les bonnes étant moins spectaculaires. Les gens heureux n'ont pas d'histoire, c'est bien connu.
  • Le volume du commerce des armes augmente par rapport à l'an 2000 ;
  • Le nombre de victimes des catastrophes naturelles et technologiques augmente de façon particulièrement tragique en moyenne triennale à cause du Tsunami, de Katrina et du tremblement de terre du Cachemire.
  • Le nombre de réfugiés recommence à augmenter par rapport à l'an passé ;
  • Le nombre de victimes de la peine de mort augmente sensiblement ;
  • L'inégalité des revenus à l'intérieur des pays augmente lentement mais sûrement ;
  • L'Indicateur de pauvreté humaine et salariale des pays du " milliard de pauvres " que nous prenons en considération se détériore par rapport à l'an 2000 ;
  • La teneur en CO2 de l'atmosphère augmente régulièrement : 366 ppm en 2000 et 378 en 2006 …
  • La surface forestière par habitant diminue lentement mais sûrement ;
  • Les disparités entre le " milliard de riches " et le " milliard de pauvres " augmentent aux dépens des femmes depuis l'an 2000 ;
  • Les disparités entre le " milliard de riches " et le " milliard de pauvres " concernant l'espérance de vie augmentent depuis l'an 2000.
Et vous voudriez encore nous faire croire qu'il suffirait de marcher dans la rue bras dessus bras dessous ?

http://www.lespetitsdebrouillardsmidipyrenees.org/

lundi 26 janvier 2009

Retour vers le futur

Interruption momentanée de l'image et du son. La fée électricité ayant pris quelques coups de matraque, elle nous a laissé tomber sans vergogne et alors à nous les repas aux chandelles et la bouillotte pour les draps glacés. Plus de nouvelles du monde. Expédition pour dégoter d'antiques piles à transistors. Eh bien c'est impressionnant cette addiction au bouton électrique, ce sentiment d'abandon lorsque nos écrans restent noirs, que le portable refuse de porter et que le fixe reste obstinément muet. Or nous savons que cela n'est que momentané. Qu'en serait-il si une catastrophe majeure détruisait ces sources d'énergie et de connexion qui nous sont devenues aussi essentielles que l'eau et l'air (enfin, il ne faut pas exagérer). Assisterions-nous à un pic de dépression, des sauts du haut des étages, des meurtres par décompensation soudaine de psychorigides auparavant canalisés via les jeux video de destruction massive ? Ou bien verrait-on les rues et les cafés se gorger d'anciens zombies enfin désintoxiqués, les jeux de séduction réemprunter les voies de la chair en direct, et les recherches en énergie renouvelable exploser ?
Pour l'instant les amoureux des arbres pleurent les massacrés et les pianoteurs de messages hasardeux repartent de plus belle à l'assaut de la montagne sacrée.

vendredi 23 janvier 2009

Voyages

Depuis que je me suis prise d'engouement pour ce dérisoire espace de délire délimité par un petit rectangle sur mon écran, je voyage. De lien en lien, c'est fou, je découvre un monde immense de causeurs solitaires qui grapillent et concoctent leur jus de verbe dont certaines cuvées corsées me procurent quelque ivresse. Il y a un nombre incroyable de zigotos avec qui je fricoterais avec bonheur mais dont je n'aurai aucune autre émanation que ces textes ou photos. Ajouter un commentaire ? Mais alors il me faudrait du matin au soir pianoter pour placer ma remarque subtile en regard de la subtile remarque de l'auteur. Je viens de rencontrer un zélateur de la perplexité, appelant à une manifestation pleine de points d'interrogations (? ) et qui se fait remonter les bretelles par les moralistes de l'engagement. "Ceux qui tuent femmes et enfants ne sont-ils pas les monstres tout désignés" etc . Zut j'ai oublié de copier le lien. Il s'appelait David Abiker. Vous connaissez la formule pour le rejoindre si vous le souhaitez. Ensuite cliquez sur ses liens vous aurez droit à un petit tour de planète. Elle est pas belle la vie ?

jeudi 22 janvier 2009

Questions fameuses

http://lettreslibres.zeblog.com/c-02-confessionnal


Ce sera un face à face avec un inconnu que vous retrouverez en cliquant sur le lien ci-dessus. Je m'appose en rouge

Mes réponses au fameux questionnaire de Proust...

Le principal trait de mon caractère ?
La patience.
La patience

La qualité que je préfère chez un homme ?
La bienveillance.
L'humour

La qualité que je préfère chez une femme ?

La bonté.
L'humour

Mon principal défaut ?
L'impatience.
L'anxiété = l'art d'imaginer le pire pour éviter qu'il n'advienne.


Ce que j'apprécie le plus chez mes amis ?

Leur amitié.

Qu'ils soient vivants


Mon occupation préférée ?

L'écriture.

La rêverie


Mon rêve de bonheur ?

Cesser de rêver.

Rêver sans limite


Quel serait mon plus grand malheur ?

Mourir.

Survivre à la mort du monde


Ce que je voudrais être ?

Moi-même, puisque je est un autre...

Ni tout à fait la même ni tout à fait une autre


Le pays où je désirerais vivre ?

Ici et maintenant.
Le Pôle Nord en été, l'Equateur en hiver.


La couleur que je préfère ?

Le rouge.
L'arc en ciel


La fleur que je préfère ?

La rose (rouge).

Celle qui fleurit dans mon jardin


L'oiseau que je préfère ?

Le colibri.

Le pélican


Mes auteurs favoris en prose ?

Artaud, Auster, Casanova, Céline, Flaubert, Faulkner, Hemingway, Joyce, Kafka, Kundera, Mauriac, Proust, Sollers, Voltaire..

Certains ci-dessus et beaucoup d'autres dont Eric Chevillard et Lydie Salvayre .

Mes poètes préférés ?

Rimbaud, et quelques autres...

Question trop intime


Mes héros dans la fiction ?

Dedalus (Joyce), Joseph K. (Kafka), Maître Yehudi (Auster)...

Les héros sont fatigants


Mes héroïnes favorites dans la fiction ?

Emma Bovary (Flaubert), Nana (Zola), Caddy (Faulkner), Maou (Le Clézio)...

Mère courage


Mes compositeurs préférés ?

Mozart, et quelques autres...

Coltrane, John Surman


Mes peintres favoris ?

Matisse, Picasso, et quelques autres...

Basquiat


Mes héros dans la vie réelle ?

Les dissidents, les résistants et les enfants.

Les héros sont fatigants


Mes héroïnes dans l'histoire ?

Les reines, les saintes et les prostituées.

Et ta soeur ?


Mes noms favoris ?

Rachel, Rebecca, Philippe, Samuel...

Clément, Olivia

Ce que je déteste par-dessus tout ?

La haine de soi (et d'autrui).

La détestation et pourtant elle m'habite, que faire ?


Personnages historiques que je méprise le plus ?

Adolf Hitler, et Khomeiny et Staline et leurs spectres...

Les héros sont fatigants

Le fait militaire que j'admire le plus ?

Le débarquement allié en Normandie (6 juin 1944).

Je n'admire aucune performance militaire, mes plus fortes détestations relèvent des faits d'armes


La réforme que j'estime le plus ?

L'abolition de la peine de mort par François Mitterrand et Robert Badinter (9 octobre 1981).
Pareil + la légalisation de l'égalité entre tous


Le don de la nature que je voudrais avoir ?

Que je voudrais avoir ou que je voudrais être ?

Le cameléonisme, vertu méprisée consistant à ne pas faire tache,

Comment j'aimerais mourir ?

À l'air libre et seul.

En rêvant comme le patriarche de cent ans de solitude


Etat présent de mon esprit ?

Calme et concentré.

Transhumancien


Fautes qui m'inspirent le plus d'indulgence ?

Celles d'autrui.

De mieux


Ma devise ?

S'adapter sans adopter.

A chaque jour suffit sa peine, demain est un autre jour, tel qui pleure aujourd'hui demain rigolera.

mardi 20 janvier 2009

Adieu au vieux monde des mâles pâlichons

Bien entendu, je suis heureuse qu'un individu maitrisant le langage et semblant relativement équilibré, beau et bronzé, accède à l'investiture suprême dans ce pays si déterminant pour le reste du monde. Il me plait cet homme, lumineux et grave à la fois. Je n'ai vu aujourd'hui que les reportages du déjeuner au Congrès (rentrée tard). Ecouté son discours en réponse à l'hôtesse des lieux et en adresse au monde entier. Sobre. Il me semblait déjà atteint par l'ampleur des dégâts qu'il lui revient non de réparer mais d'éviter de renouveler.
Dans ce moment unique, nous assistons à une sorte de quintessence des outrepassements : un Noir, premier Président de couleur aux Etats Unis accueilli pour cette cérémonie au Congrès où officie une femme Nancy Pelosi (la première également) présidente de la chambre des représentants. Une telle conjonction est en effet inouïe et paraissait improbable il y a seulement quatre ans lorsque les Etats Unis avaient réélu GWB, qui restera avec Nixon un des plus calamiteux du genre. Il a d'ailleurs été sifflé lors de la passation de pouvoirs. Bon débarras (si toutefois on se débarrasse avec l'une de ses marionnettes de l'engeance qui sévit encore).
Longue vie à Obama, pas seulement for USA sake mais pour le monde entier. Il est temps de laisser le vieux monde des mâles imbus de leur supériorité de pâlichons et de détenteurs de testostérone pour entrer dans une combinatoire plus subtile des forces et des talents de l'espèce. Un peu d'optimisme ne nuit pas.

lundi 19 janvier 2009

Un texte resté en suspens, avant la nausée;

Ce texte est resté en suspens. Je le publie avec quelques jours de retard. Il n'est pas près de devenir obsolète hélas.
A propos des exactions perpétrées en Palestine:
me revient en mémoire une interview d'Howard Zinn l'historien américain qui avouait avoir participé au bombardement de Royan en avril 1945, opération parfaitement inutile qui a détruit 85% de la petite station balnéaire et soufflé les poumons d'un nombre hallucinant de ses habitants. Il s'agissait d'expérimenter le prototype de ce qui allait devenir le napalm tristement célèbre par la suite. Il n'en était pas fier et déclarait que cela avait été fondateur de ses engagements futurs contre la guerre au Vietnam. Il était reçu par Daniel Mermet à l'occasion de la publication "d'Une histoire populaire des Etats Unis". Que croyez-vous disait-il en substance, lorsque les armes existent, elles doivent être utilisées. Si on les crée il faut leur trouver un débouché en quelque sorte. Les Allemands étaient à genoux, il n'était nullement nécessaire de les déloger à grands frais (payés au prix des morts de Royannais). Dans ce pays de Cocagne, se prélassaient essentiellement quelques gradés logés dans les grands hôtels, dégustant des huitres et du Cognac et jouant au Casino. Ils auraient déguerpi lorsque l'Allemagne aurait été complètement vaincue. Mais les militaires américains piaffaient, ils voulaient tester leur dernier bijou de technologie meurtrière.
J'ai été particulièrement révoltée par son témoignage, j'en ai conçu un surcroit de détestation à l'égard de toute forme d'armement. Au nombre de mes utopies, je considère que le premier décret que devrait prendre un gouvernement mondial s'il pouvait enfin voir le jour serait celui d'un désarmement immédiat assorti d'une reconversion à grande vitesse de toutes les industries militaires en industries de paix.
Oui, j'ai été particulièrement révulsée, je suis née à Royan. L'aurais-je moins été si j'avais fait mes premiers pas ailleurs que sur les plages où s'enfoncent depuis désormais soixante ans les blockhaus érigés par la folie allemande ?

La nausée

Je ne parviens pas à me retirer de l'esprit l'idée que ce carnaval macabre perpétré en Palestine est une sorte de baroud orchestré par le lobby militaro industriel pour dépenser toutes ces bonnes réserves d'armes, qu'il faut bien utiliser une fois qu'elles ont été mises en circulation, surtout si on souhaite renouveler le carnet de commande. 20000 bâtiments endommagés, 4000 entièrement détruits, plus d'un milliard de dollars de dégâts matériels. Qui va reconstruire ? Les entreprises occidentales menacées par la récession ? Qui va financer ? L'Arabie Saoudite se positionne, le coeur sur la main.
Une paix provisoire qui intervient exactement la veille de l'investiture de Zorro Obama.
Do not worry, Uncle Sam is back !
Pendant que l'Amérique et tout l'Occident va éructer de bonheur pour fêter le nouveau messie, la population palestinienne ira errant entre les gravats à la recherche d'une trace même infime de ses maigres possessions pulvérisées par les jeux de pouvoir de nos grands hommes.
La nausée !