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jeudi 1 septembre 2011

Les belles et les bêtes



Qu'elles soient nues ou vêtues, seules ou accompagnées, elles expriment toutes une inaliénable liberté que souligne leur manière d'occuper l'espace. Etrange ballet que celui de ces danseuses, de ces nageuses et autres sirènes, nées de la rotondité de la terre tournée et qui pourtant ne touchent pas terre (...) le corps en quête de plaisir est là simplement offert. Et dans l'apesanteur qui est à ces femmes fatales leur espace sans contrainte, leur oxygène pur, elles figurent toutes les positions du plaisir et même davantage, inventant serpentines et divines, des torsions et des contorsions à la recherche de cette jouissance originelle dont on perd le souvenir en naissant.




Les belles de Sophie voisinent plus volontiers avec les bêtes qu'avec les hommes. Peut-être parce que, comme ces animaux que l'artiste cerne d'un trait naïf, elles appartiennent à un imagier hors du temps. Pas de rides, d'outrage des ans sur le corps et le visage de ses femmes. pas d'âge non plus pour les bêtes qui les frôlent et qui les séduisent comme du temps triomphant de l'Olympe, quand lassées des immortelles déesses, les dieux se transformaient en bêtes -cygnes et souvent taureaux - pour abuser de candides jeunes filles aux yeux écarquillés de désir et d'effroi.

Ce beau texte de Michèle Gazier accompagne les illustrations d'un livre hommage à Sophie Combres.
J'avais rencontré cette femme au cours d'un festival du film d'Aigues Vives. Elle était déjà atteinte de la maladie de la moelle qui finira par avoir raison de sa magnifique vitalité. Peut-être parce qu'elle était atteinte de cette maladie qui peu à peu la réduisait à l'immobilité, elle était vibrionnante et si mes amis ne me l'avaient pas dit, je n'aurais jamais imaginé que cette femme pétillante fût malade.
J'ai découvert ce livre au cours de ma visite à la Maison de la Céramique de Giroussens. Je viens de le parcourir. J'aime ses belles et ses bêtes et la flamboyance de ses couleurs.

Aucune de ses belles ne baisse les yeux, aucune d'elles ne les ferme. Et cette frontalité de qui refuse de se protéger derrière les paupières closes est une manière d'affirmer un courage certain et une inaltérable lucidité.