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lundi 8 février 2016

De la civilisation

Comme je ne suis pas beaucoup venue ces derniers temps sur ce blog, si ce n'est pour éradiquer les commentaires pourris du billet précédent, je reviens avec quelques réflexions en vrac, inspirées par mes dernières lectures ou pérégrinations

"Contrairement à l’idée selon laquelle le mode de vie de la culture dominante est « naturel », les êtres humains ont vécu en petits groupes écologiques, participatifs et équitables, pendant plus de 99% de l’histoire de l’humanité."
Où l'on apprend si on ne le savait déjà les méthodes "douces" de Christophe Colomb (autoproclamé « vice-roi et gouverneur » des Caraïbes et des Amériques")  qui ont permis de faire passer la population des "sauvages " indigènes en trois ans de 8 millions à 3 millions. En 1514 il ne restait plus que 22 000 indigènes, et après 1542 ils étaient considérés comme éteints. Bel exploit!
Un article éclairant sur les soi-disant  bienfaits de notre si belle civilisation qui s'est exportée partout dans le monde au détriment des êtres humains qui n'envisageaient pas la conquête mais une vie paisible et dénuée de violence Retour sur : la civilisation Par Aric Mac Bay.
 
J'étais à Bruxelles et le contraste était particulièrement violent  entre le petit hôtel chaleureux où j'ai dormi, situé sur Place du jeu de balle, où se tient tous les jours le marché aux puces, et les folies mégalomanes du quartier du Parlement européen. Ce sont des gouffres à énergie qu'il faut chauffer ou refroidir à grands frais. Ce n'est nullement agréable, tous ces lieux sont calqués sur le modèle américain, tout est trop! On se perd dans les couloirs. Seul bon point à mes yeux une buvette où on trouve du café à 50 centimes et des sandwichs à deux euros. On aménage les prix pour ces malheureux députés. Enfin bref! Très civilisé!

A Paris, j'ai fait un petit saut dans une galerie de la rue Quincampoix (je n'étais pas repassée par cette rue que je connaissais plutôt comme haut lieu des "filles de joie"). Thaddée ne peut être qualifiée de fille de joie sauf si on donne à cette expression sa valeur littérale. L'exposition de ses collages "Les demeures de l'esprit " était délicieuse, son travail est d'une délicatesse inouïe. Quant à son univers, disons que cette jeune femme est un peu perchée et navigue entre des espaces temps improbables. Elle découpe de vieilles encyclopédies et réalise ses collages en associant ses captures selon une logique à elle seule connue mais qui procède d' un étirement onirique  entre passé et futur. Un trait d'union entre ces temps où le progrès s'enregistrait dans les encyclopédies pour les temps futurs et  notre époque de chamboulements incessants.



Thaddée a un très joli rire. J'ai eu le plaisir de bavarder quelques minutes avec elle. Nous avons évoqué ce bon Depluloin * dont nous devrions retrouver prochainement une compilation des billevesées sur un site. Je ne manquerais pas de signaler le déménagement si Thaddée nous alerte.   

Lu Pas Liev de Philippe Annocque ou comment entrer sous le crâne d'un simple d'esprit. Plus de repères, ni d'espace, ni de temps, pas de logique dans le déroulement, seulement le questionnement récurrent de Liev sur sa propre réalité. Liev ou plutôt Pas Liev place en abime toute certitude et nous sommes nous-mêmes sans cesse sur l'expectative. De quoi cet homme nous parle-t-il sinon des ruminations qui habitent tout à chacun, des spéculations que nous osons à partir d'éléments ténus de la réalité, des rêves absurdes qui nous visitent y compris les yeux ouverts.  Ce long monologue nous conduit vers une fin,  un peu comme des "Souris et des hommes", sauf que nous sommes avec George du début à la fin et qu'il n'y a pas de Lennie pour le protéger.

Pas Liev, Quidam éditeur, octobre 2015

Le spectacle  Ici les aubes sont plus douces  a eu lieu le dernier jour à Toulouse devant une salle largement occupée par des amis. . Nous sommes sur le front russe avec des femmes soldats, des femmes à peine sorties de l'enfance et plongées à corps perdus dans la guerre. La guerre fait paraît-il partie de la civilisationPerformance très puissante. A la fin, silence absolu! Un temps nécessaire pour émerger de l'énergie déployée par les acteurs dans ce combat perdu de la vie contre la guerre. Puis applaudissements chaleureux.

Le lendemain grande tablée avec ceux qui étaient venus de loin et avaient dormi sous notre toit. Nous avons pris notre repas  sur la terrasse. Décidément les hivers sont si doux. Trop ?

 
*Une de ses amies a publié des brouillons (était_ce une bonne idée?) mais le site devrait déménager. En attendant vous pouvez visiter son humour unique    

vendredi 9 octobre 2015

On ne voit pas le temps passer.

Les chiffres sont sans appel : ma fréquentation de la blogosphère baisse inexorablement.
Je suis très occupée, il est vrai, à de multiples grandes petites affaires. Outre les tâches attendues par mes cercles d'activités (dont quelques jours ultra compacts à Berlin), les travaux divers dans la maison et au jardin, j'ai accueilli tout ou partie de la troupe de comédiens avec lesquels ma fillote s'est lancée dans une aventure théâtrale. Bien qu'ils aient travaillé principalement à Paris, ils ont donné la première à Toulouse et j'étais chargée d'organiser un peu la logistique d'accueil. La jeune troupe débute, a peu de moyens financiers et le projet est ambitieux. "Le peuple lié"   a obtenu l'attention de Philippe Caubère qui leur a prêté sa voix off (celle du Major) et les a gratifiés d'un joli texte d'encouragement que je reproduis ici
"" J'invite et j'encourage avec toute la vigueur possible tous les programmateurs, directeurs et, au-delà, amateurs de théâtre qui le pourront, à se rendre au Théâtre du Gymnase pour assister à l'une des trois présentations de ce spectacle, que je n'ai pas vu puisqu'il est encore en répétitions, mais dont j'ai eu l’occasion de lire le texte auparavant et auquel j'ai eu la chance et l’honneur de participer par l'enregistrement de ma voix incarnant l'un de ses personnages. Pourquoi -à part ça- me direz-vous? Parce que le roman dont il est inspiré et la formidable adaptation qu'en ont tiré Marie Lauricella et Olivia Combes m'ont tout de suite rappelé Le Premier Maître, ce prodigieux film de Kontchalovski de 1965, et surtout La Tragédie optimiste de Vichnievsky (1933), deux œuvres majeures qui ont bouleversé ma génération. Le même climat, les mêmes mots, les mêmes images. En fait : la même histoire. Celle de la grande guerre de libération du peuple russe et du prix qu'il a dû la payer. Et non pas seulement vue, mais vécue ici par les femmes. Un bataillon de jeunes femmes. Vivantes, drôles, enfantines, coquettes, parfois terrifiées, la plupart du temps follement courageuses. Voici, avec le retour sur la scène de cette grande et noble histoire que je pensais jetées aux oubliettes, celui d'un féminisme enfin digne de ce nom. Réel, historique, bouleversant. Ne manquez pas, s'il vous plait, d'aller applaudir ces combattantes héroïques qui prennent le temps de s'habiller joliment avant d'aller mourir, comme ces actrices, metteuses-en-scène ou décoratrices, aussi belles qu'aventurières, n'ayant pas craint de partir vivre en Russie pour y trouver le métier et l'inspiration, avant d'en revenir avec ce joyau de poésie, de fraîcheur, de littérature et de tragédie. Cette merveille de théâtre."

Ils vont se produire à Paris, au Gymnase, une scène peu familière de ce genre de théâtre, mais dont les directeurs fait confiance au talent des deux metteuses en scène.
Inutile de mentionner que j'ai été éblouie par le résultat des deux ans de travail des deux bougresses (adaptation de la pièce, sélection des acteurs -tous impeccables- décors, costumes, tout avec leur seule énergie).   Et fière de ma fillote
C'est un spectacle où se mêlent la poésie, l'émotion, la drôlerie, un texte fort danse et chants  Un petit teaser pour vous donner envie
 
 Toutes les infos ici

A part ça, j'ai lu des livres, de nature différente, mais j'y reviendrai. Un petit teaser là encore ? 

Le foyer, un lieu de repli frileux où l’on s’avachit devant la télévision en pyjama informe ? Sans doute. Mais aussi, dans une époque dure et désorientée, une base arrière où l’on peut se protéger, refaire ses forces, se souvenir de ses désirs. Dans l’ardeur que l’on met à se blottir chez soi ou à rêver de l’habitation idéale s’exprime ce qu’il nous reste de vitalité, de foi en l’avenir.
Ce livre voudrait dire la sagesse des casaniers, injustement dénigrés. Mais il explore aussi la façon dont ce monde que l’on croyait fuir revient par la fenêtre. Difficultés à trouver un logement abordable, ou à profiter de son chez-soi dans l’état de « famine temporelle » qui nous caractérise. Ramifications passionnantes de la simple question « Qui fait le ménage ? », persistance du modèle du bonheur familial, alors même que l’on rencontre des modes de vie bien plus inventifs…
Autant de préoccupations à la fois intimes et collectives, passées ici en revue comme on range et nettoie un intérieur empoussiéré : pour tenter d’y voir plus clair, et de se sentir mieux.
Mona Chollet, Chez soi, une odyssée de l'espace domestique. éditions Zones, 250 pp., 16 €. Parution le 23 avril.
Si vous ne connaissez pas Mona, je vous conseille son site, elle a été pionnière de la communication numérique. Elle y publie à un rythme beaucoup plus élastique encore que le mien, mais il est vrai qu'un essai aussi fouillé que celui qu'elle vient de faire paraitre, ça mange beaucoup de temps. Sur son site une présentation de son opus plus explicite que je ne saurais l'être. Et les mots de minuit avec Cynthia Fleury

Un dernier teaser avant de retourner à mes moutons (sommeil!!!) . La musique de 'Ici les aubes sont plus douces" est en grande partie de Yom et c'est une merveille. Découvrir Yom 

A bientôt!