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jeudi 5 mars 2020

Escapade en nostalgie

Mon amie chérie voulait passer quelques jours à Sète. Retrouvailles avec la belle bleue, enfin un peu moins bleue, le temps était instable.


Propice pour la visite du Musée Paul Valéry. Plusieurs salles d'exposition Les collections permanentes se composent essentiellement d’œuvres du XIXème siècle

Le fonds illustre par ailleurs très largement les deux écoles sétoises qui, au XXe siècle, ont donné à la ville sa renommée dans le domaine des arts plastiques : le Groupe Montpellier-Sète (François Desnoyer Jean-Raymond Bessil, Gérard Calvet, Gabriel Couderc, Camille Descossy, Georges Dezeuze et Pierre Fournel) et la Figuration Libre (représentée notamment par des œuvres de Robert Combas et de Hervé Di Rosa). (extrait du site)


Gabriel Couderc (1905-94)  Le Port de Sète, le matin (1948)
La salle réservée à Paul Valéry  rassemble manuscrits et dessins du poète. les lettres à sa petite fille sont très émouvantes. 
Dans une salle, une vidéo nous donne à lire le fameux poème Le Cimetière marin pendant qu'il se déroule par la voix de Daniel Mesguish

Ce toit tranquille, où marchent des colombes,
Entre les pins palpite, entre les tombes ;
Midi le juste y compose de feux
La mer, la mer, toujours recommencée
Ô récompense après une pensée
Qu’un long regard sur le calme des dieux !  

Paul Valéry repose sous une stèle très simple dans le fameux  Cimetière Marin au bas du Mont Saint Clair d'où on peut contempler la mer. 

 

Cette toile de Robert Combas (capture personnelle, donc pas excellente) en hommage à Brassens et sa chanson "Dans l'eau de la claire fontaine", une manière de transition vers l'Espace qui lui est dédié.
On visite l'espace Brassens avec la voix de Georges dans les oreilles, on découvre des instantanés de sa vie qu'on ignorait, on contemple sa belle écriture serrée, on réécoute "Trompettes de la renommée" 
en se disant qu'il n'aurait pas supporté notre époque d'exhibition forcenée, on contemple les fossettes de ses sourires qui attestent de l'extrême générosité de l'homme en savourant la modestie de ses propos. Cette modestie qu'on retrouve sur sa tombe, dénichée après avoir tourné au milieu de marbres arrogants dans le cimetière près de l'étang où repose près de lui la femme qu'il n'a pas demandé en mariage mais qui a été unie à lui jusqu'à sa mort. Joha Heiman, dite Püpchen ("petite poupée"), née sur les bords de la Baltique en Estonie lui a sans doute inspiré plusieurs de ses plus belles chansons / poèmes.


Entre temps, un film, "Un divan à Tunis" avec l'actrice iranienne Golfisteh Faharani (magnifique). On a reproché au film ses clichés sur la société tunisienne. La réalisatrice est franco tunisienne et son choix de Golfisteh Faharani plutôt qu'une actrice tunisienne a peut-être pour motif de protéger l'interprète de problèmes dans son pays. C'est une comédie grave sur le retour au pays quand on n'y est pas né soi-même et le choc culturel que vit le pays lui-même qui redécouvre la liberté d'expression après des années de dictature tout en restant enfermé dans les dogmes d'une société patriarcale. Une illustration de la nostalgie des racines, d'un lieu où elle se croit "appelée pour faire du bien à tous ces gens qui n'ont pas de lieu où déverser les confusions, les incohérences qui les habitent.

En allant déjeuner à la Pointe Courte, nous retrouvons une autre de nos idoles défuntes, Agnès Varda qui a immortalisé ce quartier de pêcheurs, épargné par la spéculation immobilière, qui sent la vase et la sardine grillée. Le pont de chemin de fer trouble la beauté des lieux et le calme de l'eau.  Déguster une salade du pêcheur en contemplant la vue sur l'étang de Thau, il faisait encore soleil. Repartir en se promettant de revenir. Sète est une ville où on a envie de s'établir pour y couler de vieux jours heureux.



" Faites semblant de pleurer, mes amis, puisque les poètes ne font que semblant d'être morts." Jean Cocteau