dimanche 18 avril 2021

Chronique d'une semaine ordinaire 7

 Ce n'est pas forcément une bonne idée que ce pari de tenir semaine après semaine une sorte de journal qui n'en n'est pas un puisque je ne le rédige pas jour après jour mais le dimanche soir, la semaine achevée. Et quand je pense à ces 7 journées écoulées, je ne vois rien de très extraordinaire qui vaille la peine d'être retenu. Je suis surtout requise par des problèmes matériels. Attention ce sera cela tout au long de ces lignes que vous pouvez abandonner si vous n'êtes pas sensibles à "la poésie du réel".

lundi 12 avril,

il fait très froid et le système de clim réversible ne réchauffe pas du tout la pièce où je me tiens pour travailler. Heureusement j'ai eu la bonne idée de faire suivre un petit chauffage soufflant que je cale derrière mon dos mais qui fait trop de bruit pour être compatible avec les séances de visio.  J'alerte le propriétaire, un jeune expert comptable qui, à moins de quarante ans, possède trois agences et l'immeuble entier soit six appartements d'un bon rapport. Il était déjà venu installer la prise électrique et de téléphone qui se situait sur le palier, pas très pratique par conséquent pour que je puisse accéder à la box. Il est charmant, un jeune loup charmant. Il me promet de passer dans la soirée . Il passe en effet vers 20 heures -il travaille tard bien-sûr-, bidouille la télécommande, relance l'engin et repart fort satisfait. Hélas, une heure après son départ la chose émet des clignotements et de l'air froid. Je lui donne congé et remet le soufflant en bonne place.

mardi 13 avril, 

le jeune étudiant qui habite avec sa chérie sur le même palier frappe à ma porte et me demnde s'il peut partager ma connexion, il est en cours en visio et son téléphone ne capte plus alors qu'il n'a internet que par celui-ci. Je lui donne volontiers le code. Dans l'après midi, il frappe à ma porte et me fait cadeau de chocolats. C'est adorable mais je n'en mange pas, je lui donne l'autorisation de continuer à squatter le wifi. Dans la soirée, j'ai l'idée de le solliciter, nos appartements sont jumeaux, il a affaire au même engin, il devrait savoir dompter la rebelle. Il me donne à photocopier une page où apparaissent les fonctions prévues pour les touches de la télécommande dont il s'empare. Mais après plusieurs tentatives infructueuses, il déclare forfait. Nouvelle alerte auprès du propriétaire.

mercredi 14 avril

c'est madame qui vient à ma rescousse, une frèle jeune femme, flanquée d'un petit de deux ans qui manifeste pendant tout l'entretien son impatience. Les enfants désormais mènent la danse. Elle me donne le tuyau qu'a conseillé son partenaire. Disjoncter le système électrique ce qui devrait ré-initialiser la récalcitrante et lui permettre de rebondir sans coup férir. Elle repart en effet. Après plusieurs considérations sur les vertus de ce mode de chauffage dont sa propre maison est pourvue, elle s'en va. Le bazar fonctionne une heure. J'ai placé un escabeau dessous pour vérifier si du chaud ou du froid s'échappent du "fan". Oui, oui, il y a bien du chaud mais ce n'est pas foudroyant. En dépit d'une chaleur affichée de 22 ( conseil de la propriétaire pour accéder à 19), on reste aux alentours de 16. Puis clignotements et froid.   Oui, c'est agaçant. J'ai obtenu que la défection soit prise au sérieux. Un homme de l'art devrait venir ausculter la malade, mais vous savez ce que c'est, ces gens là sont débordés.  

jeudi 15 avril

il fait froid dedans mais dehors le soleil permet de bonnes promenades. J'explore les rues autour puis je finis par aller au bord du lac. J'ai trouvé un chemin pour y aller qui évite pratiquement toute la route pleine de voitures qui y mène. Chaque fois que j'y vais, je croise un homme qui parle au téléphone avec ce système d'oreillette qui fait disparaitre toute trace technique, ce qui donne à celui qui parle l'air d'un dérangé. Le tour du lac prend environ 20 mn. Quand je le recroise, il parle toujours, de sorte que je me demande s'il a un interlocuteur au final. Je retrouve aussi la "bestiole", mais plus petite et au sec qui broute l'herbe avec avidité. C'est un bébé, qu'une mère, humaine celle là, fait d'ailleurs contempler à son petit, en lui commentant avec ce ton qu'on prend pour parler aux petits "nenfants"  et qui m'horripile.. 


En cheminant, j'admire les hiéroglyphes que le temps imprime sur les troncs des peupliers

Je m'amuse des pancartes apposées pour canaliser l'enthousiasme des pêcheurs 


Et découvre les mesures pour pêcheurs à mobilité réduite

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Au retour je visite le lavoir. Il n'en reste plus beaucoup et surtout -et tant mieux- ils ne servent plus qu'à s'afficher comme pièce du patrimoine



vendredi 16 avril,

j'hésite à prendre ma voiture plutôt que le train mais finalement, compte tenu de mon itinéraire au retour, je suis obligée de m'auto vehiculer. Je vais à Toulouse déposer mes emprunts à la Médiathèque puis je vais déjeuner avec ma fillote. Je pensais rentrer avant les 19h00 fatidiques mais je passe la soirée avec elle. Nous parlons théâtre, les difficultés engendrées par ces reports de dates incessants qui mettent à mal la trésoreie de sa minuscule compagnie et ses nerfs. Les jeunes gens commencent à déprimer sérieusement. Il faut rendre la vie à la vie! 

samedi 17 avril,

je suis attendue sur la colline. Nous avons reçu des évaluations des agences, nous devons en discuter et de bien d'autres choses. Je repars avec un bouquet glané au jardin



dimanche 18 avril,
 
marché à Lisle, je ne rencontre personne de connu. Je passe l'après-midi à nettoyer des cadres avant de leur trouver une place où les accrocher. La clim relancée par le procédé éprouvé du disjoncteur retombe dans ses travers . Je vais marcher autour du lac et re croise le marcheur téléphoneur, le bébé raton, les vols de canards et un arbre mort conservé en totem.
 
  Photos ZL

  

6 commentaires:

Tania a dit…

Quand Colette écrit "La plupart du temps, c'est l'ordinaire qui me pique et me vivifie", pas sûre qu'elle pensait à ce genre de froidure, Zoë. Heureusement, on est au printemps.

patrick.verroust a dit…


Bonjour Zoë

"la poésie du réel"...dure à trouver parfois...votre système de chauffage,capricieux facétieux,
titille votre sens de l'humour, j'espère que son esthétique rejoint la beauté selon Baudelaire.
Votre portrait esquissé de votre proprio est joliment écrit...Une plume acérée est à l’affût..

Zoë Lucider a dit…

@Tania, les secours sont en route avec un horaire d'arrivée trrrès large de 16h00 à 19h00... Le printemps est là mais l'hiver s'attarde. "Encore heureux qu'on va vers l'été" le titre d'un joli roman de la trop oubliée Christiane Rochefort.

@patrick verroust, son esthétique est vraiment la verrue du lieu, hélas comme tous ces engins inventés pour le "confort".

patrick.verroust a dit…

et pendant ce temps le rat tond...

Dominique Hasselmann a dit…

Eh oui, on est de plus en plus prisonniers de ces systèmes informatiques ou non...
La pêche à la truite peut en effet consoler !

(À propos de technique : pourrais-tu t'envoyer un mail à ton adresse e-mail que tu indiques sur le commentaire que tu m'as envoyé il y a deux jours sur mon blog, pour vérifier sa validité ou sa différence avec celle que tu inscris sur "Métronomiques" et qui ne fonctionne toujours pas ? Merci !) :-)

Zoë Lucider a dit…

@DH, désolée pour l'adresse, il faut que je la change. C'était celle de l'université mais ils ont dû me rayer des listes désormais. Il faut que je mette tout ça à jour. Merci de me l'avoir signalé (une deuxième fois je crois, pardon!)ACH! Gross fatigue!