samedi 15 décembre 2018

De l'optimisme au pessimisme et inversement. Bon anniversaire l'Arbre !

En rendant visite à un blog ami, je prend conscience que "L'Arbre à Palabres" est né il y a dix ans . Bon, on ne peut pas dire qu'il soit très vaillant désormais, on est loin des 169 posts de sa première année d'existence. C'était un temps d'effervescence dans la blogosphère. On publiait beaucoup, on lançait de grandes polémiques dans les commentaires. Désormais, à part quelques précieux acharnés et assidues, presque tous ceux que je suivais avec gourmandise sont, comme ici, un peu clignotants quand ils ne sont pas  désormais éteints.
Alors, en recherchant un article dans mes archives, je suis tombée par hasard sur ce texte, daté de 2008, l'année de naissance de ce blog mais un peu avant. Je le trouve bien adapté à la période et je le dépose ce jour en hommage à tous les humains de bonne volonté qui persistent à maintenir un peu de paix et d'espoir dans un monde qui ne cesse de se convulsionner.    


De l'optimisme au pessimisme

Cette année j'ai envoyé mes vœux sous la forme suivante « Optimisme, lucidité, pugnacité, sérénité, cocktail subtil à concocter, d'un effet revitalisant garanti." Comme vous me semblez fonctionner avec ce genre de carburant, j'ai eu envie de défendre la recette auprès de mes compagnons lecteurs.

L'optimisme n'est pas une prédisposition mais une hygiène mentale qui relève du pari pascalien : le pire, anesthésiant, mortifère, n'est ni plus ni moins avéré que son antonyme.

La lucidité est une fonction utile à chaque instant pour distinguer les vessies des lanternes, la flagornerie de l'hommage et la probité de l'imposture.

La pugnacité n'est pas folle agressivité mais volonté articulée à la résistance, toutes choses nécessaires pour seulement se lever chaque matin.

La sérénité consiste essentiellement à ne pas craindre la mort. Lorsqu'elle nous fauchera nous n'aurons plus aucun regret, à moins d'imaginer que notre corps en se dissolvant relâche une âme en quête de salut, ce qui, à Dieu ne plaise, relève à ce jour de la pure mythologie.

Si on observe le cours du vivant, on constate qu'il procède de ces principes. En revanche les pulsions mortifères sont antagoniques, en tension nécessaires sans doute, mais dangereuses dans leur exacerbation.

Le pessimisme chronique réduit tout acte à son inanité.

La lucidité, sous bassement revendiqué de la logique pessimiste consiste essentiellement à traquer les mauvaises raisons de se satisfaire du dégoût du monde et à considérer avec mépris la modestie du quotidien.

La pugnacité revêt souvent l'uniforme de la guerre, recours soi-disant ultime pour convertir un monde dissolu.

Quant à la sérénité, elle se confond ici avec l'atrophie émotionnelle, rempart de l'angoisse.

Bien entendu, nous avançons chacun sur la corde tendue entre ces pôles et nul n'échappe à l'optimisme niais, aux aveuglements suivis de trous noirs, aux désirs de meurtres, au chaos émotionnel.
23 06 2008
Aujourd'hui j'ajouterai bienveillance.
Prenez soin de vous et de tout ce et ceux  qui vous accompagnent.

6 commentaires:

patrick.verroust a dit…

Zoê,

Ce n'est pas l'arbre qui défaille, c'est la pépiniériste qui déborde d'occupations...
J'ai rencontré Dieu, un matin,j'avais comme un doute mais j'ai décidé de faire comme si! Je lui ai demandé que représentait la présence de l'humanité dans son infinie éternité, il m'a répondu une seconde! J'ai osé une seconde question , je me suis enquis de savoir ce que représentait la masse des richesses accumulées par l'humanité dans l'infinie richesse de sa création.Il m'a répondu un centime! Toute honte bue, j'ai quémandé "Dieu, pourrais tu me prêter un centime" . Il ma répondu "une seconde" ...C'est dit, je ne crois pas en Dieu...Je ne risque rien soit , il n'existe pas, j'irai dans le néant moins Moi, (puisque étant moins que rien, ce qui est déjà quelque chose, le néant serait moins vide qu'il le devrait, bref j'irai ailleurs plus précisément nulle part), soit il existe et il est méchant autant léviter, façon élégante de s'élever au dessus des marasmes et autres miasmes. S'il est bon et bienveillant , il me pardonnera et m'enverra en enfer puisque je souhaite le paradis à tous y compris à ceux que je ne souhaite pas côtoyer éternellement. L'idée de disposer de 70 houris ne me fait pas pousser des hourras ! Faire l'ange ou faire la bête, c'est aussi idiot dans un cas comme dans l'autre!
Bon anniversaire l'Arbre, j'en garde quelques bons souvenirs! Bonnes fêtes à vous ...

Tania a dit…

Bravo pour ces dix ans, même si l'arbre solitaire a été dédaigné pour des forêts plus denses. Merci pour ce texte et surtout pour la conclusion ajoutée, qui me fait du bien ce soir après avoir raccompagné ma mère, comme presque chaque fois si déçue de quitter un vrai "chez soi" pour sa maison de soins - faire ce que l'on peut et rester bienveillant, quel défi parfois.

Zoë Lucider a dit…

@Patrick, les houris ne vous inspirent pas de hourras ! C'est aussi bien puisqu'elles ne sont que fumée sans feu.
@Tania, si ce petit texte vous a fait du bien, il a atteint son modeste objectif. Vieillir dans nos sociétés est une triste affaire.

Dominique Hasselmann a dit…

Dix ans mais un texte qui garde toute sa vigueur !
Merci à vous.
Dominique

Zoë Lucider a dit…

@D.H, merci pour la vigueur.

patrick.verroust a dit…

Zoê

Pire, elles sont des fumées sans feux aux fesses...leurs adulateurs en sont mâle,n'ourris :)