samedi 29 décembre 2018

Florilège d'arbres pour entamer une nouvelle année









Inspiré par les Yachaks (Chamanes), le projet « Frontière de Vie » est la création sur le pourtour du territoire de Sarayaku, 300 kms de long et 135 000 hectares de forêt primaire d’une immense frontière d’arbres à fleurs de couleurs. Un symbole à valeur universelle émergera ainsi lentement de la forêt amazonienne, vivante incarnation du désir universel de paix et de protection de la Terre. Ce sera le message de tout un peuple, élan vital, expression de sa volonté farouche de préserver son mode de vie, mais aussi, de créer avec nous une vaste solidarité planétaire. José Gualinga, Peuple Kichwa de Sarayaku Amazonie équatorienne. (2009)

A ceux qui restitueront sa poésie à la vie quotidienne, rien ne résistera." Raoul Vaneigem

 2019, prenez soin de vous, cultivons la paix

dimanche 23 décembre 2018

Identité notionnelle




"Elle est née quelque part, certes, mais elle n'y est pour rien et même aurait préféré naître ailleurs, un goût prononcé pour l'exotisme.
Elle a grandi mais on l'y a poussé. Elle a eu beau freiner des quatre fers, elle a bien été obligée de se redresser et aussi bien, commencer à prendre langue puisque c'était décidément plus efficace que les cris et les borborygmes pour obtenir du pain et des jeux.
Elle a chanté, on a prétendu qu'elle le faisait bien. Toute musique entrant dans son oreille ressortait par sa bouche. Elle était la mémoire familiale. Comment c'est déjà, tu sais bien cette chanson ? Elle s'exécutait.
Elle a dansé, son corps souffrait de trop de raideur si elle ne lui donnait pas de l'exercice, danser lui était aussi indispensable que courir et plus compatible avec les espaces confinés.
Elle a écrit, sur le plâtre frais que son père appliquait sur les murs, il admirait la performance et haussait les épaules quand sa mère protestait. Le graffiti comme méthode, en droite ligne des cavernes
Elle a aimé les livres. Elle lisait avant de savoir lire. Elle se promenait avec un livre quand elle n'aurait pu en déchiffrer un mot. Elle harcelait son frère pour qu'il lui apprenne et quand enfin elle entra à l'école, elle considéra avec mépris ces morveux accrochés aux basques de leur môman et braillant comme à l'abattoir.
Elle a aimé l'école, ah oui, elle trouvait passionnant tout ce qu'on y apprenait. Tout, sans exception. Le monde s'ouvrait enfin, immense, et elle allait y faire une grande carrière de vivante si elle ne mourait pas tout de suite, car cette perspective l'accompagnait tous les jours. Vis comme si tu devais mourir demain.
Elle a su très tôt qu'elle ne resterait pas toute sa vie au bord de cet Atlantique dont pourtant elle aimait les rochers, les dunes, l'iode et le bruit des vagues.
Elle a désiré Paris, la ville prodige, où on peut façonner un destin, autre chose que cette province où la rumeur tenait lieu de pedigree. Paris, la joie de son immersion à peine ternie par la souffrance de ses oreilles et de ses sinus, sursaturés d'émanations, le bruit et l'odeur. Paris les quais, les lumières, les bars, les musées, la cinémathèque, les petits restaurants où elle avait ses habitudes et une ardoise, les chambres sous les toits d'où elle tutoyait les pigeons.
Elle a voulu connaître le vaste monde et s'y est risquée avec peu de moyens et les yeux plus grands que le ciel.
Elle a donné la vie après avoir longtemps hésité, parce qu'elle craignait de perdre sa folle insouciance, ce qui advint.
Elle s'est employée en harangues et gesticulations afin de faire mousser d' improbables utopies, en particulier celle d'un monde où les frontières seraient tracées au bolduc.
Elle a divorcé de la Capitale, elles ne sauraient vieillir ensemble.
Et la voici, juchée sur une petite colline, contemplant le couchant et ne sachant toujours pas si elle est ce qu'elle croit être, ou celle que les autres croient voir.
J'oubliais. Ses papiers sont estampillés d'origine contrôlée et depuis longtemps déjà, on ne les lui réclame plus."


(Ph. JEA / DR).

Paru en janvier 2010 chez JEA, Mosaïques dans le cadre des Vases communicants

samedi 15 décembre 2018

De l'optimisme au pessimisme et inversement. Bon anniversaire l'Arbre !

En rendant visite à un blog ami, je prend conscience que "L'Arbre à Palabres" est né il y a dix ans . Bon, on ne peut pas dire qu'il soit très vaillant désormais, on est loin des 169 posts de sa première année d'existence. C'était un temps d'effervescence dans la blogosphère. On publiait beaucoup, on lançait de grandes polémiques dans les commentaires. Désormais, à part quelques précieux acharnés et assidues, presque tous ceux que je suivais avec gourmandise sont, comme ici, un peu clignotants quand ils ne sont pas  désormais éteints.
Alors, en recherchant un article dans mes archives, je suis tombée par hasard sur ce texte, daté de 2008, l'année de naissance de ce blog mais un peu avant. Je le trouve bien adapté à la période et je le dépose ce jour en hommage à tous les humains de bonne volonté qui persistent à maintenir un peu de paix et d'espoir dans un monde qui ne cesse de se convulsionner.    


De l'optimisme au pessimisme

Cette année j'ai envoyé mes vœux sous la forme suivante « Optimisme, lucidité, pugnacité, sérénité, cocktail subtil à concocter, d'un effet revitalisant garanti." Comme vous me semblez fonctionner avec ce genre de carburant, j'ai eu envie de défendre la recette auprès de mes compagnons lecteurs.

L'optimisme n'est pas une prédisposition mais une hygiène mentale qui relève du pari pascalien : le pire, anesthésiant, mortifère, n'est ni plus ni moins avéré que son antonyme.

La lucidité est une fonction utile à chaque instant pour distinguer les vessies des lanternes, la flagornerie de l'hommage et la probité de l'imposture.

La pugnacité n'est pas folle agressivité mais volonté articulée à la résistance, toutes choses nécessaires pour seulement se lever chaque matin.

La sérénité consiste essentiellement à ne pas craindre la mort. Lorsqu'elle nous fauchera nous n'aurons plus aucun regret, à moins d'imaginer que notre corps en se dissolvant relâche une âme en quête de salut, ce qui, à Dieu ne plaise, relève à ce jour de la pure mythologie.

Si on observe le cours du vivant, on constate qu'il procède de ces principes. En revanche les pulsions mortifères sont antagoniques, en tension nécessaires sans doute, mais dangereuses dans leur exacerbation.

Le pessimisme chronique réduit tout acte à son inanité.

La lucidité, sous bassement revendiqué de la logique pessimiste consiste essentiellement à traquer les mauvaises raisons de se satisfaire du dégoût du monde et à considérer avec mépris la modestie du quotidien.

La pugnacité revêt souvent l'uniforme de la guerre, recours soi-disant ultime pour convertir un monde dissolu.

Quant à la sérénité, elle se confond ici avec l'atrophie émotionnelle, rempart de l'angoisse.

Bien entendu, nous avançons chacun sur la corde tendue entre ces pôles et nul n'échappe à l'optimisme niais, aux aveuglements suivis de trous noirs, aux désirs de meurtres, au chaos émotionnel.
23 06 2008
Aujourd'hui j'ajouterai bienveillance.
Prenez soin de vous et de tout ce et ceux  qui vous accompagnent.

dimanche 2 décembre 2018

Bribes de vie



Oui, cette petite chose, suspendue anime la grosse bébête
Elle est heureuse d'avoir été engagée pour  participer à l'aventure de La machine
Ci-dessous un court aperçu





La Halle / Musée où s'agite tout un arsenal de machines, grosses et petites et où se tiennent des ateliers sur cet art étonnant


Un autre jour, un ami, Mathieu Chiva a modelé en direct le visage d'un ami au cours d'une délicieuse soirée qui s'est achevée par la projection du film "L'artiste et son modèle" une merveille en Noir et Blanc et un des derniers rôles de l'immense Jean Rochefort



Un ami est parti dans ce cercueil décoré par tous ceux qui l'aimaient et nous étions nombreux.
 Un enterrement très vivant si j'ose dire


J'ai aussi beaucoup bougé. Bilbao, Paris, Barcelone


Je vous fais grâce des vues du musée Guggenheim. J'y suis allée bien-sûr et un autre jour je me suis échappée pour aller tremper mes pieds dans l'océan.


Dernière destination en date (j'en reviens) Timisoara. La ville sera ville européenne de la Culture en 2021. Elle s'y prépare en redonnant des couleurs à ses monuments hérités de son époque austro-hongroise

L''art mural y est bien développé en tout cas.


Et quel plaisir de marcher dans des rues qui ne sont pas gavées de voiture et entre des murs vierges de placards publicitaires, en s'arrêtant dans des petits cafés cosy où tourne une musique douce émanant d'un vinyle



Hier matin de ma chambre d'hôtel un spectacle d'oiseaux fuyant à tire d'ailes, mais quoi ?