jeudi 26 février 2015

Philippe Lançon est bien vivant !


J'ai envie de relayer ce très beau texte de Philippe Lançon publié sur le site d'Altermonde-sans-frontières qu'il clôture avec cette Chaconne divinement interprétée.


samedi 21 février 2015

A vomir !


Donc, relaxe pour DSK. En dépit de ce qu'en ont dit les femmes ( matos en langage d'enfoirés), malgré les descriptions explicites du commerce dont elles étaient l'objet, au -delà de ce qui a été largement évoqué des violences faites aux femmes dont certaines très jeunes, DSK repart libre et j'ai même entendu un débat sur l'éventualité qu'il puisse demander des dommages et intérêts. Comme le titre Politis  , le néolibéralisme annule la dette de la violence économico-sexuelle. Beurk
En revanche les Femen ayant outragé le même procureur sont assignées à répondre d'un tel outrage. Ces messieurs ne supportent l'exhibition des femmes que lorsqu'ils la commandent et la paient.

En Turquie, on constate la recrudescence des meurtres de femmes. Cette fois la société civile s'est mise en colère suite à la découverte d'une jeune femme de 20 ans violée puis assassinée par trois salopards ordinaires. Pourquoi une telle augmentation du nombre de victimes  « Ceux qui ne font pas leur travail sont les tribunaux, qui ne condamnent pas les criminels, et l’Etat, qui protège les tribunaux. Car c’est la politique sexiste de ce gouvernement qui fait monter les statistiques. »

Ça n'a en tout cas pas dissuadé un type de découper sa femme en morceaux  dans ce beau pays.

Ailleurs, au Canada, "les femmes autochtones sont trois fois plus à risque de violence que les autres Canadiennes et surreprésentées parmi les femmes disparues et assassinées au pays. En 2014, on apprend que leur nombre - 1186 en 30 ans - dépasse les estimations précédentes, qui avoisinaient plutôt les 600." 

Sinon, il existe le meurtre banal au quotidien. Avec dans certains cas une certaine originalité comme ce type qui après avoir étranglé sa femme l'embarque dans sa voiture jusqu'au commissariat où il va se livrer. Il faut le comprendre ce pauvre homme. Séparé depuis un an ( violent avec femmes et enfants) il soupçonnait son ex d'avoir une "relation". Eh oui, pas oublier qu'on leur appartient, sauf quand on ne les intéresse plus.  

Allez, pour conclure, une petite anecdote. Les chinoises demandent à accoucher par césarienne avant l'entrée dans l'année de la Chèvre. Mieux vaut naitre sous le règne du cheval puissant et fougueux que celui du mouton bêlant et fragile. Vous ne trouvez pas ça drôle ? Moi non plus tout compte fait.

Mieux vaut pour nous donner du courage s'inspirer de notre cher Vaneigem
C’est une stratégie peu coûteuse que d’enrôler dans des affrontements absurdes des gens qui, avec un peu de réflexion, risqueraient de dénoncer les manœuvres des exploiteurs et de se liguer contre eux. Allez donc jouer le jeu des commanditaires en accordant plus d’importance à certaines catégories d’assassins qu’à d’autres. Sous quel label rangerez-vous le taré qui en Norvège a massacré une centaine de personnes au nom de la pureté ethnique ? Et l’écolier qui un beau matin tue froidement ses compagnons de classe ? Encouragée ou non par des factions religieuses ou idéologiques, la bêtise a la même origine : l’ennui, la frustration, l’abrutissement, le désespoir, la sensation d’être pris au piège dont seul peut libérer un grand bond vers le néant. C’est ce piège qu’il s’agit de briser en brisant l’économie marchande. Sur son passage, elle ne laisse aucune chance à la vie. Il faudra bien que sur l’autre versant de la désespérance un grand rire se lève, un rire universel ne laissant aucune chance au commerce qui d’un homme fait une chose. Le rire de la joie de vivre retrouvée.
Raoul Vaneigem
19 janvier 2015
lavoiedujaguar.net

mercredi 11 février 2015

Le coeur aussi grand qu'une place publique

Passé les derniers jours dans des trains et des crématorium. Celui du Père Lachaise pour un copain dont j'aimais la brillante intelligence, le goût de la vie et du rire. Une de ces maladies "orphelines a finalement eu raison de son opiniâtreté. 
Celui de Saint Etienne pour la femme de mon frère qui a résisté au crabe au delà des prévisions mais a fini par jeter l'éponge.
Les rituels ont évolué et désormais on n'enfourne plus le cercueil vers la gueule béante où vrombit la fournaise ce qui m'avait si fortement bouleversée quand c'était le corps de ma maman qui disparaissait de la sorte.
Évidemment dans ces circonstances, on est un peu mélancolique, même si on ne fait pas partie des tout proches. Leur peine nous touche et c'est aussi un pan de notre propre histoire qui s'engloutit.

Comme j'ai pris beaucoup de trains, j'ai eu le temps de lire. J'avais glané à la Médiathèque un ouvrage de Christiane Taubira qu'elle a écrit en réaction aux vagues de xénophobie dont elle a été elle-même victime ("la banane et la guenon") mais non pour parler de son cas mais de cette urgence à trouver un mode de relation aux autres qui soit de reconnaissance réciproque dans le cadre très clair et précis que sont les règles de la République. Christiane Taubira est lettrée, elle aime la langue et la manie avec une belle maestria.  Elle cite en abondance aussi bien Nietzsche que Billie Holiday. Son discours est un plaidoyer débarrassé de pathos  pour reconquérir cet espace commun de la Nation qui a été piraté par ceux-là mêmes qui la prostitueraient s'ils venaient à s'en emparer. Plaidoyer pour une Europe des Lumières et rappel du "principe humaniste que professe le concept africain d'unbuntu: Umuntu ngumuntu ngabantu, une personne est une personne grâce aux autres personnes". Dans nos périodes d'égotisme forcené, de petits courtisans qui se prennent tous pour le Vizir, la parole claire et lucide de Christiane Taubira éclaire et rassérène.




Et aussi l'écouter dans son très bel hommage à Tignous.

Elle conclut sur un chapitre qui postule que le racisme est un altéricide qui atteint celui qui le pratique en boomerang. "Just remember whatever you do that what you bite is what you chew" (Myriam Makeba). Alors je vais achever ce billet -pas très fun, je reconnais, mais on ne peut pas toujours rigoler- par une petite info assez gratinée : ce que  Gougueule vous propose lorsque vous commencez vos phrases par "les femmes ne doivent pas. Effarant ! Chère Christiane, on n'est pas rendues!

Le titre est tiré d'une citation d'une chanson de Juliette Gréco