vendredi 17 septembre 2010

L'Afrique m'enchante : Benda Bilili



C'est l'histoire de mecs que le sort n'a pas épargnés. Nés en Afrique, ils ont été atteints de poliomyélite et leurs membres sont plus ou moins détériorés. Ils se déplacent sur des bicyclettes à bras et ils dorment dans la rue sur des cartons. Renaud Barret et Florent de La Tullaye les découvrent à Kinshasa (République démocratique du Congo), pays immensément riche en potentiel mais systématiquement ruiné par ses dirigeants. Commence alors une aventure qui va durer cinq ans pour aboutir à une success story, le "Staff Benda Bilili " en tournée interntionale.




Lui, c'est Roger. Il est valide, mais enfant des rues, mal barré s'il n'avait développé un talent de musicien. Il tire de ce drôle d'instrument monocorde de sa fabrication des sons inouïs
Pour les écouter c'est ici
Le film -reportage réalisé sur cette saga étonnante tourne actuellement. Si vous voulez goûter à la quintessence de l'humanité, ne le manquez pas.
Quant à moi, aujourd'hui, dans la salle de l'Utopia, les commissures aux oreilles, je revivais l'émotion qui m'avait explosé le coeur un premier juillet de l'année 1982. Je me trouvais à Bujumbura. Le Burundi (comme tout l'ex Congo belge) fêtait ses vingt ans d'indépendance. Nous étions dans une Mission où travaillaient deux Français qui nous avaient invités aux fêtes prévues pour la circonstance. Monseigneur l'Archevèque soi-même honorait la Mission de sa présence. Ce lieu accueillait les estropiés de Buja et ses environs, pour la plupart victimes de polio. Nous avions pu constater la vitalité de ces êtres dont les jambes ou les bras se réduisaient à des moignons et qui avaient développé une capacité prodigieuse à compenser leur handicap (dans le film la scène du football des culs de jatte est extraordinaire).
Après les joueurs de tambours du Burundi, acrobatiques en dépit de leurs membres altérés, une chorale s'est fait entendre et assis comme nous l'étions, nous avons vu clopiner vers nous les chanteurs et musiciens. De ma place, je ne distinguais pas où se trouvait le chanteur soliste dont la voix ample et puissante conduisait le chant. Quand la troupe est enfin entrée dans la salle, j'ai éprouvé un choc inédit : le chanteur était un homme tronc qui se déplaçait allongé sur une planche à roulettes et dont la tête dressée telle celle d'un cobra, rouge, gonflé de sang, les yeux au ciel émettaient des sons d'une beauté prodigieuse.
Benda Bilili, c'est aussi, c'est surtout, une leçon d'optimisme. Ces types réduits à la pire misère croient fermement à leur destin. Leur joie de vivre requinque en ces temps atrabilaires.
Il n'y a pas de mal à se faire du bien.
Staff Benda Bilili

29 commentaires:

vinosse a dit…

Des putains d'vidéos qui se chargent à la pédale...

J'fatigue

D. Hasselmann a dit…

Ton article et tes souvenirs donnent le désir de voir ce film.

Anonyme a dit…

Envie de s'enchanter ...

Zoë Lucider a dit…

@vinosse, non pour moi elles fonctionnent normalement en tout cas la première. Pédale, allez!
@DH, le film est très fidèle à l'esprit africain. Il Y a une scène homérique d'un train surchargé comme on peut les voir (quand il y en a . De même les "tétanos", (les bus rouillés) sont pris d'assaut et débordent.
kouki, chante la vie chante, comme si tu devais mourir demain (Fugain je crois uh uh)

Sophie K. a dit…

Bel article, et belle idée de parler de héros de la vie comme ça. 'Ci Zoë !

vinosse a dit…

Fugain est pas mort, depuis le 3 Septembre tout Barbezieux est au courant.

Frédérique M a dit…

Hier, j'étais moi-mêm à l'Utopia, mais pour voir un autre film 'Des dieux et des hommes". Rude, austère, violent par moment, profondément humain. J'y suis allée avec une amie qui voulait aussi voir Benda Bilili. Le prochain sur ma liste est "Poetry". On aurait pu se croiser :0)

Rackham Le Rouge a dit…

Il ne faut jamais perdre une occasion de s'instruire, disait Pagnol...

Merci de l'info, Zoë!
Je fonce sur Youtube voir un bout de ce truc !
Besos ^^

Zoë Lucider a dit…

@Sophie K, les reportages deviennent meilleurs que les films dirait-on
@Vinosse, il est vivant ? A Barbezieux ?
@Fredaime, on a les mêmes envies ciné. On se fera un Utopia + covoiturage un de céj
@RleR, Ca devrait te plaire, Pirate.

Ambre a dit…

J'ose insérer un commentaire!
Je m'attendais à trouver un "coeur de boeuf", en cliquant sur Zoë et je tombe sur ce film qui me tentait déjà beaucoup...

verroust patrick a dit…

J'ai un copain béninois. Il traine une jambe loin derrière lui. musicos, pas possible, plus cool que lui tu meures. Il dégage une énergie et une joie d'enfer.Il est le roi du business. Il courre plus vite que les autres quand il kif une meuf.

Merci Zoê, il y a comme des larmes d'humanité qui perlent de ton billet.

Anonyme a dit…

L'esprit Africain ! un esprit "sorcier", la survie à l'état pur ? ;)

Anonyme a dit…

Oups Zoë j'ai oublié de signer sur l'esprit Aficain mais tu m'as reconnue

Socière

Zoë Lucider a dit…

@Ambre, zoë coeur de boeuf, ma foi, pourquoi pas
@PV, ne m'étonne pas, n'est-ce pas que ça fait du bien
@Sorcière, je t'avais reconnue, mais ça va mieux en le disant :-)

la bacchante a dit…

Voilà tout un groupe qui a su relever de sacrées contraintes...

Anonyme a dit…

On meurt demain ?!? Chicalor; c'est la fin des "temps atrabilaires" ;-)

Zoë Lucider a dit…

@la bacchante, ah oui! Une ultradose
@Dom A, la fin du temps perdu.

Depluloin a dit…

Je ne me souviens plus si j'ai vu ce film ou un reportage sur le même sujet - les mêmes personnages assurément. stupéfiant, admirable, en effet! A côté, je me sens un vieille chiffe sans force ni courage!

Cependant, en ce qui concerne l'Afrique, j'hésite en amour et colère. Colère devant ce gâchis scandaleux qui semble ne jamais vouloir cesser! Toutes ces vies perdues d'avance!

Bref! Ce film oui, oui, oui!!

Zoë Lucider a dit…

@Depluloin, comme vous, ce gâchis inouï me fout en rogne. Mais j'ai l'impression que ça change; Dans vingt ans c'est en Afrique qu'il fera bon vivre (surtout si nos vieilles centrales commencent à avoir de grosses fuites

aléna a dit…

(je passe juste pour dire que je lis votre blog, mais ne laisse pas toujours un commentaire, parce que je n'ai pas tjrs qqchose de passionnant à écrire (rires), donc je vous fais juste un petit signe, comme ça!)

Vinosse a dit…

Snobisme occidental blanc...

Zoë Lucider a dit…

@Aléna, les saluts amicaux sont les bienvenus.
@Vinosse ah ouais ? y'avait longtemps que tu n'avais pas lâché une de tes amabilités ordinaires, espèce d'atrabilaire!

Vinosse a dit…

J'suis comme une goutte de "Sauce Créole"...
Je relève les mets...
Mais c'est fort !!!

Zoë Lucider a dit…

@Vinosse "sauce créole"! mouahahah! le boubou te va à ravir

Floréal a dit…

Zoé:
Les centrales nucléaires, ça s'arrête si on le veut et ça peut se remplacer par les énergies renouvelables et gratuites. Il y a eu très récemment à Berlin une grande manif pour les fermer.

C'est dommage que dans 20 ans tu seras trop vieille pour aller t'installer en Afrique, tu nous aurais raconté les joies de la sublime condition féminine sur le continent noir.

Zoë Lucider a dit…

@Floréal, les centrales ça met des années pour qu'elles deviennent inoffensives. Et si la condition des femmes en Afrique n'est pas enviable, c'est surtout dans les milieux, pauvres. Les jeunes femmes éduquées se défendent pas mal, elles s'émancipent de plus en plus et en tout cas certains gouvernements africains ont plus de femmes ministres qu'en France.

Cactus , ciné-chineur a dit…

je les avais vus gratos aux soirées du kiosque à la roche sur gnons en Vendée il y a de ceci un été passé !
g-nial
bises déshabillées

Cactus , ciné-chineur a dit…

Vinosse n'est pas mort !
ouf !
j'avais lu ça où au fait ?

Floréal a dit…

@ Zoé: je sais de quoi il retourne avec les centrales nucléaires, une bonne partie de ma famille travaille ou a travaillé à EDF.

En Afrique de l'ouest, y compris dans les classes aisées, les femmes sont obligées d'en passer par la polygamie pour avoir le statut d'épouse et ainsi acquérir une certaine autonomie, avoir en quelque sorte un "garant" leur donnant l'autorisation de travailler à l'extérieur, car célibataires, elles ne le pourraient pas.