dimanche 28 février 2010

Le Vent des blogs 48. Avis de tempêtes


J'ai un peu de mal à rédiger un Vent des blogs alors que la tempête a dévasté une partie de la côte atlantique où je passais il y a quelques jours de paisibles vacances. Selon mes informations, le petit morceau de côte où j'ai mes attaches n'a pas été trop agressé, mais je n'ai guère de détails. La côte n'était pas au beau fixe mais pas non plus si déchaînée quand je circulais à bicyclette et m'arrêtais pour fixer quelques images comme cette plage de Nauzan, plage de mon enfance,
ou les jolies villas rescapées du bombardement qui réduisit en gravas la plupart de la ville de Royan et ses alentours, pour rien, alors que le sort de la guerre n'en dépendait pas. Je l'ai su très tard, grâce à Howard Zinn (dont la mort récente n'a pas soulevé beaucoup d'émotion) qui en avait parlé dans un entretien avec Daniel Mermet. Dire le choc que cette révélation m'a infligée est impossible alors que toute mon enfance j'ai entendu parler de ce désastre qui avait causé la mort de milliers de personnes et détruit la quasi totalité de la petite station balnéaire, investie par les officiers allemands qui y vivaient en villégiature en attendant que la guerre prenne fin.

J'ai retrouvé dans un autre entretien la confirmation de ce que j'avais entendu chez Mermet:
Neuf ans après la guerre, j’ai rencontré un homme qui se trouvait à Royan en 1945, ville que j’avais alors contribué à bombarder ( Ce fut l’une des premières utilisations militaires du napalm !). Cette rencontre m’a amené à réfléchir à la guerre en général, et à cette expérience en particulier. Nous n’avions aucune nécessité de bombarder Royan, c’était absurde d’un point de vue militaire. J’ai alors compris que ceux qui décident des guerres en évoquant des causes justes n’ont pas de motivations pures. Et j’ai saisi que même une guerre contre le fascisme corrompt ceux qui y participent. J’en ai conclu que la guerre était inacceptable, parce que ses moyens sont toujours mauvais et corrompus, sa finalité toujours incertaine. Howard Zinn

Voici donc deux des belles sauvegardées de la côte, que les avions "alliés n'ont pas ratatinées.


Ces jours derniers, je n'ai pas beaucoup visité le ouèbe, trop occupée que j'étais à déguster les délices tirés de cet océan magique

et à lire (Liquide de Philippe Annocque, Le temps des catastrophes Isabelle Stengers) et à jouer au Scrabble avec ma sister.
Puis à réparer la panne qui a affecté la machinerie.

Quelques liens cependant à vous mettre sous la souris si ça vous inspire.

La fête à Fred, une nouvelle de Manu Causse, parce que j'aime bien ce lascar.

"A vous dire le vrai, la musique que je préfère, fût-ce à la mienne, à celle de quiconque, c'est ce qu'on entend quand on se tient tranquille, simplement.", interview de John Cage citée par Hozan Kebo en commentaire d'un très bel article de Frasby sur l'inventeur d'univers sonores

La mise en disparition du travail et ses effets pathologiques et sociaux par Philippe Zarifian

A la suite d'une série d'arguties au sujet du dernier livre de Florence Aubenas « Quai de Ouistreham », dont Clopine a rendu compte (suscitant un beau hourvari), je ne sais par quelle association j'en suis venue à La journée sans immigrés, une façon de rendre visible par cessation d'activité tout ce que les immigrés font fonctionner grâce à un travail mal rétribué, pas reconnu, voire méprisé et qui ne leur donne pas même le droit de circuler librement. Honte à ce pays et à tous les pays qui humilient ceux dont la force de travail est le socle du bien être collectif. Ce sont eux qui travaillent actuellement à la réalisation du tramway parisien par exemple. Jusqu'à quand les digues sociales empêcheront-elles le déferlement de la rage ?

Ainsi que vont faire les Grecs ? Sophie K nous livre cette info qui m'a fait hurler : il s’appelle Lloyd Blankfein, dirige la banque Goldman Sachs, et vient comme un grand, avec ses copains, de foutre la Grèce en faillite. Pendez les haut et court!

Pour conclure dans la tonalité de ce Vent finalement plutôt tempêtueux, un chroniqueur que j'affectionne, capté par mespiedssurterre, j'ai nommé François Morel. Il nous donne à entendre un bon résumé finalement des petits vents aigrelets qui soufflent sous nos latitudes.

Et cependant terminer sur une note poétique avec le blog de Renato et Marianne Moore art.

vendredi 26 février 2010

Bug ou bogue, Bref malaise sous l'arbre.

Araignée verte - Araignée verte tissant sa toile sur une feuille d'hibiscus


J'ai de gros soucis avec mon ordinateur; je ne peux plus afficher Internet et je ne sais pas pourquoi. Par ailleurs, je commence à avoir un nombre important de pourriels. J'ai donc activé le contrôle des messages. Désolée. Si je résous mon problème, je reviendrai à la formule antérieure. Pour le moment ce sera le jeu du mot bizarre avant affichage.
J'écris ce post d'un ordinateur ami mais qui ne contient ni mes textes, ni mes images. J'ai passé ma journée à essayer de trouver une solution, je n'ai guère d'inspiration pour autre chose que des fulminations inutiles.
Patience mes chers visiteurs, je parviendrai bien à dompter l'adversité.

Photo Araignée verte

vendredi 19 février 2010

Retour aux origines

Homme libre, toujours tu chériras la mer!
La mer est ton miroir, tu contemples ton âme
Dans le déroulement infini de sa lame
Et ton esprit n'est pas un gouffre moins amer.



Tu te plais a plonger au sein de ton image;
Tu l'embrasses des yeux et des bras, et ton coeur
Se distrait quelquefois de sa propre rumeur
Au bruit de cette plainte indomptable et sauvage.


Vous êtes tous les deux ténébreux et discrets;
Homme, nul n'a sondé le fond de tes abîmes;
O mer, nul ne connaît tes richesses intimes,
Tant vous êtes jaloux de garder vos secrets!

Et cependant voilà des siècles innombrables
Que vous vous combattez sans pitié ni remords,
Tellement vous aimez le carnage et la mort,
O lutteurs éternels, O frères implacables!
L'homme et la mer. Charles Baudelaire

Je pars quelques jours me ressourcer au bord de l'océan, à sa mamelle nourricière, me saouler au vent iodé et me gaver d'huitres et de crevettes.

Photos ZL

mercredi 17 février 2010

L'année du tigre ou chelle du chat ?


Cha m’chamboule !

Cha m’churchauffe !

Cha m’exchite !

Cha alors !

Ch’est l’année du chat !

Qu’ech que cha chinifie cha ?

Qu’on va ch’la couler douche ?

Qu’on chera choyé, chouchouté ?

Ch’est chublime cha !


Ch’est choudain quand on y penche !

Douje ans cha pache chi vite !

On ch’en aperchoit pas.

Et là, cha yest chez la queue du chat qui ch’impoje,

Ch’est offichiel, ch’est chacré !

Cha chavire !


Cheux qui chavent qu’ech qu’i’j en dijent ?

Pache que moi, le chigne du chat, j’ignore,

Mais cha m’inchpire

Par exjemple :

Chattemine

Raminagrobiche

Chichi, chouchou, chochotte.


Cha che lèche chouvent, les chats

Cha chomnole d’un chil,

De l’autre cha cherche les chouris,

Cha fait chemblant de ch’achoupir

Et chouff !

Cha choppe ch’qui pache par là !


Checi dit, ch’est chympa, ch’est chûr,

Ch’est chaud, ch’est chouple, ch’est chivilijé

Mais, ch’est impachient, exjigeant, exchéchif

Cha ch’accroche au chol de ches origines

Ch’est pas chi fachile, pas chi chimple

Chest cha qu’est agachant ou aguichant, cha che dichcute.


Allez, cha chuffit, je chens que vous chaturez

Chette année chera chomptueuje , ch’est dit.

Je vous chouhaite chept vies, pour chelle chi et les chuivantes.

Photo. ZL. Tite chatoune.

dimanche 14 février 2010

Le vent des blogs 47. En vrac.


Ce sera un Vent des Blogs en vrac. Je suis (encore!) de passage à Paris, je n'ai pas de connexion et j'ai courageusement fait la queue à Beaubourg pour accéder à une machine. J'ai un temps contraint. Je vais donc, une fois n'est pas coutume livrer en vrac ma moisson de la semaine. C'est parti!

Les Américains ruinés par la guerre où on apprend ce qu'Emmanuel Todd avait annoncé (Après l'Empire), à savoir que leur effort de guerre remplit les comptes des multinationales de l'armement mais vide le trésor et met à genoux le reste de l'économie. Eliminons les Saigneurs de la guerre
Frédéric Pagès le site et le blog . Cet homme possède un point de vue qui me convient.
A quoi ça sert l'amour Helenablue. Pour l'illustration sous forme de bluette et une invitation à visiter la dame bleue
Travailler plus ou moins pour rien et le point de vue de l'intéressée en commentaire chez Désormière
Un puissant coup de gueule de Cohn Bendit au Parlement européen. J'aime beaucoup les tronches de coincés des parlementaires. J'ai tendance à le trouver sympathique quand il insulte des limaces.
Un artiste mongol Morin khuur et des chevaux galopant en même temps qu'un très bel article de JEA sur les chants diphoniques de l'Altaï mongol. Sans commentaire, à déguster
La forêt de Muir Woods. J'ai visité cette forêt où les arbres sont comme des cathédrales dont la beauté m'a tiré des larmes
Le parti d'en rire. Finir sur cette note vous dérouillera les zygomatiques. Ils étaient excellents ces deux compères. (spécial remerciement à Mon Chien pour le lien).

Pas d'illustration. J'arrangerai ça demain quand j'aurais repris mon clavier à moi. Il ne me reste que trois minutes. Argh! Bye bye!

Ayé. Illustration : un séquoia de Muir Woods

vendredi 12 février 2010

Cartes postales rétroactives 11. Porto.

Peinture les toits de porto

On parle beaucoup voyages en ce moment chez Fredaime, chez Dexter, chez Sophie K. Ca m'a incité à extraire d'un de mes zinédits (Le voyage des enfants), ce texte de saison, avant de reprendre un train de nuit. Bon voyage.

Spéciale dédicace à Jennifer qui fut ma délicieuse compagne de voyage en de multiples occasions

"L'hôtel était confortable mais pas folichon, situé dans un quartier qui à première vue n'était pas très animé. Après avoir mis la main sur une carte, repéré le port, nous nous sommes lancées à la découverte de Porto. Nous enjambions des tranchées, escaladions quelques barrières, nous avions fait le tour d'une place qui devait nous ouvrir une avenue, nous nous placions dans les ronds de lumière pour vérifier. L'avenue repérée, il nous fallait négocier le virage dans une de ces petites rues qui sur le plan conduisaient vers les rives. Nous avons louvoyé entre boutiques et églises enluminées. Il faisait doux et nos gros manteaux exhumés à Helsinki se sont retrouvés sur nos bras, d'autant que nous en étions à descendre puis remonter des ruelles, le front sur les vitrines, ou levé vers les cloches. Nous sommes passées devant l'imposante gare d'où Jennifer devait prendre un train pour Lisbonne le surlendemain. L'éclairage des rues plus faible que dans les avenues que nous avions abandonnées donnait à la ville des couleurs brugheliennes. Il faisait doux, nous étions dans le Sud, là où la vie reprend à la tombée de la nuit, mais Porto est une ville industrieuse, on s'y lève tôt. Nous ne croisions plus que de petits groupes clairsemés, quelques individus pressés filant vers leurs affaires, un rassemblement paisible d'adolescents occupés à leurs palabres. J'écoutais chanter la langue, ses chuintements sensuels, ses diphtongues plaintives.

Je ne suis pas une voyageuse organisée. Je débarque le plus souvent sans avoir compilé guides et récits. Absence de curiosité ? Fainéantise culturelle ? Non point, j'ai lu Pessoa avant de mettre le pied sur ses terres, fredonné cette langue sans la connaître lorsque Amalia est devenue internationale, j'ai des amis portugais qui m'ont ouvert leur âme.

Je préfère toujours aborder le lieu une fois que j'y suis et glaner ce que j'ai envie d'en savoir selon une humeur qui fluctuera au gré de mes rencontres avec les murs et les murmures. Le regard des autres contraint la spontanéité du mien. Outrecuidance ? Infernale fatuité ? Comme si on découvrait une ville en deux jours sans être expressément "bussé" dans un labyrinthe défriché par l'office du tourisme, les yeux au garde à vous à chaque spéculation spectaculaire ! Je passe "à côté », scrutant du non répertorié, exposée au hasard, boudant la jet set culture, fouinant dans les travées anonymes, regardant sous les jupes de la ville.

Nous avons fini par nous trouver au niveau zéro de la colline, sur un quai sombre où de petits établissements jetaient leurs lames de couleur. Perplexes, nous étions. L'environnement immédiat ne prêtait guère à l'hésitation. Quelques rares voitures rôdaient. Des groupes d'hommes posés sur des caisses discutaient, les yeux distraits de leur conciliabule par notre arrivée saugrenue. Nous avons choisi une tache de couleur à l'étalage et obliqué vers une perspective espérée et soudain tenaillante d'y dénicher un menu. En rôdant au bord des petites fenêtres, des portes entrouvertes, nous frôlions des chaudrons qui séchaient appuyés sur les murs, nous dérangions des chiens enroulés sur des seuils, croisions quelque gamin jailli d'une travée entre les façades étroites. Les salles enfumées, électrocutées au néon, saturées de quelques tablées d'hommes sombres ne nous engageaient qu'à pousser plus loin nos investigations. Au bout d'une dizaine de fuites, nous en étions à regretter notre entreprise. D'Helsinki aux rives du Douro, une seule journée, un bond galactique, des semelles de plomb, un broyeur fou au creux du ventre, une vague inquiétude de proie humant l'effluve du prédateur.

Justement, nous croisions un agrégat de jeunes fauves qui se mettaient à feuler et à dérouler leurs membres engourdis par l'inaction dans la fraîcheur de la nuit. L'un d'eux est venu vers nous, encouragé par sa cour rivalisant de railleries et d'injonctions. Jennifer et moi, entre les dents : "oh, oh, urgence !". En même temps nous avons repéré dans la rythmique des tranches de lumière, une toute dorée et rose, en rupture sur la fluorescence verdâtre. Nous avons lâché notre porte-à-porte pour filer directement vers la source de cette voluptueuse langue flammée. Nos lionceaux continuaient de miauler, leur éclaireur suspendu dans sa traque, forçait un peu sa voix pour rattraper la distance que nous nous appliquions à assurer entre leur désir de jouer de la papatte et nos âmes épuisées.

Stupeur, il y avait bien un restaurant mais, il était français. Tant pis pour la couleur locale. Une jolie jeune femme officiait. Elle était Portugaise, avait vécu en France et revenue au pays récemment, avait ouvert ce petit restaurant. Nous étions installées les coudes sur une nappe à carreaux rouges et blancs, dans un décor transposé des clichés de la bonne franquette, à la tiédeur rose, avec des œillets dans des vases et quelques couples se mangeant des yeux. Nous avons eu un fou rire hoquetant qui a duré suffisamment pour amuser le regard de notre hôtesse. Le menu prometteur n'excluait pas la gastronomie portugaise. Nous avons mangé du lapin, spécialité de la maison, bu du vin conseillé par la jeune femme comme le meilleur cru de sa cave. Elle était manifestement heureuse d'avoir des cousines étrangères, dont une française, toutes deux d'excellente humeur et prêtes à accueillir le premier ragoût comme la chair et le sang du Christ. "

Peinture barque sur le douro


Illustrations Isandro

mercredi 10 février 2010

La lune est un rossignol muet


Le titre est emprunté à un tableau de Max Ernst. Il m'avait beaucoup frappé, quand j'avais découvert le tableau, il y a longtemps maintenant. Je n'en ai trouvé trace nulle part. Aussi bien l'ai-je inventé.
Ce soir, je n'avais pas l'esprit fertile. En pianotant j'ai découvert ce site Au fil de mes lectures . En voilà un qui note au cours de ses lectures, ce que je fais rarement ou alors dans un carnet. J'en ai ainsi plusieurs qui m'ont accompagnée quand le clavier n'existait pas. Curieusement, depuis que l'ordinateur me tient lieu de calepin, je note moins. Je suis allée picorer dans sa liste et j'ai emprunté quelques citations de livres que j'ai lus sans en avoir retenu rien d'autre que le plaisir (sauf Epicure dont la citation ici est une de mes balises et Erasme ( un bon "garde fou"): Plutôt que te plaindre de l'ombre qu'on te fait, crée de la lumière.
Voici donc une petite liste du jour. Je me suis arrêtée à la lettre G et j'ai laissé beaucoup d'auteurs dont les citations ne m'inspiraient rien ou que je n'avais pas lus.

Marcel Achard (1899-1974)
J'adore répondre. Je réponds même quand on ne me demande rien. (Jean de la Lune, p.20, Livre de Poche n° 2458)

Alain (1868-1951)
Le besoin d'écrire est une curiosité de savoir ce qu'on trouvera.
(Propos de littérature, Éd. Gonthier, Médiations, p.37)

Jacques Audiberti (1899-1965)
L'existence m'apparaît comme la machination d'un mystère si fantastique et si théâtral que je tremble toujours de ne pas remplir congrûment le rôle qui m'y fut assigné.
(La fête noire, p.23, in Théâtre 2, Gallimard/nrf 1980)

Isaac Asimov (1920-1992)
La violence [...] est le dernier refuge de l'incompétence.
(Fondation, trad. Jean Rosenthal, p. 73, Denoël, Présence du futur/89)

Matsuo Bashô (1644-1694)
Aux admirateurs de lune
les nuages parfois

offrent une pause (Haiku, trad. Corinne Atlan et Zéno Bianu, p.127, nrf, Poésie/Gallimard, 2002)

Marie-Claire Blais (1939
Pour être optimiste dans la vie, il faut savoir se reposer.
(Le Disparu in Fièvre et autres textes dramatiques, p.48, Éditions du jour, 1974)


Erri De Luca (1950
Sans éclats de rire avant, les baisers sont fades.
(Trois chevaux, trad. Danièle Valin, p.34, Folio n°3678)

Marguerite Duras (1914-1996)
On ne trouve pas la solitude, on la fait.
(Écrire, p.17, Folio no 2754)

Denis Diderot (1713-1784)
Pourrir sous du marbre, pourrir sous de la terre, c'est toujours pourrir.
(Le neveu de Rameau, p.37, Livre de Poche Nos1653|1654)

Joël Egloff (1970
Il y a deux personnes absolument indispensables en ce bas mode [...]. La sage-femme et le fossoyeur. L'une accueille, l'autre raccompagne. Entre les deux, les gens se débrouillent.
(« Edmond Ganglion & fils », p.21, Folio n°3485)

Epicure (341-270 av. J.-C.)
Rappelle-toi que l'avenir n'est ni à nous ni pourtant tout à fait hors de nos prises, de telle sorte que nous ne devons ni compter sur lui comme s'il devait sûrement arriver, ni nous interdire toute espérance, comme s'il était sûr qu'il dût ne pas être.
(Lettre à Ménécée, trad. Octave Hamelin et Jean Salem, p.13, Librio n°363)

Erasme (1466(?)-1536)
Rien n'est plus sot que de traiter avec sérieux de choses frivoles ; mais rien n'est plus spirituel que de faire servir les frivolités à des choses sérieuses. (Éloge de la folie p.14 Éd. Garnier-Flammarion #36)
[...] on a raison de se louer soi-même quand on ne trouve personne pour le faire. (Éloge de la folie p.18 Éd. Garnier-Flammarion #36)

Jean Giono (1895-1970)
Qui n'a pas rêvé, à un moment donné, d'effacer la vie ? [...] L'embêtant c'est que la vie, il faut la vivre à la file. Ça commence et, à partir de là, ça tire du long jusqu'à la fin. On ne peut pas choisir.
(La femme du boulanger, p.269, Folio n° 1079)
On ne peut rien dire en criant.

(La femme du boulanger, p.317, Folio n° 1079)

Remy de Gourmont (1858-1915)
Je suis fâché qu'on ait tant pensé avant moi. J'ai l'air d'un reflet. Mais peut-être aussi que je ferai dire la même chose, un jour, à un autre homme.
(Des pas sur le sable... , p.287, in Promenades philosophiques, Troisième série, Mercure de France, 1925)

Photo ZL eh oui, il neige à nouveau.

Dernière minute, voici un lien qui atteste que ce titre existe bien (mais c'est illisible, le fond saturé ne laisse aucune chance aux lettres). Mais de tableau point de trace. Ce n'est pas faute d'avoir à ses trousses de fins limiers. Madame de K propose un rossignol chinois
ou un Chant du rossignol à minuit et la pluie matinale de Joan Miro
DH suggère "Deux enfants sont menacés par un rossignol"
et Renato poémise avec Verlaine
Vous pouvez participer à l'amélioration du billet avec vos propositions. Elles sont bienvenues

dimanche 7 février 2010

Le vent des blogs 46. Noir c'est noir.

http://www.eternnyt.com/eternnyt/wp-content/uploads/2009/10/soulages.jpg

Je suis tout juste revenue d'un voyage de cinq jours à Paris. J'ai pu aller voir l'exposition consacrée à Pierre Soulages. J'y reviendrai , notamment pour les textes qui scandent la déambulation entre ces grandes toiles de quelques six mètres carrés pour certaines, qui ne portent aucun nom si ce n'est leur taille et leur date. En attendant vous pouvez consulter le blog de Saint Sulpice qui présente des toiles, des vidéos, des liens. On peut également visiter ce site
et pour un point de vue critique celui-ci.
Je suis également allée voir l'exposition http://next.liberation.fr/article/beaubourg-se-conjugue-au-feminin, exposition profusionnelle voire confusionnelle, mais j'en reparlerai.

Le voyage n'est nécessaire qu'aux imaginations courtes, une phrase de Colette citée par "des petits riens" qui annonce dans la foulée qu'il part en voyage et reviendra bientôt avec une provision d'images. So long donc.

Pour ma part, j'ai pris peu de photos n'ayant pas mis beaucoup le nez dehors. Si ce n'est celle-ci.

Derrière cette toile qui masque la façade de la Préfecture de Paris on ravale sa façade et ces zélés fonctionnaires nous permettent d'apprécier la panoplie de compétences nécessaires à notre sécurité. J' ai cru un instant que ce serait la nouvelle façade en trompe-l'oeil qui serait infligée aux Parisiens. En attendant ces géants surplombent les quais et ajoutent de la cohue visuelle à un environnement déjà bien saturé, tout en signalant à toutes fins utiles que ces big brothers veillent sur nous.

J'ai pris également quelques photos d'un attroupement qui m'a d'abord attiré par l'oreille. Sous un kiosque du jardin des Halles, deux musiciens accompagnaient une petite foule qui chantait des airs connus. Il semble que c'est un rendez-vous ordinaire, régulier. Des gens avaient des cahiers de textes de chansons et tout ce monde remarquablement hétéroclie chantait. Des passants s'arrêtaient écoutaient puis mêlaient leurs voix. C'est un plaisir si innocent et qui lave l'âme.

Mon précédent post a attiré quelques commentaires peu respectueux de la philosophie mais surtout des philosophes. J'aime beaucoup pour ma part Georges Picard dont j'ai lu tous les livres sauf "Le philosophe facétieux" mais je vais réparer cet oubli. En tapant son nom sur Gougueule j'ai trouvé un blog de citations. Si vous voulez avoir une idée de l'animal Picard, allez fouiller. Je retiens celle-ci que je soumets à la sagacité d'Anonyme (il se reconnaitra) :"Je conçois la philosophie plutôt comme une pelote d'aiguilles que comme un matelas rembourré de vieux bouquins. "

Pour conclure un article à mettre entre toutes les mains et un site pas piqué des caleçons.

Eh non, je ne vous ferai pas l'insulte de mettre un lien musique trop facile avec le titre.
Faites des suggestions, je les rajouterai au fur et à mesure.

En écoutant Soulages et en le regardant évoluer dans son atelier (vidéo projetée à Beaubourg), je pensais que les peintres vieillissent mieux que les philosophes. Costauds et l'oeil vif.
Soulages appelle sa peinture l'Outrenoir.

Un lien de Lavande que j'affiche ici puisque dans les coms ça ne marche. Découvrons.

vendredi 5 février 2010

Sur le bla bla et le chi chi des philosophes




Ce titre provocateur est celui d'un petit ouvrage paru en 2002, que j'ai retrouvé dans ma bibliothèque et embarqué pour le voyage en train vers la capitale où je viens de passer quelques jours à écouter parler de fort intelligentes personnes. Je ne dirai rien de ce qui s'est échangé, trop particulier. Juste pour tempérer le sérieux, dire que le bla bla continuait sur un mode plutôt rigolo au cours de repas savoureux et arrosés. Peu de temps pour la promenade en blogosphère et c'est bien aussi de s'éloigner du virtuel pour le tangible.
Comme je n'ai pas eu l'esprit à la composition, je vais donner la parole à Frédéric Schiffter qui professe une distance philosophique avec la philosophie si je puis dire et une forme d'ironie ou de sarcasme à la Cioran, dont on connait les aphorismes sur l'inconvénient d'être né. Si on en juge par le titre de ses ouvrages suivants (que j'avoue ne pas avoir lus), on s'aperçoit que cela ne s'est guère arrangé depuis :Traité du cafard, Finitudes 2007, Le bluff éthique, Flammarion, 2008, Délectations moroses, le Dilettante, 2009.
"Pyrrhon inventa un doute systématique, Descartes un doute méthodique; je pratique quant à moi un doute pathologique. Or, parvenu à ce stade inquiétant de scepticisme, je ne trouve plus en moi la force de faire vivre -comme disent les pédagogues- les auteurs et leurs doctrines. Me voilà reduit à émietter dans un pense-bête quelques sophismes pour moi-même symptomatiques de l'allergie que m'inspirent leur métaphysique et leur morale auxquelles ne me semblent plus convenir que les termes de bla bla et de chichi".
Il y aurait donc les charlatans qui s'évertuent à nous faire croire que la réalité n'est pas ce qu'elle est, qu'elle serait autre mais qu'on nous la maquille et qu'il nous faut retrouver "l'essentiel" à savoir ce qui manquerait justement. Retrouver son "être", serait une autre de ses fadaises, "ce discours retors qui tend à nous faire croire qu'il nous manque l'essentiel et que nous avons le devoir de nous en soucier est ce bla bla qu'on nomme depuis que Platon l'a inventé tantôt métaphysique, tantôt morale et qui trouve toujours, peu ou prou, un écho chez l'homme du ressentiment".

Voilà pour le bla bla dont Schiffter nous livre plusieurs exemples puisés chez les auteurs qu' il est censé faire apprécier à ses élèves (oui, il est professeur, le seul selon lui à être désabusé). Il ne peut pas se limiter à Schopenhauer, sauf à encourir les foudres de l'institution.

Pour le chi chi, il en emprunte la définition à Clément Rosset "l'inquiétude à l'idée qu'en acceptant d'être cela qu'on est, on accorde du même coup qu'on n' est que cela". Le philosophe chichiteux pour Frédéric Schiffter, c'est Diogène qui vomit les hommes et refuse de se parer des insignes d'une appartenance à l'engeance. "J'ai entrepris de nettoyer la vie humaine", aboye-t-il.

Pour se faire une meilleure idée de cette apologie deu "retrait", lire le livre, écrit avec un mélange d'analyses et d'anecdotes dans un style élégant et simple.
En revanche, on ne peut pas dire qu'il vous requinque, encore que la lucidité soit à certains égards revigorante.

Illustration Alexandre et Diogène. Nicolas André Monsiau 1818