mardi 29 décembre 2009

Le nom du bal perdu, festival des oubliés.

A la fin de l'année, on voit fleurir les "best of", façon paresseuse de combler le temps dédié aux "Fêtes" et de sélectionner quelques morceaux choisis. Ce blog inauguré le dimanche 23 Novembre 2008, n'a commencé à accueillir des commentaires que vers la fin du mois de janvier. J'ai sélectionné quelques titres et quelques extraits de cette période pour cette fin d'année. On reconnaîtra peut-être les traces d'une actualité que le temps ensevelit dans ses strates. Si on est intéressé, le lien permet d'accéder à l'article complet.

mardi 25 novembre 2008 les harpies et les matadors

Martine, nonobstant ses qualités et son potentiel n'a réussi à démettre son adversaire que grâce au mariage des carpes, des lapins, des sangliers et des perroquets prêts à s'arranger joyeusement de leur propre cacophonie pourvu qu'on parvienne à couper le sifflet à la ravie de la crèche, la madone des médias .

jeudi 4 décembre 2008 Moloch, le retour

Le dernier des jeux jouissifs est de se munir d'une bestiasse énorme, dressée à retourner à coups de mufle baveux tout attribut un peu intime (sac, duffle coat) appartenant à une espèce délicieusement tendre, j'ai nommé le collégien ordinaire afin de le tétaniser de terreur, déguster ses piètres protestations d'innocence, se rincer l'œil en le contraignant à grelotter en slip sous le regard effaré de ses supposés complices, puis à remballer son attirail en ricanant des pleurnicheries offusquées sur les dégâts occasionnés par la partie de rigolade, et faute de pouvoir embarquer la vermine pour la passer à la tenaille et à la roue, (on n'a pas encore le droit sans quelques grammes de preuve), conclure par l'injure ultime : "salut les filles" (= à bientôt les pédales).

mardi 9 décembre 2008 La première fois, je n'ai rien dit

La première fois, j'ai cru qu'il s'agissait de l'annonce d'un téléfilm. Sirène d'alerte à la bombe, voix caverneuse annonçant qu'un enfant a été enlevé, descriptif de la femme soupçonnée de l'enlèvement, consignes délivrées à la population : ne pas agir mais appeler la gendarmerie, le tout parfaitement sinistre. Hélas, le message réitéré à l'impromptu et à un rythme soutenu, au milieu du programme de radio n'est pas fictif. Je ne sais pourquoi, cela me glace. Non le fait divers lui-même, mais l'utilisation des ondes pour diffuser un appel à délation, en utilisant un son connoté couvre-feu, course vers les caves avant le blitz. Une préparation, un entraînement en quelque sorte pour ce qui nous attend lorsque France Audiovisuel deviendra une annexe du Ministère de l'Intérieur ?

mercredi 24 décembre 2008 Abstracteurs de quintessence

Je viens de faire un petit tour dans la blogosphère en glissant de lien en lien. De poèmes en vidéos, de dessins en notes de musique, d'humour en humeur, quelle galerie ! Pourquoi se fatiguer désormais? La planète entière s'invite dans notre chambre. Un petit clin de clic, et nous plongeons tel l'aigle royal sur une proie ainsi capturée, consentante et roucoulante.

En cette année (soit disant ) consacrée aux préoccupations écologiques, j'avais déniché un petit bouquin qui développait quelques exemples instructifs et une métaphore (reprise ad nauséam depuis)

dimanche 28 décembre 2008 Sautons du bocal, ça chauffe!

(...)si on plonge une grenouille dans une eau bouillante, elle va tenter de s'extirper du sale jus; en revanche si elle est plongée dans une eau froide sous laquelle est sournoisement allumé un feu, elle s'ébat avec plaisir, puis la chaleur l'endort et elle finit par se figer, bouillie à l'insu de son plein gré. Nous nageons toujours mais sommes -nous déjà cuits ?

Ayant inauguré l'année en allant assister à l'avant-première du film Che l'Argentin, un petit morceau d'utopie en guise de bonnes résolutions

jeudi 1 janvier 2009 Les noces du Che et de Sainte Utopie

La Révolution cubaine avant de s'avachir et s'obscurcir avait suscité dans le monde entier l'espoir que le système mafieux qui est le jumeau de l'ombre du libéralisme, l'exécuteur de tous les coups foireux de l'Empire, allait enfin être ramené à la lumière et comme tout vampire s'y dissoudre. Espoir déçu. Trop de transfusés du démon par morsure insidieuse participent et collaborent.
Pourtant, voilà bien ce qu'il nous faudrait. Une année de dissolution de toutes les camorras et pour commencer balancer dans des bains d'acide toutes les pétoires que nos mâles ornés des fameuses cojones arborent en sautoir sur tous les théâtres du monde. Interdiction absolue des armes. Expurgation totale. A mains nues, les pugilats s'épuiseraient assez vite et auraient l'insigne avantage de laisser les non pugilistes hors champ des gnons.
Sainte Utopie, priez pour nous. Ainsi soit-elle (la nouvelle année).

Bien entendu rien de tel n'est arrivé. Au contraire, les tribus de l'Omo dont l'art de l'ornementation du visage et du corps est inouï ont été pourvues en kalachnikovs

vendredi 2 janvier 2009 Tribus de l'Omo

Chaque fois qu'il neige on a droit aux mêmes ritournelles. Cet hiver ce sont les Eurostars qui sont restés en rade

jeudi 8 janvier 2009 Bouffes de neige

Neige et verglas. Longue plainte recueillie par les médias de tous ces coincés, contraints d'immobiliser leur véhicule et de dormir dans des abris de fortune. Personne, jamais, ne se réjouit d'un peu d'aventure survenue, de l'excellent prétexte pour abandonner sa routine, de l'occasion fortuite et néanmoins délicieuse de prendre langue avec des inconnus et qui sait de rencontrer sinon l'âme sœur (qui croit encore à cette fable ?) du moins une pétillante et troublante apparition, même fugace, relançant un brin le manège libidinal. Tout est désormais vécu sur le versant tragique. Alors que, à part la mort des SDF tout le reste est dérisoire. Il est quasi indécent d'étaler ces minuscules misères quand on sait qu'ailleurs des êtres sont déchiquetés, affamés, terrorisés. Et les cris d'orfraie des pauvres chéris qui se gèlent un peu le cul entre Aix et Marseille, ça me donne le goût de filer des baffes. Je hais les journalistes et les crétins qui se prêtent à cette gabegie de verbiage. Mais je hais plus encore les fous furieux des deux bords qui ont relancé la machine de guerre, là-bas, du côté du Mont des Oliviers. Je n'ai plus envie de signer quelque pétition que ce soit. Marre! Ceux qui actionnent les rockets et les obus s'en foutent totalement. Je ne veux pas participer davantage à ce rituel : ils s'entretuent, nous nous indignons and so what ?

La prédominance de la guerre dans l'imaginaire humain est singulière. Obama, on avait cru en en lui, on lui a même refilé le prix Nobel de la Paix. Hélas, pour l'instant ça ne bouge pas beaucoup dans ce sens

samedi 10 janvier 2009 Volontaires de la Paix

Il est certain que le monde entier attend d'Obama qu'il adopte une attitude de retrait. Stop war, please, Mister Président! Soyez le premier président américain à introduire dans votre pays et ainsi dans l'orientation spirituelle du monde le dégoût des armes, l'interdit absolu du meurtre sous quelque prétexte. Soyez celui qui donnera à l'Organisation des Nations Unies la latitude de porter haut sa mission et ses buts.
Organisez une armée de dissuasion formée d'un mur vivant de volontaires de la paix. Nous avons un droit d'ingérence absolu ! Ça fait soixante ans que la question israélo -palestinienne nous empoisonne. Créons une fédération de deux Etats, contraints, sous contrôle international de vivre en paix. Et ceux qui ne pourraient le supporter seront priés de s'exiler. Cela semble plus juste que la situation actuelle qui force ceux qui souhaitent vivre normalement à s'extirper de ce bourbier, exportant par là même la haine et le ressentiment.

En fait, j'ai commencé à attirer un lecteur, mais quel ! Christophe Borhen soi-même que j'avais honteusement attiré sous l'arbre en recopiant ses réponses au fameux questionnaire et en apposant les miennes

jeudi 22 janvier 2009 Questions fameuses


Puisque Obama était élu et qu'une femme, Nancy Pelosi occupait le poste de présidente de la Chambre des Représentants, je formulais un voeu pieux

mardi 20 janvier 2009 Adieu au vieux monde des mâles pâlichons

Il est temps de laisser le vieux monde des mâles imbus de leur supériorité de pâlichons et de détenteurs de testostérone pour entrer dans une combinatoire plus subtile des forces et des talents de l'espèce. Un peu d'optimisme ne nuit pas.

L'addiction au blog peut provoquer quelques états d'âme

mardi 13 janvier 2009 Léger blues

Infernal ! Je pianote disent les dilettantes, je surfe, je swingue, bref je prétends m'amuser et contrôler mes délires. En fait, je lutte pied à pied, mano à mano. Tous les jours le monde m'assaille. Or je ne cesse d'osciller entre le désir de fermer mes écoutilles pour m'enfoncer dans les eaux profondes du silence indéfectible et l'obsession de ne manquer rien d'essentiel dans tout le brouhaha émis sur cette planète, sachant que je n'occupe qu'une infime portion de la croute terrestre et plus infime encore de la gamme des ondes qui voyagent. Je reçois et dois transmettre mais à qui ? Je lis et ne sais dans quelle case de mon magasin à pensées je dois ranger ce nouvel archivage. Le monde virtuel est décidément celui de la mégalomanie (la possibilité d'atteindre le monde entier) et du misérabilisme (hou hou, y'a quelqu'un ?). A la fois envahie, la planète dans mon salon et plus seule que jamais.

Nous avons eu droit à quelques soucis d'approvisionnement en électricité dûs aux aléas climatiques, une tempête qui a ratatiné des arbres et endommagé divers réseaux

lundi 26 janvier 2009 Retour vers le futur

Interruption momentanée de l'image et du son. La fée électricité ayant pris quelques coups de matraque, elle nous a laissé tomber sans vergogne et alors à nous les repas aux chandelles et la bouillotte pour les draps glacés. Plus de nouvelles du monde. Expédition pour dégoter d'antiques piles à transistors. Eh bien c'est impressionnant cette addiction au bouton électrique, ce sentiment d'abandon lorsque nos écrans restent noirs, que le portable refuse de porter et que le fixe reste obstinément muet. Or nous savons que cela n'est que momentané. Qu'en serait-il si une catastrophe majeure détruisait ces sources d'énergie et de connexion qui nous sont devenues aussi essentielles que l'eau et l'air (enfin, il ne faut pas exagérer). Assisterions-nous à un pic de dépression, des sauts du haut des étages, des meurtres par décompensation soudaine de psychorigides auparavant canalisés via les jeux video de destruction massive ? Ou bien verrait-on les rues et les cafés se gorger d'anciens zombies enfin désintoxiqués, les jeux de séduction réemprunter les voies de la chair en direct, et les recherches en énergie renouvelable exploser ?
Pour l'instant les amoureux des arbres pleurent les massacrés et les pianoteurs de messages hasardeux repartent de plus belle à l'assaut de la montagne sacrée.

Si je l'avais inauguré au tout début du mois de janvier, j'aurais dû achever cette semaine mon numéro 52. Or je n'ai commencé que le

dimanche 22 février 2009 Le vent des blogs 1

Je ne possédais pas très bien la technique du lien et je n'avais pas envisagé de sous-titre. On y rencontre déjà ceux avec qui j'ai gardé intact le plaisir de l'échange. La liste s'est allongée par la suite, mais ils m'ont permis de commencer à tisser mon petit morceau de toile, je les en remercie au passage
Pour conclure cette modeste compilation un zinédit

mercredi 18 février 2009 L'homme du futur.


Photo 1
La plage des fées ZL
Photo 2 Tribus de l'Omo Hans Sylvester
Photo 3
Boum errant ZL


dimanche 27 décembre 2009

Le Vent des blogs 40. Ciel, mon décile !


En introduction à ce dernier Vent des blogs de l'année, un hommage à Arcane 17 et à Fabrice Pascaud qui l'a amoureusement nourri. Lassé du silence des visiteurs quand il en espérait sans doute plus de manifestations, il a décidé d'orienter son énergie vers d'autres formes. Il laisse cependant le site ouvert au téléchargement. Riche de documents sur André Breton et tout le mouvement surréaliste, on peut y rencontrer des jazzmen, des actrices, des peintres, des sculpteurs de la fin du siècle dernier. Prenez le temps d'aller à la rencontre d'une mine que Fabrice laisse généreusement offerte. Qu'il en soit chaleureusement remercié.

Pour suivre une série dite narcissique, les rues de Paris vues sous des angles inusuels.

Découverte d'un petit jeu satirique, voter pour l'ultime boulet, afin qu'il lui soit décerné un doigt d'honneur je n'en dis pas davantage (teasing). Ici, on semble avoir désigné pour ce trophée Nadine Morano. Je ne commenterai pas ce choix si ce n'est en reconnaissant que le nombre de méritants en la matière décourage l'effort pour en élire un seul.

Plantes et jardins présente des livres qui devraient intéresser ceux que les plantes et jardins intéressent (je me permets de temps à autre une tautologie). J'ai noté L'herbier du monde : Cinq siècles d'aventures et de passions botaniques au Muséum d'histoire Naturelle dont je reproduis ici une partie de la présentation
Un voyage autour du monde, de l'herbier de Rousseau qu'il constituait « pour oublier la méchanceté des hommes » à celui de Théodore Monod, celui d'un quidam parti chercher l'or du Klondyke et revenu avec des fleurs entre des pages, un herbier des colonies, celui de la servante de Bougainville, celui de Jehan Girault (constitué en 1558, il est le plus ancien de la collection du Muséum), celui d'un missionnaire ou d'écoliers herborisant pour la « leçon de choses » qui doit devenir « leçon par les yeux »
(Source CNRS).

A propos de recension et d'aventure, la Feuille Charbinoise propose quelques livres choisis par Paul (qui raconte si bien des histoires). J'ai retenu celui d'Alexandra Lapierre et Christel Mouchard intitulé “Elles ont conquis le monde : les grandes aventurières (1850 - 1950) : le voyage revisité au féminin et l’occasion de découvrir que le monde des exploratrices ne se limite pas à Alexandra David-Néel ou Ella Maillart (dixit Paul). J'aime les modèles féminins un peu décalés de la ménagère de moins de cinquante ans.

Barack Obama est sur le point de gagner son audacieux pari : inaugurer un système de sécurité sociale dans son pays jusqu'alors férocement opposé aux formes de redistribution que nous connaissons en Europe où ( en principe) on ne vous laisse pas mourir sans soins si vous êtes indigent. Bonne nouvelle, (un site uniquement dédié selon son intitulé) a déniché une étude qui démontre que la peine de mort coûte trop cher et en effet, les chiffres sont hallucinants : entretenir les condamnés dans le couloir de la mort, tout le dispositif de mise à mort mais ce qui est pire, dédommager les condamnés qui finissent par faire la preuve de leur innocence, voilà qui pourrait enfin (peut-être) encourager l'abrogation. L'Amérique commencerait-elle à virer quelques unes de ses cuties ?

La Pape vient d'échapper, on ne sait à quoi au juste, un excès de dévotion ou une tentative d'agression. La vidéo amateur (désormais, les reporters de l'inattendu sont des amateurs) montre une femme qui saute par-dessus les barrières de sécurité. La vidéo enregistre les cris de la foule, mais surtout des bras levés brandissant des portables pour fixer la scène, forêt de bras pour milliers d'images, saturation et pourtant il semble qu'il n'y ait qu'une seule prise qui circule sur le ouèbe.
J'ai associé l'entrée des prélats au plaisir de revoir le fameux défilé de mode cléricale de Fellini Roma (merci Mon Chien aussi)

Pour la zig, Bach conseil de Mademoiselle D'enfer(t)

Et un p'tit bisou au cyclonomade parti se reposer dans un petit village des Cévennes.

Ce dernier Vent des blogs de l'année me parait un rien incohérent, finissons donc avec le poète préféré sous l'arbre.
Ce qui vient au monde pour ne rien troubler ne mérite ni égards ni patience.

mercredi 23 décembre 2009

Petit dialogue entre amis

http://www.jphumbert.ch/files/images/arbre-a-palabres.jpg


"Est-ce que vous connaissez cette histoire, nous dit Jennifer, de la touriste américaine qui se balade dans un village africain. Elle voit un vieux noir assis à l'entrée de sa cahute sur un tabouret de bois admirablement sculpté. Elle lui propose d’acheter son tabouret. L'homme refuse. L’ Américaine monte son prix, insiste, argumente, énumère tout ce que l'homme pourrait s'offrir pour la somme proposée, d'autant qu'il ne tient qu'à lui de refaire un tabouret comme celui-là, le même. Et le vieil homme de partir d'un fou rire inextinguible en répétant «Le même ! Le même ! » Et comme la dame le regarde, ahurie, il fait traduire par l'interprète qui accompagne la chasseuse : « Ce tabouret me vient de mon père, il l'a sculpté tout au long de sa vie. Un jour qu'il parlait avec ses compères sous un arbre, le feu a pris dans notre case. En quelques minutes, tout a flambé. Il ne restait plus rien. Sauf ce tabouret qu’il avait sous les fesses au moment de l’incendie.» Après cela, il s'est détourné, a fixé son regard au loin et a clos l'entretien.

- Ca me fait penser à ce que disait Vaneigem dans son «Traité de savoir-vivre à l'usage des jeunes générations » : « être riche aujourd'hui se réduit à posséder un grand nombre d'objets pauvres. » Et encore ça : « nous ne voulons pas d'un monde où la garantie de ne pas mourir de faim s'échange contre le risque de mourir d'ennui. »

Illustration : L'arbre à palabres Jean Pierre Humbert

Une magnifique interprétation de Silent night par Fredo Viola

Une suggestion de l'ami Renato (aller à gallery, Indian Street Performer)

dimanche 20 décembre 2009

Le vent des blogs 39. Liste impossible.


On a beau faire, même quand on freine sur l'hystérie collective, personne n'y échappe! La liste !

Pour illustration, j'ai choisi Manu Causse, tel qu'en lui-même. (J'aime beaucoup ce coyote)

Ça, ça te plairait sans doute, mais ce serait une terrible contrainte ; ça, ça me plairait, mais ça ne te plairait sans doute pas, sauf pour me faire plaisir. Il y a ça, évidemment - mais cela ressemblerait à du travail, et je veux t'offrir du temps libre. Alors ça ? Peut-être un peu trop facile.
Ça ? Si c'était possible...
Ça, je l'ai déjà fait, et ça tu en as plein. Ça, je n'oserai jamais, de peut que ça te déplaise.
Et ça, c'est tellement le bordel que je ne peux pas te faire la surprise.
Voilà pourtant quelques jours que je traverse les rues en coyote urbain, coeurs et yeux ouverts en attendant le cadeau qui me fera signe.
Le seul inconvénient, c'est qu'en ce moment il faut se munir d'un coupe-coupe pour pouvoir marcher en ville.
Piétons, attention, coyote en liberté.

Il y en a toute une série, à comparer avec celle de sa douce, on constate que le fer à repasser tient lieu de symbole, mais de quoi ?

Chloé Delaume, elle, ne fait pas de liste mais passe en revue les divers lieux où elle se manifeste tout en annonçant un temps prochain de retraite pour écrire. Elle a envie de fabriquer un objet plus proche de Certainement pas que des livres autofictifs déjà commis. Elle a un an pour cela, sans autre souci que d'écrire. Elle conclut en renvoyant vers un blog étrange nommé Tourgueniev (Je n'ai pas bien compris comment ça fonctionne), il serait son héro. Bon.

Un an de temps liiibre, dédié à l'écriture, Père Noël, c'est possible ?

Un passage par la galerie d'Eveline Gallet, dont j'accueillerais volontiers une des gravures dans mon petit soulier.

Un nouvel impétrant de la logorrhée bloguesque, Iorol, nous offre, s'inspirant pour cela de Jules Lemaître (1853 1914) six tuyaux pour briller dans les cocktails, cadeau fort utile en ces temps d'agrégats festifs plus ou moins convenus.

Des petits malins se donnent le prétexte du soutien de la paix pour préconiser, juste avant Noël the Global orgasm. Je vous laisse découvrir les tenants et les aboutissants (si j'ose dire) de l'affaire. Les commentaires valent leur pesant de plume d'oie. Quant à la justification elle fait penser à ce médecin psychiatre, totalement disparu de nos tablettes, inventeur de l'orgone, énergie cosmique vitale, Wilhem Reich, qui eut son heure de gloire au joli temps des êtres fleuris, dansant sous la pluie au son des guitares des Greatful Dead. Enfin voilà, je vous préviens juste à temps pour que vous apportiez votre contribution pleine et entière à ce grand projet. Attention ça ne marche que si votre fornication est accompagnée de pensées fortes pour la paix. ( si ça ne fait pas de bien, ça ne fera pas de mal, oui, je sais, faut un partenaire, toussa, débrouillez-vous)

Pour conclure (n'y voyez aucun lien avec ce qui précède),retrouvée dans un de mes carnets, une citation de Benjamin Fondane . Fondane a fait partie d'une autre sorte de liste, celle des passagers sans bagages des chambres où on s'endort pour toujours.

Il y a des coqs qui croient que le soleil se lève à cause d'eux.


Illustration Evelyne Gallet

PS. Comme nous en sommes au temps des bonnes résolutions (voir chez Dexter), j'ai décidé d'ajouter au bas du billet les liens aimablement suggérés par mes chers lecteurs, activés zissi puisque cette fonction n'existe pas dans les commentaires (blogger, on ne te remercie pas).
Inaugural donc, le lien suivant de Renato. J'aime beaucoup Lions Head to Head.

vendredi 18 décembre 2009

Vue de ma fenêtre


Réchauffement climatique ? Y aura-t-il de la neige à Noël ? Où en êtes-vous de votre liste de cadeaux ? Pensez-vous que 2010 sera pire que 2009 ?
Je suis assise dans mon lit, le dos calé par des oreillers en alitement préventif. Une énorme fatigue, le goût à rien.
Je navigue sur le ouèbe où j'en apprend de belles.
Nous serions la proie de psychopathes. Selon une étude scientifique, longtemps confinée dans un tiroir (vingt ans si j'ai bien compris) la structure psychique des psychopathes les rend plus aptes, voire les prédisposent à prendre le pouvoir et à en user pour assouvir les puissances du mal qui les habitent. "L'astuce du psychopathe: faire croire que le mal vient des autres" . L'ouvrage de A. ŁOBACZEWSKI. Ponérologie politique : étude de la genèse du mal appliqué à des fins politiques, est une compilation d'études dites savantes et sérieuses menées dans divers laboratoires sur l'étiologie des criminels. Dans l'extrait d'un ouvrage dédié à une recherche du même type The sociopath next door Martha Stout décrit le sociopathe de la manière suivante : Imaginez - si vous pouvez - ne pas avoir de conscience, pas du tout, aucun sentiment de culpabilité ou de remords peu importe ce que vous faites, aucun sens de limitation, d'attention pour le bien-être des étrangers, des amis, ou même des membres de la famille. Imaginez aucune lutte avec la honte, pas une seule dans toute votre vie, peu importe quel genre d'action égoïste, paresseuse, nuisible, ou immorale vous aviez fait.(...) Autrement dit, vous êtes complètement sans contraintes internes et votre souveraine liberté de faire comme il vous plaît, sans tourments de conscience, est fort à propos invisible au monde. (...)
Fou et effrayant - et réel, dans 4 pour cent environ de la population. On considère que le taux de fréquence pour les désordres alimentaires anorexiques est évalué à 3,43 pour cent, jugé presque épidémique, et pourtant ce chiffre est une fraction plus faible que le taux de personnalité antisociale. Les désordres très en vue classés comme schizophrénie arrivent à seulement environ 1 pour cent [de la population] - un simple quart du taux de la personnalité antisociale - et les Centres pour le Contrôle de la Maladie et la Prévention disent que le taux de cancer du côlon aux Etats-Unis, considéré "élevé de façon alarmante," est d'environ 40 pour 100.000 - cent fois plus bas que le taux de la personnalité antisociale.

Les sociopathes se retrouveraient, selon leur origine sociologique soit en prison après passage à l'acte criminel, soit en grande quantité dans les lieux de pouvoir. L'étude de leurs réactions émotionnelles par la mesure de l'activité électrique liée à l'évocation de mots neutres versus de mots fortement signifiants révèlerait une sorte d'encéphalogramme plat. L'explication de ce phénomène se trouverait (selon l'étude) soit dans une détérioration d'ordre génétique, soit liée à des traumatismes. Tout ceci est à prendre avec quelques pincettes, d'autant que les éditions Pilule rouge ont l'air spécialisées dans la gamme "théorie du complot". Cependant, je n'ai pu m'empêcher à la lecture du profil des "monstres froids" de revoir la tête de Bush dans le film de Michael Moore lorsqu'on lui apprend que des avions ont fait exploser les tours de Manhattan. Impavide est le mot. Il n'est pas inutile de préciser que les équipes de chercheurs ont travaillé sur l'étude des Nazis, puis des Staliniens et que le discours assimile le règne de Bush à un Reich.
Mais je dois avouer que je n'ai pas eu le courage de lire l'ensemble des documents proposés.

Les chats sont venus me rendre visite. Ils ont bondi quand un oiseau a frôlé la vitre. Je les ai fait sortir, non pour qu'ils poursuivent leur chasse, pour qu'ils cessent de s'agiter vainement derrière la fenêtre close.
Copenhague sera un échec. Qui osait croire qu'il pouvait en être autrement. Mais désormais, les puissants ne peuvent plus jouer au Monopoly en toute quiétude. Ils ont les pauvres aux fesses, prêts à leur botter, même si ce sont eux qui prennent encore des coups de matraque. Ca grimace le carnaval. Il va falloir planquer les bijoux, les rollex, les 4x4 trop voyants. Les gueux en ont ras la casquette, qu'elle soit à l'endroit ou à l'envers. Ca sent le roussi, moi je dis.

A toi le dernier mot
Nos paroles sont lentes à nous parvenir, comme si elles contenaient, séparées, une sève suffisante pour rester closes tout un hiver ; ou mieux, comme si , à chaque extrémité de la silencieuse distance, se mettant en joue,il leur était interdit de s'élancer et de se joindre. Notre voix court de l'un à l'autre; mais chaque avenue, chaque treille, chaque fourré, la tire à lui, la retient, l'interroge. Tout est prétexte à la ralentir.
Souvent je ne parle que pour toi afin que la terre m'oublie.
René Char. Lettera amorosa

Photos. Vues de ma fenêtre 18 décembre 2009. ZL

mercredi 16 décembre 2009

Eloge de la conversation


« Une plaisanterie fuse, un mensonge solennel se perd dans un éclat de rire, et la parole s’élance hors de la routine quotidienne, dans les champs infinis de la nature, joyeuse et réjouissante comme de jeunes garçons à la sortie de l’école. La parole seule nous permet de connaître notre époque et de nous connaître nous-mêmes. Bref, le premier devoir d’un homme, c’est de parler ; voilà sa tâche principale dans l’existence ; et la conversation, qui est l’échange harmonieux entre deux personnes ou plus, est de loin le plus accessible des plaisirs. (...) Le piment de la vie, c’est la lutte ; même les relations les plus chaleureuses impliquent une forme de compétition ; et si nous ne voulons pas passer à côté de tout ce que l’existence peut nous apporter de bon, il nous faut sans cesse affronter quelqu’un, les yeux dans les yeux, et combattre corps à corps, que nous soyons amis ou ennemis. Et c’est encore par la force physique et la puissance du tempérament ou de l’intelligence que nous atteignons des plaisirs dignes de ce nom. Les hommes et les femmes s’affrontent dans des joutes amoureuses comme des hypnotiseurs rivaux ; les gens actifs et adroits se lancent des défis dans les sports physiques ; et les sédentaires s’assoient pour faire une partie d’échecs ou converser. »

(...)

« Toute conversation à bâtons rompus est un feu d’artifice d’ostentation ; et suivant les règles du jeu, chacun accepte et flatte la vanité de son interlocuteur. C’est pour cette raison que nous prenons le risque de nous dévoiler autant, que nous osons faire preuve d’une éloquence si chaleureuse, et que nous acquérons aux yeux les uns des autres une telle envergure. Car les causeurs, une fois lancés, dépassent les limites de leur être ordinaire, s’élèvent jusqu’à la hauteur de leurs prétentions secrètes et se font passer pour ces héros, courageux, pieux, charmeurs et sages que, dans leurs moments les plus glorieux, ils aimeraient tant être. Ainsi érigent-ils en parole un palais de délices qu’ils habitent l’espace d’un moment, un temple doublé d’un théâtre où ils contemplent le cercle des grands de ce monde, festoient avec les dieux et goûtent aux plaisirs exquis de la gloire. Et quand la discussion s’achève, chacun va son chemin, ivre de vanité et d’admiration, traînant encore derrière soi des nuées de gloire ; chacun descend des sommets de ses bacchanales idéales, progressivement et en douceur. (...) L’effervescence d’une bonne conversation se ressent encore longtemps après dans le sang, on en garde le cœur battant, l’esprit en ébullition, et la terre danse autour de vous, dans les couleurs du soleil couchant. »

Robert Louis Stevenson, « Causerie et causeurs I », Une apologie des oisifs

dimanche 13 décembre 2009

Le vent des blogs 38. Il faut qu'une parenthèse soit ouverte et fermée


Un grand Coltrane en amorce, My favorite things.

Pour que la fréquentation de Vinosse ne soit pas pour moi que l'occasion de m'énerver (oui il a tendance à) je lui pique sa collection des derniers nominés au concours de l'humour politique que vous n'avez aucune chance de rencontrer chez lui (chez lui les petites fleurs en sucre pour Noël) mais au milieu des traits d'esprit qui émaillent les commentaires du désormais célèbre SC où on peut écouter une sélection de oldies but goodies concoctée par la forgeronne, redoutable tenancière du lieu.
Voici donc (Merci Vi)
Patrick Balkany, député-maire de Levallois-Perret: «Je suis l'homme le plus honnête du monde».

- Rachida Dati, députée UMP européenne: «Je n'ai jamais cherché à attirer l'attention des médias».

- Laurent Fabius, député PS: «Je ne suis pas une pom-pom girl de DSK».

- Claude Goasguen, député-maire UMP du XVIe arrondissement de Paris: «Une chose est sûre, ce ne sont pas nos suppléants qui vont nous pousser à nous faire vacciner contre la grippe A».

- Philippe Séguin, premier président de la Cour des comptes: «Ce n'est pas parce que les caisses sont vides qu'elles sont inépuisables».

Une mention spéciale a été attribuée par le jury à François Goulard, député-maire UMP de Vannes pour sa déclaration: «François Fillon a tellement de qualités qu'il mériterait d'être Premier ministre».

ArD m'a aimablement transmis un lien vers La part de l'ange.
Il se trouve qu'en explorant l'ouvrage, qui a suscité la création de cette aventure d'édition particulière, à savoir L'orthotypographie dont l'auteur est décédé, ce pourquoi c'est un collectif qui s'est coltiné la finalisation (quoique inachevée) de l'ouvrage, je suis tombée sur un chapitre traitant du bon et du mauvaise usage des parenthèses, notamment celles dites imbriquées.
Et bien les multiples conseils et citations finissent par ce jugement sans appel :
Le mieux, franchement, c’est encore d’éviter la multiplication des parenthèses et surtout leur imbrication… La plupart du temps, ce sont des béquilles (certes courbes) qui masquent mal une pensée claudicante… Je me le tiens pour dit (j'ai une fâcheuse tendance à utiliser ces béquilles ). Il n'empêche, fort utile cet ouvrage !

L'ami Luc Lamy a suggéré un lien dit incontournable pour ceux qui aiment le cinéma. J'y ai trouvé en particulier les films de cet auteur arménien, Artavaszd Pelechian. J'avais assisté à une rétrospective, j'en étais ressortie éblouïe, au sens propre et au figuré. Je vous propose "Nous"

Je suppose que ce site n'est pas ignoré de JEA et Cactus, nos rapporteurs cinéphiles.
Justement sur Mo(t)saïques une présentation d'un film d'une jeune cinéaste Léa Fehner pour laquelle j'ai une tendresse spéciale. Je connais ses parents, deux saltimbanques drôles et doués qui animent la compagnie de l'Agit à Toulouse et le sujet qu'elle a choisi est courageux pour un premier film. Allez découvrir un jeune talent prometteur "Qu'un seul tienne et les autres suivront". Allez chiner chez Cactus itou, en ce moment La Strada. Ah, le grand Zampano qui torgnole la pauvre Gelsomina ! Ca m'avait bigrement impressionnée.

Encore un lien gracieusement fourni par nos intervenautes, Lavande cette fois, vers le discours du Nobel d' Herta Muller. Il y a eu moultes controverses sur l'intérêt, la pertinence, le décalage de cette adresse de réception. Faites-vous une idée (si ça vous intéresse).

Allez, pour ceux qui aiment les travaux de recherche, chez Floréal dans une des marges j'ai lu ceci : "La répartition des tâches entre les femmes et les hommes dans le travail de la conversation". Oui, pas fameux comme intitulé, mais vous me connaissez, je suis allée lire ( ici). Sans surprise on apprend que les hommes pratiquent plus volontiers l'interruption (de discours, voyons, à quoi pensiez-vous!) que les femmes. Ils chevauchent et coupent d'autant plus volontiers que leur interlocuteur est une (j'écoute Le masque et la plume, juste à l'instant et je confirme). Je vais encore avoir droit à de furieuses protestations de mes petits camarades. C'est scien-ti-fi-que, ah ah ah!

Une petite devinette avant de conclure ?

Revenons vers la douceur et la force.
« Car l’amour n’est pas le pacte d’épargne et d’assistance que s’imaginent les gens, mais la faculté ou le talent de deux êtres à partager la tension électrique, érotique et spirituelle d’une seule petite minute d’intuition magique, un résumé d’existence concentré en ce seul instant qui fait croire cette fusion possible. Pourtant une vie entière ne nous permet pas de l’accomplir, en réalité elle s’est accomplie en ce seul instant, et tout le reste de la vie n’est que la longue nostalgie de notre intuition magique. »
Anne-Marie Garat, Les mal famées (merci Tania).

Photo. La citrouille de Sofi. ZL


vendredi 11 décembre 2009

Lettre fictive à un éditeur improbable


Madame, Monsieur,

Je vous adresse ci-joint le résultat d'un travail de deux ans, qui s'est trouvé entravé dans son parcours par les doutes et les inhibitions dont l'auteure est sérieusement atteinte et que nulle forme de thérapie n'a réussi à réduire.

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Tout individu un tant soit peu alerte du cerveau sait bien qu'il est dangereux de faire montre de faiblesse, d'humilité dans un monde qui n'accepte que les premiers aux concours, à savoir ceux qui ont éliminé tous les autres. Quand on ne bénéficie pas d'entregent particulier, qu'on n'a aucune référence à aligner dans sa lignée, qu'on vit éloigné des salons où l'on se pavane entre initiés, qu'on consacre la majeure partie de sa vie à en assurer la subsistance, on doit renoncer, ne serait-ce que pour fuir des tourments inutiles à commettre et soumettre ce qu'on prétend de soi à soi relever de l'art(isanat) littéraire, puisque aussi bien il est manifeste qu'on publie trop et qu'on écrit encore plus que trop.

Pourtant je l' aimais bien ce roman que j'ai renoncé à proposer à un éditeur quelconque. Les timides sont les plus orgueilleux. Minuit, Gallimard, le Seuil, Actes Sud ou rien. Donc rien.

Rien, cela ne gène personne, c'est bien commode. Sauf mes personnages qui se plaignent de l'exiguïté du placard où ils se trouvent confinés et éternuent bruyamment quelques fois pour me signifier la négligence dans laquelle je les maintiens.

Tu ne crois pas en nous, ils éructent entre leurs spasmes respiratoires.

Ce n'est pas de vous que je me défie leur dis-je in petto, mais de moi. Savez vous que désormais il ne suffit plus de vous mettre au monde, dans les affres que l'on taira ici, tout le monde s'en fout, non ça c'est la partie la plus jouissive, l'accouchement est un orgasme, ne pas l'ignorer. C'est ensuite que ça devient du sport, du saut de haies, du slalom entre les chicanes, du catch spectral, de la boxe en apnée. Non mes chéris, je vous assure . A supposer que vous passiez de mon tiroir à un vrai de vrai volume, prêt à tomber entre des mains tendres qui pourraient gentiment vous caresser le ventre, il restera encore à convaincre la déesse aux cent bouches de se saisir de son porte-voix pour que votre voyage ne se limite pas à quelques tours de gambade avant de s'achever sous le pilon. Ne serait-ce pas un sort pire encore ? Au moins, tels que vous êtes, ne peut-il rien vous arriver de bien terrible. Voyez-vous, après vous avoir donné matière il faudrait que je devienne votre camelot, que je réponde aux questions : est-ce une autobiographie ou une fiction, pourquoi votre héroïne se conduit-elle comme si elle ..., cette fin qui n'en n'est pas une..., votre style est..., il n'est pas... Que je lise les articles avec des chutes du genre « quand on referme le livre, on ne se souvient plus l'avoir ouvert ». Pire encore, que nul ni quiconque ne dise quoi que ce soit et que je reste au bord de l'asphyxie des jours et des mois à me gifler pour me donner à sentir mon sang encore circuler.

Non, mes petits chouchous, le monde s'est fait sans vous et peut continuer ainsi.

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Madame, Monsieur,

ne tenez pas compte de ces quelques lignes et ne vous donnez pas la peine d'ouvrir le petit tas de feuillets qu'elles accompagnent. Inutile de perdre votre temps. Des livres, il y en a trop et on ne sait toujours pas ce que c'est un écrivain. Alors un inconnu, que dis-je une inconnue ! Ne prenez pas le risque du ridicule. Continuez à miser sur les Mistral gagnants.

Sans rancune

Photo ZL

mercredi 9 décembre 2009

Mélancolie spécieuse


Dans ce monde, on bâtit, on sculpte, on sarcle, on soude, on emboite, on ligature, on éviscère, on torture, en un mot, on s'occupe.
Quand on ne s'occupe pas, on périclite. N'essayez pas d'y échapper, c'est sans issue.
Petits égos solitaires, dont il faut sans cesse déterrer le cou du sable des certitudes.
Cerveaux stratifiés de milliards de mots, de billions d'émotions.
Sexes définitifs ou définitoires, besoin de plein et de chaud vrillé sous le nombril.
Stylo et encre n'y feront rien. Au contraire, ils vous y ramènent.
Vous croyez recracher la mixture en l'étalant sur votre petit papier. Innocence!
Elle sera dans votre bouche demain. Aussi amère qu'aujourd'hui.
Allez plutôt dormir. Dans un désert, que faire de mieux. C'est une consolation savez vous ?
Allez, ne résistez pas. Votre Ça ne demande que ça.
Votre moi sans aucun toi finira par se taire.
Et votre surmoi voguera, sur les ondes alpha et béta de votre capsule crânienne, sur l'huile immobile de votre douleur.
Ça, moi, surmoi, tous en hérésie dans ce monde balisé.
Paix! Revenez à la raison !
Tout est prévu pour la gouverne. Inscrivez vos empreintes digitales sur ce petit carton, mettez votre salive à l'abri de notre coffre, souriez à la caméra.
Jurez fidélité à votre mari et à votre banquier et tout ira bien.
Le catalogue des étoiles est disponible et le noyau d'énergie sous contrôle.
Laissez-vous aller. Ce n'est qu'une longue attente. Avant de rencontrer le dentiste de l'âme.
Patientez. La mort est au bout.
Commencez par vous endormir. Ce sera moins douloureux. Vous serez habitués.
Puisez dans la gamme d'hypnotiques, c'est gratuit.
La révolte est taxée, l'ignorez vous? Ne vous l'a-t-on pas assez dit!
Le rêve n'est qu'un regret, un prurit. Croyez moi ! Une mélancolie spécieuse! Une fainéantise.

Photo. Artistes de l'Ile de Gorée. ZL

dimanche 6 décembre 2009

Le vent des blogs 37. De l'Art et des cochons


A écouter tout en parcourant ces lignes.

C'est sans doute la lecture de Hyrok et le passage où Nicolaï de Russo décrit la mise en scène pour gogos dans une galerie d'exposition de riens remplis de vides qui s'enlèvent à 6000 euros pièce pendant que les travaux de Louison (son héros et son double) dans lesquels il a mis toute son âme sont absolument ignorés (t'as pas le bon plan com coco), j'ai été sensible cette semaine à quelques agacements générés par le foutage de gueule qu'on soupçonne à la vue de certaines manifestations prétendument artistiques.

C'est un vaste sujet que je ne ferai qu'effleurer (moucheter), de liens en lieux.


Commençons par du lourd. Sur le site des Abattoirs on apprend que "la sculpture “Agoraphobia” de Franz West est en cours de déménagement du parvis des Abattoirs au Jardin Raymond-IV. Allez contempler l'oeuvre en question, un truc genre anneau de Moëbus double ou triple d'une couleur rose layette et de grande taille, très grande taille.

"La pêche à la baleine" ironise sur la mobilisation du conservateur de l'expo pour maintenir la bonne mine de la salade (pour comprendre, faut aller voir)

En vagabondant j'ai trouvé un post ancien mais assez significatif des ébahissements que l'Art moderne peut provoquer chez tout spectateur, même plein de références et de bonne volonté ainsi du "losange gris sur fond blanc".

Chez Sophie K on s'est disputés (on adore se disputer) à propos de l'Hyperréalisme.



Une qui n' a pas l'air d'apprécier ses arts contemporains du maintenant et tout de suite de là où elle est, c'est Frasby , pour plus de lumières allez voir par vous-mêmes.

Puisqu'avec Frasby, nous sommes à Lyon un lien vers la Biennale de Lyon, ou on retrouve Agnès Varda qui est tombé sur un collectionneur d'os.

Je dois avouer que je suis volontiers du côté de Jeandler quand il s'interroge à partir d'une racine sur L'enfance de l'art . Une de ses visiteuses nous renvoie vers les travaux de Heather Jansch, doit-on classer cela dans l'Art contemporain ?

Je n'ai pas épuisé le sujet, c'est le sujet qui m'a un peu sucé la moelle si j'ose dire (et une semaine passablement chargée mais ni dans l'art, ni la dentelle) .Vais aller retrouver Louison, voir s'il arrive à s'évacuer de la misère noire où le maintient son outrecuidante posture, ne pas faire semblant.

Ci-dessous, oui oui, c'est une oeuvre.



Photo 1 Bernard Pras
Photo 2 Didier Trenet

vendredi 4 décembre 2009

Les vases communicants. Sous les pavés, les âges...


«(...) pourquoi ne pas imaginer, le 1er vendredi de chaque mois, une sorte d'échange
généralisé, chacun écrivant chez un autre ? Suis sûr qu'on y découvrirait des nouveaux
sites (...)».
François Bon et Scriptopolis ont lancé l'idée des Vases Communicants. Aujourd'hui Clopine
et Zoé lucider s'invitent réciproquement.
A toi ma Clopine

Est-ce que cela arrive aux autres ? Je pourrais formuler cela autrement : est-ce que je suis un monstre ? Chacun de nous, pour peu qu’il se mette en avant ou qu’il prenne le risque de s’exprimer, éveille chez autrui des réactions, parfois peu amènes, parfois bienveillantes, en tout cas bigarrées. Mais nos ressorts, même les plus intimes, sont aussi les plus communs. Je prends donc le pari d’être « comme tout le monde », alors même que la grande affaire de ma vie a été la souffrance née de ma singularité, ou de ce que je croyais telle.


Quand, enceinte, je marchais dans la rue, il me semblait que d’un seul coup, la ville entière était remplie de ventres ronds. Mon cerveau m’indiquait que cette sensation était vraisemblablement une illusion d’optique. Il n’y avait aucune raison particulière pour que la fécondité, en France, ait fait un bond considérable, à partir du moment où j’attendais un bébé. Y voir une relation de cause à effet aurait bien évidemment relevé de la pure mégalomanie...Mais d’où sortaient, alors, ces futures mères, devenues soudainement aussi nombreuses dans les rues de ma ville, que des serviettes de bain étalées sur une plage en été ?


Les petits vieux dans les rues, et spécialement les petites vieilles, je n’ai commencé à les « voir » qu’avec la maladie qui devait emporter ma mère. Mais là, et contrairement aux femmes enceintes, disparues au fur et à mesure que mon garçon grandissait, elles n’ont plus jamais quitté mon champ visuel. Quand j’ai lu « la vieillesse », de Beauvoir, et plus encore les carnets d’or de Janet Somers/Doris Lessing, j’ai même cherché à voir volontairement les « personnes âgées », pour parler comme un bulletin municipal, à ne pas les effacer, comme je le faisais à 20 ans, purement et simplement du pavé que nous arpentions pourtant ensemble.


Les plus touchantes, pour moi, sont celles qui, indomptables, essaient encore et toujours, malgré leur âge avancé, de ne pas ressembler à leurs mères ; celles qui bannissent le noir, qui, si elles doivent utiliser une canne pour compenser l’arthrose, la choisissent à tête de canard, ou à pommeau d’argent. Celles qui ont le cheveu raréfié, certes, mais recouvert cependant, crânement, d’un béret rose, ou vert. Celles (et j’en ai vu !) qui attachent à leur col une rose rouge, de la même nuance que leur parapluie, ouvert en corolle au-dessus d’elles... Ce n’est pas une question d’argent, ou de classe sociale. C’est une question d’affirmation de soi.


Si j’en crois les statistiques, je peux raisonnablement escompter être à l’orée de mon dernier quart de siècle, les deux premiers étant désormais révolus. J’ai toujours eu l’intuition, ou l’espoir, allez savoir, que cette ultime période m’apporterait une sorte d’apaisement. Je sais pourtant que les chagrins de toute sorte s’accumulent, au fur et à mesure que l’on avance et que les autres tombent à côté de vous. Que les chemins vont se rétrécissant, les corps s’alourdissant et les sens s’asphyxiant. Il me semble pourtant que, dans ma vieillesse, je pourrais peut-être me sentir « comme tout le monde », en osant enfin n’être comme personne. Invisible aux jeunes, je pourrais moi aussi attacher des fleurs à mon chapeau, porter des Nike et envoyer des baisers aux amoureux des bancs publics. Les autres petites vieilles ricaneront, peut-être, mais elles seront bien obligées de partager la rue avec moi, et toutes ensemble, nous la peuplerons, innombrables et cramponnées, comme les précieuses rescapées d’un invisible anonymat.

Les autres communicants (merki Anna, je l'ai pris chez toi la liste et la rajoute avec un peu de retard)

Biffures chroniques & Lephauste

François Bon & Pierre Ménard

Martine Sonnet & Pierre Cohen-Hadria

Anthony Poiraudeau & Michel Brosseau

Leroy K. May & Marie-Hélène Voyer

Thomas Vinau & La Méduse et le Renard

Robinson en ville & Danièle Momont

Cécile Portier & Jérôme Denis

Bertrand Redonnet & Juliette Mézenc

Old Gibi & Enfantissages

Daniel Bourrion & Olivier Guéry

Anne Savelli & Christine Jeanney


mercredi 2 décembre 2009

Les rois de l'azur foudroyés


Le maigre patrimoine de Baudelaire a été mis à l'encan à l'Hotel Drouot, mardi 1er décembre. Les derniers objets ayant appartenu au poète sont désormais entre les mains de quelques amateurs dont la descendance dispersera un peu plus le léger baluchon, léger en grammes mais pas en picaillons puisqu'on a battu des records
A qui va le butin du fonds Aupick-Ancelle : Madame Aupick était la mère de Baudelaire, remariée au général Aupick, (haï par Baudelaire) et Narcisse Ancelle le tuteur du poète. Avec 176 lots, la vente totalise la somme rondelette de 4.050.000 euros.
Les ailes clouées du poète, ainsi André Chénet intitule-t-il son billet où s'exprime sa colère face à cette nouvelle preuve d'incurie de nos gouvernants. Si La France a les moyens d'offrir des sanitaires de luxe à son Prince, elle n'a que faire de s'encombrer des dernières reliques de poètes, morts depuis longtemps et légèrement maudits de leur temps même si à l'école primaire nous avons tous appris "Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle". Eh bien il ne pèse pas lourd il faut croire.
Le poète serait de toute façon encore plus enclin au suicide s'il revenait aujourd'hui sur notre belle planète décorée à l'infini de déchets de plastique. La mer est devenue un dépotoir et certains ilôts un cimetière d'albatros.
Peut-on pousser la métaphore au point de considérer que la poésie a désormais les entrailles encombrées de détritus et que les poètes n'ont plus d'autre issue que de dégueuler.

Pour mémoire et comme une madeleine de nos jeunes années de récitants.

Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers.

A peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à côté d'eux.

Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule!
Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid!
L'un agace son bec avec un brûle-gueule,
L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait!

Le Poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l'archer;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.

L'image est tirée d'un article intitulé le Bateau volant de Jean Marie Le Bris selon lequel l'exploit du Capitaine aurait inspiré Baudelaire.
On peut retrouver la vidéo et un article plus développé sur les albatros victimes de nos déchets ici