vendredi 17 avril 2009

La terreur des fourmis

Toutes nos vies sont souterraines. Leurs affleurements sont fugaces.
Comme ces chevaux de cirque dont la peau de coton unit mal les deux êtres qui les composent, animés de deux volontés acharnées à tirer à hue et à dia, ne parvenant ni à avancer, ni à reculer, le ventre agité des remous de la lutte, nous composons ce puzzle livré en vrac à la naissance, colmatant les ruptures tandis que de nouvelles fêlures entreprennent de ruiner nos ajustements savants.
Toutes nos vies pérégrinent sous le ciel indifférent, laissant d'infimes traces, qui mettent en alerte avant tout les fourmis écrasées sous nos pas.
Rions de ce comique involontaire, puisque nous sommes impuissants à nous extraire de notre enveloppe sauf à y déchirer nos entrailles.

Pour une note optimiste, une vidéo qui circule, peut-être connaissez vous. Elle m'a été transmise par mon ami Phildo avec ce commentaire : Le printemps sera musical ! Et révolutionnaire ?

9 commentaires:

Cécile Portier a dit…

Merci pour ce faux cheval, et pour l'exacte évaluation du poids de nos traces. L'écartèlement est un sport tout à fait salutaire. C'est l'alternative à la fade dispersion, au pauvre tiraillement. Tiraillé(e), on l'est souvent, entre l'envie de mousse au chocolat et celle de garder la ligne. Mais tiraillé on est encore entier, on n'accepte qu’à contrecœur la dispersion, pourtant constitutive, vous venez de le dire si bien. On ne lui donne droit de cité qu’à condition qu’elle reste dans l’antichambre de nos pensées. Bref : on pourrait tenter de vivre sa dispersion avec application, payer soi-même les quatre chevaux qui tireront aux points cardinaux. Non?

Myriam L a dit…

Joli, Dame Zoé.
Clin d'oeil avant piétinement

Lavande a dit…

Ne me parlez pas de fourmis, je vois rouge!
Elles sont particulièrement costauds ce printemps et je n'arrive pas à m'en débarrasser malgré les cyanures et autre arsenic dont je les nourris.
Ma petite nièce m'a dit, en en observant une, légèrement atteinte par mes attaques : "celle-là, elle est un peu morte"!

Anonyme a dit…

L'image de la peau de coton n'est pas mal, aussi. Attention tout de même aux soubresauts trop hardis, et contrôler régulièrement l'usure de l'entrave (je parle pour ceux qui font conjointement des efforts de régularité).

Nicolas Bleusher a dit…

Toutes nos morts sont aériennes...

Chr. Borhen a dit…

J'entends votre "toutes nos vies" comme toutes les vies d'un(e) seul(e).

Sophie K. a dit…

Et aussi merci pour le moogaloop, donc ! :-)

Clément a dit…

Le secret des pyramides n'était pas dans le génie des ingénieurs égyptiens, mais dans celui des fourmis : La preuve :

http://www.youtube.com/watch?v=cNCFgRpkKpY


un autre .. l'amour de 2 verres de pomme :
http://www.youtube.com/watch?v=brQ99N3Qxcw

D. Hasselmann a dit…

Fourmis rouges à la Boris Vian : on écrase sans le savoir, on sait sans écraser.

Tout est dans l'art de la balance : un fléau toujours difficile à atteindre (avant de le recevoir en pleine poire).

Merci pour ce joli texte !